mardi 23 octobre 2012

Un Pic à ventre roux... enfin!

Nous savons bien que les oiseaux sont plus nombreux –  je devrais peut-être plutôt dire « plus visibles » – immédiatement après le passage d’un front froid. En effet, une fois le ciel dégagé après la pluie, les oiseaux profitent des vents frais du nord-ouest pour descendre vers le sud. Parfois, si nous sommes chanceux, ces conditions peuvent s’étirer sur deux jours… Par la suite, au fur et à mesure que le beau temps persiste, les oiseaux se dispersent pour se nourrir et deviennent beaucoup plus discrets. Justement, après la pluie de la fin de semaine dernière, la température a été plutôt agréable durant la semaine, permettant aux oiseaux de quitter la région alors que nous étions occupés ailleurs (au boulot, pour être précis!).  Avec l’automne qui avance rapidement, allait-il encore y avoir des oiseaux à voir durant la fin de semaine prochaine??? Surtout qu’encore une fois, les prévisions météorologiques n’annonçaient rien de bon pour samedi et dimanche!

Heureusement, nous avons pu encore allonger notre fin de semaine en profitant d’un vendredi avec des conditions plutôt favorables pour l’observation des oiseaux. Nous en avons bien sûr profité pour nous rendre à Rivière-Ouelle. Au lever du jour, en regardant les côtes de Charlevoix qui se découpaient plus ou moins nettement à l’horizon, nous redoutions déjà une visibilité laissant à désirer pour notre session au quai. Quelle ne fut pas notre surprise de constater, une fois sur place, que la visibilité au large du quai était tout simplement excellente!!! Nous étions même en mesure d’identifier les oiseaux circulant au large jusqu’à la limite que nous imposait la courbure de la Terre! Sans blague!
Vendredi matin, nous avons aussi profité de conditions de vent très favorables, avec une petite brise passant de l’est au nord durant la matinée. Ces vents sont particulièrement recherchés par les Eiders à duvet et plusieurs en ont bien sûr profité pour migrer vers l’amont en venant frôler le quai. Même si les quantités pour les autres espèces nous ont paru plutôt faibles (particulièrement chez les passereaux), nous avons été agréablement surpris lorsque nous avons fait le décompte en fin de journée.
 
Ainsi, vendredi le 19 octobre, nous sommes demeurés à Rivière-Ouelle de 6 h 55 à 13 h 05, ce qui nous a permis de trouver 52 espèces. Voici les plus marquantes :
  • 10400 Oies des neiges
  • 2 Bernaches de Hutchins
  • 270 Bernaches du Canada
  • 117 Canards noirs
  • 160 Canards colverts
  • 1 Canard pilet
  • 7 Sarcelles d’hiver
  • 19 Fuligules milouinans
  • 1050 Eiders à duvet – C’est toujours un plaisir de voir arriver silencieusement des bandes de ces gros canards qui doivent parfois jouer du coude pour éviter le quai.
Eiders à duvet – Rivière-Ouelle – 19 octobre 2012 © Claude Auchu
  • 41 Macreuses à front blanc
  • 28 Macreuses brunes
  • 4 Macreuses à bec jaune
  • 8 Hareldes kakawis
  • 15 Garrots à œil d’or
  • 3 Grands Harles – Nos premiers Grands Harles au fleuve cet automne. Ces canards d’eau douce attendent habituellement que les rivières où ils ont niché commencent à geler avant de rejoindre le fleuve (et encore, c’est souvent à l’embouchure des rivières qu’ils sont alors trouvés).
  • 74 Harles huppés
  • 69 Plongeons catmarins
  • 17 Plongeons huards
  • 1 Grèbe jougris
  • 105 Cormorans à aigrettes
  • 9 Grands Hérons
  • 2 Busards Saint-Martin
  • 1 Buse pattue – Notre première de l’automne, légèrement tardive comparativement à la moyenne des 30 dernières années.
  • 6 Grands Chevaliers
  • 1 Mouette tridactyle – Cet oiseau se déplaçant loin au large m’a fait sourire. En repérant ce minuscule point blanc sur fond de montagnes charlevoisiennes, j’ai levé le bras gauche jusqu’à l’oculaire de mon télescope pour pousser le grossissement jusqu’à 60X. Du coin de l’œil, j’ai vu Christiane faire exactement la même chose au même moment! J’ai simplement dit « tridac? », auquel elle a répondu un petit « oui! ». Pourquoi avons-nous allumé tous les deux sur cet oiseau en particulier, qui était tout de même à plusieurs kilomètres au large?!?
  • 15 Guillemots à miroir – Ils deviennent de plus en plus communs à l’approche de novembre, le mois où ils atteignent toujours leur maximum d’abondance dans la région.
  • 3 Pics mineurs
  • 3 Pics chevelus
  • 9 Geais bleus
  • 240 Corneilles d’Amérique
  • 110 Alouettes hausse-col
  • 8 Jaseurs boréaux
  • 3 Plectrophanes des neiges – Nos premiers de l’automne.
  • 1 Bruant hudsonien
  • 7 Juncos ardoisés
  • 10 Carouges à épaulettes
  • 1 Vacher à tête brune – Un oiseau accompagnait les carouges dans un champ de maïs fraîchement fauché. Les vachers sont toujours incroyablement rares ici en automne.
  • 2 Durbecs des sapins
  • 2 Sizerins flammés
  • 17 Tarins des pins
  • 1 Chardonneret jaune
  • 2 Gros-becs errants
  • 23 Moineaux domestiques
Ce fut une autre belle matinée, mais notre crainte que les bruants aient déjà quitté la région semblait se confirmer.
 
