lundi 28 novembre 2011

Une belle volée de Plongeons catmarins

Il est très rare que nous devions rater une journée de birding, particulièrement lorsque les conditions d’observation sont aussi belles que celles de samedi le 26 novembre. Mais, les choses étant ce qu’elles sont, nous avons dû dépenser notre énergie à faire autre chose de tout aussi important.

Le lendemain, cependant, la matinée aurait pu être affreuse, nous serions quand même allés aux oiseaux, c’était garanti!!! Et, justement, pour dimanche le 27 novembre, des conditions plutôt difficiles étaient annoncées : neige débutant en milieu de nuit et se changeant en pluie en avant-midi avec des vents de 15 km/h soufflant du nord-est (bien que de tels vents sont habituellement payants!). Finalement, c’est à Rivière-Ouelle que nous nous sommes dirigés dimanche matin sous un ciel, ma foi, plutôt encourageant. Durant les 4 h 35 passées à patrouiller la municipalité, nous n’avons vu aucun flocon, sinon quelques-uns alors que nous retournions à la maison. Les montagnes de Charlevoix, situées de l’autre côté du fleuve, disparaissaient toutefois régulièrement dans la neige, sans vraiment nuire à la visibilité. Le vent, bien que modéré (et du nord-est, tant mieux!), était très « endurable »… Il y a une chose qui était un peu agaçant, et c’est typique de cette période de l’année, c’est le manque de luminosité. Plusieurs oiseaux circulaient loin au large du quai et aussitôt que nous augmentions le grossissement de nos téléscopes, on les perdait complètement de vue! Mais, au moins, nous sommes restés au sec; donc, ne nous plaignons pas!

La matinée s’est terminée avec l’observation de seulement 34 espèces :
  • 15 Oies des neiges
  • 29 Canards noirs
  • 1 Canard colvert
  • 45 Eiders à duvet – Tous les oiseaux descendaient le fleuve, quelques-uns en vol mais la majorité était posée à l’eau et se laissait dériver par la marée qui baissait rapidement (une des plus fortes marées de l’année avait d’ailleurs lieu une douzaine d’heures plus tôt)
  • 2 Macreuses à front blanc
  • 44 Macreuses brunes – Une très bonne quantité pour la date!
  • 2 Macreuses à bec jaune
  • 12 Hareldes kakawis
  • 4 Garrots à œil d’or
  • 11 Grands Harles
  • 6 Harles huppés
  • 153 Plongeons catmarins – Ces oiseaux étaient sûrement affectés par les conditions atmosphériques particulières de la journée. Les catmarins qui volaient au ras de l’eau se dirigeaient tous vers l’est, comme c’est leur habitude en automne, seul, en duo ou en trio. Cependant, Christiane a réussi à trouver trois groupes comptant respectivement 61, 22 et 16 oiseaux qui volaient vers l’ouest à bonne altitude! C’était toujours sur fond de précipitations qui cachaient régulièrement les côtes de Charlevoix que les plongeons étaient repérés. Aussitôt qu’ils arrivaient dans un endroit dégagé, nous perdions les oiseaux de vue sur fond de montagnes! Quelle est la différence entre ces deux mouvements? Pourquoi une telle différence de directions, d’altitudes et, bien sûr, de quantités??? Il s’agit d’une quantité inédite dans la région pour les derniers jours de novembre! À remarquer qu’un petit mouvement de Plongeons huards a été noté à Sainte-Pétronille, sur l’île d’Orléans, sans qu’aucun catmarin n’y soit observé alors que nous, nous n’avons trouvé aucun huard! D’un autre côté, les observateurs présents à Cape May au New Jersey ont compté plus de 32000 Plongeons catmarins les 21 et 22 novembre derniers! Novembre est un bien beau moment pour chercher des catmarins!
  • 2 Grèbes jougris
  • 1 Cormoran à aigrettes
  • 2 Buses pattues
  • 1 Faucon émerillon – Rarement observé à cette époque.
  • 40 Goélands à bec cerclé
  • 10 Goélands argentés
  • 30 Goélands arctiques
  • 5 Goélands marins
  • 1 Mouette tridactyle
  • 14 Guillemots à miroir
  • 55 Pigeons bisets
  • 3 Tourterelles tristes
  • 1 Harfang des neiges – Il était perché au bout du quai à notre arrivée à 6 h 50. Pour être posé à un tel endroit, il avait sûrement traversé le Saint-Laurent durant la nuit précédente. Au retour, nous en avons vu un autre à La Pocatière.
  • 20 Corneilles d’Amérique
  • 13 Grands Corbeaux
  • 10 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 67 Étourneaux sansonnets
  • 75 Plectrophanes des neiges
  • 4 Juncos ardoisés
  • 3 Becs-croisés bifasciés
  • 6 Moineaux domestiques
Voilà, c’est déjà la fin de l’automne ornithologique! À La Pocatière et Rivière-Ouelle, il n’y a pas encore eu de neige au sol, mais ça ne saurait tarder… Et on espère que quelques bruants sont encore cachés en forêt à manger les nombreuses graines de conifères qui recouvrent les sentiers. Maintenant, qu’arrive l’hiver…!

