mardi 26 mai 2015

Goélands (beaucoup!), parulines et orioles

À la fin de mai, les observateurs d’oiseaux n’ont que l’embarras du choix. Chaque habitat abrite maintenant ses spécialités, les vagues de migrateurs continuent à se succéder, les mâles chanteurs sont particulièrement exubérants… mais les journées ne contiennent encore que 24 heures pour en profiter! C’est à nous de trouver la façon la plus efficace d’utiliser les heures disponibles.
Pour la fin de semaine des 23 et 24 mai, nous avons choisi, encore une fois, de parcourir certains des sites que nous connaissons le mieux. Il est toujours tentant de sortir de nos habitudes et de visiter d’autres sites qui cachent sûrement leurs parts de surprises mais, puisque nous n’avons que deux journées par semaine pour chercher nos oiseaux, nous préférons faire moins de route et plus de birding! Cette fin de semaine allait donc ressembler aux dernières : Rivière-Ouelle le samedi et La Pocatière le dimanche!

La matinée de samedi s’annonçait fraîche avec de faibles possibilités d’averses. En sortant de la maison à 4 h 50, le mercure n’indiquait que 2°C et un petit vent frisquet soufflait du nord. Un colibri qui avait peut-être survécu difficilement à la nuit butinait déjà les fleurs d’un cerisier dans la semi-obscurité. En route pour Rivière-Ouelle, nous avons remarqué avec surprise qu’un tapis de neige recouvrait les hautes terres situées au sud de La Pocatière! Étrangement, il n’y avait aucune trace de neige sur la rive nord du fleuve, même sur les plus hauts sommets de Charlevoix!?!
En bordure du fleuve, la température était peut-être légèrement plus chaude, assez pour que les précipitations soient restées sous forme liquide. Une fois à destination, nous avons pu bénéficier d’une visibilité souvent excellente et de vents de force variable provenant du nord. Bien installés au bout du quai, nous avons passé quatre heures à scruter le large, mais aussi les rivages où les goélands étaient présents en quantités surprenantes.
Par la suite, dans le circuit que nous empruntons à chacune de nos visites à Rivière-Ouelle, nous avons rencontré un attroupement de goélands comme je n’en avais encore jamais vu dans la région. Un rassemblement compact d’au moins 3000 laridés s’entassaient au bout d’une pointe rocheuse en attendant que la marée baisse! Comme les 1000 autres laridés vus plus tôt près du quai, ces oiseaux semblaient déjà repus. Certains se promenaient avec des poissons dans le bec, mais nous n’en avons pas vu un seul les avaler! Nous sommes présentement dans la période de fraie du Capelan et, même si les populations de ce petit poisson ne sont plus ce qu’elles étaient dans la région, ils sont de toute évidence encore assez abondants pour remplir plus de 4000 estomacs de goélands! Bien entendu, plusieurs Goélands bruns ont encore été trouvés facilement partout le long de la côte.
Puisque le vent soufflait avec force lorsque nous avons entamé la partie forestière de notre excursion, les passereaux n’ont été trouvés qu’en petites quantités. Une belle variété était tout de même présente, comme c’est la règle à la fin de mai. Nous avons également fait un arrêt chez un ami qui accueille encore cette année un couple d’Orioles de Baltimore. Un peu comme l’an dernier, notre copain leur a offert 30 mètres de ficelle coupée de différentes longueurs, en plus d’oranges et d’abreuvoirs. Tout ce qu’il faut pour tenir occuper deux orioles et ceux qui les observent!

