mardi 30 août 2016

Dindons sauvages nicheurs et canards hors saison

Mes sorties ornithologiques de cette fin de semaine ont été plutôt étranges. Règle générale, nous essayons, Christiane et moi, de faire de longues sorties à un nombre limité de sites, habituellement un pour le samedi et un autre pour le dimanche, afin de diminuer les déplacements et augmenter le temps passé directement avec les oiseaux. La journée de samedi s’est déroulée selon notre routine habituelle, mais j’ai aussi fait une courte sortie en solo vendredi après-midi. Dimanche, les risques d’averses nous ont forcé à remettre à plus tard la longue promenade à vélo que nous avions prévue. Nous nous sommes donc retrouvés à parcourir la région en voiture à faire de petits arrêts un peu partout, ce qui nous a fourni 53 espèces durant la journée, mais très peu de passereaux.

Vendredi le 26 août, en après-midi, je me suis rendu à Saint-Onésime afin de tenter de voir la famille de Dindons sauvages qui m’avait encore été rapportées à quelques reprises durant la semaine. Après quelques allers-retours dans le secteur, j’ai fini par tomber par hasard sur la femelle suivie de près par ses dix gros dindonneaux. Le temps pour moi de saisir l’appareil-photo et la famille fuyait déjà sur ses longues pattes, ne me laissant le temps de prendre que quelques mauvaises photos. Mais elles montrent tout de même la première famille de Dindons sauvages signalée dans Kamouraska-L’Islet!
Dindons sauvages (Wild Turkeys – Maleagris gallopavo)
Saint-Onésime – 26 août 2016 © Claude Auchu
Habituellement, nous nous réjouissons de l’établissement d’une nouvelle espèce d’oiseaux dans la région mais, cette fois-ci, nous voyons cette arrivée d’une étrange façon. Nous avons beaucoup de difficultés à nous enlever de l’esprit que ces oiseaux ont atteint la région grâce à des lâchers répétitifs dans l’unique but d’amuser les chasseurs (et d’autres dindons continuent encore à être relâchés un peu partout). Si l’objectif réel de cette entreprise était de repeupler une région où l’espèce avait auparavant été exterminée (par les chasseurs…), j’imagine que la chasse aux dindons ne serait pas permise comme c’est actuellement le cas! De toute façon, il n’y a historiquement aucune preuve satisfaisante que les dindons vivaient au Québec avant l’arrivée des européens.
En 1850, on introduisait des Moineaux domestiques en Amérique pour combattre les insectes (même si les moineaux sont avant tout granivores); en 1890, ce sont des Étourneaux sansonnets qui étaient relâchés à New York simplement parce que l’on voulait introduire sur notre continent les oiseaux mentionnés dans l’œuvre de Shakespeare. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont nos espèces indigènes qui ont dû se mesurer à ces oiseaux très adaptables. Un siècle plus tard, il faut admettre que l’Être humain n’a pas appris de ses erreurs. Il continue à introduire des espèces « payantes » comme le Dindon sauvage ou « symboliques » comme le Cygne trompette hors de leur aire historique au lieu de mettre ses efforts pour sauver des oiseaux plus fades comme, par exemple, le Bruant de Nelson. Bien sûr, ce n’est que mon avis…

Samedi matin, nous avons encore pu bénéficier de conditions vraiment idéales pour notre sortie hebdomadaire à Rivière-Ouelle. Après les vives émotions provoquées par nos rencontres avec des espèces pélagiques au cours des trois dernières fins de semaine, ce fut le retour à des observations plus normales, mais tout de même bien appréciées. Les vedettes de cette journée ont été les Mouettes tridactyles et les Sternes pierregarins, présentes en nombre appréciable et un Petit Garrot inattendu.

Parmi les 73 espèces rencontrées à Rivière-Ouelle samedi le 27 août entre 5 h 30 et 12 h 10, retenons les suivantes :
  • 37 Canards noirs
  • 7 Canards colverts
  • 1 Sarcelle d’hiver – Elle volait au-dessus du fleuve en compagnie d’une Macreuse brune, offrant tout un contraste entre notre canard le plus léger, la sarcelle (350 grammes), et un des plus lourd, la macreuse (1500 grammes).
  • 1 Fuligule milouinan
  • 128 Eiders à duvet
  • 9 Macreuses à front blanc
  • 71 Macreuses brunes
  • 1 Petit Garrot – Un oiseau en plumage femelle, peut-être celui que j’avais observé à La Pocatière il y a deux semaines, accompagnait une Garrot à œil d’or sur un étang. Une photo prise lors de son envol (provoqué par le départ soudain de colverts trop nerveux dont j’ignorais la présence) montre cependant qu’en plus des rémiges secondaires internes blanches, les grandes couvertures correspondantes sont également blanches. S’agirait-il d’un mâle immature, né l’année dernière, plutôt que d’une femelle comme je le croyais? Les informations disponibles sont souvent contradictoires!

 Garrot à œil d’or (Common Goldeneye – Bucephala clangulaet Petit Garrot (Bufflehead – Bucephala albeola)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
En plus du petit carré blanc à l’intérieur de l’aile typique des femelles, 
le bout blanc des convertures laisse croire qu’il s’agit plutôt d’un jeune mâle.
Petit Garrot (Bufflehead – Bucephala albeola)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 19 Plongeons catmarins
  • 6 Plongeons huards
  • 5 Grèbes jougris
  • 1 Fou de Bassan
  • 540 Cormorans à aigrettes
  • 5 Urubus à tête rouge
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de première année.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Épervier brun
  • 1 Pluvier bronzé
  • 39 Pluviers semipalmés
  • 2 Chevaliers grivelés
  • 1 Chevalier solitaire
  • 1 Grand Chevalier
  • 1 Courlis corlieu
  • 3 Tournepierres à collier
  • 14 Bécasseaux sanderlings

