lundi 25 avril 2011

Plongeon catmarin: 1, 2, 3,... 3231!!!

À la fin de mon message précédent, je mentionnais que nos oiseaux arrivant en avril ne souffrent sûrement pas des conditions plutôt froides que nous connaissons ce printemps. Et justement, dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, il est tombé un beau 20 cm de neige à La Pocatière… Je vous assure que j’espérais que mon affirmation était vraie! En allant travailler jeudi matin et malgré la neige, nous avons croisé un Moucherolle phébi qui chantait avec cœur en bordure de la minuscule rivière Saint-Jean!!! Ouf! Si celui-là a survécu, les autres n’ont pas dû avoir trop de difficulté!

Moucherolle phébi - La Pocatière - 24 avril 2011
Mais, en dépit du printemps qui tarde vraiment à s’installer, les oiseaux continuent à arriver doucement et plusieurs réussissent même à se présenter dans la région de La Pocatière à leur date typique.
Samedi le 23 avril, une tournée rapide en bordure des forêts (où les quantités de neige au sol sont encore appréciables) nous fourni plusieurs de ces nouveaux arrivants : sept Pics flamboyants, dont plusieurs en déplacement, et huit Pics maculés sans visiter leur habitat. Sont aussi présents 5 Moucherolles phébis, 4 Hirondelles bicolores, 3 Roitelets à couronne rubis, 4 Grives solitaires, 310 Merles d’Amérique (dont un groupe de 120 dans un même champ!) et une première Paruline à croupion jaune.
Dimanche le 24 avril, en matinée, je décide d’aller inspecter les battures alors que Christiane choisit plutôt d’explorer les rangs à vélo. J’aurais dû la suivre parce que c’est assez tranquille au fleuve! Il semble de plus en plus que les canards barbotteurs ne sont pas tous en retard mais ont plutôt traversé la région alors que nous étions occupés ailleurs… Je note tout de même mon premier Bihoreau gris de l’année, une autre espèce dont les effectifs locaux semblent s’être effondrés depuis 15 ans. Jusqu’au milieu des années 1990, il était normal de voir entre 7 et 10 bihoreaux durant une sortie moyenne sur les battures dans la région. Maintenant, croiser un seul oiseau est presqu’un événement! Est-ce que les colonies des îles de Kamouraska et des îles Pèlerin, situées à respectivement 29 et 44 kilomètres de La Pocatière, ont connu des baisses de population ou si la rareté des bihoreaux est reliée à autre chose??? En après-midi, nous nous retrouvons pour suivre la migration des rapaces au-dessus de la ville. Les quantités notées ne sont pas impressionnantes, mais nous avons tout de même 10 Urubus à tête rouge, un Pygargue à tête blanche de 1ère année, 2 Busards Saint-Martin, 4 Éperviers bruns, 15 Buses à queue rousse, 11 Buses pattues, une Crécerelle d’Amérique et… un groupe de 650 Sizerins flammés. Mais la vraie surprise arrive du sud à 14 h 40! À ce moment, nous repérons en même temps un groupe d’oiseaux nous survolant (moi en voyant l’ombre des oiseaux sur le sol et Christiane en entendant les bruissements de leurs ailes) : des Eiders à duvet!!! Comme je le mentionnais dans mon message du 18 avril, pratiquement à chaque printemps nous voyons des groupes d’Eiders à duvet arriver directement de l’intérieur des terres. De toute évidence, ces oiseaux proviennent de la côte atlantique après avoir migré au-dessus de la terre ferme, un phénomène bien connu chez les macreuses et les hareldes par exemple, mais pas chez les eiders. On sait déjà que ces oiseaux font de telles migrations en automne après avoir remonté l’estuaire jusqu’à la limite amont de l’eau salée (voir ce lien), mais les déplacements printaniers, probablement plus difficiles à cerner, ne semblent pas avoir été documentés. Quelques mentions printanières à Saint-Joseph-de-Beauce au début des années 1980 font certainement partie du même phénomène. Nos 170 oiseaux descendent rapidement vers le fleuve pour se poser aussitôt rendus à l’eau. L’effort physique d’un tel voyage pour des oiseaux aussi vigoureux ne doit pas être énorme mais voler à haute altitude au-dessus de forêts enneigées et de lacs gelés doit sûrement provoquer un certain stress pour des canards habitués à se déplacer à un ou deux mètres au-dessus de grandes étendues d’eau salée. Le point le plus près de la côte atlantique où hivernent les eiders se trouve à environ 350 km de La Pocatière, à l’entrée de la baie de Fundy à la hauteur de la frontière Maine/Nouveau-Brunswick. Si les eiders ont volé à 70 km/h à partir de cet endroit sans faire de détour, ils ont donc volé durant cinq heures et ont dû partir vers 10 h 30. À ce moment, les vents enregistrés à Point Lepreau au Nouveau-Brunswick étaient de 10 km/h du sud-ouest alors qu’à leur arrivée à La Pocatière, les vents soufflent de l’ouest à 15 km/h. Bien sûr, c’est en supposant que les eiders sont partis du point le plus près… ce qui est loin d’être assuré!!! Même si nous savons que les Oies des neiges volent sur de plus grandes distances entre le cap Tourmente et l’ìle de Baffin, le spectacle des eiders en vol au-dessus des terres est tout de même marquant!



