mardi 24 novembre 2015

Grand Chevalier et Bécasseaux sanderlings tardifs!

Dans la région de La Pocatière, la température du mois de novembre a été jusqu’à maintenant relativement douce avec très peu d’écart entre les minimums et les maximums. On dirait vraiment que le thermomètre est toujours fixé à 3°C avec, comme résultat, qu’il n’y a pas encore eu de neige au sol dans la ville. Cela n’a cependant pas empêché les oiseaux insectivores et granivores de nous quitter pour être remplacés par les migrateurs et les hivernants qui sont arrivés dans la région aux dates habituelles. Les rives du fleuve sont tout de même encore libres de la petite bordure de glace qui se forme à la limite de la marée haute dès la mi-novembre. C’est probablement ce qui nous a permis de trouver deux espèces d’oiseaux de rivage à des dates records durant cette fin de semaine.
Un des plus grands plaisirs de notre hobby est sûrement la possibilité de trouver un oiseau à un endroit totalement inattendu. La découverte d’une Effraie des clochers morte en bordure d’une route à Chibougamau vendredi le 20 novembre est un exemple qui montre à quel point tout est possible chez les oiseaux. Cet étrange hibou n’a jamais été confirmé nicheur dans la province et la majorité des mentions québécoises provient du sud-ouest de la province, de la Montérégie en particulier. L’extrême sud du Vermont est l’endroit le plus près du Québec où l’espèce niche… et c’est tout de même à plus de 600 kilomètres de Chibougamau à vol d’oiseau! En automne, il arrive régulièrement que des oiseaux errent hors de leur aire, peut-être à la recherche de sites adéquats pour la prochaine saison de nidification. Le Héron garde-bœufs est un exemple bien connu. Il est bien sûr plus difficile de saisir ce genre de comportement chez une espèce strictement nocturne comme l’Effraie des clochers. Comme par hasard, les deux autres mentions québécoises d’effraies les plus extralimitales, à Delisle (Lac Saint-Jean) en décembre 1975 et à Val-d’Espoir (Gaspésie) en décembre 1989, ont été rapportées pratiquement au même moment de l’année que l’oiseau de Chibougamau. Il existe une mention dans la région de La Pocatière, un oiseau tué dans une grange de Mont-Carmel le 30 mai 1968. Il y a une vingtaine d’années, un résident de Rivière-Ouelle me racontait qu’un agriculteur du village avait vu un harfang dans sa grange au mois de juin… un hibou de couleur claire dans une grange en été??? Vous comprendrez que j’ai immédiatement pensé qu’une autre effraie avait réussi à atteindre ma région!!! Maintenant, pratiquement à chaque fois que nous voyons les vieux bâtiments de ferme en entrant à Rivière-Ouelle tôt le matin, nous disons à la blague : « Est-ce que l’effraie est là? ». Un jour, nous en verrons une!!!

En attendant, c’est encore par Rivière-Ouelle que nous avons débuté notre fin de semaine ornithologique. Les vents modérés du sud-ouest qui soufflaient au quai ne correspondaient pas aux conditions idéales, mais comme les prévisions semblaient encore pires pour dimanche, nous avons fait contre mauvaise fortune bon cœur. Nous avons tout de même passé près de trois heures à scruter le large avant de migrer vers nos sites forestiers traditionnels.

Samedi le 21 novembre, nous avons exploré la municipalité de Rivière-Ouelle en tout sens entre 6 h 35 et 12 h 15. Nous avons récolté ces 36 espèces :
  • 420 Oies des neiges – Un petit mouvement migratoire au lever du soleil s’est vite essoufflé.
  • 7 Canards noirs
  • 43 Eiders à duvet
  • 22 Macreuses brunes
  • 42 Macreuses à bec jaune
  • 2 Garrots à œil d’or
  • 11 Grands Harles
  • 2 Harles huppés
  • 4 Gélinottes huppées
  • 64 Plongeons catmarins
  • 1 Épervier brun
  • 1 Grand Chevalier – Je n’avais jamais observé cette espèce aussi tardivement dans la région! La présence de cet oiseau me permet d’envoyer aux oubliettes (mais elles resteront tout de même dans mes archives) les mentions d’un oiseau à Rivière-Ouelle les 19 novembre 1988 et 1989. C'est aux Escoumins, le 23 novembre 1999, que j’ai observé mon Grand Chevalier vraiment le plus tardif.
  • 1 Bécasseau violet
  • 6 Guillemots à miroir
  • 200 Goélands à bec cerclé
  • 20 Goélands argentés
  • 20 Goélands arctiques
  • 20 Goélands marins
  • 17 Pigeons bisets
  • 7 Tourterelles tristes
  • 2 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Faucon émerillon – Un oiseau portant un plumage femelle particulièrement pâle nous a grandement surpris.
  • 5 Geais bleus
  • 7 Corneilles d’Amérique
  • 12 Grands Corbeaux
  • 16 Mésanges à tête noire
  • 6 Sittelles à poitrine rousse
  • 12 Étourneaux sansonnets
  • 25 Jaseurs boréaux
  • 220 Plectrophanes des neiges – Encore une fois, des oiseaux migraient très loin au large, au-dessus des flots.
  • 1 Junco ardoisé
  • 1 Roselin pourpré
  • 140 Sizerins flammés
  • 10 Chardonnerets jaunes
  • 1 Gros-bec errant

