mardi 17 septembre 2013

Du vent et des oiseaux

En septembre, les observateurs d’oiseaux ne s’ennuient jamais. Il y a toujours un groupe d’oiseaux quelque part pour les distraire, peu importe les conditions climatiques. Heureusement, puisque les journées qui se sont succédées durant cette dernière fin de semaine nous ont toutes offertes leurs propres contretemps météorologiques. Mais, avec un peu d’imagination, nous avons réussi à bien intégrer quelques sorties ornithologiques intéressantes malgré ces aléas de la météo et nos autres obligations.

Vendredi matin, c’est sous un brouillard opaque que nous nous sommes dirigés vers les milieux forestiers à la recherche de passereaux. Au début de l’excursion, la visibilité était parfois limitée à moins de 30 mètres, ce qui était loin de nous aider à identifier (ou même de simplement réussir à voir) les oiseaux qui émettaient des « tsips » et des « piifs ». Ce n’est que vers 9 h 00 que le soleil a fini par dissiper le brouillard pour nous permettre de travailler efficacement avec nos yeux!

Nous avons tout de même réussi à voir 44 espèces à La Pocatière ce vendredi 13 septembre entre 7 h 25 et 10 h 15. En voici une partie :
  • 35 Bernaches du Canada
  • 2 Chevaliers solitaires
  • 1 Pic maculé
  • 1 Pic mineur
  • 3 Pics flamboyants
  • 1 Grand Pic
  • 1 Moucherolle phébi – Après être devenu très commun dans la région durant les années 1990, ce moucherolle semble plus localisé depuis le début des années 2010. En 2010, j’avais réussi à observer l’espèce durant 78 journées, mais je suis passé à 46 en 2011 et à seulement 33 journées l’an dernier. J’en suis à 39 journées en 2013 et ça achève… Mes habitudes d’observateur n’ont pourtant pas changé ces dernières années (ceux qui suivent ce blog s’en sont sûrement rendu compte!), une telle baisse ne peut être reliée qu’aux effectifs du phébi.
  • 1 Viréo à tête bleue
  • 2 Viréos aux yeux rouges
  • 20 Geais bleus – De petits groupes étaient visiblement en migration dès que le brouillard s’est dissipé.
  • 3 Merles d’Amérique
  • 1 Moqueur chat
  • 150 Étourneaux sansonnets
  • 1 Paruline noir et blanc
  • 1 Paruline obscure
  • 2 Parulines à joues grises
  • 7 Parulines masquées
  • 3 Parulines flamboyantes
  • 2 Parulines à collier
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 1 Paruline bleue
  • 1 Paruline à couronne rousse
  • 3 Parulines à croupion jaune
  • 3 Parulines à gorge noire
  • 20 Bruants des prés
  • 16 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant de Lincoln – Avec le temps, les rares zones buissonneuses où l’espèce nichait à La Pocatière se sont transformées en jeunes forêts. Ce n’est donc qu’en migration que l’on peut maintenant observer ce bruant sur le territoire pocatois. Bien sûr, il est encore relativement facile à trouver dans les bûchers de l’arrière-pays.
Bruant de Lincoln – La Pocatière – 13 septembre 2013 © Claude Auchu
  • 2 Bruants des marais
  • 14 Bruants à gorge blanche
Des vents du nord-est étaient prévus pour samedi, ce qui est idéal pour une excursion à Rivière-Ouelle en automne. Avec de tels vents, nous savons bien que tout est possible au quai et nous étions prêts à négocier avec les risques de pluie qui étaient également au menu. Cependant, au moment d’aller au lit vendredi soir, la pluie tombait avec une telle force que je n’ai même pas réglé le réveille-matin pour le lendemain! Tout indiquait alors que la matinée de samedi allait tomber… à l’eau. Mais je n’ai dormi que d’un œil et, à 5 h 20 samedi matin, j’étais debout devant le téléviseur à regarder les images satellitaires de MétéoMédia en essayant de faire mes propres prévisions. La masse des précipitations tombées la veille s’était déplacée vers le nord du Nouveau-Brunswick et une autre, qui me semblait plutôt immobile, était au-dessus du parc des Laurentides. À l’extérieur, l’asphalte était sec et il n’y avait pas de brouillard… c’était suffisant pour nous convaincre! Nous avons déjeuné en vitesse et nous voilà en route pour Rivière-Ouelle!
Une fois au quai, le temps était très sombre, mais la visibilité au large était malgré tout excellente. Le vent ne soufflait qu’à 15 km/h du nord-est, mais c’est tout de même bien abrités en bordure d’un rosier que nous avons passé les quatre heures suivantes à tenter d’identifier les nombreux oiseaux poussés par le vent. Vers 8 h 30, une fine pluie s’est mise à tomber mais, avec le mouvement d’oiseaux dont nous étions enfin témoins, nous avons décidé de rester sur place le plus longtemps possible. Lorsque nous avons finalement quitté, la pluie était devenue vraiment persistante. Nous avons été forcés de mettre fin prématurément à notre excursion et à oublier les passereaux dont les déplacements sont souvent influencés, eux aussi, par les vents du nord-est. Presque toutes nos observations ont donc été faites au quai, mais le nombre d’individus pour certaines espèces compense grandement le manque de variété.