Voici une liste partielle des 88 espèces que nous avons rencontrées à Rivière-Ouelle entre 4 h 55 et 14 h 05 samedi le 23 mai :
  • 300 Oies des neiges
  • 8 Bernaches cravants – Les cravants flânent régulièrement dans la région jusqu’aux premiers jours de juin.
  • 20 Eiders à duvet
  • 23 Macreuses à front blanc
  • 55 Macreuses brunes
  • 250 Macreuses à bec jaune
  • 2 Hareldes kakawis
  • 3 Garrots à œil d’or
  • 4 Harles couronnés
  • 1 Grand Harle – Les Grands Harles ont maintenant déserté le fleuve pour aller nicher le long des rivières.
  • 38 Harles huppés – Les Harles huppés sont moins pressés que les Grands Harles de quitter la région, sans doute parce que certains nichent jusque dans la toundra arctique.
  • 814 Plongeons catmarins – La grande majorité des catmarins comptés samedi matin volait vers l’ouest, en suivant la marée montante.
  • 3 Plongeons huards
  • 2 Grèbes jougris
  • 7 Fous de Bassan
  • 128 Cormorans à aigrettes
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature à sa 1ère année.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Buse pattue – Un bel oiseau de forme claire, trouvé à la toute fin de l’excursion.
  • 3 Pluviers argentés
  • 430 Pluviers semipalmés – Ces petits pluviers sont les limicoles migrateurs les plus abondants à Rivière-Ouelle au printemps. Samedi, un groupe comptait à lui seul plus de 250 individus. Dommage que la marée ne nous laisse que rarement le temps de les inspecter un à un!
  • 2 Pluviers kildirs
  • 4 Chevaliers grivelés
  • 1 Chevalier solitaire
  • 20 Bécasseaux violets – Une vingtaine de ces costauds sont passés en trombe au large du quai.
  • 36 Bécasseaux minuscules
  • 2 Bécasseaux à croupion blanc
  • 1 Bécassin roux
  • 26 Labbes parasites – J’adore ces oiseaux!!! Que ce soit lorsqu’ils se laissent simplement dériver sur l’eau, lorsqu’ils se déplacent d’un vol direct et assuré ou encore lorsqu’ils foncent sur un goéland repéré de loin, ces cleptoparasites me fascinent toujours! La facilité avec laquelle les labbes sont observés à Rivière-Ouelle (lorsqu’on sait où et comment les trouver) est une des nombreuses spécialités de ma région!!!
  • 1 Guillemot marmette
  • 87 Petits Pingouins – Enfin une quantité de pingouins digne du quai de Rivière-Ouelle!
  • 2 Guillemots à miroir
  • 6 Mouettes tridactyles
  • 3 Mouettes de Bonaparte
  • 1000 Goélands à bec cerclé
  • 3000 Goélands argentés – Certains des adultes avaient le bec tellement orangé que nous sursautions à chaque fois que nous en trouvions un!
  • 2 Goélands arctiques
  • 15 Goélands bruns – Il devient de plus en plus difficile de tenir le compte des Goélands bruns au cours d’une même excursion tellement ils sont nombreux! Samedi matin, au moins trois immatures en plumage de 1ère année, six de 2e année, deux de 3e année et quatre adultes accompagnaient les tonnes de goélands présents à Rivière-Ouelle. Nous sommes surpris de la facilité avec laquelle nous repérons maintenant ces oiseaux, même les immatures à leur première année, parmi les autres laridés. L’expérience fait son œuvre!

Goéland brun (Lesser Black-backed Gull – Larus fuscus), Goélands à bec cerclé (Ring-billed Gulls 
L. delawarensis) et Goéland argenté (Herring Gull – L. argentatus)
Rivière-Ouelle – 23 mai 2015 © Claude Auchu 
  • 50 Goélands marins
  • 4 Colibris à gorge rubis
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Moucherolle tchébec
  • 1 Viréo à tête bleue
  • 14 Geais bleus
  • 2 Hirondelles bicolores
  • 6 Hirondelles rustiques
  • 1 Grive à dos olive
  • 12 Merles d’Amérique – Des oisillons tout juste sortis de l’œuf étaient blottis dans un nid. Ils ont choisi la journée la plus froide depuis longtemps pour éclore!
  • 1 Pipit d’Amérique
  • 1 Paruline à joues grises
  • 3 Parulines masquées
  • 2 Parulines flamboyantes
  • 4 Parulines tigrées
  • 3 Parulines à collier
  • 4 Parulines à tête cendrée
  • 2 Parulines à poitrine baie
  • 2 Parulines jaunes

Par temps froid, il est parfois nécessaire de descendre au sol chercher sa nourriture.
Paruline jaune (Yellow Warbler – Setophaga petechia)
Rivière-Ouelle – 23 mai 2015 © Claude Auchu
  • 3 Parulines bleues
  • 20 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à gorge noire
  • 1 Paruline à calotte noire
  • 14 Bruants chanteurs
  • 11 Bruants à gorge blanche
  • 4 Bruants à couronne blanche
  • 3 Goglus des prés
  • 4 Vachers à tête brune
  • 2 Orioles de Baltimore – Deux orioles bien cajolés par une nourriture abondante et des ficelles pour leur nid offertes par un hôte bienveillant!

Oriole de Baltimore (Baltimore Oriole – Icterus galbula)
Rivière-Ouelle – 23 mai 2015 © Claude Auchu
Attention, femelle au travail!
Oriole de Baltimore (Baltimore Oriole – Icterus galbula)
Rivière-Ouelle – 23 mai 2015 © Claude Auchu
Nid d'Oriole de Baltimore (Baltimore Oriole – Icterus galbula) fait en grande partie de bouts de ficelle
Rivière-Ouelle – 23 mai 2015 © Claude Auchu
  • 2 Roselins pourprés
  • 13 Tarins des pins
  • 20 Chardonnerets jaunes

Dimanche, seul sur le terrain pour la journée, j’avais décidé d’enfourcher mon vélo et de parcourir les routes que nous n’avions pas eu le temps de faire la semaine dernière. La température était de saison et le soleil souvent très ardent, mais un vent puissant laissait de gros doutes sur ce qu’une promenade en forêt allait produire. Eh bien, tant pis, j’y suis allé malgré tout, confiant qu’un 24 mai ne pouvait pas être mauvais pour les passereaux!
J’ai sillonné de mon mieux les boisés en recueillant surtout les parulines qui cherchaient leur nourriture près du sol. Ensuite, un détour jusqu’aux battures du Saint-Laurent m’a permis de parcourir la piste cyclable en un temps record (j’avais à ce moment le vent dans le dos!). Les résultats ont été variables, avec de beaux petits groupes d’insectivores dans les sections les plus abritées, mais pratiquement aucun oiseau visible sur les rives du Saint-Laurent, très exposées aux vents de 50 km/h!

