lundi 30 mai 2011

Les catmarins récidivent... en force!

Voilà, le printemps ornithologique 2011 s’achève. Et il se termine comme il a commencé, sous la grisaille. La dernière fin de semaine de mai est traditionnellement le moment le plus riche ornithologiquement dans la région. Cette année, cependant, nous l’avons traversé sous la pluie. On ne pourra pas se reprendre plus tard; la semaine prochaine, les feuilles seront complètement développées dans les arbres et les maringouins seront sortis et, à en juger par le nombre de flaques d’eau, ils risquent d’être nombreux cet été!
Nous avons fait de notre mieux pour rendre cette fin de semaine digne de sa réputation. Plusieurs petites sorties ont été faites et nous avons réussi à ajouter quelques migrateurs nouvellement arrivés. Il faut dire que plusieurs espèces ne sont pas encore vraiment présentes dans la région, il nous reste donc encore quelques nouveautés à dénicher durant les premiers jours de juin.
Vendredi le 27 mai en après-midi, entre deux averses, Christiane a réussi à trouver une femelle de Passerin indigo. Dans la région de Québec, cette espèce n’est que rarement signalée au nord de la latitude du cap Tourmente. Près de La Pocatière, je ne connais de mémoire que deux mentions de nidification confirmée. Durant la même promenade, Christiane a rencontré un Engoulevent d’Amérique migrant en plein cœur de l’après-midi.
Samedi le 28 mai, durant une courte accalmie de précipitations, nous nous sommes dépêchés de faire une tournée dans les rangs à vélo. Les oiseaux rencontrés semblaient prendre leur mal en patience. Quelques Parulines tigrées et une Paruline rayée étaient même contraintes d’aller s’alimenter dans un dépôt de compost. Nous avons pu profiter de coups d’œil imprenables sur ces oiseaux pratiquement à nos pieds, mais nous aurions préféré les trouver au sommet des épinettes où, elles-mêmes, se seraient certainement senties plus à l’aise.

Paruline tigrée mâle adulte - La Pocatière - 28 mai 2011

Chez les mâles à leur premier printemps, les couleurs sont moins flamboyantes que chez les mâles adultes.
Paruline tigrée - La Pocatière - 28 mai 2011
Paruline tigrée femelle - La Pocatière - 28 mai 2011
Les Moucherolles des aulnes fraîchement arrivés devaient eux aussi chercher leur nourriture au sol. Curieusement, les 13 Colibris à gorge rubis rencontrés semblaient plutôt en forme, mais plusieurs semblaient butiner dans les saules! Il est probable qu’ils y cherchaient plutôt des insectes cachés dans les bourgeons. La journée a été plutôt fraîche, le mercure n’a même pas atteint 9°C. Nos jumelles se sont même embuées en entrant dans la maison!
Paruline rayée - La Pocatière - 28 mai 2011


Paruline rayée mâle - La Pocatière - 28 mai 2011
Je sais que ces moments froids et pluvieux ne sont que de petits désagréments pour nos oiseaux et qu’ils en ont vu d’autres. On a qu’à penser, par exemple, que certains se font prendre dans des « fallouts », ces phénomènes qui forcent des centaines ou des milliers d’oiseaux à descendre subitement à un endroit particulier à cause de conditions météorologiques. Il y a justement eu un vrai « fallout » mardi le 24 mai dernier sur l’île Machias Seal dans la baie de Fundy. Les parulines en migration ont été attirées par le phare sur l’île. Voyez plutôt ces photos de Ralph Eldridge (cliquer sur Next pour voir les suivantes). Assez impressionnant!!!
Dimanche le 29 mai, nous avions prévu nous rendre à Rivière-Ouelle afin de vérifier si la pluie, le vent du nord-est et le brouillard des derniers jours ne nous avaient pas apporté un cadeau. C’est en effet durant les prochains jours que les chances de voir des Sternes arctiques sont les plus élevées à Rivière-Ouelle et les vents du nord-est sont justement les plus favorables pour les pousser jusqu’à nous. Malheureusement, encore une fois, nous nous sommes réveillés sous la pluie (j’adore entendre le bruit de la pluie tombant sur un toit de tôle… mais pas un samedi ou un dimanche matin de mai!!!). Mais à 8 h 30 la pluie s’est arrêtée et à 9 h 00, nous étions déjà au quai. Sur place, il pleuvait encore un peu et le temps commençait tout juste à s’éclaircir. Entre les gouttes de pluie dans les vitres de l’auto, on pouvait entrevoir des Mouettes tridactyles et des Sternes pierregarins entrer et sortir de la baie! Ça s’annonçait très bien!!! Finalement, à 9 h 15, la pluie n’était plus vraiment gênante et nous sommes sortis de la voiture. En mettant le pied dehors, nous avons entendu les cris typiques de nombreux Plongeons catmarins venant du large, incluant les longs miaulements qui ont donné le nom à l’espèce (« catmarin », ou chat marin, viendrait du long miaulement lancé par les plongeons). Sur ce lien, cliquez sur l’enregistrement « Cacophony of several pairs » pour avoir une idée de ce que nous avons entendu. À Rivière-Ouelle, nous entendons régulièrement de tels concerts, surtout chez les oiseaux estivants, tôt les matins sans vent. Une fois installés au bout du quai, nous avons constaté qu’à travers la petite brûme au large, le fleuve était littéralement couvert de catmarins! C’est en plein le genre se situation que Christiane adore : des centaines d’oiseaux à compter un à un! À ce moment, pratiquement aucun plongeon ne volait. Alors que Christiane finissait son décompte des oiseaux à l’eau, vers 9 h 30, les premiers groupes de catmarins en vol sont arrivés du nord-est. Rapidement, nous nous sommes rendus compte qu’il n’était plus question de groupes puisque le tout s’était transformé en un flot continu d’oiseaux. Christiane, en fixant un point directement devant nous, a donc dû se mettre à compter les oiseaux par dizaine afin de suivre le cours! Régulièrement, elle me disait ses chiffres en les écrivant religieusement dans son petit calepin, des chiffres à faire frémir!

