mardi 7 janvier 2014

Même les mésanges ont eu froid!

Comme partout au Québec, le début de l’année 2014 fut plutôt frisquet dans la région…! Nous avons même eu droit, à La Pocatière du moins, à une petite tempête de neige locale le matin du 1er janvier. Comme il arrive parfois, l’humidité du Saint-Laurent fut poussée par les vents forts et s’est condensée pour retomber en fins flocons le long du fleuve. La visibilité était donc très limitée, sinon nulle, autour de la ville. Mais, de toute façon, c’est par une visite loin à l’intérieur des terres que j’avais prévu débuter mon année ornithologique au lever du jour et je me doutais bien que la tempête de neige n’allait pas me suivre jusque là.
Effectivement, en arrivant à la hauteur du village de Saint-Onésime, pourtant à seulement 5 kilomètres de chez moi, je voyais déjà les lueurs du premier lever de soleil de l’année. Rendu à destination, un autre 5 kilomètres plus loin dans les terres, le ciel était pratiquement sans nuage et les vents étaient nuls! Malheureusement, il semble bien que les oiseaux aient décidé de faire la grasse matinée en ce premier de l’an et je me suis souvent senti bien seul en forêt. C’est dommage, mais cette journée ne passera sûrement pas à l’histoire.

C’est le lendemain, le 2 janvier, que le froid fut le plus mordant à La Pocatière, avec –32°C tôt le matin, la température la plus froide ici depuis bien des années. Les vents étaient cependant très faibles et, bien vêtus durant notre promenade, nous avons décerné à cette journée le titre de plus belle journée de nos vacances des Fêtes! Je trouve toujours intéressant de voir comment les oiseaux se débrouillent dans des conditions aussi froides. Il est certain que notre côté « humain » essaie souvent de prendre le dessus et nous sommes portés à prendre les oiseaux en pitié. Mais il ne faut pas oublier que les oiseaux tentent continuellement d’étendre leur aire de répartition (ce sont d’ailleurs ces oiseaux colonisateurs que nous recherchons continuellement!) et les températures extrêmes sont là pour leur indiquer qu’ils ont peut-être dépassé la limite de leur résistance. D’ailleurs, même les espèces les plus solides doivent s’adapter : nous avons rencontré trois Mésanges à tête noire au plumage très gonflé qui sont demeurées pratiquement immobiles dans un petit buisson lorsque nous sommes passés à moins d’un mètre d’elles. Alors, si des espèces aussi résistantes que les mésanges doivent économiser leurs forces, on peut se demander comment les espèces moins habituées aux grands froids s’y prennent! Pourtant, la majorité semble s’en tirer sans trop de mal. Au cours des jours suivants, lorsque les températures sont revenues plus près des normales de saison, les oiseaux semblaient déjà tous en grande forme.

Voici donc les espèces observées sur le territoire de La Pocatière jeudi le 2 janvier entre 8 h 00 et 12 h 00 :
  • 2 Gélinottes huppées – Elles étaient perchées dans un pommetier, se nourrissant de ses petits fruits.
  • 1 Goéland arctique
  • 2 Pigeons bisets
  • 52 Tourterelles tristes
À –30°C, il vaut peut-être mieux ménager ses énergies!
Tourterelle triste – La Pocatière – 2 janvier 2014 © Claude Auchu
  • 1 Harfang des neiges – Ce harfang a été observé à moins de 800 mètres de la maison où j’ai passé mon enfance. Les centaines de harfangs que j’ai vus à La Pocatière au cours des 30 dernières années l’ont toujours été près du fleuve, c’est le premier que je note dans les champs situés au sud de la ville!
Le voyez-vous, bien haut perché?
Harfang des neiges – La Pocatière – 2 janvier 2014 © Claude Auchu
 
