mardi 25 septembre 2012

Un Tyran de l'Ouest à Rivière-Ouelle!

Pour nous, la fin de semaine a commencé en lion à Rivière-Ouelle dès vendredi matin. Les conditions étaient magnifiques tôt le matin avec un vent pratiquement nul à notre arrivée au quai. Confortablement installés sur nos petits bancs, nous étions prêts à aller chercher l’impossible au large. Auparavant, fidèle à son habitude, Christiane a commencé par compter un à un les nombreux Plongeons catmarins qui dérivaient vers l’amont, poussés par la marée montante. Ensuite, nous nous sommes concentrés sur un point fixe sur la côte de Charlevoix, prêts à identifier et compter tout ce qui passait devant ce point. Nous avons souvent été déconcentrés par les nombreux Cormorans à aigrettes qui, en migration, volaient fréquemment très haut au-dessus de la terre ferme derrière nous.
Si le vent était très faible à notre arrivée, nous avons vite remarqué qu’au large, le fleuve semblait frissonner et que ce frisson s’approchait lentement de nous. C’est à 8 h 30 qu’il nous a rejoint, accompagné d’un bon vent du nord-est! La différence de température était frappante, assez pour nous faire frissonner nous aussi!!! Finalement, vers 9 h 15, nous avons plié bagages pour aller voir si des limicoles ou des passereaux ne se cachaient pas plus loin. Et justement, si les limicoles ont été plutôt discrets (à part une belle bande de Pluviers bronzés), nous avons eu le plaisir de trouver quelques passereaux d’intérêt, bien que l’un d’eux ait fait quelque peu ombrage aux autres!
Ainsi, vendredi le 21 septembre, c’est un autre beau total de 70 espèces que nous avons pu dénicher à Rivière-Ouelle entre 6 h 00 à 12 h 15. En voici un échantillon :
  • 120 Oies des neiges
  • 157 Bernaches du Canada
  • 116 Canards noirs
  • 9 Canards pilets
  • 13 Sarcelles d’hiver
  • 4 Fuligules milouinans
  • 37 Eiders à duvet – Nous nous attendions à ce que le vent du nord-est encourage quelques oiseaux à se déplacer; ce ne fut visiblement pas le cas vendredi matin!
  • 24 Macreuses à front blanc
  • 71 Macreuses brunes
  • 10 Macreuses à bec jaune
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 4 Harles huppés – Ils sont toujours rares sinon absents dans la région en juillet et en août, mais les premiers sont vus vers cette date à chaque automne.
  • 195 Plongeons catmarins – Les oiseaux encore en plumage nuptial sont maintenant minoritaires.
  • 15 Plongeons huards
  • 2 Grèbes esclavons
  • 1 Grèbe jougris
  • 1260 Cormorans à aigrettes – Ce sont surtout des migrateurs, survolant le rivage à haute altitude.
  • 24 Grands Hérons
  • 10 Urubus à tête rouge
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un adulte.
  • 4 Busards Saint-Martin
  • 1 Épervier brun
  • 2 Buses à queue rousse
  • 2 Crécerelles d’Amérique
  • 1 Faucon pèlerin
  • 3 Pluviers argentés
  • 45 Pluviers bronzés – Pas moins de 45 oiseaux se reposaient au bout d’une pointe rocheuse. Alors, combien pouvaient-ils y en avoir dans les champs labourés, leur soi-disant habitat de prédilection lors des migrations? Remarquez que je n’en ai que rarement vu dans des labours dans ma région!
Pluviers bronzés – Rivière-Ouelle – 22 septembre  2012 © Claude Auchu
Pluviers bronzés – Rivière-Ouelle – 22 septembre  2012 © Claude Auchu
Pluviers bronzés et Goélands marins – Rivière-Ouelle – 22 septembre  2012 © Claude Auchu
  • 1 Pluvier kildir
  • 2 Grands Chevaliers
  • 58 Bécasseaux variables – Une belle quantité pour le mois de septembre, eux qui atteignent leur maximum tard en octobre.
  • 2 Labbes parasites – Un duo a été vu à deux reprises durant la matinée, très loin au large du quai.
  • 1 Petit Pingouin
  • 2 Guillemots à miroir
  • 1 Pic flamboyant
  • 1 Tyran de l’Ouest – Hé oui, nous avons trouvé un Tyran de l’Ouest! Enfin!!! Combien de fois nous sommes nous dit en regardant certains secteurs à Rivière-Ouelle : « Si j’étais un moucherolle rare, je serais là! ». Cette fois, c’est arrivé! Mais c’est toujours drôle de voir à quel point les choses se déroulent rapidement lors de telle rencontre. En circulant lentement en voiture, nous avons d’abord vu du coin de l’œil un passereau perché en position verticale sur un fil électrique. Machinalement, le tri s’est fait dans nos têtes en un éclair : ce n’est pas un merlebleu, ni un jaseur… J’ai freiné et, par-dessus nos épaules, nous avons pu voir son ventre jaune! « Ne le perd pas de vue! » que j’ai lancé à Christiane, le temps de libérer la voie et de me ranger sur l’accotement. En sortant de l’auto, nous nous doutions déjà à quelle espèce nous avions affaire… oui, c’est un Tyran de l’Ouest!!! L’oiseau, peu farouche et visiblement en pleine forme, attrapait des insectes en vol ou en allant les cueillir au sol avant de retourner sur son fil. Plusieurs photos ont été prises, ce qui nous a permis de confirmer devant notre ordinateur qu’il s’agissait d’un juvénile. Il existe moins de 45 mentions de Tyran de l’Ouest au Québec, la majorité ayant été faite en septembre et en octobre. Pour la région de La Pocatière, il s’agit de la première mention. Ce tyran est un des passereaux de l’ouest qui se rencontre avec le plus de régularité dans le nord-est du continent en automne. À titre d’exemple, il y a au moins 14 mentions pour l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon!!! On se plait à penser qu’il a peut-être été poussé jusqu’ici par les vents qui soufflent régulièrement du sud-ouest! C’est le deuxième Tyran de l’Ouest que j’ai le plaisir d’avoir trouvé en compagnie de Christiane, le premier s’étant présenté devant la fenêtre de notre cuisine aux Escoumins le 5 octobre 2002, alors que nous lavions la vaisselle! Je vous garantis que la lavette avait pris le bord…!

