lundi 23 juillet 2012

Catmarins, fous et... Sizerin flammé!?!

Après quelques journées de temps sec, nous avions bien hâte qu’arrive la fin de semaine pour profiter enfin de ces belles conditions avant l’arrivée de l’humidité. Samedi, nous nous sommes donc précipités vers Rivière-Ouelle où nous avons pu profiter d’une magnifique matinée presque sans vent. La visibilité au large du quai n’était pas à son meilleur, mais quelques efforts nous ont fourni de belles quantités pour certaines espèces, à défaut d’une grande variété. L’approche de l’automne ornithologique se fait déjà bien sentir et le nombre de passereaux chanteurs est de plus en plus limité. C’est ce que donne une saison de nidification hâtive!

Cette visite à Rivière-Ouelle s’est déroulée samedi le 21 juillet entre 5 h 10 et 10 h 25 et nous aura donné 64 espèces. En voici quelques-unes :
  • 1 Oie des neiges
  • 3 Canards chipeaux
  • 1 Canard d’Amérique
  • 25 Canards noirs
  • 15 Canards colverts
  • 1 Canard pilet
  • 49 Macreuses à front blanc
  • 2 Macreuses brunes
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 2 Harles couronnés
  • 108 Plongeons catmarins – Avec une marée à sa hauteur maximale peu après notre arrivée au quai, Christiane a pu s’amuser à compter les oiseaux un à un comme elle aime le faire. C’est ainsi que nous avons réussi à atteindre cet excellent total, probablement mon maximum dans la région en été. La moitié de ces catmarins était simplement posée à l’eau, certains se chamaillant bruyamment.
Plongeons catmarins – Rivière-Ouelle – 21 juillet 2012 © Claude Auchu
Plongeons catmarins – Rivière-Ouelle – 21 juillet 2012 © Claude Auchu
  • 16 Plongeons huards
  • 55 Fous de Bassan – Il s’agit presqu’exclusivement d’adultes qui remontaient le fleuve. Comme il arrive régulièrement, les oiseaux n’ont commencé à apparaître qu’une heure après le lever du soleil (les fous sont des lève-tard!). Peu avant notre départ du quai vers 7 h 15, ils ont commencé à redescendre le fleuve ayant atteint entre-temps la limite de l’eau salée acceptable pour eux. Et, encore une fois, un petit groupe de Bélugas était présent devant nous en même temps que les fous. Certaines espèces d’oiseaux sont tellement prévisibles…
  • 105 Cormorans à aigrettes – Contrairement aux catmarins, ceux-là me semblent plus discrets cet été. Probablement qu’avec les jeunes qui quittent le nid, les quantités augmenteront durant les prochaines semaines… en tout cas, je l’espère!
  • 18 Grands Hérons
Grands Hérons... et Cerf de Virginie – Rivière-Ouelle – 21 juillet 2012 © Claude Auchu
  • 3 Urubus à tête rouge
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Faucon émerillon
  • 2 Pluviers semipalmés
  • 1 Chevalier grivelé
  • 4 Bécasseaux minuscules
  • 1 Mouette de Bonaparte
  • 400 Goélands à bec cerclé
  • 20 Goélands argentés
  • 10 Goélands marins
  • 42 Petits Pingouins
  • 5 Guillemots à miroir
  • 1 Colibri à gorge rubis
  • 1 Pic flamboyant
  • 1 Pic mineur
  • 4 Moucherolles des aulnes
  • 2 Tyrans tritris
  • 34 Hirondelles de rivage
  • 17 Hirondelles rustiques
  • 3 Grives fauves
  • 3 Grives à dos olive
  • 1 Grive solitaire
  • 4 Sittelles à poitrine rousse
  • 145 Étourneaux sansonnets
  • 30 Jaseurs d’Amérique
  • 1 Bruant de Nelson
  • 32 Bruants chanteurs
  • 10 Bruants à gorge blanche
  • 30 Carouges à épaulettes
  • 72 Quiscales bronzés
  • 3 Roselins pourprés
  • 1 Sizerin flammé – Je ne vous l’avais pas dit mais, mardi le 10 juillet dernier, nous avions entendu un sizerin lancer son cri caractéristique à plusieurs reprises en survolant La Pocatière! Si j’avais passé la chose sous silence (bien que nous ayons complété un feuillet d’observations quotidiennes… bien entendu!), c’est que je m’attendais à en trouver d’autres avant la fin de l’été. C’est ce qui est arrivé ce samedi matin, alors qu’un oiseau a été entendu pendant que nous étions au quai de Rivière-Ouelle. Ces présences, bien qu’elles ne soient pas inédites, m’agacent un peu parce qu’elles sont entourées de bien des mystères, sûrement assez pour élaborer un peu plus sur le sujet…