Voici un aperçu du petit total de 39 espèces que nous avons rencontrées à Rivière-Ouelle samedi le 14 septembre entre 6 h 10 et 10 h 40 :
  • 3 Oies des neiges
  • 41 Bernaches du Canada
  • 136 Canards noirs
  • 1 Canard colvert
  • 5 Canards pilets
  • 15 Fuligules milouinans
  • 44 Eiders à duvet
  • 64 Macreuses à front blanc
  • 107 Macreuses brunes
  • 3 Macreuses à bec jaune
  • 4 Garrots à œil d’or
  • 1 Perdrix grise – Peu avant d’entrer dans le village dans la pénombre de ce matin nuageux, nous avons vu une Perdrix grise détaler devant nous sur la route 132 et s’envoler tout juste au passage de la voiture. Comme Christiane me l’a fait remarquer, il y en avait possiblement une douzaine d’autres tapies dans le fossé!
  • 508 Plongeons catmarins – Pratiquement tous ces oiseaux se dirigeaient vers l’est en petits groupes comptant jusqu’à une douzaine d’individus, certains très près du quai. S’il s’agit d’un déplacement migratoire comme nous le supposons, il est très hâtif pour une telle quantité d’oiseaux!
  • 14 Plongeons huards – Alors que les catmarins se dirigeaient vers l’est au ras de l’eau, la majorité des Plongeons huards volaient vers l’ouest et souvent à bonne hauteur directement au-dessus du quai.
  • 4 Grèbes jougris
  • 52 Fous de Bassan
  • 1510 Cormorans à aigrettes – Nous avions déjà dépassé les 1000 individus à peine 10 minutes après notre arrivée au quai!
  • 7 Grands Hérons
  • 1 Balbuzard pêcheur – Un balbuzard volait vers le sud-ouest le long du rivage vers 6 h 30. Bien que rare dans la région en automne (et pas beaucoup plus commun au printemps et en été…), c’est une des espèces de rapaces qui semble le moins hésiter à traverser le fleuve dans la région.
  • 1 Courlis corlieu
  • 4 Phalaropes à bec étroit – Ils voltigeaient et se posaient à l’eau au large du quai, devenant alors à peine visibles entre les vagues.
  • 80 Mouettes tridactyles – Un mouvement typique des journées de vents du nord-est! La Mouette tridactyle est vue régulièrement au large du quai de Rivière-Ouelle, mais des vents du nord-est sont nécessaires pour obtenir de telles quantités.
  • 700 Goélands à bec cerclé
  • 65 Sternes pierregarins
  • 1 Labbe parasite – Honnêtement, nous nous attendions à voir plus qu’un seul labbe…
  • 2 Guillemots à miroir
  • 1 Paruline verdâtre – Si un séjour aussi prolongé au quai limite toujours le nombre de passereaux observés, nous avons été ravis de voir une Paruline verdâtre! Elle a été observée irrégulièrement durant une vingtaine de minutes alors qu’elle s’abritait dans les rosiers (qui, justement, nous servaient aussi d’abri contre le vent). La paruline n’avait pas la tête aussi grise que chez celles que nous observons habituellement en octobre, il s’agissait peut-être d’un adulte.
En fin d’après-midi samedi, la pluie avait cessé et les vents étaient tombés. De chez moi, j’imaginais facilement les Mouettes tridactyles et les autres oiseaux déportés depuis l’estuaire qui devaient être en train de redescendre le fleuve. Allait-il en rester quelques-uns pour le lendemain?
Nos plans pour dimanche étaient d’abord d’aller inspecter les limicoles à Kamouraska sur l’heure du midi, mais nous avons décidé de séjourner d’abord à Rivière-Ouelle en espérant terminer l’excursion écourtée la veille. Malheureusement, les vents ont tourné au sud-ouest durant la nuit pour devenir rapidement aussi fort que ceux que nous avons eu à affronter à Kamouraska la semaine dernière. À Rivière-Ouelle, avec ces vents, nous n’avons même pas osé faire la partie forestière qui était pourtant notre but premier. Chez les espèces aquatiques, comme il fallait s’y attendre, les quantités étaient revenues à la normale. Plus tard, à Kamouraska, même partiellement protégés du vent par la situation géographique du site, nous avons dû être constamment sur nos gardes afin que le télescope ne soit pas emporté par les vents soufflants à 35 km/h!