Avec toute la pluie qui est tombée sur la région, la journée de samedi ne nous aura pas fourni grand-chose chez les oiseaux. Mais, même en faisant le ménage, Christiane a les oiseaux à l’œil. En passant le balai, elle a remarqué par la fenêtre de la cuisine que des plumes tombaient du ciel en provenance d’un grand frêne derrière la maison. Aux jumelles, elle a tôt fait d’en trouver la source : bien caché dans l’arbre, un Faucon émerillon dévorait un Junco ardoisé!
 
Pour dimanche, nous avions au programme une visite sur les battures du fleuve à La Pocatière et, ensuite, d’étirer cette promenade à travers champs et zones buissonneuses. Des vents forts du sud-ouest annoncés pour toute la journée nous ont obligé à modifier nos plans. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous avons plutôt décidé de refaire à peu près le même trajet que dimanche dernier, en espérant secrètement autant de bruants.
Moins de 40 minutes après notre départ, nous avons eu une très agréable surprise! Arrêtés pour permettre à Christiane d’inscrire dans son calepin les premiers oiseaux rencontrés, nous avons vu un pic arriver de nulle part. Heureusement, il s’est posé dans un thuya sec près de nous et… paf! un Pic à ventre roux!!! Ce beau mâle semblait reprendre son souffle et, me laissant à peine le temps de prendre quelques mauvaises photos, il est reparti vers le sud-ouest au-dessus des champs. Tout s’est passé très rapidement, en moins de 30 secondes! La rencontre avec ce pic dans ma région natale était due depuis longtemps. L’automne dernier, des oiseaux ont été vus à Sept-Îles, à Mingan et pas moins de neuf en Gaspésie; c’était presque gênant de ne jamais en avoir trouvé un chez moi…!
Peut-être serez-vous surpris, mais il ne s’agit que de ma deuxième mention à vie de cette espèce! Cette mention me permet aussi de faire un heureux changement à ma liste d’oiseaux. C’est que ma liste est divisée en deux sections depuis plusieurs années. Il y a d’abord ma liste dite « honorable », qui contient les espèces que j’ai trouvées moi-même ou qui ont été trouvées par une personne qui m’accompagnait sur le terrain. J’ai aussi une liste dite « honteuse » qui comprend les espèces trouvées par d’autres et pour lesquelles mon mérite se limite au seul fait de m’être simplement déplacé pour les voir. Un des plaisirs de cette double liste est qu’il est possible de transférer une espèce honteuse vers la liste honorable. C’est maintenant fait pour le Pic à ventre roux qui se trouvait sur ma liste honteuse depuis le 24 février 1987, lorsque des amis m’avaient amené voir un mâle qui hivernait au lac Saint-Joseph, près de Québec. Tout à fait par hasard, c’est aussi cet hiver-là que Christiane a vu son seul autre Pic à ventre roux au Québec, le premier à s’être présenté au Saguenay.
Mis à part l’oiseau-vedette, nous avons été surpris de trouver encore une belle quantité de juncos, dont un groupe de près de 75 individus! Il faut donc croire que tous les petits granivores n’avaient pas quitté la région comme nous le craignions.
 
Dimanche le 21 octobre, notre promenade nous aura donné 35 espèces à La Pocatière entre 7 h 15 à 12 h 15, un résultat tout de même respectable puisque aucun milieu aquatique n’a été visité. Voici certaines des espèces rencontrées :
  • 1 Bernache de Hutchins
  • 148 Bernaches du Canada
  • 1 Pic à ventre roux – Une première très attendue pour ma région!
Pic à ventre roux – La Pocatière – 21 octobre 2012 © Claude Auchu
  • 1 Pic mineur
  • 2 Grands Pics
  • 10 Geais bleus
  • 100 Corneilles d’Amérique
  • 26 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 2 Roitelets à couronne rubis
  • 50 Merles d’Amérique
  • 17 Jaseurs boréaux
  • 1 Jaseur d’Amérique
  • 1 Paruline à croupion jaune – La seule paruline de la fin de semaine!
  • 4 Bruants hudsoniens
  • 3 Bruants familiers
  • 7 Bruants chanteurs
  • 15 Bruants à gorge blanche
  • 7 Bruants à couronne blanche
  • 180 Juncos ardoisés
  • 180 Carouges à épaulettes
  • 3 Becs-croisés bifasciés
  • 95 Tarins des pins – Comme noté la semaine dernière, plusieurs de ces oiseaux se nourrissaient dans les herbacées…
  • 5 Gros-becs errants
Une sortie autrement ordinaire peut parfois passer à l’histoire à cause d’un seul oiseau. Cette fois, dans mes souvenirs, le 21 octobre 2012 rimera avec Pic à ventre roux!
 
Dans mon message du 13 août dernier, je vous parlais d’un Chevalier errant trouvé en Illinois, une mention hors de l’ordinaire pour cet oiseau de la côte ouest. Mais voilà une surprise encore plus marquante : un Chevalier de Sibérie, l’équivalent asiatique du Chevalier errant, a été trouvé au Massachusetts jeudi dernier!!! En Amérique, il ne s’agit que de la troisième mention confirmée de ce limicole en dehors de l’Alaska (où il est régulier en bordure de la mer de Béring) et, bien sûr, de la première pour la côte atlantique!