mardi 12 juillet 2016

Des Plongeons catmarins en gros plan!

Comme bien des Québécois, nous avons connu une fin de semaine très grise. Les occasions de faire des excursions ornithologiques dignes de ce nom ont donc été plutôt rares.
La fin de semaine avait pourtant bien débuté puisque, vendredi, Christiane avait repéré un Bruant des plaines qui chantait tout près de son lieu de travail! En soirée, je me suis dépêché d’aller vérifier s’il pouvait s’agir de l’oiseau que nous avons trouvé le 21 mai dernier à peine deux kilomètres plus loin. J’ai donc fait un arrêt à chacun des sites et, après une courte attente, j’ai réussi à entendre chanter les deux bruants! C’est bien sûr la première fois que nous avons deux mâles chanteurs de Bruant des plaines à La Pocatière en même temps. Espérons qu’il y a aussi au moins une femelle! Pour l’instant, ce petit bruant est considéré comme un nicheur exceptionnel dans la région, après que j’aie trouvé un mâle qui s’est hybridé avec un Bruant familier en 1995 et possiblement aussi en 1996 et ’97. Cet oiseau chantait d’ailleurs comme un Bruant familier, mais aucun trait physique ne laissait croire qu’il était lui-même un hybride. La première mention de Bruant des plaines dans Kamouraska-L’Islet remonte au 13 mai 1992.

Samedi matin, avant que les averses ne débutent réellement, nous nous sommes empressés de faire ce qui allait être notre seule vraie sortie ornithologique de la fin de semaine. Cette excursion à Rivière-Ouelle nous a semblé particulièrement étrange. Je ne sais pas si c’était uniquement dû à la température carrément automnale (à peine 12°C, des vents du nord-est et des bancs de brume), mais les oiseaux ne donnaient pas l’impression que nous étions le 9 juillet. Nous nous serions plutôt crus en septembre, autant pour la présence hors-saison de certaines espèces que pour le nombre très élevé d’individus pour d’autres.
Avant même d’arriver au quai, nous avions déjà repéré une vingtaine de Plongeons catmarins qui nageaient tout près du rivage, une scène pour le moins inhabituelle!!! J’observe des catmarins à Rivière-Ouelle de mars à décembre depuis près de 35 ans et je n’avais jamais été témoin d’un tel comportement auparavant. Cette espèce est souvent abondante sur le fleuve au large de Rivière-Ouelle, mais elle ne s’approche jamais (vraiment jamais!) du rivage. D’ailleurs, juste pour le « fun », j’ai fouillé dans mes archives pour savoir combien de Plongeons catmarins j’ai notés depuis que je tiens ce blogue, soit depuis 2011. Le total est de 93 393 individus (!!!) et jamais je n’en avais vu si près du rivage! Nous aurions donc eu une occasion en or de faire d’excellentes photos de l’espèce samedi matin… si le temps avait été plus lumineux!
Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser ces quelques Plongeons catmarins aussi près du rivage? Nous avons bien sûr pensé que le temps sombre de l’aurore, la marée montante, le vent du nord-est ou encore la brume pouvait en être la cause. Mais nous avons été témoins de ces quatre éléments, réunis ou non, à plusieurs reprises sans que les catmarins ne réagissent de la sorte. À moins qu’un important banc de poissons ait frayé près du rivage durant la nuit? C’est possible puisque ces oiseaux plongeaient fréquemment, mais j’ai souvent vu des groupes de cormorans ou de Harles huppés se gaver de poissons le long du rivage sans pour autant attirer les catmarins présents au large. Autre chose surprenante en ce samedi matin, nous n’avons vu aucun Plongeon huard, eux qui n’hésitent jamais à s’approcher du quai. Finalement, peut-être avons-nous simplement été témoins d’un acte isolé qui s’est produit par hasard et que nous ne reverrons jamais…? Les oiseaux sont tellement plein de surprises!