Le temps d’observation de la matinée venteuse du dimanche 15 septembre a été réparti presque également entre Rivière-Ouelle et Kamouraska.

À Rivière-Ouelle entre 6 h 10 et 9 h 40, voici les espèces dont la présence ou la quantité nous ont le plus marqué :
  • 510 Bernaches du Canada – Un groupe de plus de 400 oiseaux se reposait dans un champ.
  • 3 Grèbes esclavons
  • 22 Grèbes jougris – Aidés par le vent, ils fonçaient vers l’est comme de vrais bolides.
  • 1 Busard Saint-Martin – À 7 h 15, un immature est arrivé directement de la rive nord du fleuve en étant fortement ballotté par le vent fort du sud-ouest. Durant nos nombreuses traversées entre Trois-Pistoles et Les Escoumins, il nous est arrivé à plusieurs reprises de voir des busards en plein milieu du fleuve.
  • 35 Pluviers bronzés – Ce beau groupe était posé dans le même champ que les bernaches mentionnées plus haut.
À Kamouraska, les limicoles étaient encore bien visibles, mais les Pluviers argentés et les Bécasseaux maubèches semblaient s’être réfugiés à un autre site. Voici donc une partie de ce que nous avons observé sur le territoire de Kamouraska entre 9 h 50 et 12 h 45 :
  • 9 Urubus à tête rouge – Quatre oiseaux se nourrissaient d’une carcasse de mouffette.
Urubu à tête rouge – Kamouraska – 15 septembre 2013 © Claude Auchu
  • 100 Pluviers argentés
  • 210 Pluviers semipalmés
  • 1 Chevalier solitaire
  • 3 Grands Chevaliers
  • 25 Petits Chevaliers
  • 2 Barges hudsoniennes
  • 1 Bécasseau maubèche
  • 4 Bécasseaux sanderlings
  • 1000 Bécasseaux semipalmés – Il est souvent difficile de compter précisément le nombre de limicoles sur les rivages rocheux comme ceux de Kamouraska, surtout lorsque les oiseaux sont dérangés par le vent, les faucons et les randonneurs. Dimanche matin, la marée qui finissait de monter a concentré les Bécasseaux semipalmés en quelques groupes souvent très denses relativement faciles à évaluer.
Bécasseaux semipalmés – Kamouraska – 15 septembre 2013 © Christiane Girard
 
Bécasseaux semipalmés – Kamouraska – 15 septembre 2013 © Christiane Girard
 
Bécasseaux semipalmés – Kamouraska – 15 septembre 2013 © Christiane Girard
  • 1 Bécasseau minuscule
  • 1 Bécasseau à croupion blanc
  • 2 Bécasseaux à poitrine cendrée
  • 40 Bécasseaux variables
  • 95 Goélands à bec cerclé
  • 275 Goélands argentés – Ces oiseaux étaient presque tous couchés sur l’îlot Julien. Dans la région, il est rare de voir plus de Goélands argentés que de Goélands à bec cerclé entre avril et novembre.
  • 1 Faucon pèlerin
Il est toujours surprenant de voir à quel point le nombre d’oiseaux observés à un même site peut varier selon la direction du vent. Si un vent du nord-ouest (ou du nord-est si vous observez en bordure du fleuve) apporte souvent avec lui une bonne part de nouveautés durant l’automne, un vent du sud-ouest est habituellement synonyme de temps mort. Mais, en fait, c’est plutôt le contraste de température avec la journée précédente qui est le plus important; dix jours de nord-ouest consécutifs n’apporteront pas nécessairement dix jours de nouveautés. Le vent du nord-ouest est provoqué par le passage d’un front froid et les migrateurs, autant les passereaux que les rapaces et les oiseaux aquatiques, suivent de très près ce front. Si, par exemple, à la sortie d’un embouteillage, les automobiles se suivent pare-choc contre pare-choc, la distance entre les voitures augmente lorsque le trafic redevient fluide. Ainsi, plus on est loin du passage du front froid (qui représente l’embouteillage), plus il y a d’espace entre les oiseaux en déplacement.
Si vous avez la chance d’habiter dans un endroit où les migrateurs se concentrent, que ce soit près d’un cours d’eau majeur ou d’un boisé isolé, des sorties régulières par toutes les températures vous permettront rapidement de repérer à l’avance les meilleurs journées.