mardi 30 septembre 2014

Un fulmar? Peut-être...

C’est presqu’en pleine canicule que nous avons traversé la dernière fin de semaine de septembre. Le mercure a grimpé jusqu’à 26°C dimanche après-midi, aidé par des vents du sud-ouest soufflant jusqu’à 60 km/h. Si de telles périodes permettent aux oiseaux en migration de faire une pause (à cause des vents contraires) et de se nourrir facilement, elles n’aident pas vraiment les observateurs qui, eux, recherchent justement les oiseaux en mouvement. D’un autre côté, personne ne peut se plaindre que le froid aura nuit à ses excursions! C’est donc ce que nous avons fait : profiter du temps doux pour chercher les oiseaux qui étaient en pause dans notre région, en essayant d’oublier que ces belles conditions nuisaient peut-être à nos recherches.

La matinée de samedi, passée à explorer Rivière-Ouelle, aura tout de même été très profitable. À ce moment, une très légère brise soufflait en prédominance du nord-ouest et encourageait les oies et les cormorans à migrer en grande quantité. En commençant la journée au bout du quai en compagnie de Jean-François Rousseau, nous avons trouvé vraiment étrange de sentir un vent du nord-ouest aussi chaud à la fin de septembre. La visibilité au large en a cependant souffert et nous aurions souhaité avoir une netteté aussi parfaite qu’il y a deux semaines. Heureusement, la majorité des migrateurs passaient tout près… et même derrière nous.

C’est un total plus que satisfaisant de 65 espèces que nous avons rencontrées à Rivière-Ouelle samedi le 27 septembre entre 5 h 55 à 13 h 15. En voici une liste partielle :
  • 6300 Oies des neiges
  • 1 Oie de Ross – Un bel adulte accompagnait un groupe de 1800 Oies des neiges en pause dans une petite baie tranquille. Cet oiseau avait un bec vraiment minuscule. Depuis quelques années, je vois souvent des photos d’Oies de Ross ayant un bec d’une taille qui me laisse fort perplexe. Est-ce que les gènes d’Oie des neiges résultant des nombreux cas d’hybridation sont en train de faire « pousser » le bec des Oies de Ross? D’ailleurs, après combien de générations une Oie de Ross ayant une Oie des neiges parmi ses ancêtres peut être considérée comme une vraie Oie de Ross???
  • 630 Bernaches du Canada
  • 59 Fuligules milouinans – Dans la région, les milouinans migrateurs atteignent toujours un pic d’abondance durant les derniers jours de septembre.
  • 12 Eiders à duvet
  • 11 Macreuses à front blanc
  • 35 Macreuses brunes
  • 17 Macreuses à bec jaune
  • 2 Garrots à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 98 Plongeons catmarins – Ce total nous a un peu surpris. Les oiseaux se déplaçaient vers le sud-ouest seuls ou en petits groupes comptant jusqu’à une dizaine d’individus, mais nous n’avions pas réalisé que nous en avions vu autant.
  • 5 Plongeons huards
  • 5 Grèbes jougris
Grèbes jougris (Red-necked Grebes – Podiceps grisegena)
Rivière-Ouelle – 27 septembre 2014 © Claude Auchu
  • 1820 Cormorans à aigrettes – Les cormorans sont des migrateurs abondants dans la région de la mi-septembre à la mi-octobre. Fait intéressant, les plus grosses bandes passent souvent au-dessus des terres derrière nous. Ils volent de l’anse Saint-Denis, à l’est, à la Petite Anse, à l’ouest, plutôt que de contourner la pointe Saint-Denis, la pointe aux Orignaux (où se trouve le quai) et la pointe aux Iroquois. Installés au quai, il faut jeter de fréquents coups d’œil à l’arrière pour ne pas les manquer!
Cormorans à aigrettes (Double-crested Cormorants – Phalacrocorax auritus)
Rivière-Ouelle – 27 septembre 2014 © Claude Auchu
  • 40 Grands Hérons – Un excellent total pour la date!
  • 1 Uurubu à tête rouge
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 4 Éperviers bruns – Ces quatre éperviers volaient ensemble, un rassemblement plutôt rare pour cette espèce peu commune dans la région en automne.
  • 1 Grue du Canada – Alertés par ses cris retentissants, nous avons pu voir la grue quitter la rive sud et s’aventurer au-dessus du fleuve vers Charlevoix. Cette espèce en expansion est encore tout juste annuelle dans la région. Il y a deux ans presque jour pour jour, nous avions vu une autre grue pratiquement au même endroit.
  • 6 Pluviers bronzés
  • 2 Petits Pingouins – Une douzaine d’autres gros alcidés circulant trop loin devant le quai n’ont pu être identifier en raison de la convection, mais appartenaient probablement à cette espèce.
  • 1 Guillemot à miroir
  • 4 Pics mineurs
  • 4 Crécerelles d’Amérique
  • 1 Faucon émerillon
  • 4 Faucons pèlerins – Il est toujours agréable de voir ces gros faucons, même si leur présence ne provoque plus de commotion comme à mes débuts en ornithologie.
  • 128 Alouettes hausse-col
  • 20 Mésanges à tête noire
  • 9 Sittelles à poitrine rousse
  • 2 Grimpereaux bruns
  • 8 Roitelets à couronne dorée
  • 12 Roitelets à couronne rubis
  • 170 Étourneaux sansonnets
  • 8 Pipits d’Amérique
  • 1 Paruline noir et blanc
  • 1 Paruline masquée
  • 1 Paruline à collier
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 1 Paruline à couronne rousse
Paruline à couronne rousse (Palm Warbler – Setophaga palmarum)
Rivière-Ouelle – 27 septembre 2014 © Claude Auchu
  • 28 Parulines à croupion jaune
  • 10 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant des marais
  • 17 Bruants à gorge blanche
  • 6 Bruants à couronne blanche
  • 2 Juncos ardoisés
  • 7 Quiscales rouilleux
  • 2 Roselins pourprés
  • 1 Tarin des pins
  • 5 Chardonnerets jaunes
Vers 8 h 15 samedi matin, Christiane et moi avons repéré au même moment un oiseau se déplaçant très loin au large du quai avec un « jizz » particulier qui a attiré notre attention. Au premier coup d’œil et à cause de la convection qui nuisait à la visibilité, nous avons pensé tous deux à un simple goéland, mais il volait en ligne droite avec des battements d’ailes peu amples en prenant un peu d’altitude avant de redescendre au raz de l’eau, toujours avec les mêmes coups d’ailes. À aucun moment nous l’avons vu glisser avec les ailes coudées comme le font couramment les goélands. Intriguée, Christiane m’a demandé : « C’est un goéland, ça? ». Lorsque je lui ai répondu : « Ça me fait plutôt penser à un fulmar! », nous avons ressenti une forte poussée d’adrénaline comme seuls les oiseaux semblent capables de provoquer! Nous avons rapidement pointé l’oiseau à Jean-François qui a pu suivre, comme nous, les déplacements de l’oiseau vers le sud-ouest. Lorsque l’oiseau se mettait à planer, il se tournait face au léger vent du nord-ouest (et, donc, dos à nous) et devenait alors complètement invisible jusqu’à ce qu’il retourne de profil en recommençant à battre des ailes. Même de loin, il était possible de voir que notre oiseau avait les dessous blancs et le dessus gris pâle comme la majorité de nos laridés. À notre avis, s’il s’agissait d’un goéland, sa queue blanche brillant au soleil aurait normalement dû être facile à voir lorsque l’oiseau nous faisait dos. Si, par contre, nous avions affaire à un fulmar, il est bien possible que sa queue du même ton de gris que le dessus des ailes reste invisible. Nous n’aurons malheureusement jamais de confirmation de son identité, mais la possibilité d’un Fulmar boréal n’est pas farfelue. Il existe cinq mentions de l’espèce dans la région (dont quatre faites à partir du quai!) : une en août, une en septembre, deux en octobre et une en novembre.