Comme il arrive parfois, et c’est presque toujours durant les journées où la visibilité est tout juste moyenne, un oiseau qui survolait le fleuve en direction ouest très loin au large du quai n’a pu être identifié. Il volait au ras de l’eau et n’a jamais remonté assez haut pour être vu sur fond de montagne, ce qui nous aurait sûrement aidé à le reconnaître. Nous l’avons suivi le plus longtemps possible alors qu’il volait face au vent en battant continuellement des ailes, sans jamais planer. Il nous a semblé de la taille d’un goéland, sans cou ou tête proéminent, sans longue queue ou pattes traînant derrière. Ce n’était pas un plongeon, ni un grèbe, ni un fou, ni un labbe… Un autre oiseau intéressant qui restera à jamais non-identifié!

Pour dimanche, nous avons opté pour une simple tournée à La Pocatière. Nous avons pensé faire une tournée des mangeoires, mais nous en ferons avec une telle régularité durant les prochains mois que nous avons préféré une courte promenade à vélo, sous une fine pluie.

Entre 7 h 10 et 10 h 40, dimanche le 22 novembre, nous avons réussi à voir ces 25 espèces à La Pocatière :
  • 9 Oies des neiges
  • 7 Canards noirs
  • 2 Grands Hérons
  • 1 Goéland à bec cerclé
  • 6 Goélands argentés
  • 21 Goélands arctiques – Est-ce que le Goéland arctique a déjà repris le titre de laridé le plus commun qu’il devrait détenir durant les quatre prochains mois?
  • 6 Goélands marins
  • 75 Pigeons bisets
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 3 Geais bleus
  • 9 Corneilles d’Amérique
  • 1 Grand Corbeau
  • 9 Alouettes hausse-col – Étrangement, les alouettes sont plus rarement observées dans la région en novembre qu’en plein cœur de l’hiver.
  • 27 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 3 Merles d’Amérique
  • 60 Étourneaux sansonnets
  • 70 Jaseurs boréaux
  • 14 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant hudsonien
  • 1 Bruant chanteur
  • 5 Sizerins flammés
  • 16 Chardonnerets jaunes
  • 40 Moineaux domestiques – Une quarantaine de moineaux présents à une même mangeoire faisait plaisir à voir. On est tout de même encore loin des 330 que j’avais observés à la meunerie maintenant désaffectée de La Pocatière le 28 janvier 1984!

Bécasseau sanderling (Sanderling – Calidris alba)
Kamouraska – 22 novembre 2015 © Claude Auchu
Sur l’heure du midi, un petit détour par Kamouraska au moment de la marée haute nous a permis de voir six Bécasseaux sanderlings tardifs. Comme le Grand Chevalier vu à Rivière-Ouelle la veille, ces oiseaux consituent la présence la plus tardive de l’espèce dont j’ai été témoin dans la région, battant celle du 19 novembre 2011 à Rivière-Ouelle. Et, encore une fois comme le Grand Chevalier, ma mention la plus tardive provient de l’autre côté du fleuve, cette fois à Baie-Sainte-Catherine, le 24 novembre 2000.  

mardi 17 novembre 2015

Pas de Mouette de Franklin ni d’océanite, mais…

Au fur et à mesure que l’automne progresse, les résultats de nos sorties sont de moins en moins variés. Bien des habitats méritent à peine une visite, du moins jusqu’à ce que l’arrivée de la neige et du vrai temps froid stabilisent les oiseaux. En attendant, les oiseaux marins prennent beaucoup de place et nous avons la chance d’avoir, tout près de chez nous, un endroit où ces espèces sont souvent faciles à observer! C’est donc à ce site, le quai de Rivière-Ouelle, que nous avons encore concentré nos efforts cette dernière fin de semaine.