Samedi le 9 juillet, notre sortie à Rivière-Ouelle nous aura permis de voir 60 espèces entre 4 h 45 à 10 h 15, dont :
  • 21 Oies des neiges
  • 2 Canards d’Amérique
  • 37 Canards noirs
  • 20 Canards colverts
  • 16 Sarcelles d’hiver
  • 1 Fuligule à tête rouge – Les mentions estivales de ce canard sont encore rares dans la région. Un mâle en plumage nuptial parfait nageait pourtant sur la rivière Ouelle près de son embouchure. En été, il aurait été plus normal de voir cet oiseau sur un étang d’eau douce.
  • 87 Eiders à duvet
  • 402 Macreuses à front blanc – Encore une belle matinée pour voir ces nombreux non-nicheurs se déplacer devant le quai.
  • 5 Macreuses brunes
  • 158 Plongeons catmarins – En plus des quelques oiseaux près du rivage, de nombreux autres dérivaient ou volaient en petits groupes loin au large. Il s’agit bien sûr d’une excellente quantité en plein cœur de l’été! Le point de l’aire de nidification du catmarins le plus près de Rivière-Ouelle est le secteur de Havre-Saint-Pierre, sur la Côte-Nord, à 575 kilomètres en ligne droite.

Certains étaient vraiment tout près du rivage!
Plongeons catmarins (Red-throated Loons – Gavia stellata)
Rivière-Ouelle – 9 juillet 2016 © Claude Auchu
Plongeons catmarins (Red-throated Loons – Gavia stellata)
Rivière-Ouelle – 9 juillet 2016 © Claude Auchu
Plongeons catmarins (Red-throated Loons – Gavia stellata)
Rivière-Ouelle – 9 juillet 2016 © Claude Auchu
  • 1 Grèbe jougris – Cette espèce apparaît de plus en plus tôt en automne. Il y a quelques années à peine, il était encore exceptionnel d’en trouver durant la dernière semaine de juillet. En 2011, nous avions été bien surpris de voir deux oiseaux aussi tôt que le 16 juillet. Ces grèbes migrent-ils de plus en plus hâtivement ou certains individus sont-ils tentés de passer l’été sur le fleuve comme le font bien d’autres espèces?
  • 1 Fou de Bassan – Un immature en plumage de troisième année pêchait lui aussi au large du quai.
  • 92 Cormorans à aigrettes
  • 13 Grands Hérons
  • 2 Pygargues à tête blanche – Un immature en plumage de première année et un adulte.
  • 9 Pluviers kildirs
  • 3 Petits Chevaliers – Oui, la migration des limicoles est belle et bien commencée; l’automne est donc à nos portes!!!
  • 5 Bécasseaux minuscules
  • 1 Bécasseau semipalmé
  • 5 Bécassins roux – Il est tout à fait normal que les adultes de Bécassins roux migrent vers le sud dès le début de juillet. Localement, par contre, nous ne sommes que rarement témoins de leur passage.

Bécassin roux (Short-billed Dowitcher – Limnodromus griseus)
Rivière-Ouelle – 9 juillet 2016 © Claude Auchu
  • 3 Guillemots marmettes
  • 14 Petits Pingouins
  • 3 Guillemots à miroir
  • 61 Mouettes de Bonaparte
  • 400 Goélands à bec cerclé
  • 4 Pics flamboyants
  • 3 Faucons émerillons – Ces oiseaux étaient présents à trois endroits différents à Rivière-Ouelle. Dans la région, l’émerillon est un nicheur relativement commun en bordure du fleuve.
  • 6 Grands Corbeaux
  • 14 Hirondelles bicolores – De jeunes Hirondelles bicolores semblent avoir choisi cette matinée froide et venteuse pour quitter leur nid. Lorsque l’on voit des hirondelles se poser sur les pierres bordant le quai, sur une cheminée ou au sol derrière notre voiture, on peut être certain d’avoir affaire à des juvéniles inexpérimentées!
  • 6 Hirondelles rustiques
  • 6 Sittelles à poitrine rousse
  • 7 Grives fauves
  • 3 Moqueurs chats
  • 10 Parulines masquées
  • 7 Parulines flamboyantes
  • 1 Paruline à collier

Paruline à collier (Northern Parula – Setophaga americana)
Rivière-Ouelle – 9 juillet 2016 © Claude Auchu
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 3 Parulines jaunes
  • 1 Paruline bleue
  • 30 Bruants chanteurs

Ce fut vraiment une étrange randonnée, comme si le comportement des oiseaux avait été faussé par la température, l’arrivée impromptue d’un banc de poissons ou tout autre phénomène inconnu de nous deux. J’ai hâte de voir ce qu’il en sera dans une semaine!