lundi 13 juin 2011

Mais où sont les oiseaux?

Il y a des journées où, je ne sais pas pourquoi, les oiseaux sont fébriles tous en même temps. Peu importe l’espèce, les oiseaux chantent et crient continuellement, ne sont pas aussitôt posés à un endroit qu’ils s’envolent rapidement vers un autre. Vous avez sûrement déjà vécu ces moments où les oiseaux semblent s’être concertés pour être tous vus et entendus durant la même journée. Ce sont des moments où il faut absolument être à l’extérieur, à profiter de ces occasions inespérées.
Mais, pour contrebalancer ces journées, il y en a d’autres où les conditions sont parfaites pour l’observation, mais où les oiseaux semblent rester cachés. C’est probablement ce genre de journée que nous avons connu samedi le 11 juin. Dès notre départ à 5 h 00, il était déjà évident que nous n’allions battre de record d’abondance pour aucune espèce! Mais, heureusement pour nous, le plaisir du birding consiste autant à trouver les oiseaux qu’à simplement les voir (c’est probablement pourquoi nous ne nous déplaçons jamais pour voir les oiseaux découverts par les autres… mais, ça, c’est une autre histoire!). Nous avions choisis pour cette journée de suivre un circuit qui nous mène à travers champs cultivés, forêts tant feuillues que conifériennes, zones buissonneuses et battures du Saint-Laurent. C’est en plein le genre de circuit que j’adore, où je peux facilement avoir une idée des oiseaux présents sur le territoire à l’intérieur d’une même journée.
Vers le 10 juin, il est tout à fait normal (et même rassurant) de noter majoritairement des espèces territoriales, ce qui diminue beaucoup la densité des oiseaux à l’hectare. Plusieurs des oiseaux notés durant la fin de semaine, particulièrement ceux qui arrivent en avril, se promenaient avec le bec débordant de nourriture. Les premiers oisillons hors du nid commencent doucement à faire leur apparition, comme les jeunes Merles d’Amérique, les Grands Corbeaux et, bien entendu, des espèces nidifuges comme les Pluviers kildirs. De leur côté, les jeunes Étourneaux sansonnets empêchent même involontairement leurs parents de les nourrir en pointant bruyamment leurs becs à l’entrée de la cavité!

Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011
Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011

Le printemps tardif a certainement retardé la nidification de certaines espèces. Samedi, nous avons eu la chance de croiser des Maubèches des champs chez qui, de toute évidence, le couple n’était pas encore formé! Deux oiseaux ont d’abord été repérés en bordure d’un champ récemment ensemencé. L’oiseau que nous croyons être la femelle s’est ensuite aventuré complètement à découvert dans le champ sablonneux, suivi du deuxième oiseau. Il n’y avait pas de poursuite, mais celui que nous considérons être le mâle suivait sans relâche le premier oiseau. À un certain moment, il ressemblait même à un râle, en marchant la tête baissée et sa longue queue relevée à la verticale! Vraiment étrange comme spectacle! Lorsque la femelle s’envole finalement pour aller se poser dans un champ de l’autre côté de la route, le mâle n’a pas tardé à la suivre. En se posant, il a lancé de toutes ses forces le long sifflement typique de l’espèce, tout en gardant ses ailes relevées longuement. Lors du sifflement, sa gorge était toute gonflée au point de paraître blanche! C’est à ce moment qu’un deuxième mâle (?) est apparu, sifflant lui aussi avec puissance. Pendant que les deux mâles se regardaient comme des chiens de faïence, la femelle marchait à mi-chemin entre les deux, l’air de rien.


Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011

Maubèche des champs - La Pocatière - 11 juin 2011
Si le couple n’est pas encore formé, c’est qu’il sont véritablement en retard; j’ai déjà trouvé à La Pocatière des poussins de Maubèche des champs déjà bien développés (et très hauts sur pattes!) vers le 24 juin il y a quelques années! La Maubèche des champs fait partie des nombreuses espèces champêtres qui ont vu leurs effectifs diminuer rapidement dans la région depuis une vingtaine d’années. La plus ancienne mention de l’espèce que je connaisse à La Pocatière remonte au 7 juillet 1973 alors que l’abbé René Tanguay rapportait un oiseau.
Peu de temps après avoir laissé les maubèches à leurs amours, nous avons entendu un long bourdonnement provenant d’une arrière-cour. Ce bourdonnement revenait régulièrement et nous avons vite fait d’identifier et de trouver le chanteur : un Bruant des plaines! Il était perché au sommet d’un grand pin mais, tout juste après avoir été sommairement scruter, il s’est envolé pour disparaître plus loin. Curieusement, le chant de l'oiseau n'était composé que d'une seule note bourdonnante, mais plus longue que chacune des trois notes du chant classique de l'espèce. La population du Bruant des plaines augmente doucement dans l’ensemble du Québec, en profitant entre autres des champs abandonnés qui retournent graduellement à la forêt. Parmi les individus que j’ai vus dans la région, un Bruant des plaines très particulier a fréquenté un même site à La Pocatière durant les étés 1995, ’96 et ’97. Il était facile à individualiser puisque même s’il avait tout physiquement d’un Bruant des plaines, il chantait comme un Bruant familier! En 1995, il s’est accouplé à un Bruant familier et j’ai même trouvé le nid : il contenait, en outre, un œuf de Vacher à tête brune!!! Trois espèces dans un même nid, faut le faire!!!
Ce fut donc une excursion plutôt tranquille avec de très petits nombres de grives, de parulines et de bruants. On sait pourtant qu’ils étaient là! Il faudra y retourner…!
Pour terminer, j’ose signaler qu’une nouvelle espèce s’est ajoutée à ma trop longue liste d’espèces hypothétiques : nous avons entendu à deux reprises un probable Moucherolle vert que nous n’avons jamais réussi à même entrevoir… meilleure chance la prochaine fois!