Le temps sombre et la neige fondante qui prévalaient sur la région samedi matin ne se prêtaient guère à une sortie ornithologique digne de ce nom. Vers midi, cependant, les conditions sont devenues plus acceptables et nous avons pris la décision de nous rendre en vitesse au quai de Rivière-Ouelle. Nous voulions en autre vérifier si la marée montante allait être aussi profitable que celle de dimanche dernier, surtout qu’un vent modéré du nord-ouest soufflait encore.
Sur place, la visibilité au large était particulièrement cristalline, à un niveau dont nous avons rarement été témoins. Je me suis amusé à inspecter le fleuve avec le télescope à 60X durant de longs moments, sans ressentir aucune fatigue oculaire. Je réussissais presque à lire les plus grosses pancartes situées sur la côte de Charlevoix, à près de 16 kilomètres de distance! Avec un tel avantage, nous pouvons affirmer que nous avons raté très peu des oiseaux visibles au-dessus du fleuve. La très grande majorité d’entre eux étaient facilement identifiables, seuls quelques goélands dont le vol ondulant les faisait parfois disparaître derrière la courbure de la Terre n’ont pu être identifiés à l’espèce. Un peu de recherche m’a d’ailleurs permis d’apprendre que lorsque les yeux d’un observateur se trouvent à quatre mètres au-dessus du sol (c’était le cas à peu de chose près lors de notre arrivée au quai samedi), l’horizon se trouve à environ 7000 mètres. Les goélands que nous perdions de vue derrière l’horizon se trouvaient donc à plus de sept kilomètres de nous, donc pratiquement au milieu du fleuve!
Samedi, les déplacements des oiseaux ont été très satisfaisants, surtout que nous étions en plein après-midi. Nous aurions bien aimé voir une Mouette de Franklin poussée jusqu’ici par un obscur système météorologique, mais ce que nous avons trouvé nous satisfait grandement…

Voici notre courte liste des oiseaux vus uniquement au quai de Rivière-Ouelle, samedi le 14 novembre entre 12 h 15 et 15 h 00 :
  • 3 Canards noirs
  • 11 Fuligules milouinans – Ils essayaient de passer inaperçus dans un groupe d’Eiders à duvet.
  • 195 Eiders à duvet
  • 1 Macreuse à front blanc
  • 4 Macreuses brunes
  • 5 Macreuses à front blanc
  • 330 Hareldes kakawis
  • 8 Garrots à œil d’or
  • 8 Harles huppés
  • 147 Plongeons catmarins – Plusieurs groupes comptant jusqu’à 30 individus ont migré vers l’est durant tout l’après-midi.
  • 1 Plongeon huard
  • 1 Grèbe jougris
  • 2 Fous de Bassan – Ces deux juvéniles volaient relativement près du rivage si on les compare aux mouettes observées au même moment qui sont pourtant des espèces nettement plus côtières.
  • 1 Petit Pingouin
  • 1 Mouette tridactyle – Un oiseau en plumage de premier hiver se déplaçait vers l’est au large du quai. Contrairement au comportement habituel des mouettes à Rivière-Ouelle, celle-là ne volait pas tout près de l’eau, mais plutôt à environ une trentaine de mètres d’altitude.
  • 5 Mouettes de Bonaparte
  • 1 Mouette pygmée – Après avoir jeté un coup d’œil au télescope à la jeune Mouette tridactyle qui filait vers l’est sur fond de montagnes de Charlevoix, je revenais tranquillement vers l’ouest, en inspectant tout ce qui circulait au large. Lorsque j’ai repéré une autre mouette qui volait aussi haut que la « tridactyle », j’ai d’abord cru qu’un deuxième individu suivait simplement le premier. Ne voyant pas les couvertures sus-alaires sombres si évidentes chez le premier oiseau, j’ai poussé l’oculaire jusqu’à 60X pour me rendre compte que le dessus des ailes était gris pâle uni et que les dessous étaient pratiquement noirs! Nous avions devant nous une Mouette pygmée adulte!!! Il ne s’agit que de la septième mention dans ma région et de la première en automne. Cet oiseau peut sembler tardif, mais j’ai vu des Mouettes pygmées à Tadoussac jusqu’aux derniers jours de novembre, dont cinq encore sur place le 28 novembre 1999 (en compagnie de 120 Mouettes de Bonaparte et de deux Mouettes rieuses!).
  • 50 Goélands à bec cerclé
  • 30 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 10 Goélands marins

De retour à Rivière-Ouelle dimanche matin, mais cette fois pour une excursion plus complète de la municipalité. La visibilité au large était acceptable, mais tout de même très loin de la limpidité que nous avons connue la veille. Au lever du soleil, le vent soufflait de l’ouest, mais il a rapidement tourné au sud-ouest, pratiquement au moment où la marée finissait de monter. Les oiseaux semblent avoir ressenti ces changements autant que nous et ils ont cessé de se déplacer très tôt.

