mardi 13 septembre 2016

Bécasseau roussâtre, Labbe parasite et Faucons pèlerins

Encore une fois, ma fin de semaine ornithologique a débuté dès vendredi après-midi. Même si ce n’est pas dans mes habitudes de me déplacer pour aller voir les oiseaux trouvés par d’autres observateurs, je m’en serais sûrement voulu longtemps si je n’avais pas tenté ma chance avec les Bécasseaux roussâtres présents à Saint-Denis depuis près d’une semaine. Puisque ce limicole est un migrateur rare partout au Québec, les occasions de le voir sont peu nombreuses pour un observateur aussi local que moi.
Ainsi, après un dîner très rapide, me voilà en route pour Saint-Denis. Une fois sur place, le petit nombre de limicoles au site habituellement le plus riche a bien montré à quel point ces oiseaux peuvent être mobiles. Il faut préciser que nous étions alors dans une période de marées de très faible amplitude, ce qui laisse toujours aux limicoles une section de battures libres où s’alimenter, même au moment de la marée haute. Je me suis ensuite dirigé vers le fameux champ où jusqu’à six Bécasseaux roussâtres avaient été vus ces derniers jours. Bien sûr, je cherche depuis toujours des Bécasseaux roussâtres dans ma région (comme d’ailleurs toutes les espèces possibles et imaginables; si vous saviez quels oiseaux me passent parfois par la tête…!). Je montre souvent à Christiane les sections d’herbes courtes que je sillonnais à chacune de mes visites à Rivière-Ouelle entre la fin d’août et le début d’octobre durant les années 1980-90 en espérant trouver un de ces oiseaux. Je n’avais réussi qu’à deux reprises lorsque le hasard m’a fait croiser un oiseau non pas à Rivière-Ouelle, mais sur les battures de La Pocatière. Il m’apparaît certain que cet oiseau, tout en étant rare, est sûrement plus régulier que les cinq mentions régionales le laissent croire. Il faut tout de même un entêtement inhabituel pour scruter un champ labouré assez longtemps pour y repérer un Bécasseau roussâtre… s’il y en a un sur place, ce qui est loin d’être garanti!

Vendredi le 9 septembre, à Saint-Denis, j’ai fouillé le champ au télescope durant plus de 20 minutes avant de finalement repérer un seul oiseau. Il s’alimentait activement, mais il demeurait tout de même très difficile à retrouver dès que je le quittais des yeux. Chose certaine, je porterai dorénavant une attention plus soutenue aux champs labourés!
Bécasseau roussâtre (Buff-breasted Sandpiper – Calidris subruficollis)
Saint-Denis – 9 septembre 2016 © Claude Auchu
D’excellentes conditions d’observation étaient encore prévues pour samedi. Comme il arrive régulièrement la veille de sorties prometteuses, une grande fébrilité a fini par l’emporter sur mon naturel plutôt calme en imaginant les tonnes d’oiseaux qui allaient peut-être se présenter à nous! Voilà, la vraie fin de semaine pouvait débuter!

Samedi, nous avons passé une autre belle matinée à Rivière-Ouelle sous une température estivale, le thermomètre passant rapidement de 14 à 22°C. Une fois de plus, le ciel était sans nuage et le vent est demeuré faible durant toute notre sortie. Au lever du soleil, nous avons même pu assister à un court concerto de cris des Plongeons huards et catmarins dérivant au large du quai. Nous sommes tout de même à la mi-septembre et le départ progressif des espèces insectivores de même que l’apparition de migrateurs plus nordiques nous rappellent que l’automne, le vrai, est à nos portes.

Ce sont 70 espèces que nous avons pu trouver à Rivière-Ouelle samedi le 10 septembre entre 5 h 50 et 12 h 30. En voici une partie :
  • 33 Oies des neiges
  • 71 Bernaches du Canada
  • 48 Canards noirs
  • 4 Canards colverts
  • 11 Canards pilets – On peut maintenant considérer l’apparition des Canards pilets en bordure du fleuve comme étant annonciatrice de l’automne. Pourtant, il y a 25 ans à peine, le pilet était un nicheur commun sur les battures du fleuve à La Pocatière, ce qui n’est de toute évidence plus le cas. Jusqu’à tout récemment, je croyais que l’étouffement du marais salin par les fameux Roseaux communs en était la cause et que cette baisse de population n’était que locale. Mais un coup d’œil aux cartes des deux éditions de l’atlas des oiseaux nicheurs du Québec (1984-89 et 2010-14) montre que l’aire de nidification du Canard pilet s’est rétrécie dans toute la vallée du Saint-Laurent! Est-ce que quelqu’un en connaît la cause?
  • 5 Sarcelles d’hiver
  • 136 Eiders à duvet
  • 19 Macreuses à front blanc
  • 3 Garrots à œil d’or
  • 2 Harles huppés – Un autre indice que le mois d’octobre n’est plus très loin.
  • 57 Plongeons catmarins – Le nombre de catmarin également est à la hausse, probablement un signe que les premiers migrateurs ont commencé à atteindre la région.
  • 17 Plongeons huards
  • 18 Grèbes jougris
  • 41 Fous de Bassan
  • 343 Cormorans à aigrettes
  • 52 Grands Hérons
  • 8 Urubus à tête rouge
  • 2 Busards Saint-Martin
  • 3 Éperviers bruns
  • 2 Pluviers argentés
  • 240 Pluviers semipalmés
  • 1 Pluvier kildir
  • 4 Chevaliers grivelés
  • 1 Chevalier solitaire
  • 1 Grand Chevalier – Un Faucon émerillon a tenté à plusieurs reprises de capturer ce Grand Chevalier qui réussissait toujours à esquiver les attaques. Un martin-pêcheur, perché sur une pêche à fascines juste à côté, manifestait lui aussi très bruyamment son mécontentement.
  • 3 Bécasseaux sanderlings
  • 2 Bécasseaux minuscules
  • 48 Bécasseaux semipalmés

