mercredi 13 août 2014

Rivière-Ouelle, Jonquière et Les Escoumins

Ça y est, nous voilà enfin en vacances! Ces derniers jours, les circonstances ont fait en sorte que nous avons parcouru les régions qui ont vu naître et se développer notre intérêt pour les oiseaux. Ainsi, la première journée de congé a été réservée pour une autre excursion à Rivière-Ouelle, dans des sites que je fréquente depuis ma plus tendre enfance. Ensuite, nous avons effectué une petite visite au Saguenay, la région natale de Christiane, où nous nous sommes retrouvés dans un des sites où elle a débuté en ornithologie. À ce petit voyage prévu depuis quelques mois, nous avions décidé d’ajouter trois jours aux Escoumins, la région où nous avons passé ensemble ce qui restera sans doute les années ornithologique les plus intenses de nos vies.

Jeudi matin, c’est encore une fois hyper-motivés que nous nous sommes présentés au quai de Rivière-Ouelle au lever du soleil. Les conditions ressemblaient beaucoup à celles de samedi le 2 août avec une visibilité tout juste moyenne, mais des vents pratiquement nuls. De nombreux Plongeons catmarins en ont profité pour se laisser dériver doucement au large, certains lançant les miaulements plaintifs qui leur ont valus le nom de catmarin.
À notre dernière visite, nous avions vu un Balbuzard pêcheur migrer vers le sud-ouest loin au large du quai. Cette fois, c’est un héron se déplaçant de la même façon que nous avons observé. Au premier coup d’oeil, nous avons immédiatement pensé à un bihoreau à cause de sa taille et sa couleur vaguement gris-brun, à ses ailes plutôt courtes et arrondies et au rythme de ses battements d’ailes. Cependant, alors qu’il passait devant nous, ses pattes dépassant nettement le bout de la queue a éliminé la possibilité d’un Bihoreau gris. Alors, que nous reste-t-il? Un Bihoreau violacé serait un choix logique, mais nous sommes trop prudents pour oser identifier une telle rareté vue d’aussi loin! Mais, si vous observez les oiseaux le long du fleuve en amont de Rivière-Ouelle, restez alerte au cas où…