Nous avons pu compter ces oiseaux pendant seulement une cinquantaine de minutes avant que la pluie ne reprenne et que le brouillard ne bloque toute visibilité. Curieusement, à ce moment, soit vers 10 h 20, des plongeons commençaient à se poser à l’eau. Est-ce que leur déplacement était déjà terminé ou la pluie et le brouillard les gênaient? Et ceux qui sont passés devant nous, jusqu’où se sont-ils rendus puisqu’il ne s’en voit pratiquement jamais à l’ouest de Rivière-Ouelle? Se sont-ils envolés vers la baie James comme nous nous plaisons à le supposer?

Finalement, quel a été le résultat du grand décompte??? Pas moins de 11020 Plongeons catmarins ont été comptés en 65 minutes!!!!!!! De ce grand total, 1820 étaient posés à l’eau à notre arrivée. Et 9200 oiseaux ont ensuite défilé en vol devant nous. Et dire que la visibilité n’était pas parfaite! Peut-être que certains d’entre vous ont des doutes sur ces chiffres incroyables… nous vous comprenons très bien, mais vous êtes invités à visiter le quai de Rivière-Ouelle au cours des prochains jours, il reste sûrement quelques milliers de catmarins à compter! Si vraiment vous ne nous croyez pas, j’ai quelques photos prises de trop loin pour être publiées sur le blog mais que je peux vous faire parvenir… n’hésitez pas à m’écrire!

Pendant que Christiane s’amusait à compter les catmarins, je me suis empressé d’inspecter tous les oiseaux visibles. Déjà, la présence de Mouettes tridactyles et de Sternes pierregarins posées sur les rochers le long du rivage étaient hautement inhabituelle. J’ai visité ce site des centaines de fois depuis une trentaine d’années et je n’avais jamais vu ça auparavant! En cherchant un peu, j’ai réussi à trouver au moins deux rares Sternes arctiques, dont une sur un rocher le long du rivage. Plusieurs de ces oiseaux semblaient un peu décontenancés et ne se sentaient pas à leur place.

Durant notre sortie de 3 h 10 minutes à Rivière-Ouelle dont seulement 55 minutes sans pluie, voici en partie ce que nous avons observé (à noter que très peu de canards étaient visibles!?!) :

  • 11020 Plongeons catmarins – Oui, je sais, c’est difficile à croire, surtout aussi tard en saison!
  • 7 Plongeons huards
  • 10 Fous de Bassan
  • 18 Oies des neiges
  • 6 Hareldes kakawis
  • 2 Macreuses à bec jaune
  • 5 Macreuses brunes
  • 1 Pluvier semipalmé
  • 7 Chevaliers grivelés
  • 3 Bécasseaux variables
  • 39 Bécassins roux
  • 2 Goélands arctiques – Ils ont habituellement déjà quitté la région à cette date.
  • 5 Labbes parasites – Ils font toujours partie de mes préférés! Il n’y a rien de plus beau qu’un labbe filant à toute vitesse devant nous. Ils ont vraiment des silhouettes uniques!
  • 39 Mouettes de Bonaparte
  • 18 Mouettes tridactyles
  • 28 Sternes pierregarins
  • 2 Sternes arctiques
  • 50 Sternes sp.
  • 36 Petits Pingouins
  • 39 Mésanges à tête noire – Trente-huit oiseaux étaient perchés au sommet d’un grand peuplier et se sont envolés au-dessus d’une petite baie en lançant des cris nerveux avant de redescendre rapidement vers l’arbre. Ce ne sont visiblement pas des oiseaux faits pour voler à découvert sur de grandes distances!
  • 1 Merlebleu de l’Est – Un oiseau a été observé en vol devant le quai!
  • 1 Bruant à couronne blanche – Tiens! Il en restait un!
J’écrivais au début du message que le printemps se termine comme il a commencé. Et justement, oui, trois Becs-croisés des sapins ont été revus vendredi et samedi dans les mêmes arbres que depuis le début de mars! Y a-t-il beaucoup de mentions au Québec de Bec-croisé des sapins ayant fréquenté les mêmes arbres durant trois mois???
Bec-croisé des sapins - La Pocatière - 28 mai 2011

jeudi 26 mai 2011

Le front chaud du 23 mai

Les prévisions météorologiques annonçaient le passage d’un front chaud dans la région très tôt le matin du lundi 23 mai. Le printemps, les migrateurs arrivant du sud profitent souvent de telles conditions pour migrer rapidement vers le nord. Si les précipitations qui accompagnent le front chaud sont assez violentes, il arrive parfois que ces oiseaux soient interrompus brusquement dans leurs déplacements et doivent se poser dans des endroits qui, normalement, ne seraient pas leur premier choix. Ce sont donc des situations que les amateurs d’oiseaux rares (et j’en fais partie!) attendent fébrilement!

À mon réveil, lundi matin, la pluie tombe toujours mais les vents forts annoncés ne sont pas encore levés. Une promenade sur les battures est prévue à mon horaire depuis longtemps, peu importe la pluie ou le vent. Mais il est certain que si la pluie s’arrête avant que les vents ne se lèvent, ma sortie serait encore plus agréable! Je me sens prêt pour un beau débarquement d’oiseaux de rivage, eux qui, depuis mon retour dans la région, font cruellement défaut. Les habitats que je fréquente n’ayant pratiquement pas changé depuis 1980, je cherche encore pourquoi les limicoles semblent éviter mes sites de La Pocatière et Rivière-Ouelle!