lundi 21 novembre 2011

Petite fin de semaine de novembre

L’automne faisant son effet, le nombre d’espèces rencontrées durant nos excursions diminue rapidement! Par le fait même, et c’est ce qui est peut-être le plus triste, nos promenades s’en trouvent raccourcies (et mes messages risquent de l’être aussi!).
Notre hobby (j’allais écrire « notre mode de vie ») ne consiste pas à admirer les oiseaux, mais plutôt à constater quelles espèces sont présentes dans notre région à un moment donné. C’est d’ailleurs pourquoi nous sommes des observateurs si locaux : nous pouvons savoir à quel point l’oiseau que nous rencontrons est à sa place ou non au moment et à l’endroit où nous le croisons. Avec l’expérience, nous sommes en mesure de savourer la rencontre de certaines espèces dites « communes » que d’autres ne regarderaient que du coin de l’œil.

Samedi le 19 novembre, notre première sortie de la fin de semaine ne nous a fourni que 30 espèces vues durant les 4 h 25 passées à Rivière-Ouelle. Il faut dire que nous avons eu à affronter des vents presque violents provenant du sud-ouest durant toute la matinée. En plus de ne pas favoriser les déplacements des oiseaux sur le fleuve, ces vents nuisent grandement à nos capacités d’entendre les oiseaux terrestres. Je ne dis pas que nous avons manqué des milliers de passereaux, mais s’ils étaient sur notre chemin, ils étaient soit silencieux, soit très bien cachés! Chose certaine, la température a vraiment un impact immense sur les résultats d’une excursion… Durant une bonne partie de la matinée, de l’autre côté du fleuve, de longs rideaux de neige cachaient régulièrement les montagnes de Charlevoix, un beau spectacle!

Voici donc les espèces vues durant notre promenade :
  • 43 Oies des neiges
  • 20 Canards noirs
  • 480 Eiders à duvet – Un total respectable pour cette espèce qui préfère circuler avec des vents du nord-est, surtout en automne. Tous les oiseaux vus samedi se dirigeaient vers l’aval, avec le vent dans le dos.
  • 2 Macreuses à front blanc
  • 26 Macreuses brunes
  • 7 Macreuses à bec jaune
  • 4 Hareldes kakawis
  • 8 Garrots à œil d’or
  • 2 Grands Harles
  • 5 Harles huppés
  • 33 Plongeons catmarins
  • 1 Plongeon huard
  • 1 Buse pattue
  • 4 Bécasseaux sanderling – Mes plus tardifs à vie dans la région!
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 10 Goélands argentés
  • 3 Goélands marins
  • 2 Guillemots à miroir
  • 27 Pigeons bisets
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Geai bleu
  • 13 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 4 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 130 Étourneaux sansonnets
  • 30 Plectrophanes des neiges
  • 25 Moineaux domestiques
…Et nous n’avons rencontré aucun fringillidé durant cette excursion! Faut le faire!…

Dimanche le 20 novembre, les vents n’étaient pas encore levés lorsque nous avons pris la route sur nos vélos. Pour nous, il s’agissait sans doute de notre dernière randonnée ornithologique à vélo de l’année (à moins que…). Les rangs étaient très tranquilles en cette matinée relativement douce qui s’est d’ailleurs terminée sous la pluie.
En après-midi, nous avons inspecté de loin les champs et battures à la recherche d’un certain gros hibou blanc qui tarde à apparaître sur notre liste, sans succès.