Nous avons terminé notre excursion de dimanche le 15 novembre avec ces 38 espèces récoltées à Rivière-Ouelle entre 6 h 30 à 11 h 40 :
  • 17 Oies des neiges
  • 1 Bernache du Canada
  • 57 Canards noirs
  • 1 Canard colvert
  • 1090 Eiders à duvet
  • 8 Macreuses à front blanc
  • 19 Macreuses brunes
  • 34 Macreuses à bec jaune
  • 28 Hareldes kakawis
  • 2 Petits Garrots – Deux femelles filaient vers l’ouest très rapidement devant le quai.
  • 8 Garrots à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 10 Grands Harles
  • 12 Harles huppés – Ce harle est beaucoup moins commun cet automne. En octobre et novembre, nous devrions réussir à voir entre 50 et 100 individus par excursion.
  • 2 Gélinottes huppées
  • 66 Plongeons catmarins – Avec l’Eider à duvet, le Plongeon catmarin est l’espèce dont les déplacements ont cessé le plus subitement avec le changement de vent.
  • 1 Grèbe jougris
  • 1 Fou de Bassan – Un juvénile.
  • 2 Grands Hérons
  • 2 Petits Pingouins
  • 9 Guillemots à miroir
  • 200 Goélands a bec cerclé
  • 50 Goélands argentés
  • 27 Goélands arctiques – Il semble y avoir eu un débarquement de Goélands arctiques samedi et dimanche.
  • 15 Goélands marins

Goéland marin (Great Black-backed Gull – Larus marinus)
Rivière-Ouelle – 15 novembre 2015 © Claude Auchu
  • 37 Pigeons bisets
  • 1 Pic mineur
  • 4 Geais bleus
  • 4 Corneilles d’Amérique
  • 4 Grands Corbeaux
  • 14 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche – Elle fréquentait une des rares mangeoires actives de Rivière-Ouelle.
  • 45 Étourneaux sansonnets
  • 10 Plectrophanes des neiges

Plectrophane des neiges (Snow Bunting – Plectrophenax nivalis)
Rivière-Ouelle – 15 novembre 2015 © Claude Auchu
  • 75 Sizerins flammés
  • 1 Tarin des pins
  • 1 Chardonneret jaune

Samedi après-midi, nous avions décidé que cette excursion serait notre dernière chance d’ajouter l’Océanite cul-blanc à notre liste pour 2015. Avec les conditions de visibilité exceptionnelle qui prévalaient, nous pouvons affirmer que si un océanite tardif était passé à portée de télescope, nous aurions réussi à le voir. Mais, contre toute attente, nous avons plutôt trouvé une Mouette pygmée… c’est souvent ça le birding : on souhaite une espèce, mais c’est une autre tout aussi intéressante qui se présente à nous!

mardi 10 novembre 2015

Une marée d'eiders

Une autre belle fin de semaine ornithologique, cette fois accompagnée de vents de l’ouest dont les rafales atteignaient les 40 km/h. Après la chaleur inhabituelle de vendredi (18°C!), le retour à une température de saison et associée à ces vents ont été suffisants pour me fournir les oiseaux marins typiques du début de novembre. C’est seul que j’ai profité de ces deux matinées, belles mais frisquettes. Donc, deux excursions à Rivière-Ouelle avec des vents qui auraient bien pu me faire hésiter. Les vents de l’ouest sont bien meilleurs que ceux du sud, mais tout de même encore loin de ceux provenant du nord. Les vents du nord (dans le sens large, soit du nord-ouest au nord-est) ont toujours une grande influence sur le succès d’une excursion aux oiseaux marins, particulièrement en automne. Il ne faut cependant pas sous-estimer l’effet de la marée : selon mon expérience, une marée montante est probablement d’une importance aussi grande que les vents du nord pour motiver les oiseaux marins à se rendre jusqu’à nous. Durant cette dernière fin de semaine, justement, la marée a atteint son maximum en début d’après-midi, ce qui m’a laissé tout l’avant-midi pour profiter du « montant ». J’étais donc bien placé pour vérifier, encore une fois, qu’une marée montante, même si les vents ne sont pas du « bon bord », peut fournir sa part de beaux moments!