Bécasseau sanderling (Sanderling – Calidris alba)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Bécasseaux minuscules
  • 70 Bécasseaux semipalmés
  • 2 Petits Pingouins
  • 33 Mouettes tridactyles – Toutes des juvéniles volant vers l’est en petits groupes. Même si cette mouette niche maintenant tout près du quai (à peine 15 kilomètres à l’est), ses visites jusqu’à Rivière-Ouelle sont encore relativement rares.
  • 84 Mouettes de Bonaparte
  • 100 Sternes pierregarins – Ces 100 sternes ont toutes été comptées une à une par Christiane, la spécialiste des décomptes, alors qu’elles migraient loin au large du quai.
  • 4 Colibris à gorge rubis
  • 1 Martin-pêcheur d’Amérique
  • 1 Faucon pèlerin
  • 1 Moucherolle des aulnes
  • 2 Moucherolles tchébecs
  • 4 Hirondelles rustiques
  • 6 Parulines obscures
  • 1 Paruline à joues grises
  • 2 Parulines masquées
  • 3 Parulines flamboyantes
  • 6 Parulines tigrées
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 1 Paruline à gorge orangée
  • 8 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à calotte noire

Paruline à calotte noire (Wilson’s Warbler – Cardellina pusilla)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Goglus des prés – Ces deux oiseaux ont été entendus à partir du bout du quai. Les matinées sans vent dans un endroit aussi silencieux que le quai nous permet souvent d’entendre les cris de vol (« ping ping ») des goglus en migration.
  • 2 Becs-croisés bifasciés

En soirée, une courte sortie à La Pocatière m’a permis de voir les canards suivants :
  • 15 Canards chipeaux
  • 4 Canards d’Amérique
  • 5 Canards colverts
  • 10 Canards souchets
  • 2 Sarcelles d’hiver
  • 2 Fuligules à tête rouge – Deux mâles pour une autre présence hors saison pour ce canard dont les sites de nidification les plus près de la région se trouvent au sud du lac Saint-Pierre et, curieusement, à Saint-Fulgence, au Saguenay!

Dimanche matin, après des tentatives infructueuses pour trouver des passereaux forestiers, nous avons décidé d’attendre la marée haute et de plutôt nous concentrer sur les oiseaux aquatiques. Ce sont bien sûr les sites situés dans l’est de la région qui ont eu notre faveur.

Dimanche le 28 août, nous avons trouvé aux étangs de décantation de Saint-Pascal :
  • 4 Canards branchus
  • 4 Canards chipeaux
  • 2 Canards noirs
  • 7 Canards colverts
  • 1 Canard souchet
  • 100 Sarcelles d’hiver
  • 1 Érismature rousse – Un troisième canard hors saison en deux jours! Les mentions automnales d’érismature sont nettement plus rares que les printanières. L’oiseau de dimanche, un mâle au plumage nuptial usé, était présent à l’endroit même où j’avais observé mon tout premier érismature, un mâle également, le 1er juillet 1984.

À Kamouraska, l’afflux de touristes sur les rivages a donné aux limicoles la même idée qu’à nous deux : nous réfugier à Saint-Denis!
Et, sur place, nous y avons trouvé :
  • 407 Pluviers argentés – Tous des adultes en mue, ce qui a fait dire à Christiane : « Y’en a pas deux pareils!!! ».

Goélands à bec cerclé (Ring-billed Gulls – Larus delawarensiset 
Pluviers argentés (Black-bellied Plovers – Pluvialis squatarola)
Saint-Denis – 28 août 2016 © Claude Auchu
  • 1 Pluvier bronzé
  • 1 Grand Chevalier
  • 42 Bécasseaux maubèches
  • 5 Bécassins roux

Aucun Bécasseau semipalmé, minuscule ou sanderling n’était présent, pas plus que de Pluvier semipalmé, des espèces pourtant communes dans la région. Peut-être ont-ils profité des belles conditions de la nuit précédente pour quitter la région sans être remplacés par une autre vague de migrateurs. Attendons la prochaine! 

mardi 23 août 2016

Des labbes… et pas n’importe lesquels!

Nous espérions bien que le temps relativement sec de vendredi allait se poursuivre jusqu’à samedi en mi-journée. Un vent presque nul était aussi annoncé pour samedi matin, ce qui serait déjà nettement mieux pour nous que le sud-ouest prévu pour le reste de la journée ainsi que pour dimanche. Notre décision était donc prise : samedi, on va à Rivière-Ouelle! L’excursion de dimanche vers l’intérieur des terres sera consacrée aux passereaux.

