lundi 16 janvier 2012

Petit froid et grands oiseaux

Comme je l’ai déjà écrit, s’il y a une chose que je trouve à la fois intéressante, amusante et motivante dans l’observation des oiseaux, c’est bien l’impossibilité de prévoir à 100% ce que nous allons voir! Après plus de 35 ans à observer les oiseaux, il y a bien des événements que je peux prévoir, comme par exemple la date d’arrivée des différentes espèces lors de la migration printanière. Mais, comme pour me rappeler que ce sont toujours les oiseaux qui ont le dernier mot, je me retrouve souvent avec des surprises totalement inattendues, qu’elles soient petites ou grosses! Et, vous vous en doutez, c’est ce qui est arrivé durant la fin de semaine qui vient de se terminer…
Les prévisions météorologiques annonçaient une tempête pour vendredi le 13 janvier (un vendredi 13??), mais les faits ont plutôt amené de belles petites chutes de neige ou de grésil et pratiquement aucun vent. Après cette « tempête », c’était une période de froid qui était prévue pour les deux ou trois journées suivantes.

Pour notre excursion de samedi le 14 janvier, nous étions prêts à affronter le petit maximum de -17°C et les vents de 30 km/h du nord-ouest (brrrr!) annoncés. Nous ne nous attendions donc pas à voir grand-chose dans de telles conditions et pourtant…! À notre lever au petit matin, nous voilà avec un beau -12°C et pratiquement aucun vent! Au moins, nous aurons de belles conditions pour notre promenade, à défaut de voir une grande variété d’oiseaux.
Contre toute attente, nous avons été surpris de voir que les oiseaux étaient plutôt démonstratifs (et même variés!) durant nos promenades de 3 h 30 en matinée et de 1 h 45 en après-midi. Lorsque je disais que la réalité du birding avec sa dose d’imprévisibilité m’a rappelé à l’ordre, c’est vraiment ce qui est arrivé! Tout au long de la journée, nous avons rencontré des oiseaux inattendus, qu’ils soient rares ou simplement difficiles à dénicher en janvier à La Pocatière. Nous n’avons rien vu d’exceptionnel, mais beaucoup de belles surprises.

Voici donc les oiseaux que nous avons croisés ce samedi :
  • 1 Canard colvert – Probablement le même mâle que la semaine dernière!
  • 1 Pygargue à tête blanche – Christiane a eu le plaisir de repérer un adulte de la fenêtre de notre salon juste au moment où je commençais à dîner. Le temps que je saisisse mes jumelles, je n’ai pu voir qu’un gros rapace disparaître derrière une montagne! Le 2 janvier dernier, des observateurs venus voir le célèbre Urubu noir de notre copain Bernard ont vu un pygargue adulte exactement au même endroit. Serait-ce toujours le même oiseau? Les repas dignes d’un pygargue sont sûrement très rares dans la région en janvier!
  • 1 Gélinotte huppée
  • 7 Goélands arctiques
  • 6 Pigeons bisets
  • 29 Tourterelles tristes
  • 2 Harfangs des neiges
  • 4 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Geai bleu
  • 100 Corneilles d’Amérique – Un beau groupe d’une centaine d’oiseaux venaient tout juste de s’éveiller à notre passage. Ils nous ont donné un beau concert de cris qui nous ont fait rêver à la mi-mars! Il s’agit sûrement de mon plus gros groupe de corneilles ici en hiver.
  • 5 Grands Corbeaux
  • 34 Mésanges à tête noire
  • 5 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Grimpereau brun
  • 8 Merles d’Amérique – Après avoir trouvé trois oiseaux en train de s’alimenter dans un sorbier tôt le matin, nous avons été surpris de voir trois puis deux oiseaux voler à plus de 130 mètres d’altitude au-dessus des champs près du fleuve en après-midi! D’où venaient-ils et où allaient-ils à cette heure et à cette altitude??? Les merles font partie des oiseaux qui tentent la chance au maximum : au péril de leur vie, ils restent aussi longtemps que la nourriture est disponible en hiver. Nous avons souvent vu des déplacements de dizaines de merles en direction sud-ouest à la mi-février lorsque nous habitions aux Escoumins. Une fois la nourriture épuisée dans le nord, le moment était venu pour eux de fuir vers le sud!
  • 90 Étourneaux sansonnets
  • 80 Jaseurs boréaux
  • 10 Jaseurs d’Amérique
  • 1 Junco ardoisé
  • 3 Sizerins flammés
  • 38 Chardonnerets jaunes
  • 15 Moineaux domestiques – Ici comme ailleurs au Québec, les moineaux ont diminué de façon drastique depuis le début des années 1980. Je sais que je ne reverai plus jamais des groupes comme celui de 300 oiseaux présents à une meunerie locale le 28 janvier 1984. D’ailleurs, même la meunerie a fermé! Il reste bien encore quelques petits châteaux forts pour eux dans la ville, mais on sent que ça ne tient qu’à un fil…!
Bien sûr, il faut aussi mentionner un oiseau raté de peu : nous avons croisé un épervier non-identifié qui a traversé le ciel trop rapidement devant nous samedi matin… Christiane en avait entrevu un aussi vendredi après-midi à l’autre bout de la ville.

Finalement, le froid n’a atteint La Pocatière que dimanche le 15 janvier. Ayant quelque chose de prévue en milieu de journée, nous avions tout de même décidé de faire une petite sortie rapide tôt le matin, question de prendre l’air (froid) et de se dégourdir un peu. Nous avons donc marché une partie de la ville donnant sur de grands champs où nous n’allons que rarement en hiver. Encore une fois, nous ne nous attendions pas à de grandes découvertes, mais le hasard a une fois de plus joué en notre faveur.
Une fois près des champs, nous nous sommes installés afin de vérifier s’il n’y avait pas âme qui vive. Nous faisons cette vérification à chacune de nos visites depuis des années sans jamais rien voir. Mais, cette fois, nous avons eu la surprise d’entendre les cris d’un Bruant chanteur!!! Nous l’avons repéré rapidement, posé sur une structure de métal. Il criait sans arrêt, peu dérangé semble-t-il par les ‑20°C de la matinée. Le plus surprenant, c’est qu’il n’y a aucune mangeoire dans ce secteur! Même les graminées sont peu présentes! De quoi peut-il bien se nourrir?
Un peu plus loin, nous avons encore croisé deux Merles d’Amérique. À La Pocatière comme ailleurs, les arbres fruitiers ont connu une très bonne production l’été dernier. Cependant, les sorbiers ne sont pas très communs autour de la ville. Leur rareté est heureusement compensée par la présence de plusieurs espèces décoratives (cerisiers, pommetiers, nerpruns).

Colvert, pygargue, plusieurs merles, Bruant chanteur… J’aimerais bien connaître plus souvent de telles fins de semaine en janvier! Vraiment, les oiseaux continuent toujours à nous surprendre!