Samedi, je ne disposais que de l’avant-midi pour me procurer ma dose d’oiseaux. J’ai décidé de laisser tomber la section forestière qui fait habituellement partie de notre itinéraire et de demeurer au quai aussi longtemps que les oiseaux le voudront. La visibilité au large était tout simplement exceptionnelle durant la première moitié de l’excursion et je me suis amusé à identifier des oiseaux qui, à bien d’autres moments, seraient demeurés invisibles. À chaque fois que l’idée de quitter le site m’effleurait l’esprit, je repérais un autre petit point qui bougeait au large et le plaisir recommençait. Finalement, ce n’est qu’en montant dans la voiture que je me suis rendu compte que j’étais demeuré assis sur mon petit banc durant quatre heures pratiquement sans bouger! C’est probablement pour cette raison que j’ai eu de la difficulté à déplier les genoux en me relevant!!!

L’excursion à Rivière-Ouelle de samedi le 7 novembre ne m’aura fourni que 28 espèces, surtout aquatiques, entre 6 h 05 et 11 h 30 :
  • 4000 Oies des neiges
  • 160 Bernaches du Canada
  • 11 Canards noirs
  • 1 Fuligule milouinan
  • 52 Eiders à duvet
  • 19 Macreuses brunes
  • 29 Macreuses à bec jaune
  • 2 Hareldes kakawis
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 1 Grand Harle
  • 4 Harles huppés
  • 60 Plongeons catmarins
  • 2 Plongeons huards
  • 3 Grèbes jougris – Alors que la presque totalité des oiseaux marins, toutes espèces confondues, volent toujours face au vent, les grèbes se déplacent immanquablement vers le nord-est durant l’automne, peu importe d’où provient le vent.
  • 1 Cormoran à aigrettes
  • 2 Bécasseaux violets
  • 18 Petits Pingouins – Quelques pingouins ont été bien visibles durant la matinée de samedi, mais aucun n’a été vu le lendemain.
  • 3 Mouettes tridactyles
  • 8 Mouettes de Bonaparte
  • 400 Goélands à bec cerclé
  • 25 Goélands argentés
  • 25 Goélands marins
  • 4 Grands Corbeaux – À ma grande surprise, j’ai vu un corbeau entrer dans un hangar recouvrant un dépôt à fumier et aller se poser sur les madriers sous le toit! Il est connu que les corbeaux vont parfois jusqu’à nicher sur des structures humaines et j’ai moi-même déjà vu un nid occupé construit sous un pont d’une vieille voie ferrée (je me trouvais à moins de trois mètres au-dessus du nid). Le corbeau de samedi m’a tout de même paru bien téméraire de se risquer ainsi à l’intérieur d’un bâtiment neuf situé à seulement 50 mètres d’une maison!
  • 1 Étourneau sansonnet
  • 120 Plectrophanes des neiges – Certains plectrophanes volaient vers l’ouest très loin au large du quai (ils étaient à peine visibles même avec l’oculaire poussé à 60X!). Est-ce vraiment plus payant pour ces oiseaux terrestres de voler ainsi au-dessus des flots, surtout par une journée avec des vents de près de 40 km/h??? Ils sont peut-être à l’abri des faucons et éperviers, mais la terre ferme aussi se trouve très loin!
  • 35 Sizerins flammés
  • 1 Moineau domestique

Dimanche, j’étais encore de retour à Rivière-Ouelle avant le lever du soleil. Cette fois, j’avais assez de temps disponible pour consacrer une partie de l’excursion à chercher les espèces terrestres. Au quai, les conditions ressemblaient à celles de samedi avec un bon vent de l’ouest. Dès que la marée a commencé à monter (vers 8 h 00), j’ai senti une certaine effervescence chez les oiseaux et plusieurs espèces semblaient vraiment prêtes à migrer. Après avoir assisté à un beau petit passage de kakawis, je me suis dépêché à faire ma randonnée aux oiseaux forestiers afin de revenir au quai juste avant que la marée n’atteigne son apogée. Et ce fut une bonne idée!