Mais voilà qu’à 4 h 30 samedi matin, un brouillard très dense flottait sur La Pocatière! Il était tout de même possible de discerner la lune, ce qui nous laissait espérer qu’il n’était pas très épais et qu’il ne recouvrait que l’intérieur des terres… Nous nous sommes donc mis en route pour Rivière-Ouelle pour nous retrouver, comme à La Pocatière, sous le brouillard. La visibilité nulle nous empêchant de commencer l’excursion par le quai comme c’est notre habitude, nous avons opté pour les zones boisées et buissonneuses. Peut-être que les passereaux ayant migré durant la nuit ont réussi à rejoindre ces secteurs lorsque le brouillard s’est formé!?! Les arrêts ont été nombreux et parfois très fructueux, ce qui nous a fourni un bel assortiment de passereaux et même quelques limicoles sur les rives du fleuve.
Il était déjà 9 h 00 lorsque nous avons atteint le quai. Il est extrêmement rare que nous arrivions au quai aussi tardivement et notre ambition à une telle heure était surtout d’ajouter un échantillon d’espèces aquatiques à notre liste de la matinée. À notre arrivée, le brouillard retraitait rapidement vers le large et la visibilité entre notre position et le mur de brume était étonnamment excellente. En nous installant au bout du quai, outre quelques cormorans, les deux premiers oiseaux observés ont été une Mouette tridactyle et un Fou de Bassan, deux espèces provenant de l’est qui nous laissaient rêver que des oiseaux pélagiques perdus dans le brouillard allaient peut-être se manifester. Mais, après deux Océanites cul-blanc il y a deux semaines et un Puffin des Anglais la semaine dernière, nous étions certains d’avoir épuisé notre part de chance pour les espèces de pleine mer! À ce moment, nous ne savions pas encore que nous allions faire une des observations les plus incroyables de nos carrières d’observateurs d’oiseaux!...
Une fois au bout du quai, bien installés sur nos fidèles petits bancs et les télescopes pointés vers le large, nous avons repris notre routine habituelle qui consiste à essayer d’identifier tous les oiseaux, même ceux qui circulent les plus loin au large. Compte tenu de l’heure, tout était plutôt calme, mais quelques fous qui remontaient lentement le fleuve gardaient nos sens en éveil. Puis, à 9 h 50, j’ai remarqué au loin un oiseau très élancé au vol léger qui se dirigeait rapidement vers le nord-est. En l’indiquant à Christiane, j’ai poussé l’oculaire de mon télescope de 20 à 60X pour confirmer qu’il s’agissait d’un labbe. Déjà, au tout premier coup d’œil, le labbe m’avait paru trop élancé pour un Labbe parasite mais, en le regardant en détail, l’absence complète de bande pectorale et, plus encore, de zone blanche sur et sous les primaires nous a rapidement permis de confirmer que nous avions affaire à un Labbe à longue queue adulte! Nous l’avons suivi alors qu’il filait vers le nord-est d’un vol très léger, comparable à celui d’une sterne. Il longeait la jonction entre deux courants où il descendait parfois cueillir quelque chose à la surface de l’eau avant de continuer sa route. Le labbe a fini par rejoindre un petit groupe de goélands posés à l’eau au nord de notre position. Il a alors commencé à faire des allers-retours dans ce secteur tout en allant régulièrement ramasser de la nourriture sur l’eau sans se poser. À aucun moment il n’a attaqué les goélands passant en vol près de lui comme l’aurait fait un Labbe parasite. Nous étions déjà surexcités par cette observation lorsqu’un deuxième Labbe à longue queue est venu rejoindre le premier!!! Les deux oiseaux se suivaient souvent de très près et, de cet angle, il était parfois possible de voir le contraste entre les couvertures sus-alaires plus pâles et les rémiges primaires et secondaires plus sombres.
Après cinq minutes d’observation, nous avons laissé les labbes pour repointer nos télescopes droit devant nous. Nous parlions encore de ce dont nous venions d’être témoins lorsque, à 10 h 15, les deux labbes sont repassés devant nous, cette fois en direction sud-ouest et en s’approchant de la rive! Les détails physiques notés plus tôt étaient encore bien visibles, tout comme leur mode d’alimentation typique de l’espèce. Après quelques instants, les oiseaux ont fait demi-tour pour redescendre vers le nord-est. Nous avons de nouveau braqué les télescopes devant nous pour attendre le passage des labbes. Il était 10 h 25 lorsque les deux oiseaux sont réapparus, produisant encore une fois une forte dose d’adrénaline! Les labbes avaient rejoint la ligne de courants et nous nous sommes gâtés en suivant longuement leurs déplacements (les rencontres avec cette espèce sont tellement rares…!). C’est alors que l’impossible s’est produit : un troisième, puis un quatrième Labbe à longue queue se sont joints au mouvement des deux premiers, suivis d’un cinquième, d’un sixième et d’un septième!!! Puisque tous ces oiseaux se dirigeaient vers le nord-est, nous avons fait pivoter lentement nos télescopes dans le sens opposé, ce qui nous a permis d’ajouter onze autres Labbes à longue queue!!!!! Ces 18 Labbes à longue queue se suivaient de très près puisqu’à ce moment, moins de 100 mètres séparaient le premier oiseau du dernier! Nous sommes demeurés sur place une heure supplémentaire à surveiller le large afin d’être certains que le passage du « groupe » était vraiment terminé. Durant cette heure (et en fait durant le reste de la fin de semaine), des questions telles : « Est-ce que nous avons rêvé??? » sont revenues continuellement!
Tous ces oiseaux nous ont semblé être des adultes (ou, du moins, il n’y avait aucun juvénile parmi eux) et portaient un plumage remarquablement similaire :
  • la calotte était noire
  • le dos et les couvertures sus-alaires étaient gris sombre
  • la face, la poitrine et le ventre étaient blanchâtres
  • aucune trace de bande pectorale n’était visible
  • les rémiges primaires et secondaires étaient noires sans trace de blanc sur et sous les primaires
  • le dessous des ailes était gris foncé uni et nous a d’ailleurs semblé être la partie la plus sombre après la calotte
  • les longues rectrices centrales caractéristiques de l’espèce n’ont pu être discernées chez les deux oiseaux que nous avons le mieux vus. Peut-être était-ce dû à la distance ou encore ces plumes étaient-elles brisées ou tombées comme c’est régulièrement le cas chez les adultes en automne? Pour les autres oiseaux, nous nous sommes surtout attardés aux détails de la poitrine et des ailes afin de confirmer l’identification et l’âge.

