mardi 11 octobre 2011

L'été des indiens

S’il y a des conditions météorologiques que je trouve pénibles, les journées chaudes et très venteuses du sud-ouest devancent de loin toutes les autres. Et, malheureusement, ce sont ces conditions qui ont dominé la longue fin de semaine de l’Action de grâces. Pas facile de trouver des oiseaux lorsque toutes les parties des arbres, du tronc jusqu’aux feuilles, bougent en tout sens. Et je ne parle pas des tentatives d’excursion en milieu ouvert…! Vraiment, pas facile!
Durant ces moments, j’essaie de me consoler en pensant à tous les oiseaux du sud (Coulicou à bec jaune, Paruline des prés et autres gobemoucherons) que les vents peuvent déporter jusqu’à nous, mais encore faut-il être au bon endroit pour les trouver. J’ai d’ailleurs une petite anecdote à vous raconter à ce sujet. Le 8 septembre 1989, après quelques jours de vents forts du sud-ouest, je m’étais rendu à Rivière-Ouelle avec l’intention avouée de trouver une Paruline polyglotte. Comme je l’ai déjà écrit, Rivière-Ouelle est bien plus qu’un quai et les zones buissonneuses qu’on y trouve en bordure du fleuve sont très bien situées pour accueillir un oiseau perdu. Et, justement, c’est à un de ces sites qui reste encore aujourd’hui toujours aussi riche en passereaux que j’ai trouvé… un Gobemoucheron gris-bleu! Ce n’était pas ma Paruline polyglotte, mais mon premier gobemoucheron à vie avait été poussé jusqu’ici par des vents qui auraient bien pu m’offrir ma paruline. Le plus drôle dans cette histoire, c’est que j’ai appris par la suite qu’une Paruline polyglotte avait été trouvée à Trois-Pistoles le lendemain de mon excursion! J’avais manqué ma paruline de seulement 100 kilomètres!

Mais, avant que ces affreux vents du sud-ouest ne se lèvent, nous avons eu le temps de faire une autre sortie à Rivière-Ouelle vendredi le 7 octobre. Les conditions ne ressemblaient en rien à celles de la fin de semaine dernière et, par le fait même, les canards étaient beaucoup moins nombreux. La visibilité laissait à désirer, mais en patrouillant attentivement tous les recoins de la municipalité entre 6h25 et 12h40, nous avons réussi à dénicher 62 espèces dont quelques belles surprises.

Voyez vous-mêmes :
  • 410 Oies des neiges
  • 145 Bernaches du Canada
  • 208 Canards noirs
  • 9 Canards colverts
  • 14 Sarcelles d’hiver
  • 8 Fuligules milouinans
  • 42 Eiders à duvet
  • 27 Macreuses à front blanc
  • 7 Macreuses brunes
  • 1 Macreuse à bec jaune
  • 1 Harelde kakawi
  • 3 Garrots à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 36 Harles huppés
  • 39 Plongeons catmarins
  • 3 Plongeons huards
  • 1 Grèbe esclavon – Ce petit grèbe semble plus présent dans la région qu’à l’habitude cet automne.
  • 6 Grèbes jougris
  • 1 Océanite cul-blanc – Vers 11 h 15, j’ai repéré ce petit oiseau sombre au minuscule croupion blanc alors qu’il remontait le fleuve d’un vol décidé. Même si des vents du nord-est souvent très forts ont soufflé depuis une semaine, ils étaient à peine modérés du sud-ouest vendredi matin. D’après mes notes, plus de la moitié de mes observations de cette espèce dans ma région (onze à Rivière-Ouelle et une à La Pocatière) ont été faites durant des journées de vents nuls ou soufflant du sud-ouest! Ces mentions se répartissent présentement comme suit : deux en juillet, une en août, deux en septembre, six en octobre et une en novembre.
  • 150 Cormorans à aigrettes
  • 30 Grands Hérons
  • 5 Urubus à tête rouge
  • 2 Busards Saint-Martin
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Chevalier grivelé – Plutôt rare en octobre dans ma région!
  • 6 Grands Chevaliers
  • 21 Bécasseaux à croupion blanc
  • 5 Bécasseaux à poitrine cendrée
  • 600 Goélands à bec cerclé
  • 2 Mouettes tridactyles
  • 26 Petits Pingouins
  • 3 Macareux moines – Encore trois macareux??? Hé oui! Cette espèce est présente en nombre particulièrement élevé dans la région de Tadoussac-Les Escoumins depuis les derniers jours. Il est probablement normal que certains débordent jusqu’à Rivière-Ouelle.
  • 26 Alouettes hausse-col
  • 7 Sittelles à poitrine rousse
  • 4 Plectrophanes lapons
  • 1 Plectrophane des neiges – Une nouvelle date record d’arrivée automnale pour moi! Mon plus hâtif avait auparavant été observé le 10 octobre 1989.
  • 3 Parulines à croupion jaune
  • 45 Bruants des prés
  • 29 Bruants chanteurs
  • 20 Bruants à gorge blanche
  • 4 Bruants à couronne blanche
  • 40 Juncos ardoisés
  • 87 Carouges à épaulettes
  • 40 Quiscales bronzés
  • 15 Tarins des pins
  • 12 Chardonnerets jaunes
Ce fut une journée riche en bruants, ce qui est tout à fait dans les normes. Pour moi, Action de grâces rime toujours avec abondance de bruants.