Finalement, vers 8 h 30, la pluie s’arrête et me voilà en route pour les battures. Une fois sur place, je me fais un devoir de jeter un coup d’œil au large même si je sais bien que je ne trouverai aucune trace des milliers de Plongeons catmarins qui ont traversé la région la veille… Effectivement, aucun catmarins en vue mais, surprise! Un Labbe parasite est tout de suite repéré poursuivant une sterne sp.! Il ne m’arrive pas souvent de voir des labbes à partir du fond de la baie à La Pocatière! Au moins, s’il n’y a pas de limicoles, je ne serai pas venu pour rien!!!

Les battures sont malheureusement désertes et je sais par expérience que s’il devait y avoir des limicoles, ils seraient déjà visibles. Je commence ma tournée des battures par la portion ouest en effectuant plusieurs arrêts le long de la piste cyclable. Je trouve bien quelques limicoles ici et là mais toujours pas les quantités (ni les raretés) espérées. Je dois donc me contenter de miettes de Pluviers kildirs, Pluviers semipalmés, Bécasseaux minuscules, Chevaliers grivelés et Grands Chevaliers. Tout de même, j’ai pu profiter de plusieurs passereaux présents dans un petit boisé sur les battures dont un Piranga écarlate.

Je fais finalement demi-tour et je reviens vers l’est en gardant un œil sur les battures. En chemin, près d’un petit groupe d’Oies des neiges, je remarque un oiseau blanc trop petit pour être une oie mais trop « vertical » pour être un simple goéland. Je freine brusquement et, en regardant aux jumelles, mon cerveau fait une addition rapide : petit héron blanc + pattes noires + bec noir + lore jaune = Aigrette neigeuse!!! Oui, une Aigrette neigeuse semble avoir profité du front chaud pour se rendre jusqu’à La Pocatière! Ce n’est pas l’oiseau de rivage que j’avais imaginé mais je l’accepte de bon cœur!

Aigrette neigeuse - La Pocatière - 23 mai 2011

L’aigrette se nourrit activement les pieds dans l’eau (les orteils jaunes ne sont pas faciles à photographier!), courant dans une sens puis dans l’autre. Les plumes ornementales de sa nuque et du bas de son dos sont souvent bien visibles. Je n’avais pas vu d’Aigrette neigeuse depuis 1997 et, surtout, il s’agit finalement de ma première dans la région de La Pocatière!!! À ma connaissance, la mention de l’espèce la plus près de La Pocatière provient de L’Islet-sur-Mer le 11 mai 1987. À cette époque, l’Aigrette neigeuse était régulière à la fin du printemps dans le Bas-Saint-Laurent, particulièrement entre Cacouna et Pointe-au-Père (c’est d’ailleurs de Cacouna et Rimouski que proviennent mes mentions antérieures).

Aigrette neigeuse - La Pocatière - 23 mai 2011

Bien entendu, j’ai pris soin d’éliminer l’Aigrette garzette, une espèce européenne qui fait des visites régulières en Amérique depuis une trentaine d’années. Un tel oiseau aurait été une belle consolation pour avoir enduré les vents du nord-est qui soufflent presque sans arrêt ce printemps! Surtout que deux Barges à queue noire ont été vues ensemble à Terre-Neuve ces derniers jours!

mardi 24 mai 2011

Le temps doux du 22 mai

Pour la journée de dimanche le 22 mai, nos destinations étaient les boisés et les champs situés à l’intérieur des terres. La région de La Pocatière est composée d’une série de plateaux parallèles au fleuve. Ainsi, lorsque l’on roule à vélo vers le sud-ouest ou le nord-est, le terrain est relativement plat. Mais lorsqu’on se dirige vers l’intérieur des terres, il faut être prêt à monter des côtes… et, année après année, c’est le calvaire de Christiane! Mais, une fois sur place, il est toujours intéressant de voir à quel point les espèces d’oiseaux peuvent changer en grimpant simplement de 100 mètres! Il faut dire aussi que la nature du sol change aussi, de belle terre fertile à… terre de roches.

Christiane affrontant la redoutable côte à Cadochette - La Pocatière - 18 mai 2008
Les érablières situées au niveau supérieur permettent de voir des espèces typiques des forêts de grands feuillus qui sont difficiles à trouver au niveau du fleuve. Si les champs à cet étage sont de moins bonne qualité pour l’agriculture, certains oiseaux comme les Goglus des prés y trouvent leur compte. Plus loin, de récents développements domiciliaires adossés à des forêts ou des montagnes accueillent les espèces typiques des banlieues en plus des espèces normalement forestières.
Durant les 6 h 20 de promenade à vélo dans ce secteur, nous avons pu voir, entre autres, :

