mardi 29 mai 2012

Parulines territoriales et labbes migrateurs

Voilà, le printemps 2012 tire déjà à sa fin… et il me semble que cette fin arrive bien plus rapidement qu’à l’habitude! Si le mois d’avril a été, selon mon propre jugement, plutôt froid et pluvieux – voire neigeux! –, les mois de mars et de mai ont amené avec eux des températures douces qui ont précipité les migrations. Dans la région de La Pocatière, les feuilles des arbres s’ouvrent habituellement durant la dernière semaine de mai. Cette année, elles étaient déjà bien présentes le 20 mai!!! Bien entendu, les oiseaux ont suivi le même horaire et nous nous retrouvons déjà avec les tout derniers migrateurs, plus d’une semaine trop tôt. Il faut dire que les périodes anormalement douces se sont souvent prolongées, ce qui a permis à bien des espèces nichant plus loin au nord de survoler la région sans s’arrêter.

Pour la journée de samedi, nous avions prévu une promenade assez loin à l’intérieur des terres pour ne pas ressentir l’effet du fleuve et des quelques espèces encore en migration qui s’y concentrent. Nous avons donc choisi d’aller nous promener à vélo dans les nombreuses routes de campagne de Saint-Onésime, le petit village situé au sud de La Pocatière. Et ce n’est pas le choix des routes qui manque, croyez-moi!
Pour la journée, puisque les conditions météorologiques sont toujours importantes, on  prévoyait un ciel dégagé avec un vent modéré du nord-ouest et un maximum de 20°C. Bref, des conditions plus qu’acceptables! Mais, en mettant le nez à l’extérieur à 5 h 00 samedi matin, nous avons eu une étrange surprise! Un curieux petit brouillard était présent tout autour de nous. Christiane, originaire du Saguenay, a tout de suite reconnu l’odeur caractéristique des feux de forêt! Lorsque le soleil est apparu à l’horizon, sa coloration orangée lui a donné raison!!! Le vent qui soufflait encore de l’ouest à ce moment apportait jusqu’ici les cendres et l’odeur des feux de forêt qui font rage dans le nord de la Mauricie!!! Oui! Les cartes de la SOPFEU (Société de protection des forêts contre le feu) indiquent que les feux de forêt les plus près de La Pocatière vers l’ouest se trouvent à plus de 300 km!!! Heureusement, le vent a rapidement tourné au nord-ouest et le temps est devenu limpide.
Nous avions tout de même 45 minutes de côtes à gravir à vélo pour nous rendre à Saint-Onésime. Ce n’est pas toujours le cas mais, samedi matin, la montée s’est faite très facilement et les 3 h 45 suivantes ont été consacrées à marcher et pédaler au rythme des oiseaux. Probablement parce que plusieurs espèces se sentaient déjà en été, nous avons remarqué que la majorité était vraiment territoriale, particulièrement les parulines.

Durant cette excursion d’ornitho-cyclisme à Saint-Onésime samedi le 26 mai, nous avons noté tout particulièrement :
  • 4 Gélinottes huppées
  • 1 Butor d’Amérique
  • 1 Buse à queue rousse
  • 1 Faucon émerillon
  • 2 Bécassines de Wilson
  • 4 Colibris à gorge rubis
  • 31 Moucherolles des aulnes – Certaines années, j’ai de la difficulté à voir cette espèce en mai!
  • 4 Moucherolles tchébec
  • 4 Moucherolles phébis
  • 3 Tyrans tritris
  • 1 Viréo mélodieux
  • 28 Viréos aux yeux rouges
  • 8 Geais bleus
  • 3 Roitelets à couronne dorée
  • 8 Roitelets à couronne rubis
  • 2 Merlebleus de l’Est
  • 15 Grives fauves
  • 1 Grive à dos olive
  • 8 Grives solitaires
  • 1 Grive des bois
  • 33 Merles d’Amérique
  • 5 Moqueurs chats
  • 21 Jaseurs d’Amérique
  • 13 Parulines couronnées
  • 4 Parulines noir et blanc
  • 2 Parulines obscures
  • 13 Parulines à joues grises
  • 8 Parulines tristes – Cette paruline semble avoir déserté les quelques sites de nidification qu’elle occupait à La Pocatière il y a quelques années encore. Heureusement, elle est encore bien présente à Saint-Onésime.
  • 35 Parulines masquées
  • 11 Parulines flamboyantes
  • 2 Parulines à collier
  • 32 Parulines à tête cendrée
  • 7 Parulines à gorge orangée
  • 6 Parulines jaunes
  • 25 Parulines à flancs marron – Il est souvent étrange de constater à quel point certaines espèces se sentent chez elles à un endroit, mais pas à un autre pourtant situé juste à côté. La Paruline à flancs marron est pour moi un exemple frappant. Durant la saison de nidification, elle est très rare au niveau de la ville de La Pocatière et son deuxième rang (situés à 30 mètres d’altitude), mais elle devient commune aussitôt que l’on atteint le troisième rang (1,6 kilomètre plus loin, mais à 125 mètres d’altitude). À Saint-Onésime, à 175 mètres au-dessus du fleuve, elle semble se sentir particulièrement bien!
Paruline à flancs  marron – Saint-Onésime – 26 mai 2012 © Claude Auchu
Paruline à flancs  marron – Saint-Onésime – 26 mai 2012 © Claude Auchu
  • 7 Parulines bleues
  • 3 Parulines à croupion jaune
  • 4 Parulines à gorge noire
  • 1 Paruline du Canada
  • 1 Paruline à calotte noire
  • 10 Bruants familiers
  • 1 Bruant des plaines – Un mâle chantait continuellement dans une plantation de très jeunes conifères. Nous avons réussi à l’entrevoir de justesse au sommet d’une épinette, juste avant qu’il ne disparaisse. Ce bruant est régulier surtout dans l’ouest de la province, mais il s’agit déjà du septième oiseau que nous trouvons depuis mon retour dans la région il y a neuf ans. Il est probable que ces mâles chanteurs trouvent parfois des femelles et se reproduisent, comme ce fut le cas dans le Maine l’été dernier.
  • 3 Bruants de Lincoln
  • 36 Bruants à gorge blanche
  • 4 Cardinaux à poitrine rose
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 75 Tarins des pins
  • 1 Gros-bec errant
Pour notre randonnée, nous avions apporté avec nous beaucoup d’eau, une collation et même un dîner. Nous avons été plutôt surpris de terminer notre circuit à 9 h 30! La prochaine fois, nous choisirons un trajet plus long!