À Rivière-Ouelle, jeudi le 7 août entre 5 h 00 et 11 h 40, nous avons croisé 71 espèces d’oiseaux. En voici un large exemplaire :
  • 2 Canards souchets
  • 145 Eiders à duvet – Les eiders redeviennent enfin plus nombreux à se déplacer devant le quai. Dans quelques semaines, ils seront des milliers à le faire.
  • 8 Macreuses à front blanc
  • 25 Macreuses brunes
  • 108 Plongeons catmarins – Ces oiseaux étaient pratiquement tous posés à l’eau, très peu ont été vus en vol.
  • 4 Plongeons huards
Plongeon huard (Common Loon – Gavia immer)
Rivière-Ouelle – 7 août 2014 © Claude Auchu
  • 1 Grèbe jougris
  • 10 Fous de Bassan
  • 172 Cormorans à aigrettes
  • 49 Grands Hérons
  • 1 Urubu à tête rouge
  • 1 Marouette de Caroline
  • 1 Pluvier argenté
  • 3 Pluviers semipalmés
  • 1 Pluvier kildir
  • 1 Chevelier grivelé
  • 1 Petit Chevalier
  • 1 Courlis corlieu – Il a été entendu à trois reprises durant notre séjour au bout du quai, mais nous n’avons jamais réussi à le voir. Il pourrait bien y avoir eu plus d’un seul oiseau.
  • 2 Phalaropes à bec étroit – Christiane a repéré ces deux petits limicoles nageant au large du quai. L’espèce est présente à chaque année, mais le fleuve est tellement vaste qu’il est souvent difficile de les repérer.
  • 34 Mouettes de Bonaparte
  • 1000 Goélands à bec cerclé
  • 1 Goéland brun – Un immature âgé d’un an.
  • 4 Colibris à gorge rubis
  • 1 Faucon émerillon
  • 8 Moucherolles des aulnes
  • 1 Moucherolle tchébec
  • 1 Viréo mélodieux – Comme pour celui noté à La Pocatière il y a trois semaines, ce mâle chanteur se trouvait dans un endroit que nous inspectons à chacune de nos visites à Rivière-Ouelle. Et il a attendu le 7 août pour se faire entendre!?!
  • 12 Hirondelles rustiques
  • 4 Sittelles à poitrine rousse
  • 5 Grives fauves
  • 2 Grives à dos olive
  • 1 Grive solitaire
  • 1 Moqueur chat
  • 3 Moqueurs roux – Le couple nichant près du quai, dont je n’ai appris l’existence que tout récemment, a produit au moins deux jeunes. Nous avons vu deux juvéniles posés ensemble sur une branche et un adulte leur apportant de la nourriture. Nous avons vu l’adulte traverser la route à deux reprises devant nous en courant comme un « roadrunner » avec le bec plein de nourriture.
  • 3 Parulines obscures
  • 1 Paruline à joues grises
  • 5 Parulines masquées
  • 1 Paruline flamboyante
  • 7 Parulines tigrées – Un beau total pour la date. Nous avons croisé des groupes homogènes de trois et de quatre individus.
Paruline tigrée (Cape May Warbler – Setophaga tigrina)
Rivière-Ouelle – 7 août 2014 © Claude Auchu
  • 4 Parulines jaunes
  • 3 Parulines à croupion jaune
  • 3 Bruants de Nelson – Tout juste en bordure du village, nous avons entendu en même temps trois Bruants de Nelson et un Moineau domestique! Il ne doit pas y avoir beaucoup d’endroits au Québec où ces deux espèces se côtoient!
  • 27 Bruants chanteurs
  • 1 Goglu des prés
  • 1 Tarin des pins – Entendu du bout du quai.
  • 4 Gros-becs errants – Eux aussi ont été entendus depuis le quai, dont un petit groupe de trois oiseaux.
  • 1 Moineau domestique
Vendredi matin, nous avons emprunté le traversier de Rivière-du-Loup pour nous rendre au Saguenay. Cette traverse n’a pas la réputation d’être très riche en oiseaux marins mais, au fil des années, nous avons réussi à voir des Sternes arctiques à quelques reprises (à la fin du printemps) et même un Plongeon du Pacifique! Malheureusement, notre traversée de vendredi le 8 août fut une des plus tranquilles de l’histoire, même les macreuses et les guillemots se sont fait rares. Ce qui m’a encore fait dire : « Ça n’vaut pas le quai de Rivière-Ouelle! ».

Samedi matin, comme à pratiquement toutes nos visites au Saguenay, Christiane m’a amené observer les oiseaux au Parc commémoratif Sir William Price, situé dans son quartier natal. C’est à cet endroit qu’elle a commencé à se familiariser avec les oiseaux. Les parulines ont volé la vedette samedi avec des groupes variés, mais souvent difficiles à suivre. Les quantités notées religieusement par Christiane ne représentent sûrement qu’une petite fraction des oiseaux présents sur place.

Voici en partie ce que nous avons pu observer à Jonquière samedi le 9 août dernier :
  • 4 Pics mineurs
  • 6 Pics chevelus
  • 5 Pics flamboyants
  • 1 Viréo de Philadelphie
  • 15 Viréos aux yeux rouges
  • 20 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Paruline couronnée
  • 23 Parulines obscures
  • 2 Parulines à joues grises
  • 5 Parulines flamboyantes
  • 4 Parulines tigrées
  • 15 Parulines à poitrine baie – Une belle présence qui me rappelle un peu ce que j’observais à La Pocatière au début des années 1980. Depuis, comme pour bien d’autres espèces néotropicales, le nombre d’individus est à la baisse dans ma région. Il est tout de même rassurant de voir qu’il y en a encore ailleurs dans la province!
  • 3 Parulines à flancs marron
  • 5 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline du Canada
Il y a une vingtaine années, un ami de Christiane s’était rendu compte qu’il pouvait être facile de repérer des Hiboux moyens-ducs au Saguenay-Lac Saint-Jean à la fin de l’été. La nuit tombée, il suffit simplement d’effectuer des points d’écoute à l’orée de forêts près des milieux champêtres. Il est alors possible d’entendre de jeunes moyens-ducs réclamer à grands cris de la nourriture à leurs parents. Samedi soir, nous nous sommes donc retrouvés dans le rang « des bobettes » (les ornithologues du Saguenay connaissent l’endroit…). En sortant de la voiture, Christiane a poussé une série de « hooooot », imitant ainsi l’appel d’un adulte. Aussitôt, deux jeunes moyens-ducs ont signalé leur présence en lançant des « ki-hîîî » caractéristiques. C’est aussi simple que ça! Nous avons déjà essayé à quelques reprises cette technique très simple dans la région de La Pocatière, mais sans résultat. Je suis peut-être simplement trop diurne pour ce type d’observation… Ma dernière rencontre avec un Hibou moyen-duc remonte au 21 novembre 2002, lorsque notre ami Renaud en avait trouvé un à Tadoussac.

