mardi 30 décembre 2014

Plongeon huard, Macreuse à bec jaune et Bécasseau violet à la fin de décembre!

Comme il se doit, nous étions fin prêts pour partir à la recherche des oiseaux durant le long congé des Fêtes. Les nombreuses averses de pluie, pour ne pas dire les orages, qui sont tombées sur la région durant la majeure partie des 24 et 25 décembre nous ont quelque peu ralenti, mais nous avons profité des accalmies tôt le matin pour patrouiller les alentours de la maison. Avec le redoux qui a persisté durant près d’une semaine, j’avais souvent en tête la possibilité de voir un oiseau inattendu surgir devant nous à tout moment. Depuis que j’observe les oiseaux, il m’est arrivé à plusieurs reprises durant un redoux hivernal de voir apparaître une espèce que je croyais pourtant absente de la région. Est-ce que ces oiseaux étaient présents discrètement dans la région et le froid saisonnier m’empêchait simplement de les repérer en réduisant la durée de mes excursions? À moins qu’ils étaient en dehors de ma région et que le temps doux les a encouragé à agrandir leur territoire, ce qui les a ramené dans mon secteur? Peu importe, de telles surprises sont toujours très appréciées!
Nous avons dû attendre la matinée du 26 décembre avant de pouvoir enfin mettre le nez à l’extérieur sans risque de se faire tremper. Un vent puissant soufflait du sud-ouest mais, installés dans un endroit bien abrité, nous avons enfin pu nous concentrer sur les oiseaux et non sur ce qui tombait du ciel.
Vendredi le 26 décembre, une courte sortie entre 8 h 00 à 10 h 40 sur le territoire de La Pocatière nous a fourni ces 18 espèces :
  • 1 Bernache du Canada – Un oiseau trouvé la veille était encore présent exactement au même endroit. Le 26 décembre était déjà ma date la plus tardive pour la bernache dans la région.
  • 1 Goéland arctique
  • 1 Goéland marin
  • 14 Pigeons bisets
  • 1 Harfang des neiges
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 2 Corneilles d’Amérique
  • 5 Grands Corbeaux
  • 11 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 2 Troglodytes de Caroline – Profitant du temps doux, les deux oiseaux étaient particulièrement actifs près de leur mangeoire préférée. Il s’agit de toute évidence d’un mâle et d’une femelle puisque l’espèce est territoriale durant toute l’année et que le couple est uni pour la vie. Espérons qu’ils réussiront à survivre à l’hiver… il serait intéressant de suivre les étapes de nidification de ces drôles d’oiseaux!
  • 100 Étourneaux sansonnets
  • 1 Jaseur boréal
  • 2 Durbecs des sapins
  • 4 Becs-croisés bifasciés
  • 20 Tarins des pins
Samedi matin, les grands vents ayant légèrement faiblis et tournés à l’ouest, nous nous sommes dirigés vers Rivière-Ouelle dès le lever du jour. Le fleuve pratiquement libre de glace à cette date était plutôt surprenant, mais non sans précédent. En fait, les seules glaces visibles étaient celles quittant le rivage à la faveur de la marée baissante. Bien sûr, les Phoques du Groenland si en évidence sur les glaces la semaine dernière étaient devenus complètement invisibles. Nous avions donc devant nous un beau grand fleuve vide, il ne nous restait qu’à trouver des oiseaux pour le remplir!
Comme je l’ai déjà écrit, le fleuve au large de Rivière-Ouelle n’est pas vraiment un endroit où s’alimentent les oiseaux. Il y a bien certaines espèces qui s’en accommodent, comme les nombreuses Macreuses à bec jaune qui se rassemblent par milliers à l’ouest du quai à la fin d’avril. Mais, à Rivière-Ouelle, ce qui est le plus frappant chez les oiseaux est plutôt de les voir se déplacer en si grands nombres, souvent relativement près du quai. Ainsi, en dehors des périodes de migration massive et plus particulièrement en hiver, il faut presque un coup de chance pour réussir à voir un simple canard même lors des journées les plus douces. Nous étions prêts à tenter la chance!