Tyran de l’Ouest – Rivière-Ouelle – 21 septembre  2012 © Claude Auchu
Sur cette photo, le liséré des couvertures sus-alaires, typique d’un jeune oiseau
au plumage frais, est bien visible.

Tyran de l’Ouest – Rivière-Ouelle – 21 septembre  2012 © Claude Auchu
L’aspect pelucheux du plumage tout comme le jaune fade du ventre et des sous-caudales pointent aussi
vers un juvénile. De plus, les commissures du bec sont encore colorées, comme chez les oisillons au nid!

Tyran de l’Ouest – Rivière-Ouelle – 21 septembre  2012 © Claude Auchu
Sur cette autre photo, on distingue bien les détails de la queue : le vexille externe blanc de la rectrice la plus externe, caractéristique  de l’espèce, et le bout pointu des rectrices, typique des juvéniles.

Tyran de l’Ouest – Rivière-Ouelle – 21 septembre  2012 © Claude Auchu
Notre oiseau dans toute sa splendeur! Il ne se perchait que sur les fils électriques; ça ne donne peut-être pas de très belles photos mais, au moins, il n’y a pas de branche, ni de feuille pour le camoufler!

  • 1 Alouette hausse-col
  • 3 Hirondelles à front blanc – Trois oiseaux plutôt tardifs pour cette espèce rarement vue à Rivière-Ouelle, même en migration. Elle est plus régulière dans les villages de l’arrière-pays.
  • 1 Paruline verdâtre – Cette migratrice rare fait toujours son apparition à la fin de septembre, au moment où les autres parulines quittent la région. À mes débuts en ornithologie, elle avait la réputation d’être difficile à identifier… Pourtant, en la regardant bien, on remarque vite qu’elle a des caractéristiques bien à elle.
  • 1 Paruline à joues grises
  • 2 Parulines masquées
  • 1 Paruline rayée
  • 14 Parulines à croupion jaune
  • 20 Bruants chanteurs
  • 12 Bruants à gorge blanche
  • 6 Bruants à couronne blanche
  • 3 Juncos ardoisés
  • 500 Carouges à épaulettes – Ils ne sont sortis d’un grand champ de maïs que durant quelques secondes…
  • 6 Tarins des pins
À peine quelques secondes après avoir quitté le Tyran de l’Ouest, en faisant un scan aux jumelles, j’ai entrevu un oiseau beige avec une longue queue s’éloigner en volant en rase-motte au-dessus d’une pelouse pour disparaître parmi des arbustes, à 100 mètres de nous. Ce n’était pas une crécerelle, ni une tourterelle et le battement d’ailes ne correspondait à rien que je connaisse bien. La chose qui me semble la plus probable serait un Coulicou à bec jaune! Nous sommes allés inspecter les lieux mais un coulicou sait bien comment passer inaperçu… Tant pis!
À remarquer aussi que nous avons vu pas moins de sept espèces de rapaces durant notre promenade à Rivière-Ouelle, une diversité inespérée pour la région en septembre.
Depuis le début de l’automne, nous espérions un bon vent du nord-est pour rendre plus profitables nos sorties à Rivière-Ouelle. Pourtant, malgré la présence des vents tant désirés et l’excursion à Rivière-Ouelle ayant déjà été faite, nous avons décidé samedi matin de prendre la route de Saint-Roch-des-Aulnaies à vélo. La longue piste cyclable entre La Pocatière et le Village-des-Aulnaies est toujours agréable à parcourir et nous comptions bien profiter de l’arrivée des bruants migrateurs pour inspecter les alentours. Après Saint-Roch, nous nous sommes dirigés vers Sainte-Louise où le vent du nord-est, que nous avions alors de côté, nous est apparu un peu plus vivifiant. Le retour vers La Pocatière, avec le vent de face, fut bien sûr plus ardu, mais de fréquents arrêts pour inspecter un oiseau entrevu ou vérifier un son inhabituel ont facilité les choses. Nous sommes tout de même arrivés à La Pocatière particulièrement fourbus!