Dimanche matin, nous avons pris la route pour la Haute-Côte-Nord, une région où nous avons observé les oiseaux à satiété durant plusieurs années. Nous y avons bien fait quelques visites rapides ces dernières années, mais c’est la première fois que nous prenons le temps de retrouver les sites où nous avons passé de si belles années.

Dimanche le 10 août, c’est bien sûr à Tadoussac que nous avons effectué notre premier arrêt. Une visite rapide dans le village et sur les dunes nous ont permis de voir :
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de troisième année.
  • 4600 Mouettes de Bonaparte – En se nourrissant, ces milliers d’oiseaux émettent de curieux grognements; nous les surnommions nos p’tits cochons.
  • 2 Mouettes pygmées – Deux adultes accompagnaient les p’tits cochons.
  • 1 Bec-croisé des sapins – Un mâle immature chantonnait au sommet d’un mélèze en bordure de l’Hôtel Tadoussac.
Nous avons ensuite continué jusqu’aux Escoumins pour une halte de quelques jours. Nous avons habité les Escoumins durant quelques années et nous avions bien hâte de replonger dans l’ornithologie locale. Dès notre arrivée, chaque coup d’œil au village ou au paysage environnant ramenait des souvenirs à notre esprit, créant des sensations vraiment étranges. Mais, rapidement, les oiseaux ont repris le dessus et les beaux souvenirs les impliquant se sont imposés. Nous avons revisité les sites où nous avons trouvé une Grive litorne, un Tyran de l’Ouest, un Pluvier grand-gravelot, trois Mouettes blanches, deux Goélands cendrés, un Bruant à joues marron, un Bruant de Le Conte (dans un bûché!), deux Traquets motteux et bien d’autres.

Nos premières heures aux Escoumins nous ont permis de voir, selon les décomptes de Christiane, :
  • 3200 Mouettes tridactyles
Mouettes tridactyles  (Black-legged Kittiwakes – Rissa tridactyla)
et Mouettes de Bonaparte (Bonaparte’s Gulls – Chroicocephalus philadelphia)
Les Escoumins – 10 août 2014 © Claude Auchu
  • 6000 Mouettes de Bonaparte – Une seule centaine de Mouettes de Bonaparte dans la région de La Pocatière serait un événement!
  • 2 Mouettes pygmées – Deux immatures en mue vers leur plumage de 2e hiver.
Mouette pygmée (Little Gull – Hydrocoloeus minutus) immature en mue vers son plumage de 2e hiver
et Mouettes de Bonaparte (Bonaparte’s Gulls – Chroicocephalus philadelphia)
Les Escoumins – 10 août 2014 © Claude Auchu
  • 1 Goéland brun – Un adulte
Le Bec-en-ciseaux noir présent aux Escoumins de mercredi à vendredi semble être retourné dans ma région, il a été observé à Kamouraska samedi le 9 août. Il serait intéressant que le maximum de photos de l’espèce prises au Québec depuis trois semaines soit rassemblées et scrutées en détail afin de permettre de chercher des concordances et vérifier combien d’oiseaux différents sont impliqués.

La table était donc mise pour les prochains jours. Nous avons remué Les Escoumins dans tous les sens afin de voir à quel point les oiseaux ont changé durant la dernière décennie. Un autre message suivra dans les prochains jours pour détailler nos observations des espèces terrestres comme celles des espèces aquatiques.