lundi 27 juin 2011

Des non-nicheurs nombreux et variés

À la fin du mois de juin, nous sommes en plein cœur de la période de nidification de la très grande majorité des espèces d’oiseaux du Québec. Mais quelle est réellement la proportion des oiseaux que l’on voit qui nichent vraiment? Bien sûr, le pourcentage varie selon les espèces et, surtout, la taille des espèces. Chez les plus petits passereaux qui ne vivent que trois ou quatre ans, chaque saison est importante et une année de nidification ratée peut faire la différence entre une augmentation ou une diminution de la population. Chez les espèces plus grandes, comme les goélands et les rapaces, les oiseaux n’atteignent leur maturité sexuelle qu’à quatre ou cinq ans. Et à voir le nombre de goélands adultes qui errent loin des colonies durant tout l’été, s’abstenir durant une saison ne semble pas vraiment créer de problème.
Vendredi le 24 juin, durant une longue randonnée à vélo, j’ai bien sûr croisé surtout des espèces en pleine nidification. Mais j’ai aussi rencontré quelques espèces que je sais ou je suppose être non-nicheuses pour l’été 2011.
J’avais à peine entrouvert la porte au petit matin que j’ai croisé la première espèce. Une Grive fauve criait quelque part entre les arbres chez le voisin. Qu’est-ce qu’une Grive fauve peut bien faire dans la ville un 24 juin? Les arbres dans mon quartier sont de bonne taille, mais il n’y a pas vraiment de sous-bois et, surtout, ils sont tout de même en ville! Il est évident que cet oiseau ne nichera pas cette année pour une raison que j’ignore. Peut-être s’agit-il d’un oiseau à sa première année? Un oiseau malade ou trop faible qui se fait continuellement repousser des meilleurs habitats par les oiseaux dominants? Ou encore un oiseau qui est arrivé trop tard et qui n’a pas réussi à trouver de territoire (si c’est le cas, je pourrais lui montrer de très bons sites pour les Grives fauves qui sont encore inoccupés!)?
À peine 400 mètres plus loin, j’ai trouvé un mâle chanteur de Troglodyte familier. La Pocatière se trouve à la limite nord-est de l’aire de distribution de l’espèce au Québec. Je ne réussis donc que rarement à l’ajouter à ma liste annuelle des oiseaux de la région. Curieusement, ce mâle chantait sur le chemin que j’emprunte deux fois par jour pour aller et revenir de mon travail! Je n’ai pas la prétention de réussir à voir tous les oiseaux qui sont présents sur ma route, mais si le troglodyte est arrivé vers le 20 mai et qu’il chante au 10 secondes comme vendredi matin, il me semble que je l’aurais repéré plus tôt! J’ai donc nettement l’impression qu’il vient tout juste de s’installer à cet endroit. A-t-il réussit (ou réussira-t-il) à se trouver une femelle? Je l’espère car il ne m’est arrivé qu’à une seule occasion de trouver un nid de cet énergique petit chanteur dans la région! Pour l’instant, je considère encore mon troglodyte comme étant un non-nicheur…
Bruant des plaines - La Pocatière - 24 juin 2011
En passant, je suis allé jeter un coup d’œil au Bruant des plaines trouvé il y deux semaines. Il était toujours au même endroit, chantant encore une seule note au lieu des trois traditionnelles pour son espèce. Devrais-je le considérer comme un non-nicheur lui aussi? Peut-être puisqu’il est tout en dehors de son aire de nidification connue (qui, au Québec, s’étend de façon discontinue de l’Abitibi au Saguenay-Lac-Saint-Jean et du sud de Montréal jusqu’à Québec). Mais, si des mâles chanteurs sont trouvés jusque dans le Bas-Saint-Laurent et sur la Côte-Nord à chaque année, il y a sûrement aussi quelques femelles qui se perdent!
Plus tard au cours de mon excursion, j’ai rencontré un mâle de Fuligule milouinan qui nageait paisiblement sur le fleuve. Chez les canards qui se reproduisent dans le nord du Québec, plusieurs individus non-nicheurs passent l’été dans l’estuaire du Saint-Laurent. Il s’agit souvent d’oiseaux âgés d’un an qui sont encore trop jeunes pour mener à terme une nichée. Les espèces les plus remarquables et les plus nombreuses sont sûrement les macreuses (particulièrement les Macreuses à front blanc), mais je réussis à voir quelques milouinans pratiquement à chaque été. Dans la moitié sud du Québec, le Fuligule milouinan ne semble nicher qu’aux Îles-de-la-Madeleine.
Un peu plus loin, c’est un Bécasseau variable qui s’est retrouvé sur mon chemin. Chez les limicoles aussi, plusieurs oiseaux non-nicheurs estivent loin au sud de leur aire de nidification (parfois même sur leur territoire d’hivernage en Amérique du Sud!). Mais pour ces oiseaux dont la nidification se fait en un temps éclair (à peine plus d’un mois pour les plus petites espèces!), il est souvent difficile de faire la différence entre les oiseaux qui se dirigent vers leurs sites de nidification, ceux qui en reviennent et ceux qui ne s’y rendront jamais. Par exemple, il n’est pas inhabituel de rencontrer des Bécasseaux minuscules en migration vers le nord qui sont encore dans la région de La Pocatière le 10 juin. Mais, dès le 5 juillet, on voit apparaître les premiers migrateurs redescendant vers le sud après avoir accompli leur devoir conjugal! Mais si je vois un oiseau le 25 juin, est-ce un migrateur dans un sens ou dans l’autre ou un estivant? Pour le Bécasseau variable que j’ai vu le 24 juin, je peux assurer qu’il s’agit d’un non-nicheur et, dans ce cas, mon tout premier ici au cœur de l’été. Il s’agissait d’une femelle, reconnaissable à son bec particulièrement long; lorsque je l’ai repéré de loin aux jumelles, j’ai même cru avoir affaire à un Bécassin roux!
Bécasseau variable - La Pocatière - 24 juin 2011
Bécasseau variable - La Pocatière - 24 juin 2011
Bécasseau variable - La Pocatière - 24 juin 2011