Harfang des neiges – La Pocatière – 2 janvier 2014 © Claude Auchu
  • 3 Pics mineurs
  • 7 Geais bleus
  • 33 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 41 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche – L’espèce est beaucoup moins commune que l’hiver dernier. La majorité des individus vus ici durant l’hiver provient sûrement de l’extérieur de notre région où l’espèce est une nicheuse rare.
  • 60 Étourneaux sansonnets
  • 32 Plectrophanes des neiges
  • 10 Chardonnerets jaunes
  • 3 Moineaux domestiques – Même les moineaux sont difficiles à voir cet hiver!
Une courte excursion samedi le 4 janvier m’a tout juste permis de trouver un Bruant hudsonien à une mangeoire, peut-être celui noté 700 mètres plus loin la semaine dernière. Le Bruant hudsonien est toujours d’une rareté incompréhensible ici en hiver, le Junco ardoisé étant nettement plus régulier.

Pour dimanche, puisque les oiseaux sont rares et dispersés cet hiver, nous avons choisi de faire une tournée des villages situés à l’est de La Pocatière, en espérant trouver quelque part une mine d’oiseaux encore inexploitée! Bien sûr, lorsque l’on passe plus de temps assis dans une voiture qu’à marcher à l’extérieur, le nombre de petits passereaux observés ne peut que demeurer très bas. Mais notre curiosité est satisfaite et nous nous rendons bien compte que c’est lorsque nous sommes vraiment à l’extérieur que le birding est le plus agréable!
Curieusement, ce n’est pas un oiseau qui a provoqué la grosse surprise de la journée, mais plutôt un mur de glace de plus de 15 mètres de hauteur qui s’est accumulé à côté du quai de Rivière-Ouelle! Des vents puissants du nord-est ont poussé des tonnes de glaces vers l’amont et le quai a servi de rempart contre lequel les glaces se sont butées. Il y a quelques années, nous avions vu en direct la formation d’un tel mur, mais de dimensions beaucoup moins impressionnantes. Le tout s’était alors formé en à peine 5 minutes. J’imagine le fracas des glaces lorsqu’elles ont été poussées vers le haut! La force des éléments peut être vraiment effarante!

Finalement, dimanche le 5 janvier, nous avons parcouru à tour de rôle les municipalités de Rivière-Ouelle, Saint-Denis, Kamouraska, Saint-Pascal, Mont-Carmel et Saint-Pacôme, ce qui nous a permis de voir les oiseaux suivants :
  • 5 Grands Harles – Ils étaient présents au quai de Rivière-Ouelle.
  • 5 Perdrix grises – En fin d’avant-midi, ces cinq perdrix se nourrissaient complètement à découvert dans la cour d’une ferme à Rivière-Ouelle. Elles se sont envolées lorsqu’un chat aux ambitions démesurées est sorti de la grange située tout près et a essayé de s’approcher d’elles! Après leur départ, le chat a fait demi-tour et il est retourné dans la grange…
  • 1 Goéland arctique – Observé aux étangs de décantation de Saint-Pascal où un simple petit trou d’eau était libre de glace. Comment a-t-il pu trouver ce site???
  • 31 Pigeons bisets
  • 29 Tourterelles tristes
  • 2 Pics chevelus
  • 2 Pies-grièches grises
  • 25 Geais bleus
  • 23 Corneilles d’Amérique
  • 8 Grands Corbeaux
  • 9 Mésanges à tête noire
  • 2 Roitelets à couronne dorée – Ils étaient en plein centre du village de Saint-Pacôme.
  • 45 Étourneaux sansonnets
  • 43 Plectrophanes des neiges
Les vrais hivers québécois comme ceux que décrivaient nos ancêtres sont de plus en plus rares. Il est normal qu’un hiver comme celui que nous connaissons présentement surprenne ceux qui sont habitués aux petits hivers des dernières années. Certains oiseaux en ont profité pour s’installer à des endroits où leur présence n’était qu’un fantasme il y a 30 ans à peine. Est-ce qu’un changement dans les effectifs des Dindons sauvages, des Troglodytes de Caroline ou encore des Bécassines de Wilson hivernant au Québec sera notable au cours des prochaines années???