lundi 16 juillet 2012

Érismatures, foulque et Bruants de Nelson

Nous pouvons nous considérer chanceux : la canicule qui s’est abattue sur le sud-ouest du Québec durant la fin de semaine n’a atteint la région de La Pocatière que dimanche après-midi! Nous avons donc traversé la fin de semaine dans la chaleur, mais pas tout à fait dans la canicule! Et c’est tant mieux!!!

Comme au début de juillet l’an dernier, nous avons effectué une petite tournée dans la partie sud-est du comté de L’Islet. Le but premier de notre visite était de jeter un coup d’œil au lac Noir, situé près du village de Tourville, et aux fameux étangs de décantation de Saint-Pamphile. Comme les lacs et les marais d’eau douce sont pratiquement inexistants près de La Pocatière, c’est avec un certain plaisir que nous avons retrouvé les espèces typiques de ces milieux. À La Pocatière, nous ne les voyons que lors des migrations le long du Saint-Laurent, ce fleuve qui prend tellement de place dans le décor de ma région.
Le lac Noir de Tourville était célèbre dans la région de Québec durant les années 1950-60. C’est qu’il n’est situé qu’à 15 kilomètres du lac Trois-Saumons où fut en quelque sorte fondé le Club des ornithologues de Québec en 1955. À cette époque, les camps de jeunes naturalistes basés au lac Trois-Saumons ont amené régulièrement des excursionnistes jusqu’au lac Noir. Ils y ont découvert la présence de Guifettes noires, une espèce à la limite nord de son aire de nidification qui s’y rencontre encore occasionnellement (je l’ai moi-même vue à cet endroit le 12 juillet 1985 et le 16 juin 2006, année où elle a enfin niché sur place). Le lac Noir n’est cependant pas toujours très riche en espèces, peut-être à cause de l’impossibilité d’en faire le tour à pied. Présentement, on doit se contenter du stationnement d’où nous avons une très belle vue sur le lac, mais pas vraiment sur les herbes qui le bordent. C’est certain qu’une excursion serait plus fructueuse en mai mais, en mai, il y a tellement d’endroits où aller…!
À Tourville, nous nous sommes aussi amusés à explorer des routes forestières dont je ne connaissais pas l’existance. S’il y a quelques terres agricoles, ce sont surtout les parterres de coupe et les repousses datant de plusieurs années qui couvrent le plus de territoires. Christiane m’avait déjà fait remarquer que certaines espèces plutôt localisées dans son Saguenay-Lac-Saint-Jean natal étaient présentes en abondance à La Pocatière dans des habitats qui sont pourtant communs chez elle. J’avais alors soumis l’hypothèse que, dans le cœur de son aire, une espèce peut sûrement déborder dans des habitats moins favorables une fois que les meilleurs sont occupés (c’est ce que j’appelle des habitats « secondaires »). À Tourville, nous avons été témoins de ce phénomène avec, par exemple, le Moucherolle à ventre jaune. À La Pocatière même, il n’y a qu’un seul site où je suis assuré de trouver l’espèce. Pourtant, durant notre promenade à Tourville, nous avons trouvé cinq mâles chanteurs dans des habitats qui ne contiennent pas plus de conifères que le parc municipal pocatois! Il faut croire que les vraies forêts de conifères de L’Islet-Sud débordent de Moucherolles à ventre jaune!?! Les différentes espèces d’oiseaux trouvent sûrement des différences dans leurs habitats qui nous sont imperceptibles…

Notre tournée à Tourville samedi le 14 juillet s’est déroulée de 5 h 55 à 9 h 35 et nous a fourni 55 espèces dont :
  • 1 Gélinotte huppée
  • 4 Plongeons huards – Deux adultes et deux oisillons sur le lac Noir.
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Bécassine de Wilson
  • 2 Colibris à gorge rubis
  • 4 Martin-pêcheurs d’Amérique
  • 3 Pics flamboyants
  • 5 Moucherolles à ventre jaune – Je sais que les empidonax se ressemblent beaucoup mais celui-là, avec ses teintes jaune verdâtre, est mon préféré!
  • 5 Moucherolles des aulnes
  • 1 Moucherolle phébi
  • 1 Tyran tritri
  • 5 Viréos à tête bleue
  • 16 Viréos aux yeux rouges
  • 6 Mésanges à tête noire
  • 4 Mésanges à tête brune – Une autre espèce qui fréquentait un habitat « secondaire ».
Mésange à tête brune – Tourville – 14 juillet 2012 © Claude Auchu
  • 10 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Grimpereau brun
  • 12 Troglodytes des forêts
  • 8 Roitelets à couronne dorée
  • 3 Roitelets à couronne rubis
  • 8 Grives fauves
  • 18 Grives à dos olive
  • 17 Grives solitaires
  • 37 Merles d’Amérique
  • 2 Parulines couronnées
  • 1 Paruline noir et blanc
  • 1 Paruline obscure
  • 8 Parulines à joues grises
  • 11 Parulines masquées
  • 3 Parulines flamboyantes
  • 13 Parulines à tête cendrée
  • 2 Parulines à flancs marron
  • 2 Parulines bleues
  • 8 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à gorge noire
  • 6 Bruants familiers
  • 4 Bruants des marais
  • 18 Bruants à gorge blanche
  • 1 Junco ardoisé
  • 2 Roselins pourprés
  • 4 Chardonnerets jaunes
Seulement deux espèces de fingillidés durant notre promenade! L’an dernier, notre visite à Tourville nous avait laissé entrevoir un prochain hiver riche en fringillidés. Pour le prochain, préparons-nous à la disette… les conifères sont au repos et ceux qui mangent leurs graines devront aller voir ailleurs.
Les étangs de décantation de Saint-Pamphile doivent ressembler à ce que tout ornithologue rêve d’avoir derrière chez lui! Contrairement à d’autres que je connais bien, comme ceux de La Pocatière, les étangs de cette petite ville ont vraiment une allure sauvage; en fait, seule leur forme rectangulaire laisse entrevoir une manipulation par l’homme! Et les canards adorent ces étangs!