Le vent du sud-ouest qui balayait la région dimanche n’annonçait rien de bon pour notre sortie à vélo. Nous avons malgré tout pris la route avant même le lever du soleil et, à notre grande surprise, le ciel était rempli de petits passereaux qui descendaient en vitesse vers le sol. Les retrouver par la suite était cependant très difficile et, malgré tous nos efforts, les oiseaux inscrits sur notre liste ne représentent qu’une infime portion de ce que nous avons entrevus. La majorité de ces oiseaux nous ont semblé être des Parulines à croupion jaune, mais comment en être certains? Avec le vent qui agitait les feuilles encore accrochées aux arbres, il était bien sûr impossible de les entendre crier. Notre promenade fut donc plus courte que prévue, mais voir tous ces passereaux automnaux sous une température estivale aura été une belle consolation.

Voici une partie des 40 espèces que nous avons croisées à La Pocatière entre 6 h 15 et 11 h 30 dimanche le 28 septembre :
  • 1 Canard branchu
  • 100 Sarcelles d’hiver – Une centaine de ces petits canards étaient rassemblés dans un étang en bordure d’un boisé.
  • 10 Urubus à tête rouge
  • 1 Grand Pic
  • 2 Moucherolles phébis
  • 9 Geais bleus
  • 80 Corneilles d’Amérique
  • 31 Mésanges à tête noire
  • 12 Sittelles à poitrine rousse – Cet automne, les conifères sont bien garnis de cônes et les sittelles sont là pour en profiter!
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 10 Roitelets à couronne dorée
  • 1 Grive solitaire
  • 2 Parulines masquées
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 41 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à gorge noire
  • 5 Bruants familiers
  • 6 Bruants des prés
  • 46 Bruants chanteurs
  • 2 Bruants de Lincoln
  • 41 Bruants à gorge blanche
  • 9 Bruants à couronne blanche
  • 3 Quiscales rouilleux
Après cette intermède estivale, l’automne est revenu en force dès lundi matin. Nous n’étions pas en mesure d’en profiter, mais les populations d’oiseaux de la région auront sûrement bien changé avant samedi prochain. J’ai déjà hâte de voir à quel point!