mardi 9 juillet 2013

Piranga, Goéland brun et premier courlis

Aimez-vous les canicules? Pas moi! Je me plains souvent des printemps trop froids qui retardent l’arrivée des oiseaux et des gels subits de décembre qui figent le fleuve Saint-Laurent trop rapidement mais, honnêtement, je supporte plus facilement un –30 qu’un +30°C! Et, justement, nous venons de traverser, cette fin de semaine, une vague de chaleur qui n’a pu faire autrement que nous ralentir, Christiane et moi. D’ailleurs, nous n’avons pas été les seuls à fonctionner au ralenti puisque même les oiseaux semblaient se cacher de la canicule!

Alors, que faire lorsque la chaleur accablante, l’humidité et un vent fort du sud-ouest s’unissent pour vous empêcher de partir à la recherche d’oiseaux? Il faut simplement trouver des habitats « climatisés » et c’est ce que nous avons fait! Samedi matin, nous sommes donc partis faire une tournée des érablières de la région, sachant bien que leurs voûtes de larges feuilles allaient sûrement tempérer un peu la température au niveau du sol. Au cours de nos arrêts, nous étions effectivement plutôt bien, surtout que les moustiques étaient absents! Cette promenade ne nous a pas fourni les grands nombres d’individus auxquels nos lentes randonnées à vélo nous ont habitués, mais nous avons tout de même terminé la journée avec 60 espèces. Les deux espèces qui ont provoqué le plus d’enthousiasme ont été une Grive des bois et un Piranga écarlate. Ces deux espèces semblaient même chanter en duo; dès que le piranga chantait, la grive faisait de même. Lorsque le piranga faisait une pause, la grive devenait silencieuse. Je sais bien qu’un tel lien comportemental entre cette grive et le piranga n’existe pas, mais leur apparente association était tout de même remarquable et presque drôle!
Ces deux espèces typiques des forêts décidues ont connu des hausses de leur population dans le nord-est du continent durant le XXe siècle. Au début des années 1960, l’abbé René Tanguay ne considérait pas encore la Grive des bois comme nicheuse dans la région de La Pocatière bien qu’une observation qu’il cite remonte aussi loin que 1928. Pour sa part, le Piranga écarlate avait déjà le statut de nicheur probable et était observé annuellement. Durant les années 1980, je n’avais moi-même aucune difficulté à trouver ces deux espèces même sans véritablement les chercher. Depuis le début du XXIe siècle, cependant, elles ont toutes deux connu des baisses marquées de leurs populations dans la région. Si la Grive des bois est encore relativement facile à trouver (quand on sait où la chercher!), dénicher le Piranga écarlate est maintenant devenu un véritable défi!

Le vent fort du sud-ouest qui soufflait samedi devait tourner au nord-ouest et faiblir durant la nuit, ce qui nous donnait quelques espoirs pour notre sortie à Rivière-Ouelle prévue pour dimanche matin. En nous levant à 4 h 15, le premier coup d’œil à l’extérieur nous a littéralement repoussé vers notre lit : le vent soufflait encore du sud-ouest en rafales à 35 km/h! Ce n’est que vers 8 h 00 que le vent a finalement tourné et faibli… et nous étions déjà rendus à Rivière-Ouelle. Nous avions même eu l’impression de chercher davantage le vent frais du nord-ouest que les oiseaux eux-mêmes! De toute façon, la visibilité au large du quai ne s’était pas encore améliorée et la récolte d’oiseaux, autant le long du fleuve qu’en forêt, fut très limitée. Les résultats de l’excursion valent tout de même la peine d’être présentés, ne serait-ce que pour montrer à quel point les conditions rencontrées peuvent avoir une influence sur un site pourtant excellent!

À Rivière-Ouelle, par le chaud dimanche 7 juillet, seulement 48 espèces ont été observées durant les 3 h 35 de terrain. En voici la liste complète :
  • 6 Oies des neiges – Les 60 autres sûrement encore présentes dans le secteur sont demeurées introuvables!
  • 55 Canards noirs
  • 5 Canards colverts
  • 1 Canard pilet
  • 3 Sarcelles d’hiver
  • 26 Eiders à duvet
  • 1 Gélinotte huppée – Un mâle zélé trouvait encore la force de tambouriner!
  • 2 Plongeons huards
  • 10 Cormorans à aigrettes
  • 12 Grands Hérons
  • 1 Urubu à tête rouge
  • 8 Pluviers kildirs
  • 1 Chevalier grivelé
  • 1 Courlis corlieu – Une arrivée relativement précoce pour ce migrateur automnal peu commun dans la région.
  • 500 Goélands à bec cerclé
  • 8 Goélands argentés
  • 1 Goéland brun – Un immature en mue déjà très avancée vers son plumage de 3e hiver accompagnait les Goélands à bec cerclé.
  • 8 Goélands marins
  • 20 Pigeons bisets
  • 11 Tourterelles tristes
  • 1 Moucherolle des aulnes
  • 1 Viréo mélodieux
  • 3 Viréos aux yeux rouges – Même les viréos étaient silencieux dimanche matin, eux qui émettent souvent le seul chant audible en forêt durant les chaudes journées d’été.
  • 23 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 4 Hirondelles bicolores
  • 15 Hirondelles de rivage
  • 3 Hirondelles rustiques
  • 5 Grives fauves
  • 2 Grives à dos olive
  • 24 Merles d’Amérique
  • 53 Étourneaux sansonnets
  • 7 Jaseurs d’Amérique
  • 6 Parulines masquées
  • 5 Parulines flamboyantes
  • 3 Parulines à tête cendrée
  • 8 Parulines jaunes
Paruline jaune – Rivière-Ouelle – 7 juillet 2013 © Claude Auchu
Paruline jaune – Rivière-Ouelle – 7 juillet 2013 © Claude Auchu
  • 2 Bruants familiers
  • 7 Bruants des prés
  • 26 Bruants chanteurs
  • 4 Bruants à gorge blanche
  • 2 Goglus des prés
  • 33 Carouges à épaulettes
  • 26 Quiscales bronzés
  • 1 Roselin pourpré
  • 9 Chardonnerets jaunes
Que dire de plus sinon que nous allons nous reprendre dès la prochaine fin de semaine si la température est plus tempérée! Les premiers oiseaux de rivage automnaux devraient normalement suivre l’exemple du Courlis corlieu et se présenter dans la région dès les prochains jours. Nous comptons bien être sur place pour les accueillir!