À Rivière-Ouelle, samedi le 27 décembre entre 7 h 20 et 11 h 10, dont deux heures à scruter le large à partir du quai, nous avons trouvé les 21 espèces suivantes :
  • 11 Eiders à duvet – Leur présence à cette date est normale, même si la marée baissante et le vent de l’ouest ne leur étaient pas vraiment favorables. Ces 11 oiseaux se dirigeaient vers le sud-ouest.
  • 9 Grands Harles – Ce sont les seuls canards dont j’ai pu confirmer l’hivernage complet à Rivière-Ouelle. Pour réussir, il leur faut négocier avec les glaces et les marées. Les harles doivent sûrement s’envoler pour changer de place même en pleine nuit. Tout un défi!
  • 2 Plongeons huards – Ces deux oiseaux établissent une nouvelle date de présence tardive pour moi dans la région.
  • 6 Guillemots à miroir – Même ces alcidés, pourtant réguliers en hiver tout juste de l’autre côté du fleuve, peuvent être considérés comme tardifs de ce côté-ci!
  • 5 Goélands argentés
  • 10 Goélands arctiques
  • 2 Goélands bourgmestres
  • 19 Goélands marins
  • 2 Pigeons bisets
  • 6 Tourterelles tristes
  • 3 Harfangs des neiges – Avec deux autres individus vus à La Pocatière cette même journée, la facilité à trouver des harfangs dans la région ressemble de plus en plus aux belles années 1980-90!
  • 1 Pic chevelu
  • 2 Geais bleus
  • 15 Corneilles d’Amérique
  • 19 Grands Corbeaux
  • 3 Mésanges à tête noire
  • 280 Étourneaux sansonnets
  • 2 Sizerins flammés
  • 8 Tarins des pins
  • 8 Gros-becs errants
En quittant Rivière-Ouelle, nous avons fait un petit détour par Saint-Pacôme juste au cas où… Pas de grosse surprise, mais nous y avons tout de même trouvé trois Roselins familiers qui se nourrissaient dans un pommetier en compagnie d’un petit groupe de Gros-becs errants. Les Roselins familiers sont toujours insaisissables dans la région, les populations victimes d’épidémies ayant commencé à diminuer tout juste au moment où l’espèce s’implantait comme nicheur dans la région. Je crois même n’avoir jamais vu cette espèce à Saint-Pacôme auparavant!

Nous n’avons pu résister à la tentation de retourner à Saint-Pacôme dimanche matin, afin de faire une tournée plus complète du village. Une partie des oiseaux vus la veille, dont les trois Roselins familiers, sont demeurés introuvables, une autre preuve qu’ils sont vraiment libres de leurs mouvements et que c’est à nous de nous adapter. Nous en avons été quitte pour une belle promenade à travers le village sous une étrange petite brume.

Nous avons terminé notre randonnée avec seulement 14 espèces récoltées sur le territoire de Saint-Pacôme dimanche le 28 décembre entre 7 h 50 et 10 h 10 :
  • 41 Tourterelles tristes
  • 1 Pic chevelu
  • 12 Geais bleus
  • 9 Corneilles d’Amérique
  • 1 Grand Corbeau
  • 26 Mésanges à tête noire
  • 8 Sittelles à poitrine rousse – Le village est bordé au sud par une belle forêt de conifères où les Sittelles à poitrine rousse semblent trouver leur compte.
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 22 Étourneaux sansonnets
  • 1 Jaseur boréal
  • 4 Durbecs des sapins
  • 11 Sizerins flammés
  • 34 Tarins des pins
  • 4 Gros-becs errants
En quittant Saint-Pacôme, nous nous sommes retrouvés presque accidentellement au quai de Rivière-Ouelle. En moins de 90 minutes, nous avons trouvé 17 espèces sur un superbe fleuve sans aucune vague! En voici une partie :
  • 1 Macreuse à bec jaune – Un mâle vu posé à l’eau et en vol loin au large établi un autre record de départ automnal dans mon livre, par une journée. Où était-elle cachée la semaine dernière lorsque le fleuve était presque figé sous les glaces?
  • 1 Harelde kakawi – Un autre canard dont la présence est inhabituelle à Rivière-Ouelle aussi tard en décembre. Je me souviens avoir vu un autre oiseau tardif à La Pocatière le 24 décembre 1995.
  • 6 Grands Harles
  • 1 Bécasseau violet – En arrivant au quai, fidèles à notre habitude, nous sommes allés jeter un coup d’œil sur les rochers bordant son extrémité. À ma grande surprise, un Bécasseau violet se reposait sur les rochers libres de toute glace! Aussi surpris que moi, il s’est envolé vers le large en criant avant que j’aie eu le temps de sortir l’appareil-photo. La présence de cette espèce à Rivière-Ouelle se prolonge rarement au-delà de la première semaine de décembre.  On sait maintenant que ce solide limicole hiverne en grand nombre dans les îles au large de l’embouchure du Saguenay (328 oiseaux ont d’ailleurs été comptés sur l’île aux Fraises le 17 février dernier – c’est à une trentaine de kilomètres du quai de Rivière-Ouelle!), mais les glaces limitent sûrement sa présence le long de la rive sud du fleuve au plein cœur de l’hiver. Il serait par contre très intéressant de pouvoir inspecter le pourtour des îles Pèlerin, situées à seulement trois kilomètres au large de Saint-André-de-Kamouraska…
  • 14 Goélands arctiques
  • 2 Goélands bourgmestres
Goéland bourgmestre (Glaucous Gull – Larus hyperboreus)
Rivière-Ouelle – 28 décembre 2014 © Claude Auchu
  • 5 Goélands marins
  • 40 Pigeons bisets
  • 12 Tourterelles tristes
  • 1 Harfang des neiges
Harfang des neiges (Snowy Owl – Bubo scandiacus)
Rivière-Ouelle – 28 décembre 2014 © Claude Auchu
Pour compléter cette sortie, nous avons aussi observé une Buse pattue à La Pocatière, elle nous avait été signalée la veille par notre ami Bernard. Dans la région, la pattue hivernait avec beaucoup plus de régularité durant les années 1980.

Ce résumé de nos premières journées de vacances ressemble énormément à ce qu’aurait dû être le début de décembre, avec la rencontre des derniers migrateurs automnaux. Le froid reprendra sa place au cours des prochains jours.