Il s’agit sans contredit d’une des observations les plus inusitées que nous ayons faites en plus de 40 ans d’ornithologie! Découvrir un Labbe à longue queue est déjà un événement en soit, en voir deux au cours d’une même excursion est exceptionnel, mais la possibilité d’en voir une telle quantité ne nous avait jamais effleuré l’esprit!
Qu’est-ce qui a bien pu pousser tous ces oiseaux jusqu’à Rivière-Ouelle? Il est évident que le brouillard a joué un rôle prépondérant, probablement jumelé au vent du nord-est (même s’il était léger) et à la marée montante en fin de nuit. À mon avis, les labbes ont été aussi surpris que nous de se retrouver au large du quai de Rivière-Ouelle lorsque le brouillard s’est dissipé. Arrivaient-ils de l’estuaire maritime ou encore de l’Arctique? S’ils provenaient de l’estuaire maritime, il m’apparaît surprenant qu’autant d’individus se soient retrouvés ensemble dans ce secteur au même moment. S’ils arrivaient directement de l’Arctique, ce n’est probablement qu’à leur arrivée au niveau du Saint-Laurent qu’ils ont rencontré le brouillard puisque le ciel était presque clair au-dessus de La Pocatière. Personnellement, c’est la deuxième option que je privilégie : ce groupe de Labbes à longue queue adultes a atteint le fleuve en fin de nuit, au moment où le brouillard était le plus intense et où la marée haute (la plus forte marée du mois a atteint son apogée à 5 h 41) associée au vent du nord-est laissait peut-être flotter une « odeur » de grand large qui a faussé l’orientation des oiseaux. Mais est-ce que les labbes migrent en groupe? Eh bien oui et des groupes migrateurs de 15 à 25 Labbes à longue queue ont déjà été rapportés. Du 6 au 11 août 1995, 850 adultes en migration ont même été comptés en Grande-Bretagne! Il serait surprenant que tous ces oiseaux aient été vus individuellement!
Nous avons eu encore une fois la confirmation que Rivière-Ouelle se trouve à un point stratégique pour l’observation des oiseaux de mer. Nous savons tous maintenant que le Labbe parasite peut y être observé en nombre inégalé ailleurs au Québec (voir ce message, cet autre ou encore celui-ci!). Il nous reste encore bien des choses à découvrir sur ce site et la façon dont de tels oiseaux pélagiques peuvent s’y retrouver mais, à partir de maintenant, je ne verrai plus jamais les matinées de brouillard de la même façon…!

Avant, pendant et après les Labbes à longue queue, nous avons observé 75 espèces à Rivière-Ouelle samedi le 20 août entre 5 h 15 et 12 h 00. En voici un large échantillon :
  • 37 Canards noirs
  • 1 Canard souchet
  • 2 Fuligules milouinans
  • 35 Eiders à duvet
  • 1 Macreuse à front blanc
  • 1 Macreuse brune
  • 22 Plongeons catmarins – Tous posés à l’eau, dérivant dans la ligne de courants que suivaient les fameux labbes.
  • 2 Plongeons huards
  • 10 Grèbes jougris – Seulement deux de ces oiseaux étaient en vol, les autres sont passés à l’eau devant le quai en duo ou en trio. Il est plutôt rare de voir autant de grèbes posés au quai de Rivière-Ouelle, ce qui laisse encore croire à une migration interrompue.
  • 8 Fous de Bassan
  • 57 Cormorans à aigrettes
  • 22 Grands Hérons
  • 1 Marouette de Caroline – Le passage d’un Faucon émerillon chassant les libellules au-dessus d’un étang a provoqué les cris nerveux de la part d’une Marouette de Caroline. Merci à l’émerillon d’avoir fait réagir ce discret habitant des quenouilles!
  • 1 Pluvier argenté
  • 24 Pluviers semipalmés

Un adulte avec son plumage usé à gauche et un juvénile avec son plumage frais finemant liséré de blanc à droite.
Pluviers semipalmés (Semipalmated Plovers – Charadrius semipalmatus)
Rivière-Ouelle – 20 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Pluviers kildirs
  • 9 Chevaliers grivelés
  • 1 Chevalier solitaire
  • 2 Petits Chevaliers
  • 3 Tournepierres à collier
  • 1 Bécasseau sanderling
  • 3 Bécasseaux minuscules
  • 19 Bécasseaux semipalmés
  • 7 Bécassins roux

Bécassins roux (Short-billed Dowitchers – Limnodromus griseus)
Rivière-Ouelle – 20 août 2016 © Claude Auchu
  • 18 Labbes à longue queue – Il s’agit de la septième mention pour la région et la quatrième en août.
  • 2 Mouettes tridactyles
  • 2 Mouettes de Bonaparte
  • 500 Goélands à bec cerclé
  • 20 Goélands argentés
  • 7 Goélands marins
  • 4 Colibris à gorge rubis
  • 3 Pics flamboyants
  • 1 Grand Pic – Un oiseau était posé sur un fil électrique en plein champ!
  • 1 Crécerelle d’Amérique – Une crécerelle était perchée dans un arbuste tout près d’un Faucon émerillon. Il est plutôt rare qu’un oiseau ose s’approcher d’un émerillon, une espèce reconnue pour son caractère belliqueux!
  • 2 Faucons émerillons
  • 1 Moucherolle tchébec
  • 4 Hirondelles bicolores
  • 2 Hirondelles de rivage
  • 2 Hirondelles rustiques
  • 1 Grive fauve
  • 2 Parulines obscures
  • 1 Paruline à joues grises
  • 8 Parulines masquées
  • 7 Parulines flamboyantes

Paruline flamboyante (American Redstart – Setophaga ruticilla)
Rivière-Ouelle – 20 août 2016 © Claude Auchu
  • 3 Parulines tigrées
  • 1 Paruline à collier
  • 3 Parulines à tête cendrée
  • 1 Paruline à poitrine baie
  • 1 Paruline à croupion jaune
  • 2 Cardinaux à poitrine rose
  • 1 Tarin des pins
  • 30 Chardonnerets jaunes
  • 1 Gros-bec errant

Nous avions déjà réservé la matinée de dimanche matin pour une excursion à Saint-Onésime lorsque j’ai appris, vendredi, qu’une famille de Dindons sauvages fréquentait un secteur bien défini! Dans la région, le statut de ce gros gallinacé aux origines souvent douteuses se limite encore à celui de visiteur exceptionnel. En plus de quelques observations sans équivoques provenant principalement de la région de Saint-Pamphile, je connais plusieurs mentions de « seconde main » provenant de Rivière-Ouelle, Saint-Pacôme et Saint-Onésime. Il m’apparaît de plus en plus certain que le dindon fait vraiment partie de notre avifaune et pas seulement de façon exceptionnelle.
Malgré un petit détour de notre part dès le lever du soleil, nous n’avons pas réussi à trouver les dindons. Notre promenade s’est ensuite déroulée rondement malgré le vent qui soufflait furieusement du sud-ouest. Le nombre de parulines identifiées s’en est trouvé diminué; nous avons d’ailleurs réussi à identifier moins d’une dizaine d’individus d’un groupe de plus de 40 parulines qui a traversé une route devant nous.