  • 1 Canard branchu
  • 10 Urubus à tête rouge – Un oiseau posé près de grandes fractures dans des rochers à flanc de montagne a attiré mon attention. Alors que je me questionnais sur la possibilité qu’il niche à cet endroit, un autre urubu est arrivé et s’est habilement glissé entre les grosses pierres pour y disparaître! La réponse à mon questionnement fut donc : « Devrais-je me mettre à l’escalade? ».
  • 3 Busards Saint-Martin
  • 4 Colibris à gorge rubis
  • 4 Pics maculés
  • 7 Pics mineurs
  • 3 Pics chevelus
  • 6 Pics flamboyants
  • 1 Grand Pic
  • 6 Moucherolles tchébec
  • 4 Moucherolles phébis
  • 1 Tyran huppé
  • 2 Tyrans tritri
  • 2 Grimpereaux bruns
  • 7 Troglodytes des forêts
  • 1 Merlebleu de l’Est
  • 4 Grives fauves
  • 8 Grives solitaires
  • 3 Grives des bois – Niche très localement dans la région.
  • 80 Merles d’Amérique
  • 1 Moqueur polyglotte – Toujours imprévisible dans la région; jusqu’à cinq mâles chanteurs étaient présents à La Pocatière à l’été 1996 alors qu’il est à peine annuel maintenant!
  • 3 Parulines obscures
  • 7 Parulines à joues grises
  • 1 Paruline à collier
  • 4 Parulines jaunes
  • 4 Parulines bleues
Paruline bleue - La Pocatière - 22 mai 2011
  • 30 Parulines à croupion jaune
  • 6 Parulines à flancs marron
  • 15 Parulines à tête cendrée
  • 1 Paruline tigrée
  • 6 Parulines à gorge noire
Paruline à gorge noire - La Pocatière - 22 mai 2011
  • 1 Paruline à gorge orangée
  • 9 Parulines noir et blanc
  • 5 Parulines flamboyantes
  • 18 Parulines couronnées
  • 25 Parulines masquées
  • 1 Bruant à couronne blanche – Seulement un oiseau ? Serait-il déjà le dernier migrateur ce printemps ?
  • 9 Cardinaux à poitrine rose
  • 17 Goglus des prés – Une quantité encourageante!
  • 3 Orioles de Baltimore – Un jeune mâle avait un chant semblable en tout point au cri du Grand Chevalier!!! Surprenant!
  • 1 Durbec des sapins – Comme il m’est arrivé à plusieurs reprises au cours des années, un durbec hors saison fait une apparition surprise à la fin de mai.
En soirée, nous sommes allés nous poster sur un escarpement rocheux bordant le nord de la ville de La Pocatière, à 1,5 km des battures. Au télescope, nous avons pu identifier certains des oiseaux visibles aux étangs de décantation et sur les battures dont le Canard siffleur trouvé la semaine dernière! Puis, en jetant distraitement un œil au large, j’ai eu la surprise de repérer immédiatement un Plongeon catmarin volant vers l'ouest. Je me suis empressé de le montrer à Christiane qui, au télescope, me dit en voir 3, puis 4, puis 6 pour finalement en compter plus de 1000 en 10-12 minutes!!! Je me suis ensuite réinstallé au télescope pour compter à mon tour 500 autres oiseaux en 8 minutes chronométrées! Quelques coups d’oeil rapides par la suite nous ont permis de constater que le déplacement se poursuivait et d’ajouter quelques dizaines d’oiseaux à notre total.
Cette observation fut pour nous toute une surprise. Identifier un seul Plongeon catmarin volant au large du fleuve en étant nous-mêmes à 1,5 km des battures est déjà surprenant. Mais voir autant de catmarins dans la baie de La Pocatière l’est tout autant. Et pourquoi volaient-ils si près du rivage? Il est d’ailleurs intéressant de constater que les Plongeons catmarins semblent préférer nettement la rive sud à la rive nord du fleuve. Lorsque nous habitions Les Escoumins, sur la Haute-côte-Nord, il était plutôt rare de voir des catmarins. Mais, lorsque nous empruntions le traversier vers Trois-Pistoles, située juste en face, les camarins devenaient plus communs au fur et à mesure que nous approchions de la rive sud!
Tous les oiseaux observés le 22 mai remontaient le fleuve vers le sud-ouest. Depuis quand durait ce mouvement? Combien d'oiseaux ont pu passer durant la journée? Nous avons tout de même compté plus de 1500 oiseaux en moins de 20 minutes… Incroyable!

lundi 23 mai 2011

Les grands vents du 21 mai

La fin de semaine de la Journée nationale des Patriotes se situe juste au début de la période la plus riche en diversité aviaire dans la moitié sud du Québec. À partir du 20 mai, il est en effet relativement facile d’atteindre la centaine d’espèces en une seule journée pour un observateur qui fréquente divers habitats. C’est en plein ce que nous nous étions fixés mais en prenant tout de même le temps de bien explorer chaque habitat. Notre but n’était donc pas d’avoir le plus d’espèces possible en une journée mais plutôt d’avoir l’idée la plus juste de tout ce qui fréquente la région durant cette période très riche.
La température tenant toujours un rôle très important sur le terrain, c’est donc en consultant les prévisions météorologiques que nous avons planifié notre fin de semaine. Tout a donc commencé vendredi le 20 mai en après-midi avec une petite tournée rapide à vélo dans les milieux champêtres, question de se dégourdir les jambes après une semaine de travail. Sur place, nous avons constaté que les Goglus des prés sont enfin arrivés, près de 10 jours en retard sur leur horaire normal. Mais c’est Christiane qui remporte le gros lot en entendant très nettement le long sifflement d’une Maubèche des champs! Malgré nos efforts, nous n’avons pas réussi ni à la voir, ni à la réentendre. Pour moi, ce sera la prochaine fois, peut-être… Il faut dire que la Maubèche des champs est une des nombreuses espèces des milieux agricoles dont les populations sont en chute libre depuis une quinzaine d’années. Il est donc de plus en plus difficile d’en trouver dans la région. J’aurais envie de dire que la maubèche disparaît au même rythme que les piquets de clôture; en effet, la transformation des pâturages en grands champs de monoculture céréalière a détruit son habitat et celui des sturnelles et goglus.
En passant, nous avons jeté un coup d’œil au nid de Grand Corbeau trouvé dans un pylône le 10 avril dernier. Un adulte y montait la garde et il était possible d’entendre les oisillons quémander de la nourriture. Il est presque surprenant que le nid ait résisté aux vents violents qui ont si souvent soufflés sur la région ce printemps!