Il nous restait la traditionnelle sortie à Rivière-Ouelle pour la journée de dimanche. Comme il y a deux semaines, les conditions d’observation ont joué en notre faveur et nous en avons profité!!! Une visibilité excellente, une marée montante et un tout petit vent du nord-est, que demander de plus? Des oiseaux? Éh bien, donnez-nous de bonnes conditions et nous en trouverons! C’est ce que nous avons fait!
Tout comme au cours de l’excursion de la veille, nous avons remarqué que les migrateurs avaient pour la plupart quitté la région. Il restait cependant une belle variété de limicoles et des labbes! Beaucoup de labbes!

La tournée à Rivière-Ouelle du dimanche 27 mai s’est déroulée de 4 h 55 à 11 h 05 et nous aura permis de voir 81 espèces, dont:
  • 46 Oies des neiges
  • 10 Bernaches du Canada
  • 25 Canards noirs
  • 29 Canards colverts
  • 1 Sarcelle à ailes bleues
  • 32 Eiders à duvet
  • 40 Macreuses brunes
  • 31 Macreuses à bec jaune
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 1 Harle huppé
  • 184 Plongeons catmarins – « Seulement » 184 catmarins! Leur migration s’achève, mais il restera sûrement quelques estivants.
  • 4 Plongeons huards
  • 2 Fous de Bassan
  • 97 Cormorans à aigrettes
  • 4 Grands Hérons
  • 3 Crécerelles d’Amérique
  • 2 Pluviers argentés
  • 15 Pluviers semipalmés
  • 3 Pluviers kildirs
  • 4 Chevaliers grivelés
  • 6 Bécasseaux semipalmés
  • 1 Bécasseau minuscule
  • 1 Bécasseau à croupion blanc
  • 1 Bécasseau violet
  • 13 Bécasseaux variables
  • 31 Bécassins roux
  • 1 Phalarope à bec étroit – Rarement noté dans la région au printemps (et pas beaucoup plus souvent en automne!).
  • 35 Mouettes tridactyles – Une belle présence, probablement dûe au petit vent du nord-est.
  • 7 Mouettes de Bonaparte
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 200 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 5 Sternes pierregarins – Les seules sternes qui se sont assez approchées de la côte pour être identifiées.
  • 124 sternes sp
  • 46 Labbes parasites – Oui, 46 oiseaux!!! Comme il y a deux semaines, tous ces oiseaux ont été observés remontant le fleuve, la plupart en vol mais quelques-uns qui se laissaient simplement déporter vers l’amont par la marée. Les labbes nous ont tous semblé être des adultes, dont au moins deux de forme sombre. Il s’agit bien sûr du plus grand nombre d’individus que j’ai jamais observé à Rivière-Ouelle (et même ailleurs), mais j’avais déjà réussi à y voir 20 labbes le 28 mai 1993 et 21 autres le 24 mai 1998. L’espèce est aussi présente dans la région en automne, mais de façon moins concentrée, je l’ai déjà vue de la fin de juillet à la mi-novembre. Pour l’automne, je me souviens particulièrement de la matinée du 15 octobre 1991 où j’avais observé 16 Labbes parasites, dont un groupe compact de 12 oiseaux volant rapidement vers l’ouest devant le quai. Je n’avais pu faire autrement que de voir là un groupe de migrateurs volant jusqu’à la limite de l’eau salée avant de s’envoler au-dessus de la terre ferme en direction de l’Atlantique!
Labbe parasite (à gauche) pirouettant pour rejoindre un Goéland à bec cerclé – Rivière-Ouelle – 27 mai 2012 © Claude Auchu
Les Labbes parasites harcèlent souvent leurs "proies" en duo. Ces oiseaux venaient de mettre fin à leur chasse
– Rivière-Ouelle – 27 mai 2012 © Claude Auchu
  • 11 Guillemots marmettes – Plus souvent vus seul ou en duo qu’en groupe avec les Petits Pingouins.
  • 191 Petits Pingouins – Une autre espèce vue en bon nombre. Les pingouins volaient toutefois dans toutes les directions, ce qui ne facilite pas leur dénombrement exact.
  • 2 Guillemots à miroir
  • 2 Colibris à gorge rubis
  • 1 Viréo mélodieux
  • 2 Roitelets à couronne rubis
  • 2 Grives à dos olive
  • 2 Moqueurs chats
  • 1 Paruline rayée
  • 1 Paruline à calotte noire
  • 103 Quiscales bronzés
Très peu de passereaux ont été trouvés durant la moitié plus forestière de notre promenade. Mais les souvenirs récoltés plus tôt dans la matinée nous avaient déjà bien remplis la tête! « Il y a des moments si merveilleux qu’on voudrait que le temps s’arrête… », chantait Bécaud. C’est exactement ce que nous avons vécu ce dimanche matin! Voir 46 Labbes parasites en étant installés sur une surface stable, sans avoir à se soucier du vent, ni même de tenir le télescope! Nous aurions bien aimé prolonger ces instants…