Encore plus tard, en plein champ agricole, c’est un Butor d’Amérique qui s’envole d’un fossé devant moi! Oui, c’est vrai, cette espèce niche dans la région, mais pas dans les champs! D’ailleurs, s’il y a un habitat qui fait franchement défaut à La Pocatière, c’est bien un grand marais d’eau douce! Je connais bien quelques petits marais où le butor a sûrement déjà niché, mais je ne vois pas pourquoi un oiseau nicheur s’éloignerait ainsi de son habitat pour aller chercher des grenouilles pour ses poussins en bordure d’un champ (surtout que les grenouilles sont très répandues avec le temps pluvieux que nous connaissons). Donc, pour moi, ce butor aussi est un oiseau qui saute une saison de nidification.
Finalement, mon excursion du 24 juin montre à quel point les oiseaux qui ne se reproduisent pas à chaque année sont nombreux et variés. Espérons seulement qu’il y a assez d’oiseaux intéressés à se reproduire pour faire augmenter les populations…

lundi 20 juin 2011

Guillemots marmettes et Goélands bruns


Dimanche le 19 juin, tôt le matin, notre destination était encore une fois Rivière-Ouelle. En chemin, nous avons traversé de nombreux murs de brouillard souvent très opaques qui nous ont fait craindre le pire. Mais, une fois au quai, nous avons pu profiter de conditions plus qu’excellentes pour observer les oiseaux présents au large. Sur place, le nombre de goélands indiquait que des éperlans ou des capelans avaient sûrement frayé ces derniers jours! Tant mieux pour les poissons, les goélands et… nous!