Durant cette journée, nous avons rencontré, entre autres, :
  • 9 Oies des neiges
  • 1 Canard d’Amérique
  • 22 Canards noirs
  • 26 Canards colverts
  • 1 Harelde kakawi
  • 2 Grands Harles
  • 1 Busard Saint-Martin – Depuis quelques années, les busards s’attardent régulièrement jusqu’au 20 novembre, soit deux semaines plus tard qu’il y a 25 ans. Certains oiseaux ont même déjà étiré leur séjours jusqu’à Noël.
  • 3 Pics chevelus
  • 4 Geais bleus
  • 15 Mésanges à tête noire
  • 4 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 100 Étourneaux sansonnets
  • 1 Bruant chanteur
  • 10 Plectrophanes des neiges
  • 10 Becs-croisés bifasciés
  • 20 Chardonnerets jaunes
Cette fin de semaine nous aura sûrement permis de voir certaines espèces pour la dernière fois de l’année. Mais gageons qu’il en reste d’autres à découvrir…

lundi 14 novembre 2011

Un temps sombre digne des Bécasseaux violets

Novembre est vraiment le mois le plus sombre de l’année. Avec les journées très courtes et le soleil demeurant toujours très bas à l’horizon, plusieurs trouvent difficile de traverser cette période de l’année. Même si j’ai parfois hâte qu’il y ait de la neige au sol pour refléter les rares rayons du soleil, je réussis toujours à survivre à novembre sans vraiment de problème. C’est probablement parce que je continue à passer le plus de temps possible à l’extérieur à regarder les oiseaux avant qu’ils ne quittent la région pour l’hiver; janvier et février seront sûrement plus pénibles…!

C’est dans cet optique que nous avons débuté la deuxième fin de semaine de novembre. Samedi le 12 novembre, nous avons effectué une tournée des mangeoires comme nous le faisons à chaque fin de semaine durant l’hiver. Je ne sais pas si la hausse du prix des graines y est pour quelque chose, mais la majorité des mangeoires étaient encore vides. Nous avons terminé la journée avec un petit 31 espèces glanées un peu partout dont les plus significatives sont :
  • 110 Oies des neiges
  • 82 Bernaches du Canada
  • 1 Bernache de Hutchins
  • 1 Canard d’Amérique
  • 103 Canards noirs
  • 18 Canards colverts
  • 2 Canards souchets – Plutôt tardifs pour la région!
  • 1 Harelde kakawi
  • 1 Gélinotte huppée
  • 1 Buse pattue
  • 6 Goélands arctiques
  • 1 Goéland bourgmestre
  • 40 Corneilles d’Amérique
  • 6 Grands Corbeaux – Est-ce que les corbeaux sont en mesure de profiter directement des grandes quantités de graines de conifères comme celles que nous connaissons cet automne? Puisque leur bec énorme les empêche de fouiller dans les cônes, comment peuvent-ils faire? C’est simple, ils partent avec le morceau entier! Samedi après-midi, nous avons vu un corbeau se percher au sommet de conifères de taille moyenne et se remplir le bec de cônes, probablement pour aller les cacher ou les déchiqueter quelque part en terrain ouvert! À la fois joueurs et débrouillards, les Grands Corbeaux sont vraiment plein de ressources… Ils ont toujours fait partie de mes oiseaux préférés!
  • 16 Mésanges à tête noire
  • 6 Merles d’Amérique
  • 95 Étourneaux sansonnets
  • 1 Junco ardoisé
  • 3 Carouges à épaulettes
  • 1 Durbec des sapins
  • 30 Chardonnerets jaunes
Dimanche le 13 novembre, c’est vers Rivière-Ouelle que nous nous sommes dirigés dès les premières lueurs de l’aube. La température était encore inhabituellement douce avec un 5°C à 6 h 15 et des vents faibles du sud soufflaient. Ce n’est rien pour favoriser les mouvements migratoires à la mi-novembre, mais n’ayant pas vraiment le choix de la journée, nous nous en sommes contenter! Les astres n’étaient peut-être pas alignés comme le 5 novembre dernier (avec ses 11000 Eiders à duvet!), mais nous avons été en mesure de constater à quel point nous sommes privilégiés de pouvoir parfois profiter de telles journées…
Une fois rendus au quai, nous avons remarqué avec satisfaction que la brume visible au large n’était présente qu’en altitude. Comme les oiseaux volent habituellement au ras de l’eau, les conditions de visibilité sont restées satisfaisantes durant les 2 h 30 passées au quai. Lorsque nous avons eu de la difficulté à identifier certains oiseaux, ce fut à cause du temps sombre et non de la brume. Les quantités et la variété d’oiseaux aquatiques observés ont été très intéressantes pour la date avec, en prime, deux Bécasseaux violets qui n’ont pratiquement pas bougé malgré la marée qui descendait rapidement.
Les passereaux ont peut-être plus ressenti les conditions de migration « adverses » (temps trop doux, brume et vent du sud) que les oiseaux aquatiques et, sauf pour quelques Plectrophanes des neiges, aucun vrai mouvement ne fut noté.

