lundi 4 juillet 2011

Le coeur de l'été

Samedi le 2 juillet, nous avons pris le chemin de Rivière-Ouelle. En plein cœur de l’été, nous savions bien que la variété d’espèces y serait assez limitée. En effet, nos excusions dans cette localité comprennent habituellement une bonne partie des meilleures heures de la journée à scruter le large. Vous vous doutez bien que durant la période de nidification, ce n’est pas l’habitat qui procure le plus de diversité! Mais, avec le nombre de raretés que j’y ai vues au fil des années, je suis bien prêt à sacrifier de la diversité au profit de la qualité. Pour moi, trouver une rareté est LA récompense pour avoir cherché, étudié et identifié des milliers de fois les espèces les plus communes. Et avec les milliers d’heures que j’ai passées à regarder les oiseaux depuis plus de 35 ans, je suis toujours fier de mériter une petite récompense!
La variété des habitats à Rivière-Ouelle est aussi plutôt limitée, ce qui se reflète bien entendu sur le nombre d’espèces nicheuses. Sauf pour une grande tourbière à peu près inaccessible, le reste du territoire est surtout composé de champs agricoles bordés près du fleuve de buttes rocheuses où poussent épinettes, trembles et bouleaux. À certains endroits le long de la rivière poussent aussi de grands saules qui, avec les fougères, créent des enchevêtrements d’allures tropicales.

Voici donc en partie ce que nous avons vu ce samedi à Rivière-Ouelle:
  • 2 Oies des neiges
  • 3 Bernaches du Canada
  • 17 Canards noirs
  • 18 Canards colverts
  • 1 Sarcelle à ailes bleues
  • 5 Canards pilets – Dont une femelle avec deux canetons.
  • 15 Sarcelles d’hiver
  • 54 Eiders à duvet
  • 110 Macreuses à front blanc
  • 0 Plongeon catmarin!!! – Aucun catmarin n’a été vu, un événement plutôt rare même en plein été!
  • 11 Plongeons huards
  • 82 Cormorans à aigrettes
  • 17 Grands Hérons
  • 1 Faucon pèlerin – Un oiseau qui est passé directement au-dessus du quai en direction de Charlevoix!
  • 300 Goélands à bec cerclé – Nous avons observé nos deux premiers juvéniles de l’été. Ils sont arrivés en plein dans les dates habituelles, malgré le printemps tardif! Il n’existe pas de colonies de cette espèce dans la région immédiate de La Pocatière.
  • 50 Goélands argentés
  • 20 Goélands marins
  • 1 Guillemot marmette
  • 7 Petits Pingouins
  • 9 Guillemots à miroir
  • 1 Tyran huppé – Très rarement observé à Rivière-Ouelle étant donné la rareté des grandes forêts de feuillus.
  • 3 Tyrans tritris – À notre dernière visite à Rivière-Ouelle, il y a deux semaines, nous avions observé un Tyran tritri disparaître sous un gros pont avec le bec débordant de nourriture. Pour nous, il était évident qu’il nichait quelque part sur un des gros madriers du pont (comme les phébis, les tritris nichent occasionnellement sur les structures humaines; si vous ne me croyez pas, regardez un peu plus loin dans ce message!). En passant sur ce même pont samedi, nous avons vu un tritri transporter de longs brins de foin et se poser dans un buisson sur lequel était perché un autre tyran. Tout ça est plutôt étrange! Le Tyran tritri n’a qu’une seule couvée par année (au Québec du moins) et l’indépendance des jeunes ne se fait que tardivement. Que faisait donc ces deux oiseaux commençant un nid sur le territoire où une autre couple semble être en pleine période de nourrissage des jeunes??? Nous ne pouvons pas croire qu’il s’agit des mêmes oiseaux!?!
  • 1 Viréo mélodieux
  • 2 Merlebleus de l’Est
  • 2 Grives à dos olive – Les boisés conifériens près du fleuve à Rivière-Ouelle sont les endroits les plus faciles d’accès pour voir cette grive dans la région. Il y a à peine 25 ans, elle était présente dans la majorité des forêts à prédominance coniférienne de La Pocatière. Ce n’est malheureusement plus la cas…
  • 1 Bruant de Nelson – Cette espèce est plutôt rare à Rivière-Ouelle où les aboiteaux sont construits très près de l’eau, laissant peu d’habitat au bruant. Cependant, depuis 3 ans, un mâle (probablement pas toujours le même d’ailleurs) chante le long de la rivière à 2,3 kilomètres du fleuve. Si on « déplie » la rivière de ses nombreux méandres, le bruant se retrouve plutôt à 5,5 kilomètres de son embouchure!
Ce fut une petite sortie typique du milieu de l’été, par une journée chaude où même les oiseaux d’origine tropicale cherchaient leur souffle!