Grand Corbeau au nid - La Pocatière - 20 mai 2011
Samedi le 21 mai, la température fraîche et les vents de 35 km/h du NNE n’étant en rien favorables à la recherche de passereaux, nous nous sommes donc dirigés vers Rivière-Ouelle afin de nous concentrer sur les oiseaux aquatiques. Même s’il y avait des bancs de brouillard à moins de 100 mètres d’altitude à La Pocatière, la visibilité était une fois de plus excellente à notre arrivée à Rivière-Ouelle. Des vagues passaient cependant par dessus le quai et nous avons donc dû nous abriter sur le rivage afin de rester au sec. Les conditions de vents n’aidaient en rien les oiseaux présents à se déplacer facilement. À vrai dire, je n’ai jamais vu autant d’oiseaux voler à reculons!!! La majorité des oiseaux volaient vers le nord-est, face au vent, mais nous devions souvent les suivre vers le sud-ouest tellement le vent les déviait de leur trajectoire! Vraiment étrange comme situation!
Mais, autant de telles conditions doivent être éprouvantes pour les oiseaux, autant elles sont intéressantes pour les birders qui réussissent à en profiter. Les oiseaux n’ayant pas totalement le contrôle de leur vol, il est alors possible de voir des espèces dans des situations et des endroits inattendus. Les quantités d’oiseaux vus sont moins élevées que ce que l’on voit habituellement à cette date, on peut croire que certains étaient abrités quelque part, tout comme nous. Durant les 6 h 40 passées à Rivière-Ouelle, nous avons vu, entre autres, :
  • 140 Oies des neiges
  • 2 Bernaches cravants
  • 56 Canards noirs
  • 19 Canards colverts
  • 71 Eiders à duvet
  • 13 Macreuses à front blanc
  • 28 Macreuses brunes
  • 75 Macreuses à bec jaune
  • 2 Hareldes kakawi
  • 11 Garrots à œil d’or
  • 35 Grands Harles
  • 23 Harles huppés
  • 363 Plongeons catmarins – Contrairement à ce que l’on observe lors des grands déplacements, la majorité des catmarins se dirigeaient vers le nord-est. Cette situation laisse croire que les vents forts du nord-est ne sont pas favorables à un départ massif vers leurs sites de nidification de l’arctique. Les oiseaux vus samedi semblaient plutôt corriger un déplacement non-prévu ! Mais je crois qu’ils se sont repris dimanche le 22 mai… à suivre !
  • 2 Plongeons huards
  • 1 Grèbe à bec bigarré – Non, cet oiseau n’était pas sur le fleuve…
  • 50 Fous de Bassan – Durant les 3 heures passées au quai, nous avons vu 39 fous se diriger vers le nord-est et 26 vers le sud-ouest ; nous nous sommes entendus pour considérer qu’une cinquantaine d’oiseaux ont été vus. À noter que les fous semblaient très bien composer avec le vent !
  • 100 Cormorans à aigrettes
  • 3 Pluviers argentés
  • 24 Pluviers semipalmés
  • 1 Grand Chevalier
  • 1 Bécasseau variable
  • 7 Goélands arctiques
  • 15 Mouettes tridactyles – Ce sont des « victimes » traditionnellement déplacées par des vents forts du nord-est. Même si l’espèce niche maintenant aux îles Pèlerin, à 35 kilomètres au nord-est du quai de Rivière-Ouelle, le statut de la Mouette tridactyle n’a pas vraiment changé dans la région depuis 25 ans.
  • 1 Sterne caspienne – Un bel adulte en plumage nuptial est couché sur un îlot de la rivière Ouelle ! Il ne s’agit que de ma 9e mention de cette énorme sterne dans la région et la 2e au printemps. Les sept autres mentions sont comprises entre le 16 juin et le 28 juillet.
Sterne caspienne - Rivière-Ouelle - 21 mai 2011

  • 1 Sterne pierregarin
  • 82 sternes sp. – De nombreuses sternes ont été vues au large du quai, à des distances malheureusement trop grandes pour être identifiées avec assurance. À la toute fin de mai ou au début de juin, les Sternes arctiques sont probablement régulières au large de Rivière-Ouelle, peut-être même plus encore que les pierregarins (à preuve, les 2200 oiseaux que j’y ai vus le 28 mai 1997 lors d’une journée particulièrement limpide). Encore une fois, ce sont les conditions de visibilité qui décident de tout !
  • 4 Labbes parasites – Comme les Fous de Bassan, ce sont visiblement des oiseaux équipés pour affronter les vents les plus violents !
  • 10 Petits Pingouins
  • 1 Martinet ramoneur – Repéré devant le quai, c’est un des oiseaux qui volait à reculons…
  • 2 Colibris à gorge rubis
  • 10 espèces de parulines
Les journées de la fin de mai sont tellement chargées en oiseaux et en émotion que nos observations du 22 et du 23 mai suivront dans des messages distincts.

lundi 16 mai 2011

La fin d'une époque...