Dimanche le 21 août, notre promenade à Saint-Onésime s’est tout de même terminée avec 56 espèces observées entre 5 h 50 et 11 h 20, comme, par exemple :
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Autour des palombes – Les rencontres avec ce rapace sont toujours fortuites. Dimanche, c’est un immature qui est venu nous surprendre.
  • 2 Chevaliers grivelés
  • 7 Colibris à gorge rubis – Nous sommes présentement dans la période de l’année où les colibris sont les plus abondants et ce fut bien évident dimanche matin. Aucun n’a pourtant été vu à un abreuvoir.
  • 1 Martin-pêcheur d’Amérique
  • 1 Pic maculé
  • 2 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Pic flamboyant
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 1 Faucon émerillon
  • 2 Moucherolles tchébecs
  • 1 Moucherolle phébi
  • 1 Viréo à tête bleue
  • 15 Viréos aux yeux rouges
  • 8 Geais bleus
  • 150 Corneilles d’Amérique – Nous avons fait notre entrée dans Saint-Onésime juste au moment où des corneilles quittaient leur dortoir!
  • 2 Hirondelles à front blanc
  • 3 Hirondelles rustiques
  • 17 Mésanges à tête noire
  • 12 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Grive fauve
  • 25 Merles d’Amérique
  • 8 Parulines obscures
  • 10 Parulines masquées
  • 2 Parulines flamboyantes
  • 11 Parulines tigrées – Voilà une espèce qui profite pleinement de l’invasion de Tordeuses de bourgeons de l’épinette qui sévit dans le nord et l’est du Québec!

Paruline tigrée (Cape May Warbler – Setophaga tigrina)
Saint-Onésime – 21 août 2016 © Claude Auchu
  • 4 Parulines à collier
  • 4 Parulines à tête cendrée
  • 5 Parulines à poitrine baie
  • 6 Parulines à gorge orangée
  • 1 Paruline jaune
  • 4 Parulines à flancs marron
  • 1 Paruline bleue
  • 1 Paruline à couronne rousse
  • 3 Parulines à croupion jaune
  • 3 Parulines à gorge noire

Paruline à gorge noire (Black-throated Green Warbler – Setophaga virens)
Saint-Onésime – 21 août 2016 © Claude Auchu
  • 3 Cardinaux à poitrine rose
  • 1 Goglu des prés
  • 75 Quiscales bronzés
  • 12 Roselins pourprés – Il est surprenant qu’aussi peu d’individus soient présents dans le village et les forêts de Saint-Onésime, surtout que j’en ai vu 20 dans une même mangeoire à La Pocatière durant l’après-midi!
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 16 Chardonnerets jaunes
  • 5 Gros-becs errants

Pour nous, cette fin de semaine passera à l’histoire comme étant celle des 18 Labbes à longue queue. Même munis de puissantes lunettes d’approche, les 14 kilomètres d’eau salée entre le quai de Rivière-Ouelle et Saint-Irénée, dans Charlevoix, offre amplement de cachettes aux espèces pélagiques. Nous savons bien que les trois ou quatre heures que nous y passons une seule matinée par semaine ne nous permet pas de tout voir. J’ose à peine imaginer ce que l’on manque…! 

mardi 16 août 2016

Le même Puffin des Anglais???

La température pour cette fin de semaine s’annonçait plutôt incertaine. Depuis quelques jours déjà, de la pluie prévue pour samedi et dimanche nous laissaient de sérieux doutes sur les conditions dans lesquelles nous allions faire nos excursions. D’un autre côté, un vent du nord-est était aussi prévu, ce qui était plus que positif pour nos projets. Nous avons donc surveillé la météo de près durant toute la semaine en espérant que les étoiles s’alignent.

Auparavant, vendredi, j’ai remarqué un débarquement de Roselins pourprés à une mangeoire de La Pocatière. De jeunes Merles et Jaseurs d’Amérique avaient également quitté leur nid dans notre voisinage, ce qui créait beaucoup de mouvements autour du chèvrefeuille bordant notre entrée.

Voici une sélection des oiseaux que j’ai rencontrés à La Pocatière vendredi le 12 août :
  • 20 Canards chipeaux
  • 10 Canards colverts
  • 9 Canards souchets
  • 1 Sarcelle d’hiver
  • 1 Petit Garrot – Une femelle était présente sur un étang. Même s’il est certain que ce minuscule canard ne niche pas dans la région, c’est la deuxième fois que j’observe cette espèce ici en été (la première fois étant le 22 juillet 2010). L’automne, le Petit Garrot traverse la région en octobre et novembre.
  • 75 Goélands à bec cerclé
  • 2 Goélands argentés
  • 2 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 30 Corneilles d’Amérique
  • 5 Merles d’Amérique

Merle d’Amérique (American Robin – Turdus migratorius)
La Pocatière – 12 août 2016 © Claude Auchu
  • 30 Jaseurs d’Amérique
  • 20 Roselins pourprés – Dans le groupe nerveux de roselins fréquentant une mangeoire se trouvaient plusieurs juvéniles au plumage frais et quelques mâles d’un an en mue vers leur premier plumage rouge vin.