L’excursion s’est déroulée de 6 h 20 à 12 h 00 et nous a permis de voir 48 espèces. En voici une liste partielle :
  • 1 Oie rieuse – L’adulte trouvé il y a deux semaines est encore présent au même endroit! Maintenant, il ne reste que dix Bernaches du Canada avec elle. Son départ est sûrement prévu pour bientôt!
  • 510 Oies de neiges
  • 18 Bernaches du Canada
  • 100 Canards noirs
  • 9 Canards colverts
  • 2 Sarcelles d’hiver
  • 11 Fuligules milouinans
  • 37 Eiders à duvet – Le vent soufflait du sud dimanche matin et les quelques groupes d’eiders vus en vol se dirigeaient vers le nord-est. Tout le contraire de la semaine dernière, autant en condition de vol qu’en nombre d’individus!
  • 34 Macreuses à front blanc – C’est la première espèce de macreuse à nous quitter l’automne; 34 oiseaux à la mi-novembre est même presque surprenant pour la région de La Pocatière.
  • 27 Macreuses à bec jaune
  • 42 Hareldes kakawis
  • 37 Garrots à œil d’or
  • 12 Grands Harles
  • 15 Harles huppés
  • 87 Plongeons catmarins – La migration automnale du catmarin commence vers la mi-septembre dans la région, atteint son apogée vers la mi-novembre (présentement!) avant de se terminer subitement dès le début du mois de décembre. Notre meilleure journée l’automne à Rivière-Ouelle est de 382 individus le 9 novembre 2007.
  • 4 Plongeons huards
  • 3 Grèbes jougris
  • 5 Grands Hérons
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 3 Buses pattues
  • 3 Bécasseaux sanderlings
  • 1 Bécasseau à croupion blanc
  • 2 Bécasseaux violets – Ils traversent la région en petit nombre entre la fin d’octobre et le début de décembre. Ils sont tout de même relativement faciles à trouver pour qui sait où et quand les chercher…

Des oiseaux sombres sur un rocher sombre lors d’une sombre matinée du mois le plus sombre de l’année -   Bécasseaux violets – Rivière-Ouelle – 13 novembre 2011 © Claude Auchu

  • 800 Goélands à bec cerclé
  • 5 Goélands arctiques
  • 1 Petit Pingouin
  • 5 Guillemots à miroir
  • 75 Pigeons bisets
  • 60 Corneilles d’Amérique
  • 15 Grands Corbeaux
  • 14 Mésanges à tête noire
  • 12 Sittelles à poitrine rousse – Nous avons vu presqu’autant de sittelles que de Mésanges à tête noire durant notre excursion!
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 85 Étourneaux sansonnets
  • 190 Plectrophanes des neiges
  • 2 Roselins pourprés
  • 30 Becs-croisés bifasciés
Bec-croisé bifascié – Rivière-Ouelle – 13 novembre 2011 © Claude Auchu
  • 2 Sizerins flammés
  • 27 Tarins des pins
  • 1 Chardonneret jaune
En novembre, la première vraie chute de neige peut tomber à n’importe quel moment, nous faisant passer subitement de l’automne à l’hiver. J’espère pouvoir être sur le terrain dès le lendemain afin de pouvoir profiter de l’effet de surprise que cet événement provoque toujours sur les oiseaux. Il me semble même que c’est à ce moment qu’ils sont les plus beaux…!