Bécasseaux semipalmés (Semipalmated Sandpiper – Calidris pusilla) et 
Pluvier semipalmé (Semipalmated Plover –  Charadrius semipalmatus)
Rivière-Ouelle – 10 septembre 2016 © Claude Auchu
  • 1 Bécassin roux
  • 1 Labbe parasite – Un jeune de l’année descendait rapidement le fleuve au large du quai. Même si nous sommes déjà très familiers avec cette espèce et que sa nuque rousse typique était perceptible, cet oiseau nous a paru particulièrement costaud et se déplaçait avec un vol lourd, nous laissant même croire à un possible Labbe pomarin. Nous l’avons suivi longuement, jusqu’à ce qu’il prenne en chasse un Goéland à bec cerclé. Ce n’est qu’à ce moment que sa taille et son « jizz » de Labbe parasite, avec son vol de faucon et son allure athlétique, sont devenus évidents. Il s’agissait possiblement d’une grosse femelle, les mâles étant de plus petite taille chez les labbes.
  • 1 Guillemot à miroir
  • 2 Mouettes de Bonaparte
  • 1200 Goélands à bec cerclé
  • 7 Sternes pierregarins
  • 2 Martins-pêcheurs d’Amérique – Le martin-pêcheur qui avait assisté aux attaques contre le Grand Chevalier quelques minutes plus tôt a lui-aussi subi les assauts d’un faucon. C’est cependant un Faucon pèlerin qu’il a dû affronter! Alors que ce gros faucon tournoyait au-dessus d’une pêche à fascines, le martin-pêcheur a dû se réfugier entre les filets en essayant d’y trouver un perchoir. Au bout de longues secondes (dans l’esprit du martin-pêcheur!), le faucon a poursuivi sa route pour aller attaquer un groupe de Pluviers semipalmés, des proies plus petites et, surtout, moins bruyantes!
  • 1 Pic flamboyant
  • 3 Faucons émerillons
  • 2 Faucons pèlerins – Après l’immature aux prises avec le martin-pêcheur, nous avons rencontré un adulte plus paisible. Il était même perché sur une antenne installée en bordure du fleuve afin de suivre les déplacements des limicoles!

Faucon pèlerin (Peregrine Falcon – Falco peregrinus)
Rivière-Ouelle – 10 septembre 2016 © Claude Auchu
Faucon pèlerin (Peregrine Falcon – Falco peregrinus)
Rivière-Ouelle – 10 septembre 2016 © Claude Auchu
  • 16 Geais bleus
  • 100 Corneilles d’Amérique
  • 7 Pipits d’Amérique
  • 15 Jaseurs d’Amérique
  • 1 Paruline obscure
  • 1 Paruline à joues grises
  • 5 Parulines masquées
  • 1 Paruline à collier
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 1 Paruline rayée
  • 17 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à gorge noire
  • 4 Sizerins flammés – Comme je l’écrivais récemment, les matinées sans vent permettent souvent d’entendre des passereaux migrant au-dessus du quai de Rivière-Ouelle. Samedi matin, durant les trois heures passées au quai, nous avons entendu des Sizerins flammés à quatre reprises!
  • 3 Tarins des pins
  • 10 Chardonnerets jaunes

Bien entendu, le beau temps ne pouvait se prolonger éternellement! La superbe matinée de samedi a donc été suivie d’un ennuagement en après-midi, puis d’averses et même d’orages durant la nuit. Un vent particulièrement fort, dépassant les 70 km/h, a ensuite soufflé toute la journée de dimanche, ce qui a pratiquement réduit à néant nos efforts pour trouver des oiseaux. Nous nous sommes tout de même dirigés vers Kamouraska où les limicoles s’accrochaient tant bien que mal au rivage. Ils donnaient malgré tout l’impression d’être plus à l’aise que nous deux sous les bourrasques, même s’ils devaient obligatoirement demeurer face au vent.

Notre petite séance d’observation à Kamouraska dimanche le 11 septembre ne nous aura fourni que les limicoles suivants, les plus petites espèces s’étant réfugiées ailleurs :
  • 100 Pluviers argentés
  • 11 Petits Chevaliers
  • 32 Bécasseaux maubèches
  • 5 Bécasseaux sanderlings
  • 1 Bécassin roux

En passant par Rivière-Ouelle au retour, nous avons croisé un groupe de plus de 500 Bécasseaux semipalmés et plusieurs dizaines de Pluviers semipalmés. Le vent violent qui faisait même voler le sable de plage à cet endroit a malheureusement rendu l’observation carrément impossible. De retour à la maison, Christiane m’a même avoué que d’avoir dû abandonner les oiseaux de cette façon lui laissait un goût amer. Je la comprends très bien… mais on se reprendra!