Roselin pourpré (Purple Finch – Haemorhous purpureus)
La Pocatière – 12 août 2016 © Claude Auchu
Ce mâle d’un an est en pleine mue, certains des tubes où se sont formées les plumes sont encore visibles.
Roselin pourpré (Purple Finch – Haemorhous purpureus)
La Pocatière – 12 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Tarins des pins
  • 7 Chardonnerets jaunes
  • 5 Moineaux domestiques

Un bel oiseau trop souvent laissé pour compte.
Moineau domestique (House Sparrow – Passer domesticus)
La Pocatière – 12 août 2016 © Claude Auchu
Samedi matin, au lever, la moitié sud-ouest du ciel était nuageuse alors que la moitié nord-est était complètement dégagée. Un coup d’œil aux images satellitaires montraient que les précipitations frôlaient le sud de la région, mais sans y toucher. Nous avons donc passé l’avant-midi à Rivière-Ouelle à profiter de conditions vraiment idéales : un beau soleil, une température passant graduellement de 11 à 21°C, un vent du nord-est à moins de 10 km/h et une netteté vraiment exceptionnelle vers le large! Il est presque étrange que peu d’oiseaux aquatiques en aient profité pour se déplacer et, encore une fois, j’ai réussi à leur trouver des excuses. Ainsi, j’ai déduit que les macreuses étaient en train de muer près d’un haut-fond et que les alcidés (pingouins et guillemots) n’ont plus à faire de longs déplacements pour nourrir leurs jeunes puisqu’ils ont quitté le nid et qu’ils nagent à leur côté (comme nous l’avons remarqué aux Escoumins il y a deux semaines). Mais, avec une visibilité aussi parfaite, il n’y a pas grand-chose qui pouvait passer inaperçu, même loin au large…!

Samedi le 13 août, nous avons exploré Rivière-Ouelle de 5 h 15 à 12 h 30 pour y trouver 66 espèces, parmi lesquelles :
  • 32 Canards noirs
  • 6 Canards colverts
  • 1 Eider à tête grise – Un mâle adulte en plumage éclipse accompagnait un groupe de 53 Eiders à duvet dérivant devant le quai! La présence de cet oiseau à Rivière-Ouelle à cette période de l’année n’est pas une première; nous avions vu deux jeunes mâles au même endroit le 6 août 2005. Il y a plus longtemps encore, le 4 juillet 1994, j’observais un autre jeune mâle remontant le fleuve en compagnie d’Eiders à duvet. Dans la région, c’est en novembre que l’Eider à tête grise est le plus régulier, bien qu’il reste encore rare.

L’Eider à tête grise mâle est au centre, nous montrant son plumage éclipse presque noir 
ainsi que son bec et sa plaque frontale orangés.
Eider à tête grise (King Eider – Somateria spectabilis) et Eiders à duvet (Common Eiders – Somateria mollissima)
Rivière-Ouelle – 13 août 2016 © Claude Auchu
  • 159 Eiders à duvet
  • 9 Grands Harles – Un famille loin en amont sur la rivière. Les Grands Harles ne vont en eau salée qu’en dernier recours, soit lorsque les rivières gèlent.
  • 1 Plongeon catmarin
  • 1 Plongeon huard
  • 2 Grèbes jougris
  • 1 Puffin des Anglais – Repéré par Christiane alors qu’il volait rapidement vers le nord-est très loin au large du quai, nous avons pu le suivre longuement avec nos télescopes. Nous avons cependant dû pousser les oculaires à 60X parce que ses parties supérieures sombres le rendait parfois presque invisible! Il se déplaçait surtout au ras de l’eau en alternant battements d’ailes peu amples et courtes glissades mais, à quelques reprises, le puffin a pris de l’altitude en dessinant de grands arcs. Il nous montrait alors en alternance ses dessus foncés puis ses dessous blancs. C’était tout un spectacle pour des observateurs qui, comme nous, ne sont que rarement témoins de telles arabesques! Puisque les mentions de cette espèce sont très rares à l’ouest de l’île aux Lièvres, peut-on supposer qu’il s’agit de l’oiseau que nous avons vu il y a deux semaines au large de Rivière-du-Loup??? Il ne s’agit que de la troisième mention du Puffin des Anglais pour la région de Kamouraska-L’Islet.
  • 395 Cormorans à aigrettes
  • 30 Grands Hérons
  • 3 Urubus à tête rouge
  • 4 Busards Saint-Martin
  • 2 Éperviers bruns
  • 3 Petites Buses – Étrangement, un petit mouvement de rapaces en vol vers le sud-ouest a été noté en fin d’avant-midi. Les Petites Buses, en particulier, ne sont que très rarement observées en bordure du fleuve durant la migration automnale.

Petite Buse (Broad-winged Hawk – Buteo platypterus)
Rivière-Ouelle – 13 août 2016 © Claude Auchu
  • 1 Pluvier argenté
  • 50 Pluviers semipalmés
  • 1 Pluvier kildir
  • 1 Chevalier solitaire
  • 1 Grand Chevalier
  • 17 Petits Chevaliers
  • 2 Bécasseaux minuscules
  • 166 Bécasseaux semipalmés – Comptés un à un par Christiane, voilà pourquoi le nombre est si précis.
  • 6 Sternes pierregarins
  • 5 Colibris à gorge rubis
  • 1 Martin-pêcheur d’Amérique
  • 2 Moucherolles des aulnes
  • 1 Moucherolle phébi
  • 2 Tyrans tritris
  • 3 Hirondelles rustiques
  • 1 Merlebleu de l’Est
  • 3 Grives fauves
  • 1 Paruline à joues grises
  • 3 Parulines masquées
  • 2 Parulines flamboyantes
  • 3 Parulines tigrées
  • 1 Paruline à collier
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 1 Paruline à croupion jaune
  • 1 Bruant de Nelson
  • 23 Bruants chanteurs
  • 50 Carouges à épaulettes
  • 26 Chardonnerets jaunes
  • 1 Moineau domestique

Il est toujours agréable de s’aventurer au large des côtes en bateau dans l’espoir d’observer des oiseaux pélagiques comme des labbes, des océanites ou des puffins. Dans ma région, loin des bateaux de pêche et des traversiers, nous avons la chance de bénéficier d’un site comme le quai de Rivière-Ouelle qui nous offre ce genre d’aventure à partir de la terre ferme, sans la houle ni les vibrations du moteur!
C’est finalement dimanche que la pluie a atteint la région pour ne laisser tomber que quelques gouttes. Nous nous sommes faufilés entre ces gouttes pour visiter à nouveau le quai de Rivière-Ouelle, au cas où le vent soufflant encore du nord-est nous amènerait d’autres surprises… Ce qui ne fut pas le cas, il ne faut tout de même pas rêver! Puisque nous étions dans ce secteur au moment de la marée haute, pourquoi ne pas aller jeter un coup d’œil aux limicoles?