lundi 7 novembre 2011

La journée des eiders

Dans mon message du 1er novembre, je traçais un lien entre les déplacements automnaux des Eiders à duvet au quai de Rivière-Ouelle et la direction du vent. Depuis plusieurs années, j’avais eu l’impression à de nombreuses reprises que ce lien existait bel et bien, mais jamais je n’ai pu le constater de façon aussi évidente que samedi dernier!
Une partie de la population d’eiders qui niche le long de la rive sud de l’estuaire migre au-dessus des terres entre la limite ouest de l’eau salée, soit à la hauteur de Montmagny, et leurs quartiers d’hiver sur la côte atlantique. Ces déplacements sont connus depuis longtemps et ont été documentés dans le périodique The Wilson Bulletin en 1976.
Pour ma part, j’observe depuis plusieurs années cette migration, alors que des groupes d’eiders remontent le fleuve en longeant le rivage de très près. J’avais depuis longtemps remarqué que ces déplacements étaient nettement plus marqués lorsqu’un vent du nord ou du nord-est souffle. Ce vent n’a pas besoin d’être violent, une simple brise peut suffir, mais il faut qu’il provienne du nord ou du nord-est! Il est très évident que, contrairement aux océanites et aux autres espèces provenant du golfe, le déplacement des eiders vers Québec en automne est tout à fait normal pour l’espèce. Par contre, un vent du nord/nord-est ne garantit pas non plus une présence marquée d’eiders à Rivière-Ouelle.

Samedi le 5 novembre, comme à notre habitude, nous sommes arrivés au quai de Rivière-Ouelle juste avant le lever du soleil. À ce moment, nous avons vraiment craint que le vent du sud-ouest annoncé pour l’après-midi ne se lève plus tôt que prévu. D’autant plus qu’à notre arrivée, le vent qui aurait dû souffler du nord à 15 km/h était déjà pratiquement nul! Mais, comme la semaine dernière, nous avons repéré notre premier groupe d’eiders en sortant de l’auto! Par la suite, en jetant de fréquents coups d’œil vers l’est, on voyait pratiquement toujours un groupe d’eiders se diriger vers nous. De mon côté, je surveillais régulièrement un drapeau situé près d’un chalet afin de vérifier l’origine du petit vent que l’on ressentait à peine au bout du quai. La plupart du temps, cette brise soufflait du nord et, d’après mon expérience, il favorisait le beau déplacement d’eiders dont nous étions témoins.
Mais, comme je l’appréhendais, le vent (et le drapeau) a tourné au sud. Curieusement, à ce moment, une bande d’eiders qui s’approchait de nous s’est posée à l’eau tout juste à l’est du quai. La marée montante aidant, les canards ont doucement dérivé pour passer très lentement devant nous (d’ailleurs, il est bien possible que cette marée montante est joué un rôle motivateur dans les déplacements notés samedi matin). À ce même moment, nous avons repéré un méga-groupe d’eiders très loin vers l’est, probablement au large du village de Saint-Denis. Malheureusement, comme les eiders devant nous, cette horde d’oiseaux s’est posée à l’eau. Malgré la convection bien présente ce matin-là, nous avons pu évaluer cette masse de canards à au moins 2000 individus même si, à partir du quai, seule la blancheur des mâles était vraiment visible!

Eiders à duvet  – Rivière-Ouelle – 5 novembre 2011 © Claude Auchu 
Quelques minutes plus tard, je dis à Christiane : « Tiens, le vent vient de retourner au nord! ». Et comme par hasard, les eiders qui dérivaient devant nous se sont envolés pour continuer leur route vers l’amont!!! Ce phénomène s’est produit à une autre reprise, nous amenant cette fois la masse d’oiseaux qui s’était posée à l’eau loin à l’est quelques minutes plus tôt. Pendant que je prenais quelques photos (en cherchant un éventuel Eider à tête grise), Christiane se dépêchait à compter les oiseaux comme elle aime tant faire. Et le nombre d’oiseaux dans ce groupe?… Plus de 5500 oiseaux!!! C’est plus en un seul groupe que ma meilleure journée à vie pour cette espèce!!! C’était vraiment hallucinant de voir tous ces oiseaux briser leur formation de vol afin de contourner le quai et d’entendre le bruissement de leurs ailes. Il est probable qu’il s’agissait du rassemblement de plusieurs groupes qui avaient dû interrompre leur vol au même endroit en raison de vents contraires.