Mouettes de Bonaparte - Rivière-Ouelle - 19 juin 2011

En plus des laridés présents un peu partout autour et au large du quai, plusieurs Plongeons huards et des alcidés étaient présents. À notre grande surprise et, de mémoire, c’est la première fois que cet événement se produit à Rivière-Ouelle, nous avons observé plus de Guillemots marmettes que de Petits Pingouins!!! Pas moins de 58 Guillemots marmettes ont en effet été notés durant les quelques minutes suivant notre arrivée! Un seul groupe posé à l’eau comptait pas moins de 52 oiseaux! Pour un observateur comme moi qui fréquente Rivière-Ouelle pour ses oiseaux depuis plus de 30 ans, c’est une belle occasion de faire un retour sur l’évolution du statut du Guillemot marmette dans la région.
Le Guillemot marmette ne semble pas fréquenter les eaux du Kamouraska depuis très longtemps. Bien qu’un auteur le mentionnait comme étant « de passage » au îles Pèlerins dès 1916, la première preuve irréfutable de sa présence dans le comté semble provenir d’un spécimen capturé à Saint-André le 7 décembre 1952. À peine plus d’un mois plus tard, le 14 janvier 1953, un autre spécimen était recueilli, cette fois à Saint-Pacôme, un petit village situé tout près de La Pocatière. Curieusement, Saint-Pacôme est situé à sept kilomètres à l’intérieur des terres et les rares cours d’eau qui s’y trouvent sont déjà gelés depuis un mois à la mi-janvier! Je n’ai pas réussi à trouver le volume 92 du Naturaliste canadien afin de vérifier les détails de cette mention pour le moins surprenante (et, en même temps, de vérifier si un autre auteur qui mentionne le 19 janvier plutôt que le 14 est dans l’erreur…). Pour l’instant, il s’agirait d’une des deux seules mentions vraiment hivernales au Québec!

Au début des années 1980, c’est au traversier reliant Trois-Pistoles aux Escoumins que l’on se fiait pour avoir l’espèce sur notre liste annuelle sans avoir à se rendre en Gaspésie. Et encore, la marmette était loin d’y être garantie! Mais, le 16 décembre 1992, profitant d’un petit redoux, je m’étais rendu au quai de Rivière-Ouelle et j’avais eu la surprise de voir un Guillemot marmette voler vers l’ouest tout juste devant moi! Il s’agissait alors d’une des très rares mentions dans la région couverte par le Club des ornithologues de Québec. Il semble que l’espèce ait connu un boum dans sa population au milieu des années 1990. À ce moment, il est devenu presqu’impossible de rater l’espèce au large de Trois-Pistoles au printemps et elle devenait de plus en plus facile à trouver même au large de Rivière-du-Loup. Il est bien possible que le Guillemot marmette ait pris goût aux îles Pèlerins à cette époque et qu’il ait commencé à y nicher.

Finalement, le 2 juin 1998, Christiane et moi avons vu notre première marmette printanière au quai de Rivière-Ouelle. Un an plus tard, le 28 mai 1999, nous en observions une autre. Depuis, les choses se sont précipitées et voilà que l’espèce est maintenant régulière au quai! Bien sûr, les oiseaux sont souvent loin au large, mais, au moins, ils sont là! Je n’y vois qu’un seul problème : maintenant, nous ne pouvons plus considérer que tous les gros alcidés volant loin au large sont des Petits Pingouins, ce qui risque de faire baisser le nombre moyen d’individus par mention pour cette espèce. Un beau problème!

Goéland brun - Rivière-Ouelle - 19 juin 2011


Avec le grand nombre de goélands et mouettes présents dimanche matin, il était tentant d’oublier un peu ce qui se passait au large pour nous concentrer sur les laridés. Nous nous sommes donc amusés à les passer au peigne fin pour voir ce qu’ils transportaient avec eux. Nous n’avons pas réussi à trouver la mouette rare espérée parmi les Mouettes de Bonaparte présentes (73 oiseaux en plumage de premier été est un très bon nombre pour la région!). Cependant, dans un même groupe de goélands posés le long de la route se trouvaient trois Goélands bruns immatures. Deux oiseaux portaient un plumage de premier été très usé (donc des oiseaux nés l’an dernier) et l’autre un plumage de deuxième été. Il est intéressant de noter que la majorité des gros goélands (G. argentés et G. marins) observés dimanche étaient aussi des oiseaux de premier et deuxième été; les adultes doivent être occupés à nourrir leurs oisillons dans les colonies. Chez les Goélands à bec cerclé, la proportion d’adultes était nettement plus élevée.