J’ai terminé mon excursion avec 70 espèces dimanche le 24 mai, récoltées à La Pocatière entre 5 h 30 et 12 h 30. Voici un aperçu de mes observations :
  • 14 Canards chipeaux
  • 6 Canards souchets
  • 1 Fuligule à collier
  • 1 Bihoreau gris – Depuis quelques années, cette espèce de plus en plus rare localement semble avoir adopté un simple fossé comme site favori!
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 2 Colibris à gorge rubis
  • 2 Pics maculés
  • 2 Pics mineurs
  • 3 Pics chevelus
  • 1 Faucon pèlerin – Une grosse femelle immature a tenté sans succès de capturer un Goéland à bec cerclé qui a eu la vie sauve en se jetant à l’eau.
  • 6 Moucherolles tchébecs
  • 1 Moucherolle phébi
  • 3 Viréos aux yeux rouges
  • 8 Geais bleus
  • 1 Troglodyte familier – Un mâle chanteur était encore présent à l’endroit où il a été trouvé il y a une semaine par deux ornithologues de passage. Cette espèce est à peine annuelle dans la région de La Pocatière (et, personnellement, je ne l’ai sur ma liste qu’une année sur deux). Je ne connais que deux mentions de nidification confirmée à La Pocatière : l’abbé René Tanguay avait trouvé un nid en 1944 et j’en ai moi-même trouvé un autre en 1989. Il est probable que certains des mâles chanteurs vus au fil des années étaient accompagnés d’une femelle!
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 1 Grive fauve
  • 1 Grive solitaire
  • 37 Merles d’Amérique
  • 15 Pipits d’Amérique
  • 12 Parulines couronnées
  • 2 Parulines des ruisseaux – Une autre espèce plutôt difficile à trouver à La Pocatière, possiblement à cause de la rareté des milieux humides d’eau douce.
  • 5 Parulines noir et blanc
  • 1 Paruline obscure
  • 13 Parulines masquées
  • 2 Parulines flamboyantes
  • 3 Parulines tigrées – Les Parulines tigrées semblent rechercher encore plus que les autres espèces les fleurs des arbres fruitiers qu’elles fouillent assidûment. Elles sont sûrement des pollinisatrices très efficaces!

Remarquez la grande quantité de pollen sur la face de cette femelle!
Paruline tigrée (Cape May Warbler – Setophaga tigrina)
La Pocatière – 24 mai 2015 © Claude Auchu
  • 3 Parulines à collier
  • 10 Parulines à tête cendrée
  • 3 Parulines à poitrine baie
  • 7 Parulines à gorge orangée
  • 9 Parulines jaunes
  • 1 Paruline à flancs marron
  • 1 Paruline rayée
  • 4 Parulines bleues
  • 23 Parulines à croupion jaune
  • 8 Parulines à gorge noire
  • 18 Bruants familiers
  • 4 Bruants des prés
  • 13 Bruants chanteurs
  • 2 Bruants des marais
  • 11 Bruants à gorge blanche
  • 1 Bruant à couronne blanche
  • 2 Cardinaux à poitrine rose
  • 1 Goglu des prés
  • 14 Tarins des pins
  • 40 Chardonnerets jaunes

À la fin de la journée, j’avais cette étrange sensation de sable dans les yeux. Était-ce la fatigue ou encore le résultat des vents subis durant la journée?

Et la neige de samedi matin? Elle aura fondu bien vite, avant même que le soleil n’ait eu le temps de percer les nuages. Les insectivores ne doivent pas être trop importunés par ce genre d’événements, en autant qu’ils ne se prolongent pas. Je me souviens des 4-5 centimètres de neige accompagnés de vents violents du nord-est qui avaient frappé la région de La Pocatière le 12 mai 1996. Tôt le lendemain matin, le soleil était de retour, mais la neige était encore présente au sol dans les boisés, ce qui n’empêchait pas une Paruline des ruisseaux de chanter à tue-tête! Un peu plus bas, à la hauteur de la ville, une Maubèche des champs paradait comme si la tempête de la veille n’avait jamais eu lieu. À La Pocatière, il reste tout de même un vestige bien visible de cette journée du 12 mai 1996 : à l’entrée de la montagne du Collège, un énorme Pin blanc centenaire à deux troncs a perdu celui de droite, brisé par le vent! Dix-neuf ans plus tard, celui de gauche est encore debout, attendant peut-être une prochaine tempête. Je suis probablement le seul à me souvenir de la date exacte où ce pin s’est cassé…