Les eiders s’approchent du quai...
Eiders à duvet  – Rivière-Ouelle – 5 novembre 2011 © Claude Auchu
Finalement, mes impressions se sont justifiées, le vent du nord ou du nord-est favorise vraiment les déplacements d’eiders! Nous avons d’ailleurs terminé notre excursion avec 11700 Eiders à duvet, une quantité que je n’aurais jamais cru possible d’atteindre dans la région! Ce qui signifie que 11700 eiders se sont retrouvés quelque part entre Rivière-Ouelle et la limite amont de l’eau salée, prêts à s’envoler au-dessus des terres vers la côte du Maine!
Je dois signaler que certaines de mes observations faites depuis de nombreuses années entre en contradiction avec ce qui est écrit dans The Wilson Bulletin. Par exemple, les eiders n’aiment pas de toute évidence se déplacer avec un vent du sud-ouest. Et le nombre de mâles ne diminue pas avec l’avancée de l’automne (ce serait même le contraire!). Il est vrai que mes observations s’étendent sur près de 30 ans et que la population d’Eiders à duvet dans le haut-estuaire a sûrement changé depuis le milieu des années 1970…

Une partie du groupe de 5500 eiders contrournant le quai devant nous
Eiders à duvet  – Rivière-Ouelle – 5 novembre 2011 © Claude Auchu
Mais la journée de samedi ne fut pas que consacrée à compter des eiders. Notre excursion a duré six heures et nous avons réussi à voir 48 espèces, même si les passereaux se font de plus en plus rares.

Voici un liste partielle des espèces notées :
  • 1 Oie rieuse – Le même adulte que la semaine dernière, toujours présent au même endroit.
  • 2000 Oies des neiges
  • 36 Bernaches du Canada
  • 38 Canards noirs
  • 2 Canards colverts
  • 1 Canard pilet
  • 4 Sarcelles d’hiver
  • 1 Fuligule milouinan
  • 11700 Eiders à duvet – Quelle matinée!!! …mais pas encore d’Eider à tête grise!
  • 6 Macreuses à front blanc
  • 6 Macreuses brunes
  • 57 Macreuses à bec jaune
  • 123 Hareldes kakawis
  • 72 Garrots à œil d’or – Une belle quantité pour la saison.
  • 2 Garrots d’Islande – Deux femelles.
  • 29 Grands Harles – Les rivières du nord commenceraient-elles à geler?…
  • 84 Harles huppés
  • 67 Plongeons catmarins
  • 1 Plongeon huard
  • 4 Grèbes jougris
  • 4 Cormorans à aigrettes
  • 3 Grands Hérons
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 2 Buses pattues
  • 1 Pluvier argenté
  • 1000 Goélands à bec cerclé
  • 4 Mouettes tridactyles
  • 7 Petits Pingouins
  • 17 Guillemots à miroirs – C’est toujours en novembre que le guillemot est le plus abondant à Rivière-Ouelle.
  • 70 Pigeons bisets
  • 55 Corneilles d’Amérique
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 120 Étourneaux sansonnets
  • 3 Juncos ardoisés
  • 19 Becs-croisés bifasciés
  • 8 Sizerins flammés
  • 230 Tarins des pins
  • 21 Chardonnerets jaunes
Ce fut une belle matinée à Rivière-Ouelle, à constater l’avancement de l’automne… Le nombre de canards barbotteurs a vraiment diminué depuis un mois et les canards de mer sont maintenant dominants. D’ici un mois, ce seront eux qui disparaîtront de la région.
Pour la journée de dimanche, un horrible vent du sud-ouest soufflait encore. Un petit détour jusqu’à Kamouraska ne nous a fourni qu’une douzaine de Bécasseaux sanderling et un Bécasseau variable. L’automne avance…

jeudi 3 novembre 2011

C'est un Canard noir...

Oui, c’est un Canard noir qui s’est glissé dans ce groupe d’Eiders à duvet!

Eiders à duvet et Canard noir – Rivière-Ouelle – 29 octobre 2011 © Claude Auchu
On dirait vraiment que les volées d’Eiders à duvet attirent les autres oiseaux qui doivent y trouver à la fois sécurité et, probablement, une plus grande facilité à se déplacer. Les eiders ont un vol lourd et direct qui permet sûrement aux « pouceux » de se déplacer en ménageant leur énergie. Il n’y a pas que les canards qui profitent du grégarisme des eiders. Des oiseaux aussi variés que des cormorans et même des Petits Pingouins sont régulièrement trouvés parmi les Eiders à duvet. Et ça, c’est sans oublier la possibilité de voir un Eider à tête grise!!! Et, honnêtement, c’est parce que nous avons cherché cette espèce que nous n’avons pas vu le Canard noir avant de jeter un œil aux photos!