Dimanche le 8 novembre, j’ai patrouillé Rivière-Ouelle de 6 h 15 à 14 h 25 pour en revenir avec ces 43 espèces :
  • 165 Oies des neiges
  • 6 Bernaches du Canada
  • 59 Canards noirs
  • 1 Canard colvert
  • 3 Sarcelles d’hiver
  • 1 Fuligule milouinan – Une femelle était bien camouflée dans un groupe de kakawis.
  • 1670 Eiders à duvet – Il est connu depuis longtemps qu’en automne, les Eiders à duvet remontent le fleuve jusqu’à la limite de l’eau salée (près de Montmagny) pour ensuite s’envoler vers la côte atlantique en survolant les terres. À Rivière-Ouelle, j’observe ces déplacements automnaux depuis plus de 30 ans. Avec toutes ces années en banque, j’ai eu bien du temps pour remarquer que les volées d’eiders sont plus faciles à observer lorsque le vent souffle du nord-est. Ce vent n’a pas besoin d’être fort, une simple brise suffit souvent, mais l’origine du vent fait souvent une grosse différence. Ces dernières années cependant, Christiane et moi avons remarqué que lors de certaines journées de beaux vents du nord-est, les eiders refusent de se déplacer. Au fil de nos observations, nous avons noté qu’une marée montante peut aussi avoir une grande influence sur les oiseaux provenant de l’estuaire maritime. Cette variable a été particulièrement en évidence dimanche! Après avoir vu de petits groupes d’eiders remonter le fleuve en matinée malgré un vent presque de face, j’ai décidé de revenir au quai sur l’heure du midi, au moment où la marée finissait de monter. Dès mon arrivée, trois groupes d’eiders, dont un de 450 individus, sont venus contourner le quai. Il m’a ensuite fallu patienter un bon moment avant le passage d’un autre groupe, mais celui-ci comprenait pas mois de 800 oiseaux! Donc, pour moi, c’est confirmé : les eiders (tout comme les autres oiseaux de l’estuaire maritime) sont poussés vers l’amont par le vent du nord-est, mais aussi par la marée montante. Ainsi, si vous pouvez jumeler un vent du nord-est à une marée montante, vous partez gagnants!!!

Attention! Ils arrivent!!!
Eiders à duvet (Common Eiders – Somateria mollissima)
Rivière-Ouelle – 8 novembre 2015 © Claude Auchu
Et les voilà qui passent tout près, dans toute leur splendeur!
Eiders à duvet (Common Eiders – Somateria mollissima)
Rivière-Ouelle – 8 novembre 2015 © Claude Auchu
  • 2 Macreuses à front blanc – La Macreuse à front blanc est toujours la première à quitter la région en automne et elle est déjà rare en novembre.
  • 17 Macreuses brunes
  • 98 Macreuses à bec jaune
  • 320 Hareldes kakawis – Il est toujours agréable de voir les groupes de kakawis voler au large du quai tels de longs rubans ondulants.

Hareldes kakawis (Long-tailed Ducks – Clangula hyemalis)
Rivière-Ouelle – 8 novembre 2015 © Claude Auchu 
  • 6 Garrots à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 1 Grand Harle
  • 7 Harles huppés
  • 21 Plongeons catmarins
  • 2 Plongeons huards
  • 5 Grèbes jougris
  • 2 Cormorans à aigrettes
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un adulte.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Bécasseau sanderling
  • 5 Bécasseaux violets – Au grand plaisir des observateurs de passage (j’en ai croisé six durant mes deux séjours au quai), le Bécasseau violet était encore présent au bout du quai.

Bécasseaux violets (Purple Sandpipers – Calidris maritima)
Rivière-Ouelle – 8 novembre 2015 © Claude Auchu
  • 10 Mouettes tridactyles – L’observation d’un groupe de neuf Mouettes tridactyles au large du quai m’a indiqué encore une fois qu’une belle marée peut parfois compenser un vent pas tout à fait favorable. Une dixième « tridactyle » fut trouvée plus tard dans un petit groupe de Mouettes de Bonaparte.
  • 50 Mouettes de Bonaparte – Les Mouettes de Bonaparte quittent toujours la région assez tôt en saison. Ces dernières années, cependant, nous réussissons à en trouver plus régulièrement jusqu’en novembre. Dimanche, deux groupes d’environ 25 oiseaux ont été vus remontant le fleuve.
  • 500 Goélands à bec cerclé
  • 50 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 50 Goélands marins
  • 30 Pigeons bisets
  • 2 Tourterelles tristes
  • 2 Harfangs des neiges – Mes deux premiers de la saison froide. De nombreux oiseaux sont déjà présents dans le centre du continent, des Prairies jusqu’aux Grands Lacs, depuis 2-3 semaines.