Goéland brun - Rivière-Ouelle - 19 juin 2011

Goéland brun (à droite) et Goéland argenté - Rivière-Ouelle - 19 juin 2011


Durant cette excursion, nous nous sommes surtout attardés au « maritime ». Voici donc la liste des espèces aquatiques notées:

  • 15 Oies des neiges
  • 90 Bernaches du Canada
  • 1 Canard chipeau
  • 1 Canard d’Amérique
  • 116 Canards noirs
  • 98 Canards colverts
  • 2 Sarcelles à ailes bleues
  • 1 Canard souchet
  • 1 Canard pilet
  • 16 Sarcelles d’hiver
  • 97 Eiders à duvet – Plusieurs « crèches » (des familles élargies accompagnées de plusieurs femelles) ont été notées. J’ai toujours trouvé que les canetons d’eiders tout ébouriffés ressemblaient à de petits porcs-épics! Christiane, elle, les compare plutôt à des tampons à récurer, elle les surnomme donc les bébés S.O.S.! À vous de juger!
Eiders à duvet - Rivière-Ouelle - 19 juin 2011
Eiders à duvet - Rivière-Ouelle - 19 juin 2011
  • 1 Macreuse à front blanc
  • 1 Macreuse brune
  • 9 Macreuses à bec jaune
  • 2 Grands Harles
  • 2 Harles huppés
  • 12 Plongeons catmarins
  • 33 Plongeons huards
  • 91 Cormorans à aigrettes
  • 20 Grands Hérons
  • 1 Pluvier argenté
  • 2 Pluviers semipalmés
  • 73 Mouettes de Bonaparte
  • 1500 Goélands à bec cerclé
  • 200 Goélands argentés
  • 3 Goélands bruns
  • 30 Goélands marins
  • 11 Mouettes tridactyles
  • 58 Guillemots marmettes
  • 20 Petits Pingouins
  • 3 Guillemots à miroirs
De retour à La Pocatière, je suis allé faire une courte tournée à vélo dans les rangs. J’ai eu la surprise d’y voir un jeune Autour des palombes en vol au-dessus des champs. Les mentions estivales sont plutôt rares à La Pocatière.

lundi 13 juin 2011

Mais où sont les oiseaux?

Il y a des journées où, je ne sais pas pourquoi, les oiseaux sont fébriles tous en même temps. Peu importe l’espèce, les oiseaux chantent et crient continuellement, ne sont pas aussitôt posés à un endroit qu’ils s’envolent rapidement vers un autre. Vous avez sûrement déjà vécu ces moments où les oiseaux semblent s’être concertés pour être tous vus et entendus durant la même journée. Ce sont des moments où il faut absolument être à l’extérieur, à profiter de ces occasions inespérées.
Mais, pour contrebalancer ces journées, il y en a d’autres où les conditions sont parfaites pour l’observation, mais où les oiseaux semblent rester cachés. C’est probablement ce genre de journée que nous avons connu samedi le 11 juin. Dès notre départ à 5 h 00, il était déjà évident que nous n’allions battre de record d’abondance pour aucune espèce! Mais, heureusement pour nous, le plaisir du birding consiste autant à trouver les oiseaux qu’à simplement les voir (c’est probablement pourquoi nous ne nous déplaçons jamais pour voir les oiseaux découverts par les autres… mais, ça, c’est une autre histoire!). Nous avions choisis pour cette journée de suivre un circuit qui nous mène à travers champs cultivés, forêts tant feuillues que conifériennes, zones buissonneuses et battures du Saint-Laurent. C’est en plein le genre de circuit que j’adore, où je peux facilement avoir une idée des oiseaux présents sur le territoire à l’intérieur d’une même journée.
Vers le 10 juin, il est tout à fait normal (et même rassurant) de noter majoritairement des espèces territoriales, ce qui diminue beaucoup la densité des oiseaux à l’hectare. Plusieurs des oiseaux notés durant la fin de semaine, particulièrement ceux qui arrivent en avril, se promenaient avec le bec débordant de nourriture. Les premiers oisillons hors du nid commencent doucement à faire leur apparition, comme les jeunes Merles d’Amérique, les Grands Corbeaux et, bien entendu, des espèces nidifuges comme les Pluviers kildirs. De leur côté, les jeunes Étourneaux sansonnets empêchent même involontairement leurs parents de les nourrir en pointant bruyamment leurs becs à l’entrée de la cavité!

Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011
Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011

Le printemps tardif a certainement retardé la nidification de certaines espèces. Samedi, nous avons eu la chance de croiser des Maubèches des champs chez qui, de toute évidence, le couple n’était pas encore formé! Deux oiseaux ont d’abord été repérés en bordure d’un champ récemment ensemencé. L’oiseau que nous croyons être la femelle s’est ensuite aventuré complètement à découvert dans le champ sablonneux, suivi du deuxième oiseau. Il n’y avait pas de poursuite, mais celui que nous considérons être le mâle suivait sans relâche le premier oiseau. À un certain moment, il ressemblait même à un râle, en marchant la tête baissée et sa longue queue relevée à la verticale! Vraiment étrange comme spectacle! Lorsque la femelle s’envole finalement pour aller se poser dans un champ de l’autre côté de la route, le mâle n’a pas tardé à la suivre. En se posant, il a lancé de toutes ses forces le long sifflement typique de l’espèce, tout en gardant ses ailes relevées longuement. Lors du sifflement, sa gorge était toute gonflée au point de paraître blanche! C’est à ce moment qu’un deuxième mâle (?) est apparu, sifflant lui aussi avec puissance. Pendant que les deux mâles se regardaient comme des chiens de faïence, la femelle marchait à mi-chemin entre les deux, l’air de rien.


Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011

Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011
Si le couple n’est pas encore formé, c’est qu’il sont véritablement en retard; j’ai déjà trouvé à La Pocatière des poussins de Maubèche des champs déjà bien développés (et très hauts sur pattes!) vers le 24 juin il y a quelques années! La Maubèche des champs fait partie des nombreuses espèces champêtres qui ont vu leurs effectifs diminuer rapidement dans la région depuis une vingtaine d’années. La plus ancienne mention de l’espèce que je connaisse à La Pocatière remonte au 7 juillet 1973 alors que l’abbé René Tanguay rapportait un oiseau.
Peu de temps après avoir laissé les maubèches à leurs amours, nous avons entendu un long bourdonnement provenant d’une arrière-cour. Ce bourdonnement revenait régulièrement et nous avons vite fait d’identifier et de trouver le chanteur : un Bruant des plaines! Il était perché au sommet d’un grand pin mais, tout juste après avoir été sommairement scruter, il s’est envolé pour disparaître plus loin. Curieusement, le chant de l'oiseau n'était composé que d'une seule note bourdonnante, mais plus longue que chacune des trois notes du chant classique de l'espèce. La population du Bruant des plaines augmente doucement dans l’ensemble du Québec, en profitant entre autres des champs abandonnés qui retournent graduellement à la forêt. Parmi les individus que j’ai vus dans la région, un Bruant des plaines très particulier a fréquenté un même site à La Pocatière durant les étés 1995, ’96 et ’97. Il était facile à individualiser puisque même s’il avait tout physiquement d’un Bruant des plaines, il chantait comme un Bruant familier! En 1995, il s’est accouplé à un Bruant familier et j’ai même trouvé le nid : il contenait, en outre, un œuf de Vacher à tête brune!!! Trois espèces dans un même nid, faut le faire!!!
Ce fut donc une excursion plutôt tranquille avec de très petits nombres de grives, de parulines et de bruants. On sait pourtant qu’ils étaient là! Il faudra y retourner…!
Pour terminer, j’ose signaler qu’une nouvelle espèce s’est ajoutée à ma trop longue liste d’espèces hypothétiques : nous avons entendu à deux reprises un probable Moucherolle vert que nous n’avons jamais réussi à même entrevoir… meilleure chance la prochaine fois!

lundi 6 juin 2011

Les premières excursions de l'été

En ce début de l’été ornithologique, nous avions bien hâte de voir si, comme je l’avais annoncé dans mon message précédent, il restait encore « des milliers » de Plongeons catmarins à migrer par Rivière-Ouelle. Samedi le 4 juin, au lever du soleil, nous étions donc déjà installés au bout du quai de Rivière-Ouelle à profiter des conditions parfaites    (7°C et des vents très légers du nord) et à espérer des tonnes d’oiseaux. Les tonnes n’étaient pas au rendez-vous mais nous en avons tout de même trouvé plusieurs kilos! La visibilité était presque parfaite et il était facile de repérer même les oiseaux les plus lointains… il ne restait plus qu’à les identifier. Plusieurs sternes ont été observées durant la matinée mais aucune ne s’est assez approchée de nous pour que nous puissions l’identifier à l’espèce. C’est une situation régulière avec les sternes à Rivière-Ouelle à cette époque de l’année. 
Moucherolle des aulnes - Rivière-Ouelle - 4 juin 2011