Pas une grosse récolte à Saint-Denis en ce dimanche 14 août, mais la migration est belle et bien commencée, comme en témoigne :
  • 209 Pluviers argentés – C’est encore Christiane qui les a comptés!
  • 3 Tournepierres à collier
  • 2 Bécasseaux maubèches
  • 1 Faucon pèlerin

Nous entrons maintenant dans la période de l’automne offrant la plus grande diversité d’espèces. Les passereaux et les oiseaux de rivage prennent de plus en plus de place sur nos listes et les canards (lorsque leur mue sera terminée!) commenceront à migrer dès le début de septembre. Et c’est sans compter les surprises qui, par définition, nous prennent souvent au dépourvu. Tout est en place pour les trois prochains mois! 

mardi 9 août 2016

Au large du quai : onze Grèbes jougris, deux Océanites cul-blanc et un Orignal!

Notre court séjour aux Escoumins a été bien agréable avec des oiseaux inhabituels observés pratiquement à tous les jours. Nous avons tout de même été très heureux de revenir à la maison et de retrouver nos sites qui, eux aussi, nous fournissent régulièrement leur part de surprises.

Samedi matin, avec une température chaude et humide en plus d’un vent fort du sud-ouest, nous avons décidé de prendre les choses bien calmement. Les oiseaux semblaient d’ailleurs avoir fait le même choix. Une petite tournée rapide d’habitats buissonneux de La Pocatière ne nous a pas procuré  beaucoup d’oiseaux, mais les framboises étaient excellentes!

Voici quelques-unes des 39 espèces trouvées à La Pocatière samedi le 6 août :
  • 1 Butor d’Amérique – Les butors sont toujours difficiles à trouver à La Pocatière, faute de vrais marais à quenouilles.
  • 1 Chevalier solitaire
  • 3 Colibris à gorge rubis – Très batailleur, un colibri s’est en pris à plusieurs reprises à une mésange qui ne savait plus où se cacher.
  • 2 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 2 Pics flamboyants
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 1 Moucherolle à ventre jaune – Il n’est jamais facile à voir celui-là, préférant se cacher au cœur des bosquets de conifères les plus denses. Samedi, un oiseau s’est enfin montré à découvert. J’ai toujours eu un faible pour le Moucherolle à ventre jaune, peut-être simplement parce qu’il ose être différent de nos autres empidonax!

Moucherolle à ventre jaune (Yellow-bellied Flycatcher – Empidonax flaviventris)
La Pocatière – 6 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Moucherolles des aulnes
  • 1 Tyran tritri
  • 30 Hirondelles rustiques – Un groupe d’hirondelles constitué surtout de juvéniles patrouillait un champ et se perchait même dans de petits buissons.

Hirondelles rustiques (Barn Swallows – Hirundo rustica)
La Pocatière – 6 août 2016 © Claude Auchu
  • 13 Mésanges à tête noire
  • 2 Troglodytes des forêts
  • 4 Merlebleus de l’Est
  • 12 Jaseurs d’Amérique
  • 1 Paruline noir et blanc
  • 1 Paruline obscure
  • 10 Parulines masquées
  • 1 Paruline flamboyante
  • 13 Bruants familiers
  • 15 Bruants chanteurs
  • 5 Bruants à gorge blanche
  • 40 Carouges à épaulettes
  • 37 Chardonnerets jaunes

Dimanche matin, le temps s’était éclairci et le vent était enfin tombé. J’étais bien heureux de me retrouver à Rivière-Ouelle même en sachant que le nombre d’oiseaux allait être beaucoup plus faible que ce que nous avions vu aux Escoumins quelques jours plus tôt.
Le quai de Rivière-Ouelle a des qualités avec lesquelles il est difficile de rivaliser. Il y a tout d’abord sa position sur la rive sud du Saint-Laurent qui nous fourni l’avantage non-négligeable d’avoir le soleil derrière nous tôt le matin, au moment où les oiseaux sont les plus actifs. Il y a aussi (et surtout!) sa position géographique à une limite de l’eau salée que certaines espèces marines sont encore capables de supporter. Un autre avantage : il n’est situé qu’à 15 minutes de chez moi!!!
Nous avons encore pu faire des observations surprenantes lors de notre court arrêt au quai dimanche matin. Tout y était très tranquille, mais il suffit parfois d’un événement isolé pour changer les souvenirs que l’on gardera d’une excursion. Dimanche, par exemple, nous avons entendu à quelques reprises les cris d’oiseaux de rivage qui volaient au-dessus du quai sans se laisser voir. Juste au moment où j’avais cru entendre un Petit Chevalier, j’ai vu un petit oiseau aux longues ailes pointues traverser rapidement le champ de vision de mon télescope pointé vers le large. Ayant le chevalier en tête, je me suis dépêché de retrouver l’oiseau qui descendait le fleuve et, oh surprise!, il s’agissait en fait d’un Océanite cul-blanc!!! Je l’ai rapidement pointé à Christiane et nous avons pu suivre ce petit oiseau de mer alors qu’il retournait chez lui, dans le golfe Saint-Laurent! Il s’agit sûrement de l’océanite que j’ai le mieux vu jusqu’à maintenant! Son plumage brunâtre, ses couvertures sus-alaires plus pâles, son petit croupion blanc, tout était bien visible par cette matinée au ciel partiellement voilé. Mais, plus surprenant encore, j’ai repéré un autre océanite qui, lui aussi, se dirigeait vers l’est à peine 10 minutes plus tard!!! Celui-là est passé plus loin au large, comme les océanites le font habituellement. Nous sommes souvent portés à associer la présence de ces oiseaux pélagiques dans le moyen estuaire aux tempêtes de vents du nord-est soufflant en octobre. Pourtant, nous ne sommes qu’au début du mois d’août et, au cours des trois derniers jours, des vents jusqu’à 30 km/h soufflaient du sud-ouest! Ce n’est pas la première fois que nous observons des océanites le lendemain de vents que l’on qualifierait de contraires. De toute évidence, des océanites sont présents au large de Rivière-Ouelle bien avant l’arrivée du « vrai » automne! Remarquez en passant que nous n’avons jamais vu d’océanite à partir du quai des Escoumins. Il est certain qu’à l’époque, nous n’avions pas beaucoup de temps disponible pour les chercher au milieu de l’automne. Nous en avons cependant vu à plusieurs reprises lors de nos nombreuses traversées entre Les Escoumins et Trois-Pistoles entre la mi-juillet et la mi-août sans que nous ne réussissions à en repérer un seul à partir du quai. Le quai de Rivière-Ouelle est vraiment bien situé!