Harfang des neiges (Snowy Owl – Bubo scandiacus)
Rivière-Ouelle – 8 novembre 2015 © Claude Auchu
  • 1 Hibou des marais – Probablement la surprise de la fin de semaine, un Hibou des marais arrivant de l’est est passé tout juste devant le quai vers 6 h 30! Ensuite, au lieu de s’approcher du rivage, il a continué au-dessus du fleuve face au vent en surveillant par dessus son épaule le Goéland à bec cerclé qui le houspillait. Pour se trouver à un tel endroit en automne, il est bien possible qu’il arrivait directement des côtes de Charlevoix.
  • 2 Pics mineurs
  • 2 Geais bleus
  • 7 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 18 Mésanges à tête noire
  • 5 Sittelles à poitrine rousse
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 4 Étourneaux sansonnets
  • 90 Plectrophanes des neiges
  • 80 Sizerins flammés

Dans un monde idéal, la marée serait montante et les vents du nord-est durant l’avant-midi à chaque fin de semaine. Mais, puisque notre monde est loin d’être idéal, la prochaine fois que vous irez inspecter le large à partir d’un rivage quelconque, jetez donc un coup d’œil à la table des marées!

mardi 3 novembre 2015

Fin-octobre : c’est l’arrivée du Bécasseau violet et du Sizerin flammé

Au cours des dernières semaines, nous avons eu la chance de bénéficier de vents souvent très productifs lors de nos sorties à Rivière-Ouelle. Ce ne fut pas vraiment le cas samedi matin, mais il s’en est vraiment fallu de peu! À notre arrivée au quai, le bon vent de l’ouest de la veille terminait son règne. Avant qu’il ne tourne au sud-ouest en interrompant brusquement la migration des espèces aquatiques, nous avons eu la chance de voir durant quelques minutes ce qu’il aurait pu nous fournir. Ce fut bref, mais très apprécié. Et, après tout, ça fait partie du jeu! Donc, nous avons connu un bon départ du côté aquatique, mais qui a manqué de souffle après seulement quelques minutes. Côté passereaux, un autre signe de l’avancée de l’automne s’est manifesté sous la forme de plusieurs Sizerins flammés.
En patrouillant Rivière-Ouelle, nous avons aussi eu la surprise de constater les dégâts causés, deux jours plus tôt, par des vents soufflant du sud-ouest à plus de 70 km/h associés à une des plus grandes marées de l’année. Des débrits marins étaient visibles sur une route que j’avais toujours crue hors d’atteinte! Plus loin, ce sont 20 centimètres de schiste arrachés au rivage et poussés par les vagues qui recouvraient un petit chemin qui n’avait pas changé depuis au moins 30 ans (en fait, depuis que je l’utilise)! Dans la région, il n’y a que les rivages situés à l’embouchure de la rivière Ouelle qui se trouvent à la merci des tempêtes de vents du sud-ouest et, cette fois, ils y ont vraiment goûté!

En raison des vents contraires, nous n’avons trouvé que 43 espèces à Rivière-Ouelle samedi le 31 octobre entre 7 h 00 et 12 h 50. Les voici :
  • 1230 Oies des neiges
  • 93 Bernaches du Canada
  • 87 Canards noirs
  • 2 Fuligules milouinans
  • 570 Eiders à duvet – Tout juste avant que le soleil ne pointe à l’horizon, un groupe de 460 eiders remontait déjà le fleuve, suivi d’un autre de 70 oiseaux et d’un troisième de 40 individus. Ensuite, le vent a tourné au sud-ouest… et voilà, c’était terminé!
  • 3 Macreuses à front blanc
  • 7 Macreuses brunes
  • 37 Macreuses à bec jaune
  • 3 Garrots à œil d’or
  • 5 Grands Harles
  • 6 Harles huppés
  • 27 Plongeons catmarins – En sortant de la voiture, j’ai repéré une volée de 12 catmarins se déplaçant à haute altitude au large du fleuve. Par la suite, seuls quelques oiseaux ont été vus, volant en tout sens.
  • 1 Cormoran à aigrettes
  • 1 Grand Héron
  • 1 Busard Saint-Martin