Dimanche le 3 juillet, redoutant les orages annoncés, nous n’avons pas osé nous éloigner de la maison (c’est un des rares désavantages du birding à vélo!). Nous nous sommes tout de même risqués jusqu’au rare site de La Pocatière à abriter un nombre intéressant de canards en été.
Sur place, nous avons notés :
  • 50 Canards chipeaux
  • 1 Canard siffleur – Un mâle adulte!
Canard siffleur mâle adulte (encerclé) - La Pocatière - 3 juillet 2011
 
  • 6 Canards d'Amérique
  • 3 Canards colverts
  • 1 Sarcelle d’hiver
  • 1 Fuligule milouinan
  • 2 Petits Fuligules
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 1 Faucon pèlerin
Nous avons été plutôt surpris de revoir « le » Canard siffleur, exactement au même endroit où « il » était présent les 15 et 22 mai. Imaginez donc notre stupéfaction lorsque tous les canards se sont envolés et que nous avons compris qu’il s’agissait d’un autre Canard siffleur! L’oiseau du mois de mai ne portait pratiquement pas de blanc aux couvertures sus-alaires, indiquant ainsi qu’il s’agissait d’un mâle à son premier printemps. Chez le siffleur vu dimanche, les sus-alaires totalement blanches notées à l’envol prouvaient qu’il s’agissait cette fois d’un mâle adulte! Le 4 juin dernier, nous avions vu un autre Canard siffleur à Rivière-Ouelle, à plus de 14 kilomètres du site de La Pocatière. À ce moment, l’oiseau était posé à l’eau et nous ne l’avons donc pas vu en vol (tant mieux pour lui!). Il n’est pas impossible que ce soit un des deux oiseaux de La Pocatière, mais les chances ne nous semblent pas très élevées. J’ai vu ce canard eurasien à quelques reprises dans la région en plein été, dont mon tout premier à vie à La Pocatière les 28 et 29 juin 1983. Il ne s’agit cependant que de ma deuxième mention en juillet, après une femelle vue à Saint-Pascal-de-Kamouraska le 6 juillet 1990.

Tyran tritri au nid - La Pocatière - 28 juin 2011
Tyran tritri au nid - La Pocatière - 28 juin 2011
Et, oui, les Tyrans tritris nichent parfois sur des strutures humaines. Il y a trois semaines, un couple a commencé à rôder autour de notre lieu de travail. Les oiseaux semblaient particulièrement intéressés par la vieille gouttière située juste à côté de la porte d’entrée. Des Étourneaux sansonnets qui nichaient alors sous le toit les gênaient beaucoup, allant régulièrement jouer dans les matériaux que les tritris semblaient installer dans la gouttière. Il y a deux semaines, les étourneaux ont terminé leur nidification et les tyrans ont pu enfin prendre place. Maintenant, la femelle couve sans se soucier de nos allées et venues, seule la chaleur semble la tracasser un peu : elle couve souvent le bec grand ouvert!