mardi 7 février 2017

Le « fantôme des silos »

Nous sommes sortis très satisfaits de cette belle fin de semaine hivernale. La météo est demeurée très acceptable durant les deux journées et, surtout, les oiseaux étaient nettement plus présents qu’au cours des dernières semaines. Samedi, une température de saison, du soleil et peu de vent en matinée nous ont donné le goût d’étirer notre plaisir au maximum. Dimanche, la faible neige qui tombait n’a pas été suffisante pour contrecarrer nos plans et nous nous sommes rendus le plus loin en forêt que notre voiture le permettait!

Samedi matin, notre fin de semaine ornithologique a débuté par une lente tournée vers l’est de la région. Nous espérions bien sûr croiser le Faucon gerfaut blanc sur notre route, mais le but premier de cette sortie était surtout d’explorer la ville de Saint-Pascal. Cette petite ville, que nous visitons trop rarement par manque de temps, nous a déjà réservé de belles surprises en plein cœur de l’hiver. Mais, bien sûr, l’hiver 2016‑17 n’est pas comme les autres et l’absence chronique des espèces granivores était aussi marquée à Saint‑Pascal que n’importe où ailleurs dans la région! Tout de même, c’est à Saint‑Pascal que nous avons rencontré le seul fringillidé de notre excursion, un Tarin des pins… Également, à la limite sud de la ville, les pistes d’une petite compagnie de Perdrix grises étaient bien visibles au pied de quelques mangeoires (où ne se trouvait d’ailleurs aucun oiseau).
C’est après avoir visité Saint-Pascal que nous sommes véritablement partis à la recherche du Faucon gerfaut. Nous avons parcouru la trajet habituel en répétant régulièrement les phrases classiques telles que « rien ici… » et « là non plus… ». Durant notre arrêt pour dîner, voyant que le vent prenait de l’ampleur, nous avons décidé de laisser tomber et de retourner simplement à la maison. Nous étions donc sur le chemin du retour lorsque nous sommes finalement tombés sur le Faucon gerfaut! L’oiseau de forme blanche était encore une fois perché bien en vue au sommet d’un silo à l’intérieur de la limite est de Saint-Denis. Après une bonne séance d’observation (et de photos), le faucon s’est envolé pour aller se percher sur un autre silo, à peine 700 mètres plus loin, où nous l’avons rejoint. Dix minutes plus tard, lorsqu’il a quitté ce deuxième perchoir, le gerfaut est venu passer quelques mètres à peine au-dessus de nos têtes pour disparaître vers l’est! Le « fantôme des silos », comme l’avait si bien surnommé un ami l’hiver dernier, venait de se volatiliser à nouveau. Il est tout de même surprenant qu’un oiseau de cette taille réussisse à apparaître et à disparaître aussi facilement. Il semble bien que ce rapace soit plus difficile à repérer qu’un harfang lorsqu’il est simplement perché sur un piquet de clôture. Les falaises qui parsèment le décor kamouraskois entre Saint-Pascal et Saint-André lui offrent aussi de belles cachettes, peut‑être même un dortoir.
Faucon gerfaut (Gyrfalcon – Falco rusticolus)
Saint-Denis-De La Bouteillerie – 4 février 2017 © Claude Auchu
De cet angle (et d’aussi près!), des traces du sang de son dernier repas peuvent être vues
du ventre jusqu’aux couvertures sous-caudales.
Faucon gerfaut (Gyrfalcon – Falco rusticolus)
Saint-Denis-De La Bouteillerie – 4 février 2017 © Claude Auchu
Ce n’est pas d’aujourd’hui que les Faucons gerfauts sont présents dans la grande plaine de la région de Kamouraska. L’abbé René Tanguay avait lui-même capturé des spécimens à Kamouraska les 18 novembre 1927, 7 novembre 1934 et 10 janvier 1956, tandis que Willie LaBrie en avait également pris un à Saint-Denis le 26 mars 1928. Je suis trop jeune pour vous dire si les conditions autour des fermes au milieu du XXsiècle ressemblaient à celles observées de nos jours, avec des centaines de Pigeons bisets et d’Étourneaux sansonnets comme proies potentielles!