Busard Saint-Martin (Northern Harrier – Circus cyaneus)
Rivière-Ouelle – 31 octobre 2015 © Christiane Girard
  • 1 Buse pattue
  • 7 Pluviers argentés
  • 4 Grands Chevaliers
  • 1 Bécasseau violet – La fin du mois d’octobre signifie toujours le retour des Bécasseaux violets au bout du quai de Rivière-Ouelle. Encore cette année, nous étions là pour accueillir le premier!
  • 3 Bécasseaux à croupion blanc
  • 4 Petits Pingouins – De toute évidence, la très grande majorité des 144 individus présents au large du quai il y a une semaine ont quitté la région!
  • 1 Guillemot à miroir
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 25 Goélands argentés
  • 15 Goélands marins
  • 1 Pigeon biset
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Pie-grièche grise – La pie-grièche est venue faire une petit tour au bout du quai, cherchant je-ne-sais-quoi.
  • 5 Geais bleus
  • 12 Corneilles d’Amérique
  • 5 Grands Corbeaux
  • 10 Mésanges à tête noire
  • 4 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Merle d’Amérique
  • 4 Étourneaux sansonnets
  • 11 Jaseurs boréaux – Durant l’excursion, nous avons vu un groupe de onze jaseurs volant vers le sud-ouest, face au vent. Deux heures plus tard, dans un site situé à cinq kilomètres au sud-ouest du premier, nous avons retrouvé un autre groupe de onze individus. Après réflexion, nous avons conclu qu’il s’agissait probablement des mêmes oiseaux, ralentis dans leur déplacement par le vent et les contours irréguliers du rivage.
  • 27 Plectrophanes des neiges
  • 4 Carouges à épaulettes
  • 2 Durbecs des sapins
  • 120 Sizerins flammés – Une bien belle façon pour les sizerins de faire leur appariton automnale dans la région! Certains groupes volaient au-dessus du fleuve, donnant l’impression d’arriver directement de la rive nord, ce qui ne serait pas vraiment surprenant avec la fougue reconnue de ces petits fringillidés!
  • 16 Chardonnerets jaunes

Il est toujours un peu triste qu’une excursion qui débute si bien soit à ce point ralentie par l’arrivée de vents contraires. Mais, d’un autre côté, je suis tout de même satisfait de me rendre compte qu’il est parfois possible de prédire le comportement des oiseaux selon les conditions atmosphériques.

Dimanche matin, le temps était très sombre, digne du mois de novembre. Profitant de l’absence presque totale de vent, nous avons pris la route à vélo en attendant la pluie prévue en milieu de journée. Tout le long de notre trajet, les oiseaux étaient très bruyants et fébriles. Nous avons été agréablement surpris par le nombre d’espèces rencontrées, surtout que la pluie ne nous a pas laissé le temps de visiter ni les rives du fleuve, ni même une simple mangeoire!

À La Pocatière, dimanche le 1er novembre, nous avons réussi à trouver ces 39 espèces entre 7 h 00 et 10 h 30 :
  • 975 Oies des neiges
  • 25 Bernaches du Canada
  • 4 Canards noirs
  • 52 Canards colverts
  • 13 Canards souchets
  • 3 Fuligules milouinans
  • 3 Petits Fuligules
  • 1 Gélinotte huppée
  • 40 Goélands à bec cerclé
  • 30 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 2 Goélands marins
  • 35 Pigeons bisets
  • 11 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Grand Pic
  • 9 Geais bleus
  • 400 Corneilles d’Amérique – Presque toutes ces corneilles étaient rassemblées en bordure d’un champ de maïs récolté ces derniers jours.
  • 2 Grands Corbeaux
  • 32 Mésanges à tête noire
  • 6 Sittelles à poitrine rousse
  • 3 Roitelets à couronne dorée
  • 1 Grive solitaire
  • 78 Merles d’Amérique – Les merles vidaient goulûment un petit peuplement de sorbiers. Tous ces arbres devraient être vides avant l’hiver…
  • 105 Étourneaux sansonnets
  • 1 Jaseur d’Amérique – La présence d’un juvénile parmi les merles nous a quelque peu surpris, nous n’avions pas vu l’espèce depuis le 26 septembre. Certaines années, les Jaseurs d’Amérique n’arrivent dans la région qu’à la fin de mai pour en repartir dès la fin de septembre, comme les parulines les plus frileuses. D’autres années, par contre, ils passent l’hiver ici en grand nombre!
  • 4 Plectrophanes des neiges
  • 2 Bruants hudsoniens
  • 1 Bruant chanteur
  • 2 Bruants à gorge blanche
  • 8 Juncos ardoisés
  • 550 Carouges à épaulettes – Il ne reste peut-être qu’un seul champ de maïs encore sur pied à La Pocatière et les carouges l’ont trouvé!
  • 1 Roselin familier – Une femelle, accompagnant quelques Chardonnerets jaunes.
  • 5 Roselins pourprés
  • 23 Sizerins flammés
  • 18 Chardonnerets jaunes
  • 1 Gros-bec errant
  • 12 Moineaux domestiques

Le mois de novembre a bien débuté pour nous : 39 espèces d’oiseaux vues dimanche dont quatre de bruants et cinq de fringillidés, en plus de grandes quantités de corneilles, de merles et de carouges encore sur place. Il nous reste encore deux ou trois belles fins de semaines avant que l’hiver, le vrai, ne prenne sa place et nous comptons bien en profiter!