Eh oui, ça devait arriver : nous avons maintenant épuisé notre réserve de feuillets d’observations quotidiennes! À partir de maintenant, nous passons définitivement à la version électronique des célèbres feuillets! Depuis 2-3 ans, nous avons testé la chose en remplissant quelques feuillets électroniques, surtout lors de rares excursions à l’extérieur du territoire du Club des ornithologues de Québec. Sans vouloir passer pour de vieux conservateurs (oh non! surtout pas ça!!!), nous nous ennuyons déjà des feuillets sur papier. Il faut dire que depuis que j’ai complété mon premier feuillet, le 20 septembre 1981, j’en ai rempli plus de 6000 (et Christiane, de son côté, doit bien frôler les 8000), il s’agit donc d’une habitude bien ancrée! Pour moi, ma journée d’observation n’est vraiment terminée que lorsque mon feuillet est complété. À partir de maintenant, ce sera donc devant mon ordinateur que ma journée d’observation se terminera. Une nouvelle habitude à prendre mais, avec le nombre de feuillets que nous continuerons à remplir, elle se prendra probablement assez rapidement. Fini le papier… mais espérons que les feuillets électroniques se rendront à bon port car pour nous, c’est ce qui compte!!!
Malgré cette « révolution », il y a tout de même eu une fin de semaine! Et une fin de semaine froide, humide et venteuse comme plusieurs autres ce printemps. Samedi le 14 mai, face à un petit 10°C, une bruine continuelle et un bon vent du nord-est, nous avons fait trois courtes sorties pour voir quels oiseaux avaient été assez audacieux pour se rendre jusqu’à nous. Nous avons réussi à ajouter cinq petites espèces à notre liste annuelle. La plus surprenante fut sans doute le Moqueur chat, le 14 mai étant déjà ma date la plus hâtive pour cette espèce dans la région, établie auparavant en 1990 et 1991, lors de printemps probablement plus chauds que celui de 2011.
La journée de dimanche le 15 mai fut nettement plus palpitante. Avec la température annoncée, nous avions décidé de faire la grasse matinée mais, au réveil à 6 h 15, un coup d’œil à l’extérieur nous a permis de constater que l’asphalte était presque sec! Un lever et un déjeuner rapides et nous voilà sur le terrain! Le brouillard encore présent au-dessus de nos têtes a décidé pour nous que la matinée allait être consacrée aux oiseaux forestiers. Les premiers oiseaux vus étaient un peu ébouriffés mais semblaient plutôt en forme, même après une semaine de vent fort du nord-est. Nous avons même été agréablement surpris par la variété d’espèces présentes. Contre toute attente, plusieurs oiseaux vus dimanche ont réussi à arriver à La Pocatière à une date plutôt hâtive, ce qui me surprend énormément! La quantité d’individus pour chaque espèce était cependant encore faible. En après-midi, le brouillard s’étant dissipé, nous avons terminé notre excursion en jetant un coup d’œil aux oiseaux aquatiques.
Voici une liste partielle des espèces observées dimanche :
  • 36 Canards chipeaux
  • 1 Canard siffleur – Un mâle accompagnait un couple de Canards d’Amérique. À son envol, nous avons remarqué que les couvertures sus-alaires blanches, caractéristiques de l’espèce, étaient pour ainsi dire absentes, seul le bout des grandes couvertures créaient une mince ligne blanche. Il s’agit donc d’un mâle à son premier printemps!
Canard siffleur - La Pocatière - 15 mai 2011
Chez le Canard siffleur, à gauche, les couvertures sus-alaires en grande partie grises indiquent que l'oiseau est âgé de moins d'un an. Remarquez aussi les sous-alaires grises plutôt que blanches comme chez le Canard d'Amérique (à droite).
Canard siffleur et Canard d'Amérique - La Pocatière - 15 mai 2011

  • 13 Fuligules à collier
  • 42 Petits Fuligules
  • 1 Faucon pèlerin – Il attaque sans succès les Petits Fuligules qui ont eu la bonne idée de ne pas s’envoler.
  • 8 Goélands arctiques

Goéland arctique - La Pocatière - 15 mai 2011

  • 2 Moucherolles tchébec
  • 4 Moucherolles phébis
  • 1 Tyran tritri
  • 21 Geais bleus – Onze oiseaux migraient silencieusement en un groupe compact. Les Geais bleus sont régulièrement vus migrant dans la région en mai pendant que leurs congénères locaux sont occupés à nicher.
  • 70 Alouettes hausse-col – À cette date, il s’agit bien sûr d’oiseaux de la sous-espèce nichant dans le nord du Québec. La race qui niche dans le sud, ou le peu qu’il en reste, est déjà en train de nicher.
  • 1 Grive à dos olive – Le 15 mai était déjà ma date la plus hâtive pour cette grive (1986 et 1993).
  • 1 Paruline obscure
  • 3 Parulines à joues grises
  • 6 Parulines à collier

Paruline à collier femelle - La Pocatière - 15 mai 2011
  • 1 Paruline à flancs marron
  • 1 Paruline tigrée
  • 6 Parulines bleues
  • 48 Parulines à croupion jaune
  • 2 Parulines à gorge noire
  • 1 Paruline à gorge orangée
  • 2 Parulines noir et blanc
  • 11 Parulines couronnées – Toujours aussi bruyantes! Trois oiseaux chantaient dans un rayon de 10 mètres!
  • 1 Paruline masquée
  • 1 Paruline du Canada – Une nouvelle date d’arrivée hâtive pour moi, la précédente étant le 19 mai 1989 et 1993, à une époque où l’espèce était nettement plus commune.
  • 165 Bruants à couronne blanche – C’était l’espèce la plus évidente en ville cette fin de semaine! La mauvaise température qui interrompt la migration printanière est sûrement responsable d’une si grande abondance; je me souviens de certains printemps où j’avais de la difficulté à voir un seul oiseau dans la région!
  • 5 Cardinaux à poitrine rose
Dimanche fut donc une très bonne journée (où nous avons même entrevu le soleil!) qui nous a permis de rattraper quelque peu le retard sur notre liste annuelle d’oiseaux. Treize espèces de parulines nous ont surpris, surtout aussi tôt qu’à la mi-mai au cours d’un printemps très froid. Curieusement, aucune Paruline à tête cendrée ou flamboyante n’a été vue, pourtant deux de nos parulines les plus communes!
Une autre fin de semaine avec des moments forts et d’autres plus faibles. Pour nous, elle passera tout de même à l’histoire… parce que oui, c’est la fin d’une époque. Maintenant, habituons-nous au feuillet électronique…

lundi 9 mai 2011

Une fin de semaine de contraste

Samedi le 7 mai fut une autre journée grise typique du printemps 2011. Nous avons tout de même eu le temps de faire une petite tournée en forêt en début d’avant-midi avant que la pluie reprenne pratiquement pour le reste de la journée. Les chemins forestiers étaient très humides et boueux sinon inondés; parfois, j’avais plus l’impression de faire du pédalo que du vélo! La température froide, venteuse et humide des derniers jours n’a aidé en rien les passereaux néo-tropicaux à se rendre jusqu’à nous. Sous la pluie, nous avons trouvé un groupe de 75 Parulines à croupion jaune se nourrissant au sol dans un champ labouré. À la moindre alerte, les oiseaux se précipitaient vers les arbres et buissons bordant le champ pour s’abriter. C’est là que nous étions cachés, prêts à scruter les parulines une par une. Mais, malgré nos efforts, nous n’avons pas réussi à trouver autre chose que des « croupion jaune »!
Si certaines espèces tardent à arriver, d’autres finissent tout de même par nous quitter. Le nombre de sizerins à La Pocatière a chuté drastiquement depuis une semaine. En regardant la température, les oiseaux ont dû se dire : « On s’en va! Ce ne sera sûrement pas pire à Schefferville! ».