La griffe allongée du doigt postérieur, bien visible sur cette photo, est caractéristique des passereaux vivant en milieu ouvert comme les alouettes, les pipits ou les plectrophanes.
Paraît-il qu’elle aide à rester debout face au vent!
Plectrophane lapon – Rivière-Ouelle – 7 octobre 2011 © Claude Auchu 
Bruant des prés – Rivière-Ouelle – 7 octobre 2011 © Claude Auchu 
Bruant à couronne blanche – Rivière-Ouelle – 7 octobre 2011 © Claude Auchu 
Dimanche le 9 octobre, un peu frustrés d’avoir littéralement perdu notre journée de samedi à cause des vents atteignant 50 km/h, nous nous sommes mis en route vers un boisé tout près de La Pocatière. Cette excursion ne nous a pas rapporté une grosse diversité d’espèces (et ce sera de plus en plus le cas…), mais de beaux petits groupes d’oiseaux, des granivores en majorité, nous ont tenu bien occupé :
  • 17 Geais bleus
  • 24 Mésanges à tête noire
  • 11 Sittelles à poitrine rousse – Avec une telle abondance, la sittelle sera-t-elle l’emblème de l’hiver qui approche?
  • 1 Grimpereau brun
  • 9 Roitelets à couronne dorée
  • 9 Merles d’Amérique
  • 12 Parulines à croupion jaune
  • 40 Bruants familiers – Le tableau de mes dates de départ indique clairement que le Bruant familier quitte la région de plus en plus tardivement. Voir 40 Bruants familiers à La Pocatière un 9 octobre aurait été impossible il y a 25 ans. Cette date ressemblait alors plutôt à un départ presque tardif!
  • 5 Bruants des prés
  • 18 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant de Lincoln
  • 28 Bruants à gorge blanche
  • 2 Bruants à couronne blanche
  • 28 Juncos ardoisés
  • 11 Roselins pourprés
  • 25 Tarins des pins
  • 2 Chardonnerets jaunes
Finalement, c’est lundi le 10 octobre que nous avons connu la plus belle journée de cette longue fin de semaine. Les vents ont finalement tourné au nord-ouest et faibli de façon marquée. Nous en avons profité pour faire une belle et longue promenade à vélo sur le territoire de La Pocatière. Visiblement, les parulines ont déjà presque toutes quitté la région et les fringillidés remplissent de plus en plus les boisés.

En 5 h 30 d’excursion, nous avons réussi à dénicher 49 espèces, même si les battures du Saint-Laurent n’ont été visitées qu’en vitesse.
  • 5700 Oies des neiges
  • 1 Bernache de Hutchins – Rarement dénichée dans la région.
  • 75 Bernaches du Canada
  • 140 Canards noirs
  • 4 Canards colverts
  • 4 Urubus à tête rouge
  • 2 Busards Saint-Martin
  • 3 Buses pattues
  • 14 Geais bleus
  • 1 Hirondelle bicolore – Même si la « bicolore » est l’hirondelle la plus résistante au froid, c’est la première fois que j’en vois une ici en octobre!!! Curieusement, j’ai déjà observé l’Hirondelle noire, l’Hirondelle de rivage et l’Hirondelle à front blanc en octobre et même l’Hirondelle rustique en novembre dans la région!
  • 1 Merlebleu de l’Est
  • 2 Grives solitaires
  • 95 Pipits d’Amérique
  • 1 Paruline à joues grises
  • 10 Parulines à croupion jaune
  • 2 Bruants fauves
  • 43 Bruants chanteurs
  • 3 Bruants des marais
  • 440 Carouges à épaulettes
  • 10 Roselins pourprés
  • 2 Becs-croisés bifasciés
  • 2 Sizerins flammés – La surprise de la journée! Les sizerins ne devraient pas être très abondants l’hiver prochain (puisqu’ils l’ont été l’an dernier), c’est étonnant que deux oiseaux soient déjà rendus dans la région si tôt en automne!
  • 20 Tarins des pins
  • 10 Chardonnerets jaunes
Petit à petit, les nicheurs migrateurs quittent et les hivernants arrivent. Ornithologiquement, le mois d’octobre reste malgré tout le mois le plus imprévisible de l’année, particulièrement dans l’est de la province. On ne sait jamais quelle espèce sera présente au détour d’un buisson. Une hirondelle qui aurait dû nous quitter un mois plus tôt? Une paruline qu’un système météorologique quelconque a fait dériver depuis le sud des États-Unis? Ou un bruant désorienté arrivant de l’ouest du continent? Cherchons pour voir…