Eiders à duvet et Canard noir – Rivière-Ouelle – 29 octobre 2011 © Claude Auchu

mardi 1 novembre 2011

Hutchins, rieuse et mergule

Depuis la mi-septembre, les conditions atmosphériques n’ont pas toujours aidé les observateurs d’oiseaux. En automne, les passages de fronts froids (c’est-à-dire un dégagement rapide après des précipitations avec un vent tournant au nord-ouest, accompagné d’une chute subite de la température) amènent avec eux les oiseaux nordiques que nous nous amusons à intercepter au passage. Mais, depuis plus d’un mois, ces fronts ont été pratiquement inexistants. Les migrateurs descendant du nord ont donc traversé nos régions un à un plutôt que de passer tous en même temps. Il était donc plus difficile pour les observateurs de repérer les oiseaux et, pour ceux que ça intéresse, de trouver les raretés qui les accompagnent. Les vents du nord-est ou du sud-ouest qui ont dominé ces dernières semaines nous ont bien sûr apporté des surprises (beaucoup d’océanites, de fulmars et d’alcidés dans l’estuaire et des Barges hudsoniennes un peu partout dans le sud-ouest de la province), mais pas vraiment de gros passages de bruants ou de rapaces comme les automnes moyens en fournissent normalement. D’un autre côté, on peut se demander si certains des bruants que nous n’avons pas vus passer se cachent encore quelque part dans la forêt boréale. Surtout avec la surabondance de graines de conifères que nous connaissons cette année… On peut toujours continuer à rêver…!

De notre côté, nous avions prévu profiter à plein de notre dernière fin de semaine de trois jours de l’automne. À première vue, la fin de semaine s’annonçait plutôt belle avec des conditions variées incluant possiblement les premiers flocons de neige de la saison.
Notre première destination fut un petit boisé de La Pocatière facilement accessible et parsemé de sentiers nous permettant de visiter plusieurs habitats en quelques pas. En ce vendredi 28 octobre, nous savions bien que le nombre d’espèces en forêt serait assez limité. La promenade fut tout de même très agréable et nous a permis de voir :
  • 223 Bernaches du Canada
  • 5 Bernaches de Hutchins – Cinq individus ensemble accompagnaient un groupe de Bernaches du Canada dans un petit champ de maïs fraîchement labouré, entouré de forêts. Simplement de voir des bernaches à cet endroit m’a surpris, imaginez lorsque nous avons trouvé les cinq Hutchins!

Bernaches de Hutchins et Bernaches du Canada – La Pocatière – 28 octobre 2011 © Claude Auchu
  • 50 Canards noirs
  • 2 Gélinottes huppées
  • 10 Geais bleus
  • 280 Corneilles d’Amérique – Tard en octobre, on peut voir de petits groupes de migrateurs voler parallèlement au fleuve même loin à l’intérieur des terres.
  • 5 Roitelets à couronne dorée
  • 28 Merles d’Amérique
Pour samedi le 29 octobre, des vents du nord-est avaient été annoncés dès le milieu de la semaine précédente. Nous avions donc prévu notre sortie à Rivière-Ouelle en conséquence, en comptant même passer la journée complète au quai si les passages d’oiseaux le justifiaient. Habillés très chaudement, avec lunchs et bouillons chauds, nous sommes arrivés au quai à 7 h 15. Un vent léger soufflait de l’ouest et la température était tout de même très douce avec un 4°C. À ce moment, on pouvait voir un peu de neige au sommet de quelques hauts sommets dans Charlevoix, tout juste de l’autre côté du fleuve.
Déjà, en sortant de la voiture, nous avons vu passer le premier groupe d’Eiders à duvet, 400 oiseaux venant frôler le bout du quai! Pas besoin de préciser que nous nous y sommes installés rapidement et avec enthousiasme! Durant les 45 minutes qui ont suivi, nous avons pu profiter d’une excellente visibilité et d’un beau passage d’oiseaux. Le vent est toujours demeuré léger, variant de l’ouest au nord. Puis, contrairement aux prévisions, le vent a subitement tourné au sud-ouest… Voilà, c’était terminé! Les oiseaux ont cessé de circuler près du quai et, surtout, la visibilité s’est rapidement détériorée… De petits groupes de macreuses continuaient de se déplacer loin au large mais, avec l’humidité apportée par ce vent parfois modéré du sud-ouest, devenaient de plus en plus difficiles à identifier. Nous sommes demeurés au quai jusqu’à 9 h 30 avant de poursuivre notre excursion plus loin.