Pour les catmarins, il n’y a pas eu de gros déplacement même si les conditions ressemblaient à celles dont l’espèce profite habituellement au printemps. Nous avons ainsi terminé notre excursion avec 440 catmarins, ce qui pourrait tout de même faire rêver de nombreux ornithologues! Plusieurs oiseaux étaient posés à l’eau et se laissaient doucement dériver alors que d’autres migraient vers le nord-est, une direction qui n’est généralement pas celle priorisée par l’espèce au printemps. Habituellement, les Plongeons catmarins comptés au large du quai de Rivière-Ouelle volent bas et sont vus avec le fleuve ou les montagnes charlevoisiennes à l’arrière-plan. Mais, samedi matin, nous avons remarqué que plusieurs groupes, certains comptant jusqu’à une vingtaine d’oiseaux, se déplaçaient beaucoup plus haut, sur fond de ciel! Pourquoi volaient-ils à une telle altitude alors que le fleuve, sans aucun obstacle telle une île, se trouvait sous eux? Se préparaient-ils justement à s’envoler au-dessus des montagnes de Charlevoix???


Voici donc une liste partielle des espèces que nous avons observées à Rivière-Ouelle durant les 7 h 05 qu’a duré notre excursion:

  • 11 Oies des neiges
  • 560 Bernaches du Canada – Cet arrivage subit de bernaches est sûrement composé d’individus des populations provenant des États-Unis et du sud du Canada et qui remontent vers le nord au début de l’été afin de muer.
  • 8 Sarcelles d’hiver
  • 152 Canards noirs
  • 41 Canards colverts
  • 2 Canards pilets
  • 2 Canards souchets
  • 1 Canard chipeau
  • 1 Canard siffleur – Un mâle accompagnait un groupe important de barbotteurs.
  • 4 Canards d’Amérique
  • 440 Plongeons catmarins
  • 12 Plongeons huards
  • 1 Grèbe à bec bigarré
  • 5 Fous de Bassan
  • 10 Urubus à tête rouge
  • 12 Pluviers semipalmés
  • 1 Petit Chevalier
  • 168 Bécasseaux semipalmés
  • 1 Bécasseau à coupion blanc
  • 1 Mouette de Franklin – Un bel adulte en plumage nuptial se reposait dans le fond d’une baie tranquille en compagnie d’autres laridés. Cette espèce qui niche dans le centre du continent est occasionnelle dans la région entre la fin de mai et le mois de juillet.
Mouette de Franklin - Rivière-Ouelle - 4 juin 2011
  • 1 Goéland brun – Un immature en plumage de troisième été est trouvé parmi les goélands rassemblés près du quai. Nous sommes présentement durant la période de fraie de l’éperlan et de très nombreux goélands profitent de cette manne. Les côtes de Charlevoix et, à une plus petite échelle, la Côte-du-Sud accueillent alors un très gand nombre de laridés parmi lesquels il est relativement facile de trouver des raretés. À Rivière-Ouelle samedi matin, les goélands immatures étaient majoritaires et, de toute évidence, ils étaient rassasiés!
  • 16 Mouettes tridactyles
  • 510 Sternes sp.
  • 1 Guifette noire – Un oiseau est repéré dans un groupe de sternes loin au large du quai. Ce n’est que ma troisième mention de l’espèce à Rivière-Ouelle même si elle a niché à Tourville (cté L'Islet) en 2006, le site de nidification le plus à l’est au Québec.
  • 1 Labbe parasite
  • 38 Guillemots marmettes – Un nombre effarant, surtout quand on pense que l’espèce était pratiquement inconnue dans la région il y a 15 ans à peine!
  • 168 Petits Pingouins
  • 3 Guillemots à miroir
  • 2 Moucherolles à ventre jaune – Encore en migration.
  • 37 Hirondelles rustiques
  • 47 Mésanges à tête noire – Comme la semaine dernière, plusieurs oiseaux en déplacement (ou devrait-on dire « en migration » ?) sont notés le long du fleuve. C’est un phénomène relativement courant de voir cette espèce « migrer » ainsi jusqu’en juin. Si plusieurs laridés et canards ne nichent visiblement pas à chaque année, pourquoi certains petits passereaux ne feraient-ils pas de même???
  • 1 Bruant de Nelson – Notre premier cette année. C’est toujours le dernier passereau à se présenter sur ses sites de nidification. Je ne réussis à voir l’espèce en mai qu’une année sur deux!

