lundi 9 mai 2011

Une fin de semaine de contraste

Samedi le 7 mai fut une autre journée grise typique du printemps 2011. Nous avons tout de même eu le temps de faire une petite tournée en forêt en début d’avant-midi avant que la pluie reprenne pratiquement pour le reste de la journée. Les chemins forestiers étaient très humides et boueux sinon inondés; parfois, j’avais plus l’impression de faire du pédalo que du vélo! La température froide, venteuse et humide des derniers jours n’a aidé en rien les passereaux néo-tropicaux à se rendre jusqu’à nous. Sous la pluie, nous avons trouvé un groupe de 75 Parulines à croupion jaune se nourrissant au sol dans un champ labouré. À la moindre alerte, les oiseaux se précipitaient vers les arbres et buissons bordant le champ pour s’abriter. C’est là que nous étions cachés, prêts à scruter les parulines une par une. Mais, malgré nos efforts, nous n’avons pas réussi à trouver autre chose que des « croupion jaune »!
Si certaines espèces tardent à arriver, d’autres finissent tout de même par nous quitter. Le nombre de sizerins à La Pocatière a chuté drastiquement depuis une semaine. En regardant la température, les oiseaux ont dû se dire : « On s’en va! Ce ne sera sûrement pas pire à Schefferville! ».

Goéland arctique - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
L’abondance de pluie doit tout de même faire des heureux. L’an dernier, plusieurs étangs dans la région s’étaient asséchés très rapidement avant même la fin du printemps. Samedi, tout juste après la fin des précipitations, j’ai pu voir et entendre deux Râles de Virginie dans des étangs plus humides que jamais!

 
Cormorans à aigrettes - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011

 
« Après la pluie, le beau temps! » dit l’adage. Alors, que faire dimanche le 8 mai? Aller à Rivière-Ouelle? Bonne idée!!! Ma seule crainte était que les sols gorgés d’eau couplés à la température douce annoncée ne provoquent du brouillard. Mais nous avons été très chanceux! Il y avait toujours des bancs de brouillard autour de nous, mais jamais assez près pour vraiment nuire à la visibilité. Les vents étaient nulles ou très faibles du nord. Nous avons donc connu encore une matinée incroyable. Voici les chiffres pour certaines espèces notées à Rivière-Ouelle entre 5 h 00 et 12 h 10 :
  • 37 Bernaches cravants
  • 4 Canards branchus – Un oiseau volait au large du quai en compagnie d’un couple de Macreuses à bec jaune!
  • 5 Canards chipeaux
  • 265 Sarcelles d’hiver

Sarcelles d'hiver - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
  • 24 Fuligules à collier
  • 6 Fuligules milouinans
  • 12 Petits Fuligules
  • 42 Eiders à duvet
  • 84 Macreuses à front blanc
  • 3 Macreuses brunes
  • 5000 Macreuses à bec jaune
Chez les Macreuses à bec jaune présentent à Rivière-Ouelle le printemps, le ratio mâle/femelle est d'environ 7:1, ce qui laisse beaucoup de célibataires!
Macreuses à bec jaune - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011

  • 1 Harelde kakawi
  • 2 Petits Garrots
  • 5 Harles couronnés
  • 111 Grands Harles
  • 241 Harles huppés
  • 3195 Plongeons catmarins – Une autre matinée incroyable! Encore une fois, le vent pratiquement nul tôt le matin nous a donné l’occasion de compter un très grand nombre d’oiseaux posés à l’eau (plus de 1600 individus!) auquel nous avons ajouté plusieurs centaines volant vers l’amont. Ces plongeons se déplaçaient seuls ou en petits groupes allant jusqu’à une vingtaine d’individus. Dès qu’un léger vent du nord a commencé à faire frémir le fleuve, les déplacements ont pratiquement cessé. Le nombre d’oiseaux en plumage nuptial a considérablement augmenté depuis deux semaines. Mais où vont donc ces oiseaux par la suite??? Redescendent-ils pour être recomptés plus tard? Si oui, pourquoi ne les voyons-nous jamais voler dans l’autre sens? Ce serait intéressant si des observateurs pouvaient se poster sur les côtes de Charlevoix entre l’île aux Coudres et le cap Tourmente pour vérifier si les catmarins ne s’envolent pas au-dessus des terres vers la baie James…
  • 3 Plongeons huards
  • 55 Fous de Bassan – Comme il arrive souvent, la présence de nombreux fous dimanche matin s’est produite en même temps que celle de plusieurs Bélugas. Fidèles à leur habitude, les fous ont été vus remontant le fleuve tôt le matin avant d’être vus redescendant un peu plus tard… contrairement au catmarins. Ces gros « Concordes » semblent trouver que l’eau n’est plus assez salée à l’ouest de Rivière-Ouelle.

Fou de Bassan - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011


Fous de Bassan - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
  • 417 Cormorans à aigrettes
  • 1 Balbuzard pêcheur – Un oiseau sortant de la baie de Sainte-Anne s’est ensuite dirigé vers le large… prochain arrêt : Charlevoix.
  • 1 Faucon émerillon – Quinze minutes après le balbuzard, un émerillon s’est élancé à son tour à l’assaut du large!
  • 1 Faucon pèlerin – En combat aérien contre un Busard Saint-Martin.
  • 1 Pluvier semipalmé
  • 22 Grands Chevaliers
  • 5 Petits Chevaliers
  • 2 Mouettes de Bonaparte
  • 19 Goélands arctiques
  • 3 Mouettes tridactyles – Deux adultes de ce visiteur peu commun sont vus au large du quai et un adulte au plumage prématurément usé est même trouvé posé sur le rivage.
Il est inhabituel de voir une Mouette tridactyle avec un plumage en aussi mauvais état en mai!
Mouette tridactyle - Rivière-Ouelle - 8 mai 2011
  • 2 Labbes parasites – Deux oiseaux remontaient le fleuve au large du quai. La régularité de cette espèce à Rivière-Ouelle le printemps est très surprenante. Il est même plus facile de trouver des Labbes parasites au quai de Rivière-Ouelle durant les deux dernières semaines de mai qu’à l’automne! Bien sûr, les oiseaux ne sont pas donnés; il faut savoir garder l’œil collé au téléscope et scruter le large. Connaître le jizz des labbes peut aussi être utile. Bref, il faut être un birder ou vouloir le devenir!
  • 2 Guillemots marmettes – Cette espèce est régulière dans la région depuis seulement une dizaine d’années. Ils sont presque toujours repérés dans des lignées de Petits Pingouins.
  • 60 Petits Pingouins
  • 1 Paruline à couronne rousse
Ce fut donc une autre fin de semaine avec des extrêmes. Ce sont ces écarts de température qui font bouger les oiseaux et les rendent soit très visibles, soit impossibles à trouver!

 
Terminons avec une note politico-philosophique : On dit parfois que les oiseaux sont des dinosaures très évolués. Si c’est vrai, j’ai hâte de voir quel genre d’oiseau deviendront les dinosaures maintenant majoritaires à Ottawa… s’ils réussissent à évoluer! Vivement 2015!!!