Voyez vous-même ce que nous avons compté à partir de la route sur les quatre étangs de Saint-Pamphile ce samedi 14 juillet :
  • 12 Canards branchus
  • 1 Canard chipeau
  • 2 Canards d’Amérique
  • 6 Canards noirs
  • 30 Canards colverts
  • 1 Canard souchet
  • 3 Canards pilets
  • 5 Sarcelles d’hiver
  • 55 Fuligules à collier – Quand je pense qu’il est ardu de voir ce canard à La Pocatière en été!
  • 16 Garrots à œil d’or
  • 3 Érismatures rousses – Trois beaux mâles sommeillaient paisiblement sur un des étangs. Pas de femelle cette année, à moins qu’elles ne soient occupées à couver? Rappellons que l’érismature a déjà niché à cet endroit en 2002.
  • 1 Urubu à tête rouge
  • 1 Épervier brun
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 1 Foulque d’Amérique – Il s’agit probablement d’une rare visite de l’espèce dans cette région. À La Pocatière même, je n’en ai jamais vu en plein été (mais c’est certain que j’aurais plus de chance s’il y avait des étangs…).
  • 1 Chevalier grivelé
  • 7 Bécasseaux minuscules
Signalons aussi la présence de trois Martinets ramoneurs à Sainte-Perpétue, le village situé entre Saint-Pamphile et Tourville.

Dimanche matin, avant que le thermomètre n’atteigne les 30°C en après-midi, je me suis dépêché de visiter les battures du fleuve. Encore beaucoup de familles de canards ont été croisées lors de mon trajet. Il est intéressant de comparer les résultats de cette excursion avec celle d’hier à 50 kilomètres du fleuve.

Voici donc ce que j’ai noté dimanche le 15 juillet à La Pocatière :
  • 60 Canards chipeaux
  • 1 Canard d’Amérique
  • 15 Canards noirs
  • 25 Canards colverts
  • 2 Sarcelles d’hiver
  • 1 Fuligule milouinan
  • 1 Harelde kakawi – La femelle trouvée sur un étang au début de juin y était encore présente.
  • 1 Harle couronné
  • 4 Grands Hérons
  • 1 Busard Saint-Martin – Un juvénile volait déjà librement au-dessus des battures!
  • 1 Pluvier semipalmé
  • 8 Petits Chevaliers
  • 1 Chevalier grivelé
  • 1 Sittelle à poitrine rousse – Un oiseau était près d’une mangeoire en plein milieu de la ville. Les sittelles errent souvent très tôt, avant même le début de l’automne; je me souviens en avoir vu en vol au-dessus de grands champs en juillet!
  • 10 Bruants des prés
  • 8 Bruants de Nelson – De plus en plus facile à trouver à l’approche du mois d’août.
Bruant de Nelson – La Pocatière – 15 juillet 2012 © Claude Auchu
Bruant de Nelson – La Pocatière – 15 juillet 2012 © Claude Auchu
Bruant de Nelson – La Pocatière – 15 juillet 2012 © Claude Auchu
  • 12 Bruants des marais – Bien visibles (ou plutôt « audibles ») sur les battures dimanche matin, ce qui n’est pas toujours le cas.
Finalement, nous avons réussi à bien nous tirer d’affaire durant cette fin de semaine, malgré les conditions trop estivales à mon goût! Nous sommes sur le point d’entrer dans une des périodes ornithologiques les plus tranquilles de l’année. Située entre la fin de la saison de nidification et le début de la vraie période de migration, la fin du mois de juillet me semble souvent à peine plus intéressante que la fin de janvier. Et dire que c’est à ce moment que nous serons en vacances…