Une excursion avec quatre espèces soulignées en rouge dans le petit livre de Christiane est toujours un événement! L’excursion du 4 juin 2011, avec son Canard siffleur, sa Mouette de Franklin, son Goéland brun et sa Guifette noire, passera à l’histoire. Et c’est sans compter les nombreux catmarins, les Guillemots marmettes et le labbe…!


Dimanche le 5 juin, une longue randonnée à vélo était prévue à Saint-Roch-des-Aulnaies. À notre départ à 5 h 00, un épais brouillard recouvrait la région et un vent frais et humide soufflait encore du nord. Malgré cela, nous nous sommes mis en route en espérant que le soleil, même s’il était encore invisible, vienne rapidement dissiper le tout. Finalement, ce n’est que vers 8 h 30 que nous avons enfin pu sentir les rayons bienfaiteurs du soleil. Les trois premières heures ont donc été plutôt tranquilles, les passereaux chantant très peu.
Crécerelle d'Amérique - Saint-Roch-des-Aulnaies - 5 juin 2011


Le village de Saint-Roch-des-Aulnaies est situé dans la plaine agricole tout près du fleuve. Bien que quelques petits boisés de forêt mixte parsèment le territoire, le nombre d’espèces nicheuses y est plutôt faible. Cependant, les zones humides qui ont donné le nom au village accueillent une belle variété d’espèces durant les migrations. Ce fut partiellement le cas aujourd’hui, entre autres avec les Parulines obscures. Bien entendu, lors de longues promenades à vélo, on réussit rapidement à faire grimper le nombre d’individus des espèces les plus communes.

Entre 5 h 50 et 12 h 30, nous avons pu noter les espèces suivantes, entre autres, :

  • 13 Oies des neiges
  • 33 Bernaches du Canada
  • 2 Pygargues à tête blanche – Deux immatures nous ont escortés de La Pocatière jusqu’à Saint-Roch. Un oiseau était en plumage de deuxième année et l’autre de cinquième année. Les deux oiseaux étaient souvent ensemble, parfois même perchés sur la même souche.
  • 40 Tourterelles tristes
  • 1 Moucherolle à ventre jaune
  • 29 Moucherolles des aulnes
  • 1 Tyran huppé
  • 7 Viréos mélodieux
  • 1 Viréo de Philadelphie
  • 22 Viréos aux yeux rouges
  • 17 Hirondelles rustiques
  • 2 Roitelets à couronne rubis – Pour cette espèce dont la migration est sûrement terminée, nous avons été surpris de trouver deux mâles chanteurs dans de petits boisés conifériens perdus dans les champs.
  • 98 Merles d’Amérique
  • 6 Moqueurs chats
  • 17 Parulines obscures
  • 73 Parulines jaunes – Pas une de moins, parole de Christiane!

Les Parulines jaunes sont des nicheuses particulièrement abondantes à Saint-Roch-des-Aulnaies!
Paruline jaune - Saint-Roch-des-Aulnaies - 5 juin 2011

  • 5 Parulines à flancs marron
  • 9 Parulines à tête cendrée
  • 1 Paruline tigrée
  • 8 Parulines rayées
  • 25 Parulines flamboyantes
  • 37 Parulines masquées
  • 5 Parulines à calotte noire – Cette paruline semble vraiment atteindre son pic de migration printanière dans la région au début de juin.
  • 25 Bruants familiers
  • 21 Bruants des prés
  • 1 Bruant de Nelson
  • 55 Bruants chanteurs
  • 105 Carouges à épaulettes
  • 90 Quiscales bronzés
  • 3 Orioles de Baltimore
  • 60 Chardonnerets jaunes
Paruline à croupion jaune - Saint-Roch-des-Aulnaies - 5 juin 2011
Curieusement, l’observation qui nous a le plus surpris lors de cette randonnée de 53,5 km à vélo n’est même pas un oiseau. Tout juste avant d’arriver au village de Saint-Roch tôt le matin, nous nous sommes retrouvés à moins de 15 mètres d’un orignal broutant dans un champ! Christiane a traversé le parc des Laurentides des dizaines de fois sans voir un seul orignal. Depuis qu’elle est à La Pocatière, elle sait que c’est dans les champs qu’il faut les chercher!