Les eiders viennent de nous survoler!
Eiders à duvet - La Pocatière - 24 avril 2011


Le groupe de 170 Eiders à duvet se dirige vers le fleuve avec le mont des Éboulements à l'arrière-plan
Eiders à duvet - La Pocatière - 24 avril 2011


Lundi le 25 avril, direction Rivière-Ouelle pour un long avant-midi d’observation. Nous sommes présents dans la municipalité de 5 h 30 à 12 h 30 dont près de quatre heures au fameux quai. Voici en partie ce que nous en tirons :

    Bernaches cravants - Rivière-Ouelle - 25 avril 2011
  • 2000 Oies des neiges
  • 26 Bernaches cravants
  • 200 Bernaches du Canada
  • 6 Canards d’Amérique
  • 90 Canards noirs
  • 10 Canards colverts
  • 67 Canards pilets
  • 13 Fuligules à collier
  • 10 Fuligules milouinans
  • 5 Petits Fuligules
  • 51 Eiders à duvet
  • 34 Macreuses à front blanc
  • 1 Macreuse brune – Toujours la dernière macreuse arrivée dans la région le printemps même s’il existe quelques mentions vraiment hivernales dans l’estuaire.
  • 3500 Macreuses à bec jaune
  • 28 Harldes kakawis
  • 42 Garrots à œil d’or
  • 8 Harles couronnés
  • 56 Grands Harles
  • 52 Harles huppés
  • 3231 Plongeons catmarins – Oui, c’est bien 3231 oiseaux que nous (Christiane pour être honnête) comptons !!! Il s’agit de notre deuxième meilleur décompte en une seule sortie pour cette espèce après les 4052 notés le 22 mai 2010. Tous les oiseaux vus migrent très loin au large (merci à l’excellente visibilité !) en direction ouest. Seulement deux oiseaux portent leur plumage nuptial, la presque totalité étant encore en plumage d’hiver et quelques-uns en mue. Puisque les catmarins ne sont pratiquement jamais vus à Québec le printemps, il est tentant de supposer que, lors de tels déplacements, ces oiseaux quittent l’estuaire pour leurs territoires de nidification. Si c'est le cas, combien d'oiseaux peuvent bien passer à Rivière-Ouelle au cours d'un seul printemps? Des dizaines ou des centaines de milliers?... À noter que peu de ces oiseaux sont visibles à l’œil nu ce matin. Mais, avec un bon téléscope et de très nombreux individus pour se faire l’œil, on apprend vite à reconnaître les petits points se déplaçant très loin au large.
  • 1 Plongeon huard – Comme toujours, notre premier de l’année arrive presqu’un mois après les premiers catmarins. Étrange pour un oiseau que j’ai déjà vu à quelques reprises en février lorsque j’habitais la Haute-Côte-Nord.
  • 1 Grèbe jougris
  • 13 Fous de Bassan – « Les éperlans sont arrivés » dirait notre vieil ami Adalbert Bouchard! « Si vous voyez des vendeurs d'éperlans avant d’avoir vu vos premiers Fous de Bassan de l’année, c’est parce qu’ils essaient de vous passer du stock de l’an dernier ». De toute évidence, les éperlans arrivent ici trois semaines après la Côte-Nord. En effet, aux Escoumins, nous voyions nos premiers fous entre le 27 mars et le 2 avril. À Rivière-Ouelle, leur date moyenne d’arrivée se situe vers le 20 avril.
  • 286 Cormorans à aigrettes
  • 37 Buses à queue rousse – En quittant le quai peu avant 10 h 00, un groupe de 22 Buses à queue rousse est littéralement sorti des boisés en bordure de la route pour prendre rapidement de l’altitude! D’après l’emplacement de leur lieu de décolage, tout laisse croire qu’elles s’apprêtent à traverser le fleuve vers Charlevoix, 15 kilomètres plus loin…
  • 1 Mouette de Bonaparte
  • 1 Goéland brun – Un adulte en migration au large du quai.
  • 3 Mouettes tridactyles
  • 60 Petits Pingouins


Cormoran à aigrettes - Rivière-Ouelle - 25 avril 2011
 Maintenant, qu’arrive le mois de mai !!!