Samedi le 4 février, nous avons « viraillé » entre Rivière-Ouelle, Saint-Denis, Kamouraska et Saint-Pascal de 7 h30 à 12 h 50. Voici les espèces rencontrées :
  • 147 Pigeons bisets
  • 2 Harfangs des neiges
  • 1 Faucon gerfaut­ – Cet individu avait été photographié une première fois dans ce secteur le 27 décembre dernier. Il s’agit sans aucun doute d’une femelle qui, dès le premier coup d’œil, apparaît nettement plus grosse et plus costaude que le petit mâle que j’avais vu à Rivière‑Ouelle en mars dernier.

Vu de derrière dans cette pose maintenant classique,
ce faucon pourrait bien passer pour un individu de forme grise.
Faucon gerfaut (Gyrfalcon – Falco rusticolus)
Saint-Denis-De La Bouteillerie – 4 février 2017 © Claude Auchu
  • 13 Geais bleus
  • 1 Corneille d’Amérique
  • 12 Grands Corbeaux
  • 26 Alouettes hausse-col – Vingt-trois alouettes se trouvaient à Rivière‑Ouelle et trois autres à Kamouraska.
  • 19 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine blanche – Deux oiseaux à une même mangeoire de Rivière‑Ouelle.
  • 102 Étourneaux sansonnets – Les étourneaux ont été beaucoup plus discrets que la semaine dernière. Au moins 70 individus tournoyaient tout de même autour du premier silo où était perché le gerfaut!
  • 30 Plectrophanes des neiges
  • 1 Tarin des pins

La semaine dernière, un compagnon de travail m’a fièrement annoncé que plus de 70 Durbecs des sapins visitaient régulièrement ses mangeoires situées dans le village de Saint-Onésime. Nous avons décidé d’aller vérifier ses dires, mais pas avant d’avoir inspecté de belles zones conifériennes situées plus loin à l’intérieur des terres. Les sections de forêts visitées étaient parsemées d’épinettes dont les troncs avaient été littéralement épluchés par des pics. Les « picados » (Pic à dos noir et Pic à dos rayé), en particulier, se nourrissent régulièrement de cette façon, en faisant tomber au sol l’écorce de conifères morts lorsqu’ils sont à la recherche de larves d’insectes. Une belle occasion pour nous de mettre l’œil sur ces espèces toujours rares dans notre région. De surcroit, pour notre plus grand plaisir, les oiseaux étaient omniprésents et très démonstratifs dimanche matin dans les forêts situées au fin fond de Saint-Onésime!

Le vaste territoire de Saint-Onésime nous aura permis de voir les espèces suivantes dimanche le 5 février entre 7 h 25 et 11 h 00 :
  • 1 Gélinotte huppée
  • 3 Pigeons bisets
  • 3 Pics chevelus
  • 1 Pic à dos noir – Une femelle travaillait fort sous une faible neige pour dénicher sa nourriture.

Pic à dos noir (Black-backed Woodpecker – Picoides arcticus)
Saint-Onésime – 5 février 2017 © Claude Auchu
  • 1 Mésangeai du Canada
  • 6 Geais bleus
  • 4 Corneilles d’Amérique
  • 6 Grands Corbeaux
  • 32 Mésanges à tête noire
  • 2 Mésanges à tête brune
  • 1 Grimpereau brun
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 25 Durbecs des sapins – Ils n’étaient peut-être pas 70, mais nous avons été pleinement satisfaits par la présence bien marquée de ces 25 oiseaux à la mangeoire de notre ami.
  • 3 Gros-becs errants
  • 1 Junco ardoisé – Ce junco accompagnait un groupe de mésanges près de quelques chalets, bien qu’aucune vraie mangeoire ne soit active dans le voisinage. Puisque les fringillidés ne trouvent rien à manger en forêt, de quoi peut bien se nourrir cet oiseau???

Cette fin de semaine a été excellente pour notre moral! Mais, maintenant que nous avons vu un Faucon gerfaut blanc et un autre sombre de façon satisfaisante depuis le début de l’hiver, peut-on maintenant espérer en voir un de forme grise?