Goéland arctique - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
L’abondance de pluie doit tout de même faire des heureux. L’an dernier, plusieurs étangs dans la région s’étaient asséchés très rapidement avant même la fin du printemps. Samedi, tout juste après la fin des précipitations, j’ai pu voir et entendre deux Râles de Virginie dans des étangs plus humides que jamais!

 
Cormorans à aigrettes - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011

 
« Après la pluie, le beau temps! » dit l’adage. Alors, que faire dimanche le 8 mai? Aller à Rivière-Ouelle? Bonne idée!!! Ma seule crainte était que les sols gorgés d’eau couplés à la température douce annoncée ne provoquent du brouillard. Mais nous avons été très chanceux! Il y avait toujours des bancs de brouillard autour de nous, mais jamais assez près pour vraiment nuire à la visibilité. Les vents étaient nulles ou très faibles du nord. Nous avons donc connu encore une matinée incroyable. Voici les chiffres pour certaines espèces notées à Rivière-Ouelle entre 5 h 00 et 12 h 10 :
  • 37 Bernaches cravants
  • 4 Canards branchus – Un oiseau volait au large du quai en compagnie d’un couple de Macreuses à bec jaune!
  • 5 Canards chipeaux
  • 265 Sarcelles d’hiver

Sarcelles d'hiver - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
  • 24 Fuligules à collier
  • 6 Fuligules milouinans
  • 12 Petits Fuligules
  • 42 Eiders à duvet
  • 84 Macreuses à front blanc
  • 3 Macreuses brunes
  • 5000 Macreuses à bec jaune
Chez les Macreuses à bec jaune présentent à Rivière-Ouelle le printemps, le ratio mâle/femelle est d'environ 7:1, ce qui laisse beaucoup de célibataires!
Macreuses à bec jaune - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011

  • 1 Harelde kakawi
  • 2 Petits Garrots
  • 5 Harles couronnés
  • 111 Grands Harles
  • 241 Harles huppés
  • 3195 Plongeons catmarins – Une autre matinée incroyable! Encore une fois, le vent pratiquement nul tôt le matin nous a donné l’occasion de compter un très grand nombre d’oiseaux posés à l’eau (plus de 1600 individus!) auquel nous avons ajouté plusieurs centaines volant vers l’amont. Ces plongeons se déplaçaient seuls ou en petits groupes allant jusqu’à une vingtaine d’individus. Dès qu’un léger vent du nord a commencé à faire frémir le fleuve, les déplacements ont pratiquement cessé. Le nombre d’oiseaux en plumage nuptial a considérablement augmenté depuis deux semaines. Mais où vont donc ces oiseaux par la suite??? Redescendent-ils pour être recomptés plus tard? Si oui, pourquoi ne les voyons-nous jamais voler dans l’autre sens? Ce serait intéressant si des observateurs pouvaient se poster sur les côtes de Charlevoix entre l’île aux Coudres et le cap Tourmente pour vérifier si les catmarins ne s’envolent pas au-dessus des terres vers la baie James…
  • 3 Plongeons huards
  • 55 Fous de Bassan – Comme il arrive souvent, la présence de nombreux fous dimanche matin s’est produite en même temps que celle de plusieurs Bélugas. Fidèles à leur habitude, les fous ont été vus remontant le fleuve tôt le matin avant d’être vus redescendant un peu plus tard… contrairement au catmarins. Ces gros « Concordes » semblent trouver que l’eau n’est plus assez salée à l’ouest de Rivière-Ouelle.

Fou de Bassan - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011


Fous de Bassan - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
  • 417 Cormorans à aigrettes
  • 1 Balbuzard pêcheur – Un oiseau sortant de la baie de Sainte-Anne s’est ensuite dirigé vers le large… prochain arrêt : Charlevoix.
  • 1 Faucon émerillon – Quinze minutes après le balbuzard, un émerillon s’est élancé à son tour à l’assaut du large!
  • 1 Faucon pèlerin – En combat aérien contre un Busard Saint-Martin.
  • 1 Pluvier semipalmé
  • 22 Grands Chevaliers
  • 5 Petits Chevaliers
  • 2 Mouettes de Bonaparte
  • 19 Goélands arctiques
  • 3 Mouettes tridactyles – Deux adultes de ce visiteur peu commun sont vus au large du quai et un adulte au plumage prématurément usé est même trouvé posé sur le rivage.
Il est inhabituel de voir une Mouette tridactyle avec un plumage en aussi mauvais état en mai!
Mouette tridactyle - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
  • 2 Labbes parasites – Deux oiseaux remontaient le fleuve au large du quai. La régularité de cette espèce à Rivière-Ouelle le printemps est très surprenante. Il est même plus facile de trouver des Labbes parasites au quai de Rivière-Ouelle durant les deux dernières semaines de mai qu’à l’automne! Bien sûr, les oiseaux ne sont pas donnés; il faut savoir garder l’œil collé au téléscope et scruter le large. Connaître le jizz des labbes peut aussi être utile. Bref, il faut être un birder ou vouloir le devenir!
  • 2 Guillemots marmettes – Cette espèce est régulière dans la région depuis seulement une dizaine d’années. Ils sont presque toujours repérés dans des lignées de Petits Pingouins.
  • 60 Petits Pingouins
  • 1 Paruline à couronne rousse
Ce fut donc une autre fin de semaine avec des extrêmes. Ce sont ces écarts de température qui font bouger les oiseaux et les rendent soit très visibles, soit impossibles à trouver!

 
Terminons avec une note politico-philosophique : On dit parfois que les oiseaux sont des dinosaures très évolués. Si c’est vrai, j’ai hâte de voir quel genre d’oiseau deviendront les dinosaures maintenant majoritaires à Ottawa… s’ils réussissent à évoluer! Vivement 2015!!!