Dimanche le 7 août, nous avons observé 57 espèces à Rivière-Ouelle entre 5 h 10 et 11 h 15, dont :

  • 28 Oies des neiges – Malgré les quelques pygargues qui ont séjourné à Rivière-Ouelle durant l’été, le nombre d’Oies des neiges estivantes, dont certaines sont blessées, est demeuré étonnamment stable! J’aurais pourtant cru…
  • 3 Bernaches du Canada
  • 32 Canards noirs
  • 3 Sarcelles d’hiver
  • 110 Eiders à duvet
  • 16 Plongeons catmarins
  • 1 Plongeon huard
  • 11 Grèbes jougris – Des groupes de trois et de huit oiseaux sont passés au large du quai en direction est, une quantité intéressante pour le début d’août.
  • 2 Océanites cul-blanc – L’automne commence bien, mais ces oiseaux devraient normalement être en train de nicher. Ces oiseaux, nocturnes durant la saison de reproduction, nichent sur les îles isolées de l’hémisphère nord. La plus importante colonie au monde se trouve sur l’île Baccalieu, à Terre-Neuve, et accueille plus de 3 000 000 de couples!
  • 58 Cormorans à aigrettes
  • 19 Grands Hérons
  • 1 Busard Saint-Martin – Un oiseau s’est élancé vers le large non loin du quai. Il migrait vers le nord?!?
  • 1 Marouette de Caroline
  • 13 Pluviers semipalmés
  • 1 Pluvier kildir
  • 4 Chevaliers grivelés
  • 1 Bécasseau minuscule
  • 40 Mouettes de Bonaparte
  • 3000 Goélands à bec cerclé – Dans un groupe de 400 goélands posés le long du rivage, nous avons repéré quatre individus bagués près de Varennes, dont un que nous avions déjà observé à Rivière-Ouelle il y a deux ans.
  • 20 Goélands argentés
  • 15 Goélands marins
  • 2 Colibris à gorge rubis
  • 5 Moucherolles des aulnes
  • 1 Moucherolle phébi
  • 8 Viréos aux yeux rouges
  • 2 Hirondelles rustiques
  • 1 Troglodyte des forêts
  • 2 Merlebleus de l’Est
  • 2 Moqueurs chats
  • 170 Étourneaux sansonnets
  • 13 Jaseurs d’Amérique
  • 2 Parulines à joues grises
  • 6 Parulines masquées

L’époque de la mue doit être difficile pour les oiseaux!
Paruline masquée (Common Yellowthroat – Geothlypis trichas)
Rivière-Ouelle – 7 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Parulines flamboyantes
  • 4 Parulines tigrées
  • 2 Parulines à tête cendrée
  • 1 Paruline à croupion jaune
  • 5 Bruants des prés
  • 30 Bruants chanteurs
  • 19 Carouges à épaulettes
  • 7 Quiscales bronzés
  • 5 Roselins pourprés
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 18 Chardonnerets jaunes
  • 1 Gros-bec errant

À partir du quai de Rivière-Ouelle, il est aussi possible d’observer quelques mammifères marins. Les Bélugas sont les plus faciles à remarquer, mais les Phoques communs, les Phoques gris et les Phoques du Groenland (en décembre depuis quelques années) sont aussi réguliers. En août 2014, j’avais même réussi à voir un Marsouin commun. Dimanche matin, c’est plutôt un Orignal qui se déplaçait au large du quai! Peu de temps après notre arrivée au quai au lever du soleil, Christiane a repéré un Orignal femelle nageant vers le large à l’est du quai. Poussé par la marée montante et l’absence de vent, il a lentement dérivé vers nous, mais tout en gardant le cap vers le large. 
Orignal (Moose – Alces alces)
Rivière-Ouelle – 7 août 2016 © Claude Auchu
L’Orignal avec, à l’arrière-plan, la falaise située sur la côte de Charlevoix vers laquelle nos télescopes sont toujours pointés.
Orignal (Moose – Alces alcesRivière-Ouelle – 7 août 2016 © Claude Auchu
Malgré que nous le suivions régulièrement aux télescopes, nous avons fini par le perdre de vue tellement il était loin de nous et de la rive sud! A-t-il réussi à atteindre la côte de Charlevoix, tout de même distante de 14 kilomètres à son point le plus près? Nous l’espérons pour lui. Le quai de Rivière-Ouelle, situé à la pointe aux Orignaux (!), a encore réussi à nous surprendre!!!