mardi 4 décembre 2012

-20°C ou… comment perdre rapidement ses canards de mer

Cette année, le hasard a voulu que le début de l’hiver ornithologique se fasse sous une température annonçant bien la nouvelle saison! Les derniers jours de novembre ont été nettement plus froids que la normale, ce qui a changé rapidement l’allure des rivages du Saint-Laurent dans ma région. Des températures frôlant les -20°C durant la nuit ont en effet figé les marais côtiers sous plusieurs centimètres de glace. Les canards barbotteurs et les goélands devront aller chercher leur nourriture ailleurs!

C’est sous ces conditions que nous nous sommes dirigés vers Rivière-Ouelle samedi matin, en espérant que les espèces-vedettes y soient encore présentes. Il n’y a pas encore vraiment de neige en forêt à La Pocatière mais, durant la nuit, un petit brouillard avait laissé une mince couche blanche au sol. L’humidité ambiante a diminué durant l’avant-midi pour assécher rapidement le tout. Au quai, notre premier arrêt, les conditions de visibilité étaient typiquement hivernales, c’est-à-dire plutôt limitées. Des vents soufflant du sud-est à 15 km/h n’avaient rien non plus pour stimuler les oiseaux à se déplacer près de nous, ce qui a rendu les deux premières heures de l’excursion plutôt tranquilles. Par la suite, en visitant divers habitats, nous avons réussi à atteindre 33 espèces pour cette toute première journée de l’hiver ornithologique.
Signalons en passant un événement rare au quai de Rivière-Ouelle : nous étions près d’une dizaine d’observateurs présents simultanément tôt samedi matin… ça sentait vraiment l’avicourse!!!

Samedi le 1er décembre, nous avons donc patrouillé Rivière-Ouelle entre 6 h 50 et 11 h 40. Voici les espèces rencontrées :
  • 11 Oies des neiges
  • 100 Bernaches du Canada – Tout comme les Oies des neiges, les bernaches étaient surtout concentrées dans les champs où la nourriture est encore facilement accessible.
  • 2 Canards noirs
  • 182 Eiders à duvet
  • 31 Grands Harles
  • 3 Harles huppés
  • 11 Plongeons catmarins
  • 1 Plongeon huard
  • 3 Buses pattues – Ces trois buses se déplaçaient vers le sud-ouest en longeant le fleuve en milieu d’avant-midi. La pattue est la seule de nos buses à oser hiverner régulièrement dans la région et des déplacements migratoires sont souvent notés jusqu’à la fin de décembre.
Buse pattue – Rivière-Ouelle – 1er décembre 2012 © Claude Auchu
  • 12 Goélands à bec cerclé
  • 13 Goélands argentés
  • 15 Goélands arctiques
  • 1 Goéland bourgmestre
  • 17 Goélands marins
  • 5 Guillemots à miroir
  • 57 Pigeons bisets
  • 9 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pie-grièche grise – Cette espèce a été plus discrète que d’habitude durant l’automne.
  • 1 Geai bleu
  • 9 Corneilles d’Amérique
  • 8 Grands Corbeaux
  • 22 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 3 Roitelets à couronne dorée
  • 100 Étourneaux sansonnets
  • 3 Plectrophanes des neiges
  • 1 Tohi à flancs roux – Le tohi était toujours présent à Rivière-Ouelle et il s’est laissé voir plus facilement que la semaine dernière… mais il demeure encore très timide! Heureusement, le puissant sifflement qui lui a valu son nom a trahi sa présence.
Tohi à flancs roux – Rivière-Ouelle – 1er décembre 2012 © Claude Auchu
  • 1 Junco ardoisé
  • 3 Durbecs des sapins
  • 29 Sizerins flammés
  • 13 Moineaux domestiques
Étrangement, en comparant les résultats de cette première sortie de l’hiver avec celle du 4 décembre 2011, on remarque que le nombre d’espèces de fringillidés (durbec, sizerin et autres) est plus élevé cette année que l’an dernier. Pourtant, nous savons tous que ces granivores étaient nettement plus nombreux durant l’hiver 2011-12… Sauf, justement, que c’est en forêt que les oiseaux étaient abondants! Les graines étaient si facilement disponibles en forêt que les oiseaux ne sont apparus dans les basses-terres qu’en mars! Cette année, les oiseaux doivent patrouiller un plus grand territoire pour trouver de quoi se nourrir.

Les chances pour nous de connaître une journée bien remplie dimanche s’annonçaient plutôt limitées, de la pluie et des vents du sud-ouest à 30 km/h étant au menu pour l’après-midi! Nous avons réussi à éviter les vents (ils ont même été nuls durant toute la journée!?!), mais la deuxième moitié de la journée s’est effectivement passée sous la pluie. Nous nous sommes donc contentés d’une rapide tournée des mangeoires en matinée, question de voir si le froid des jours précédents n’avait pas poussé quelques oiseaux désespérément affamés près des habitations. Comme à chacune des excursions de ce genre, nous avons eu de belles surprises, mais noté également quelques absences.

Voici donc les résultats de notre circuit du dimanche 2 décembre à La Pocatière :
  • 3 Goélands argentés
  • 3 Goélands arctiques
  • 1 Goéland bourgmestre – Comme il arrive parfois, de petits groupes de goélands migraient vers le sud-ouest à basse altitude au-dessus de la ville; un Goéland bourgmestre, une espèce régulière mais peu commune dans la région, en faisait partie.
  • 14 Goélands marins
  • 15 Pigeons bisets
  • 53 Tourterelles tristes – Après s’être nourrie dans les champs durant une bonne partie de l’automne, c’est une des espèces que le froid a poussée aux mangeoires.
  • 1 Pic mineur
  • 2 Pics chevelus
  • 4 Geais bleus
  • 11 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 24 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 5 Sittelles à poitrine blanche
  • 1 Merle d’Amérique
  • 200 Étourneaux sansonnets
  • 1 Carouge à épaulettes – D’où sort-il celui-là? Nous n’en avions pas revu depuis la fin d’octobre, juste après que les derniers champs de maïs aient été fauchés.
  • 8 Durbecs des sapins
  • 2 Roselins familiers – Ces oiseaux étaient présents à une mangeoire du quartier où un couple a niché l’été dernier. La Pocatière se trouve à la limite nord de l’aire de nidification du Roselin familier au Québec, ce qui fait que l’espèce est plutôt difficile à trouver localement.
  • 25 Sizerins flammés
  • 1 Tarin des pins – Le tarin ne sera probablement pas très commun cet hiver, faute de nourriture en forêt. Celui de dimanche accompagnait un petit groupe de sizerins à une mangeoire.
  • 32 Moineaux domestiques
Les conditions froides qui ont fait geler si rapidement les rives du fleuve dans la région semblent vouloir se calmer pour les prochains jours. Jusqu’au début du mois de janvier, les redoux peuvent faire changer très rapidement les conditions qui influencent tant les allées et venues des oiseaux aquatiques. D’ailleurs, même au cœur de l’hiver, quatre ou cinq jours consécutifs de température au-dessus du point de congélation peuvent maintenant faire réapparaître les canards et les goélands dans la région! Il s’agit sûrement d’une des preuves les plus visibles du réchauffement climatique… vous auriez dû voir comment c’était il y a 30 ans!