Samedi le 22 septembre, les 40 kilomètres à vélo entre La Pocatière, Saint-Roch-des-Aulnaies et Sainte-Louise ont été faits en 6 h 15 (notez que les plus profitables de ces kilomètres ont été parcourus à pied, à côté du vélo!). Un feuillet d’observations quotidiennes a bien sûr été complété pour chaque municipalité. Voici les totaux pour les principales espèces rencontrées :
  • 577 Bernaches du Canada
  • 1 Canard branchu
  • 87 Canards noirs
  • 55 Canards colverts
  • 1 Gélinotte huppée
  • 580 Cormorans à aigrettes
  • 14 Grands Hérons
  • 2 Busards Saint-Martin
  • 4 Buses à queue rousse – Elles sont vraiment en évidence cet automne!
  • 2 Faucons émerillons – À Sainte-Louise, ces deux oiseaux étaient ensemble dans un bosquet de conifères et lançaient de fréquents petits cris. Peut-être était-ce des juvéniles incapables de s’émanciper?
  • 5 Alouettes hausse-col
  • 31 Mésanges à tête noire – Plusieurs petits groupes ont été vus se déplaçant le long du fleuve à Saint-Roch. Curieusement, et contrairement à leur habitude, les mésanges se dirigeaient vers le nord-est!
  • 74 Merles d’Amérique
  • 14 Pipits d’Amérique
  • 14 Jaseurs d’Amérique – Lentement, les jaseurs désertent la région. Si les fruits sauvages sont aussi rares dans le nord qu’ils le sont ici, les Jaseurs boréaux devraient arriver dans la région avant la fin d’octobre.
  • 1 Paruline obscure
  • 10 Parulines masquées
  • 1 Paruline à couronne rousse
  • 54 Parulines à croupion jaune
  • 74 Bruants des prés – Un champ de grains encore en épis à Sainte-Louise fourmillait de bruants. La majorité de ceux identifiés étaient des Bruants des prés.
  • 5 Bruants de Nelson
  • 97 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant de Lincoln – Cet oiseau se nourrissait dans le fond d’un étang asséché sur les battures du fleuve à Saint-Roch, en compagnie de Bruants des marais et de pipits!
  • 10 Bruants des marais
  • 35 Bruants à gorge blanche
  • 2 Bruants à couronne blanche
  • 1 Junco ardoisé
  • 94 Carouges à épaulettes
  • 300 Quiscales bronzés
Nous ne saurons jamais ce que circulait à Rivière-Ouelle grâce à ce vent du nord-est. Mais, d’après les fréquents coups d’œil que nous avons jetés au large, la visibilité semblait nettement moins bonne qu’elle l’était la veille. De toute façon, il est important pour nous de visiter un site différent à chaque jour. Nous manquons déjà de temps, pas question de mettre tous nos efforts sur le même site, aussi bon soit-il!
Malheureusement pour notre intérêt pour les oiseaux (mais heureusement pour nos corps qui demandent parfois un peu de repos), la journée de dimanche a encore été dominée par de grands vents du sud-ouest. Une courte sortie en matinée m’a permis d’être témoin encore une fois de l’abondance de bruants dans les boisés autour de La Pocatière. Les conditions pour chercher les passereaux étaient toutefois loin d’être optimales. À part la rencontre d’une Paruline à couronne rousse puis d’un Bruant de Lincoln et de deux Bruants des marais dans un verger, les oiseaux marquants ont été assez discrets. Ils devaient être à l’abri quelque part… Ça m’a donné l’idée de faire comme eux : m’abriter et me reposer le temps que le vent passe!