Finalement, nous avons quitté Rivière-Ouelle à 13 h 00 après avoir tout de même noté 53 espèces. Les plus notables sont :
  • 1 Oie rieuse – Un adulte accompagnait le seul groupe de Bernaches du Canada de la journée! Vue à contre-jour et à travers la convection, nous n’avons pas encore réussi à bien discerner la couleur du bec qui nous aurait permis d’identifier la sous-espèce. À première vue, nous ne croyons pas qu’il s’agisse de l’oiseau que nous avons vu 6,5 km plus à l’ouest le 2 octobre dernier (bien que nous ayons entendu dire qu’une autre (?) Oie rieuse aurait été vue à Rivière-Ouelle il y a environ deux semaines).
  • 1300 Oies des neiges
  • 46 Bernaches du Canada
  • 1000 Eiders à duvet – Vus à l’intérieur des 45 premières minutes passées au quai. En remontant le fleuve en automne, les eiders volent souvent en longeant le rivage de très près. Ainsi, en approchant du quai, les oiseaux volant le plus à l’extérieur se voient bien passer devant le quai. Mais les oiseaux les plus à l’intérieur du groupe voient le quai devant eux et doivent jouer du coude avec leurs voisins de droite pour ne pas avoir à le survoler! C’est toujours drôle de les voir agir!!! Le problème pour nous, c’est qu’en regardant au large, nous ne voyons souvent qu’à la dernière minute ces oiseaux surgir de notre « angle mort »! Les groupes d’eiders transportent souvent avec eux ce que nous appelons des « pouceux » (des autostoppeurs), des oiseaux qui profitent du rassemblement pour faire un bout de chemin en toute sécurité. Dans la photo suivante, quelle est l’espèce que les eiders ont prise sur le pouce? La réponse suivra un peu plus tard…
Quelle espèce se camoufle dans ce groupe d’Eiders à duvet ???
Rivière-Ouelle – 29 octobre 2011 © Claude Auchu
  • 117 Macreuses à front blanc
  • 26 Macreuses brunes
  • 180 Macreuses à bec jaune
  • 29 Hareldes kakawis
  • 10 Garrots à œil d’or
  • 1 Garrot d’Islande – Un mâle accompagnait quatre Garrots à œil d’or. Cette espèce est toujours difficile à trouver dans la région, même si elle hiverne en grand nombre sur les côtes de Charlevoix, à moins de 20 kilomètres d’ici.
  • 31 Harles huppés
  • 59 Plongeons catmarins
  • 2 Plongeons huards
  • 1 Grèbe jougris
  • 4 Cormorans à aigrettes
  • 5 Grands Hérons
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Buse pattue
  • 800 Goélands à bec cerclé
  • 1 Goéland arctique
  • 1 Mergule nain – Un mergule est repéré remontant le fleuve d’un vol nerveux, tout juste derrière deux Guillemots à miroir (c’est d’ailleurs le seul  moment où un Guillemot à miroir peut nous paraître « gros »). Il s’agit de ma première mention de mergule en octobre dans la région de La Pocatière, mais qui peut paraître normale avec l’arrivée hâtive de l’espèce dans l’estuaire cet automne. Depuis quelques années, les mergules semblent annuels dans ma région durant la deuxième moitié de novembre.
  • 6 Petits Pingouins
  • 15 Guillemots à miroir
  • 17 Mésanges à tête noire
  • 7 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 6 Merles d’Amérique
  • 95 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant chanteur
  • 6 Juncos ardoisés
  • 2 Roselins pourprés
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 10 Sizerins flammés – Plusieurs oiseaux ont été entendus (et quelques-uns vus) durant l’avant-midi. Le nombre de 10 est vraiment un minimum. Aurons-nous le plaisir d’avoir à la fois sizerins, tarins et chardonnerets aux mangeoires cet hiver?
  • 60 Tarins des pins
  • 20 Chardonnerets jaunes
Durant notre promenade, Christiane a trouvé le cadavre d’un Chouette rayée dans les débris marins laissés par la marée haute! D’où peut bien provenir cet oiseau???
C’est de cette façon que s’est conclue notre fin de semaine ornithologique. Dimanche, une rapide promenade sur les battures de La Pocatière tôt le matin ne nous a pas donné les limicoles espérés, mais plutôt un beau mélange de neige fondante et de fraîcheur. À vélo, ce n’était pas chaud…!