…Tout d’abord, que font ces sizerins ici en plein été? De toute évidence, ils errent dans leur aire d’hivernage plutôt que dans la toundra où ils devraient être en été! Ce n’est pas la première fois que des sizerins sont trouvés aussi loin de leur aire normale de nidification durant la saison chaude. Personnellement, j’ai déjà vu des sizerins à La Pocatière ou à Rivière-Ouelle entre juin et août en 1995, 2003, 2007 et 2010. Ce n’est donc pas un incident isolé! Pour moi, le plus étrange, c’est que la presque totalité des individus que j’ai pu voir de près durant ces années étaient encore en plumage juvénile, celui qu’ils portent en quittant le nid. Ces oiseaux seraient donc nés près de La Pocatière, mais où exactement? Officiellement, la partie de l’aire de nidification régulière du Sizerin flammé située la plus près de ma région se trouve dans le parc national de la Gaspésie. À cet endroit, les sommets des monts Chic-Chocs leur offrent une toundra alpine qui semble les satisfaire puisqu’ils y sont rapportés nicheurs depuis longtemps. En ligne droite, ces magnifiques sommets sont tout de même situés à 350 kilomètres de La Pocatière… Peuvent-ils vraiment arriver d’aussi loin? En plus, ce sont des quantités parfois appréciables que nous avons repérées dans ma région, comme les groupes de 30 oiseaux le 21 juillet 2007 à Rivière-Ouelle, de 21 à La Pocatière le lendemain ou de 25 le 30 juillet 2010 à Rivière-Ouelle.
Comme ce fut le cas en 2007, des sizerins juvéniles sont aussi apparus à Rimouski cet été. On dirait d’ailleurs que les régions de Rimouski et de La Pocatière sont les rares à profiter régulièrement de ces présences estivales (à moins que des informations sur d’autres sites ne se rendent pas jusqu’à moi). Pourquoi pas sur les côtes de Charlevoix ou de la Haute-Côte-Nord? Il est vrai que j’ai tout de même vu des sizerins hâtifs durant les neuf automnes que j’ai passés à recenser les oiseaux à plein temps à Tadoussac, la date la plus hâtive étant le 19 août 2001. Mais avec les quantités monumentales d’oiseaux qui circulent dans cette région l’automne, si les sizerins y nichaient aussi souvent qu’ils semblent le faire sur la rive sud du Saint-Laurent, leur présence en fin d’été et en début d’automne serait notée plus régulièrement!
Un autre fait intéressant : on pourrait croire que ces présences estivales font suite à un hiver où les sizerins ont hiverné en abondance dans le sud du Québec. Eh bien non, pas nécessairement! Durant l’hiver 2009-2010, je n’avais eu qu’une mention de l’espèce en novembre, une en décembre et une en mars avant d’en avoir trois au cours du mois de juillet suivant! L’automne suivant, les migrateurs sont arrivés dès la fin de septembre pour nous donner ensuite un hiver riche en sizerins.
Les cartes des deux atlas des oiseaux nicheurs du Québec indiquent qu’il existe quelques mentions estivales de Sizerins flammés dans le centre sud de la province. Ces mentions me semblent cependant dispersées pour produire autant de jeunes certaines années; à ma connaissance, ils ne nichent tout de même pas en colonie! Et pourquoi ne trouve-t-on ces sizerins qu’après la nidification?
Comme vous pouvez le voir, je termine l’écriture de ce texte en étant aussi plein d’interrogations que je l’étais au début. Si vous avez des hypothèses qui pourraient m’éclairer, faites-le moi vite savoir!

Vacances estivales obligent, les deux prochaines semaines seront remplies de ce que j’appelle des « occupations autres ». Nous avons bien l’intention d’y inclure une bonne part d’ornithologie… de nouveaux messages risquent donc d’apparaître à n’importe quel moment!