mardi 16 septembre 2014

Les insectivores cèdent déjà la place aux granivores

Ça y est, nous sommes vraiment en automne! Je suis certain que tout le monde (y compris les oiseaux) s’en est rendu compte durant cette dernière fin de semaine! Le mercure variant entre 2 et 13°C samedi et dimanche, sans compter les vents modérés du nord-est, nous aura rappelé que, malgré la température souvent douce du début de septembre, l’été est bel et bien derrière nous. Pour nous, observateurs d’oiseaux, tout celà signifie aussi que tout est maintenant possible et que le nombre d’oiseaux rencontrés hors de leur aire normale sera très élevé au cours des deux prochains mois… il ne nous reste plus qu’à les trouver! D’ailleurs, j’aimerais bien connaître le pourcentage d’individus des différentes espèces qui errent d’une façon ou d’une autre après la saison de nidification. Lorsque l’on trouve, par exemple, un Moucherolle à ventre roux en septembre, on sait bien qu’il arrive de la moitié ouest du continent. Par contre, si c’est un simple Moucherolle phébi qui est rencontré, on considère sans trop y penser qu’il provient simplement de la population nicheuse locale. C’est probablement vrai, mais pourquoi ne proviendrait-il pas de la Saskatchewan? Le vagabondage chez les oiseaux, à petite comme à grande échelle, est sûrement plus courant qu’on ne le pense.

Nous avons profité de notre mieux de cette première fin de semaine vraiment automnale. Après le passage du front froid qui a fait tourner les vents au nord-ouest jeudi soir, nous étions certains que de nouveaux oiseaux avaient atteint la région et c’est avec fébrilité que nous sommes allés à leur rencontre. Nous avons débuté notre fin de semaine à Rivière-Ouelle. Le beau vent frais qui soufflait du nord-est au quai samedi matin nous promettait déjà une belle récolte. Bien installés sur le quai (ou tout près, selon la force du vent…), nous avons scruté le large durant plus de quatre heures à compter les nombreux oiseaux en déplacement. Par la suite, l’inspection des autres sites de Rivière-Ouelle à la recherche de passereaux n’aura pas été aussi productive que nous l’aurions souhaitée. N’eut été d’un bel arrivage de Bruants à gorge blanche qui, eux aussi, ont bien ressenti la baisse subite des températures, notre tournée forestière aurait été bien moyenne. Est-ce que les passereaux insectivores ont déjà tous quitté la région? Sûrement pas, mais samedi midi, les parulines et viréos étaient bien peu actifs à Rivière-Ouelle!

La sortie à saveur d’octobre de samedi le 13 septembre s’est déroulée à Rivière-Ouelle entre 5 h 50 et 13 h 40 (soit durant près de huit heures!) pour nous procurer 64 espèces, surtout aquatiques. En voici une partie :
  • 650 Oies des neiges – Avec le passage marqué des premières migratrices, les oies qui ont séjourné dans la région durant l’été attirent moins l’attention.
  • 785 Bernaches du Canada
  • 1 Canard d’Amérique
  • 78 Canards noirs
  • 460 Canards colverts – La majorité de ces oiseaux n’étaient pas en migration, mais plutôt rassemblés à un site d’alimentation.
  • 3 Canards souchets – Ces trois canards se déplaçaient devant le quai en compagnie d’un Fuligule milouinan et de 5 Macreuses brunes. Étranges compagnons de voyages pour cette espèce des étangs d’eau douce!
  • 42 Canards pilets
  • 95 Sarcelles d’hiver
  • 13 Fuligules milouinans
  • 1 Petit Fuligule
  • 14 Eiders à duvet – Seulement! J’ai pourtant déjà vu de belles bandes d’eiders en déplacements automnaux (migratoires ou de mue) entre la mi-juin et le début de janvier!
  • 55 Macreuses à front blanc
  • 86 Macreuses brunes
  • 3 Macreuses à bec jaune
  • 3 Garrots à œil d’or
  • 29 Plongeons catmarins
  • 5 Plongeons huards
  • 2 Grèbes esclavons
  • 7 Grèbes jougris
  • 1 Fou de Bassan
  • 775 Cormorans à aigrettes
  • 32 Grands Hérons
  • 2 Urubus à tête rouge
  • 1 Balbuzard pêcheur – Il se déplaçait vers le sud-ouest en longeant le rivage, probablement après avoir traversé le fleuve en profitant des bons vents de la veille.
  • 3 Pluviers argentés
  • 110 Pluviers semipalmés
  • 1 Chevalier grivelé
  • 4 Grands Chevaliers
  • 2 Bécasseaux variables
  • 1 Bécasseau de Baird – Toujours rare ou, à tout le moins, difficile à trouver dans la région.
Bécasseau de Baird (Baird’s Sandpiper – Calidris bairdii)
Rivière-Ouelle – 13 septembre 2014 © Claude Auchu
  • 2 Bécasseaux minuscules
  • 200 Bécasseaux semipalmés
  • 1 Labbe parasite
  • 1 Guillemot à miroir
  • 1 Mouette de Bonaparte
  • 500 Goélands à bec cerclé
  • 4 Sternes pierregarins
  • 2 Pics flamboyants
  • 3 Faucons émerillons – Avec ces petits monstres dans les parages, les bécasseaux et pluviers sont rarement tranquilles!
  • 1 Faucon pèlerin
  • 1 Alouette hausse-col – Notre première migratrice pour cette espèce qui est maintenant une nicheuse rare dans la région.
  • 2 Roitelets à couronne rubis
  • 1 Moqueur chat
  • 2 Pipits d’Amérique
  • 1 Paruline obscure
  • 6 Parulines masquées
  • 1 Paruline flamboyante
  • 3 Parulines à croupion jaune
  • 75 Bruants à gorge blanche
La pluie qui a commencé à tomber samedi soir s’est poursuivie de façon intermittente jusqu’au lendemain matin. Une fois de plus, nous avons dû remettre à plus tard la sortie aux passereaux prévue pour dimanche. Après la pluie, plutôt que de chercher des passereaux dans les buissons détrempés, nous avons opté à contrecœur pour une promenade à Kamouraska. Curieusement, le passage de ce nouveau front froid a aidé les oiseaux à quitter la région, mais ne semble pas en avoir amené d’autres pour les remplacer! Sauf pour un Colibri à à gorge rubis presque tardif à Kamouraska, cette sortie aura été pratiquement inutile.
Finalement, nous nous sommes retrouvés à Rivière-Ouelle (encore?) où nous nous sommes contentés des quelques oiseaux qui bougeaient encore en ce milieu d’avant-midi. C’est dommage qu’il y ait eu si peu d’activité car la visibilité au large était tout simplement parfaite. J’ai même pu travailler longuement avec l’oculaire du télescope poussé à 60X sans ressentir aucune fatigue! Nous avons même réussi à identifier des oiseaux que nous perdions parfois de vue à cause de la courbure de la Terre!!! Nous avons quitté le site un peu déçus de notre résolte, mais il faut tout de même signaler qu’un Labbe parasite juvénile a presque survolé le quai.
À chaque automne, en septembre, je vis un petit deuil lorsque je m’aperçois que je ne reverrai plus certaines espèces avant le printemps suivant. Pour 2014, je peux déjà dire adieu aux Martinets ramoneurs, à plusieurs espèces de parulines, aux Empidonax,… à moins qu’un retardataire arrivant d’on ne sait où vienne nous surprendre!