 

lundi 2 mai 2011

Une fin de semaine plus "forestière"

C’est en ajoutant les nouvelles dates d’arrivée des différentes espèces à ma liste que je me rends compte à quel point le printemps 2011 est tardif! Surtout en comparant ces dates avec celles du printemps 2010! Il y a régulièrement trois semaines (oui, TROIS semaines!) de différence entre mes premières dates pour ces deux années. Même en reculant plusieurs années en arrière, le printemps 2011 reste vraiment un des plus tardifs de la dernière décennie.
Dans les circonstances, la journée de samedi le 30 avril est donc moyenne. On finit tout de même par trouver de petites consolations et à noter certaines tendances en cherchant un peu. Par exemple, encore cette année, nous voyons un déplacement de Pics flamboyants en migration. Les oiseaux passent régulièrement en petits groupes de 3 à 5 oiseaux. Durant les 9 automnes où j’ai effectué des inventaires de rapaces à Tadoussac, j’ai observé des centaines de pics en déplacement, surtout des Pics à dos noir et à dos rayé qui étaient attirés près de nous par des enregistrements de leurs cris. Plusieurs Pics mineurs et chevelus et quelques Pics maculés étaient aussi souvent repérés alors qu’ils franchissaient la crête devant nous, survolaient les dunes pour disparaître vers le sud-ouest comme les autres migrateurs. Mais les Pics flamboyants m’ont toujours paru être des migrateurs très discrets, que je n’ai pratiquement jamais vu effectuer ce même trajet. Pourtant, ils étaient vus quotidiennement, parfois même jusqu’aux tout derniers jours de recensements à la fin du mois de novembre. Il m’est donc surprenant de constater à quel point leurs déplacements sont remarquables ici au printemps.
Les fringillidés commencent finalement à repeupler la région après avoir passé l’hiver dans des endroits où les graines dont ils se nourrissent étaient plus abondantes qu’ici. Samedi, 35 Roselins pourprés, 20 Tarins des pins et 55 Gros-becs errants se sont ajoutés aux 500 Sizerins flammés encore présents à La Pocatière. Dimanche, nous ajoutons enfin notre premier Chardonneret jaune à notre liste; nous n’en avions pas vu depuis le 13 novembre dernier!!!
Comme un peu partout dans le sud du Québec, de nombreux bruants ont envahi la région de La Pocatière ces derniers jours. Dix espèces sont notées samedi dont notre premier Bruant à couronne blanche, seulement ma deuxième mention à vie en avril! L’espèce la plus abondante est bien sûr le Junco ardoisé avec 200 individus. En plus d’être traditionnellement présent en bon nombre, il est le plus facile des bruants à identifier lorsqu’il s’envole au loin : une petite boule gris foncé avec deux bordures blanches à l’arrière.
Un petit coup d’œil rapide sur les battures du fleuve en après-midi m’a permis de voir un Goéland brun adulte, une espèce de plus en plus régulière dans la région mais pas encore garantie pour qui ne cherche pas un peu.
Dimanche le 1er mai, au lever du soleil, nous sommes en route pour notre site forestier préféré. À vélo, il est facile de voir et d’entendre tous les oiseaux en chemin, ce qui pour nous a autant d’importance que ce que nous noterons une fois sur place. Et justement, en traversant une petite érablière, Christiane repère un Mésangeai du Canada! Il ne s’agit que de ma troisième mention de l’espèce à La Pocatière même. Il est probable que c’est un des oiseaux qui ont erré l’automne et l’hiver dernier et qui retourne maintenant lentement vers son habitat. Chose certaine, celui-là ne nichera sûrement pas cette année; dans la région, les jeunes quittent le nid dès la fin de mai!
Nous voyons encore 24 Pics flamboyants en migration qui s’ajoutent aux 14 oiseaux vus samedi. Même si les Parulines à croupion jaune ne sont pas encore communes, nous avons la satisfaction de trouver notre premier Viréo à tête bleue et même une Paruline noir et blanc! Malgré des années passées sur le terrain, je n’ai vu que deux espèces de parulines en avril dans la région (et ce sont les deux auxquelles un observateur peut s’attendre) : la Paruline à croupion jaune (la plus hâtive le 17 avril 1989) et la Paruline à couronne rousse (la plus hâtive le 18 avril 2008). De toute évidence, les parulines hâtives qui se présentent de plus en plus fréquemment en avril dans l’extrême-sud du Québec n’ont toujours pas trouvé le chemin jusqu’à La Pocatière! Il faut tout de même garder à l’esprit que tout est possible, il n’y a qu’à penser au mâle chanteur de Paruline à gorge orangée observé à Rimouski le 20 mars 1986, une mention crédible à mon avis!
Ce 1er mai, nous jetons aussi un œil sur les rapaces en migration qui, avec les vents variables, ont eux aussi des directions variables :

  • 14 Urubus à tête rouge
  • 1 Balbuzard pêcheur
  • 3 Busards Saint-Martin
  • 16 Éperviers bruns
  • 11 Petites Buses
  • 21 Buses à queue rousse
  • 1 Buse pattue
  • 2 Crécerelles d’Amérique
Buse à queue rousse - La Pocatière - 1er mai 2011

Avec l’arrivée du mois de mai, de plus en plus d’espèces pensent à la nidification. En après-midi, nous voyons un Moucherolle phébi transporter des matériaux pour son nid. Finalement, ce fut une belle fin de semaine passée en forêt, malgré un petit vent du nord parfois agaçant!
Une note historique en terminant : j’ai observé mon premier Faucon pèlerin le 1er mai 1981, il y a déjà 30 ans! Il avait attaqué un petit groupe de Plectrophanes des neiges à moins de 10 mètres de moi, une expérience marquante! À l’époque, c’était une vraie rareté; je ne pensais pas qu’un jour j’allais en observer 20 en une journée (Tadoussac le 2 octobre 2002)!!!