mardi 16 mai 2017

Combattant varié, Grue du Canada et trois Parulines des pins!

Pour cette fin de semaine, je n’ai rien à redire contre la météo! Rappelons tout de même que la dernière semaine a encore été froide, venteuse et pluvieuse, ce qui est simplement la norme ce printemps. Mais le beau temps est arrivé juste à temps pour la fin de semaine et, à la mi-mai, nous souhaiterions tous avoir le don d’ubiquité. Tous les sites et les habitats débordent d’oiseaux fraîchement arrivés et qui ne demandent qu’à être observés. Samedi et dimanche, nous avons fait le maximum pour les satisfaire!

Déjà, vendredi après-midi, ayant quelques moments de libre, je m’étais rendu à Rivière-Ouelle en espérant y trouver certains des migrateurs néotropicaux (moucherolles, viréos, parulines) tant attendus. Puisque je visais les passereaux, c’est donc aux lisières des boisés que je comptais m’attarder… après tout, Rivière-Ouelle n’est pas qu’un quai! Mais, en chemin, un groupe dense d’Oies des neiges sur le rivage, tout près de la route, m’ont littéralement obligé à faire un arrêt. Après un coup d’œil rapide aux individus les plus éloignés, je me suis concentré sur les oies se nourrissant en bordure de l’eau. En suivant lentement le rivage au télescope, j’ai remarqué un Petit Chevalier, puis un autre et un autre… et puis paf! un oiseau différent est apparu dans mon champ de vision. Dans de telles circonstances, je suis toujours étonné de constater à quelle vitesse nous sommes en mesure de faire un tri parmi les espèces possibles (et certaines impossibles)! En une fraction de seconde, mon cerveau a éliminé le Bécasseau à poitrine cendrée, puis le Bécasseau à queue pointue (pourquoi pas?) pour finalement aboutir au Combattant varié! C’était bien ça : j’avais devant moi une femelle de Combattant varié!!!
Ce limicole eurasien est très spectaculaire. Étant 25% plus grands que les femelles, les mâles en plumage nuptial portent une large collerette de couleur variable d’un oiseau à l’autre. Avec une telle différence entre les deux sexes, les Britanniques ont même donné un nom différent au mâle (appelé « Ruff ») et à la femelle (« Reeve »). Dans leur aire de nidification, les combattants se réunissent sur des sites traditionnels appelés « leks » où les mâles exécutent des parades extravagantes. Je vous invite fortement à regarder cette vidéo présentant des images incroyables de la parade de ce limicole tournées en Biélorussie.
Le combattant a probablement toujours été régulier en Amérique, mais le nombre de mentions varie grandement d’une année à l’autre. Le printemps 2017 semble être particulièrement fructueux avec des oiseaux notés un peu partout dans le nord-est du continent, dont deux mâles à Bécancour il y a deux semaines et une femelle à Saint-Blaise ces derniers jours. On peut se demander où nichent les oiseaux observés dans l’est de l’Amérique. Les musées nord-américains possèdent sûrement des spécimens d’oiseaux juvéniles capturés sur notre continent; un test sur les isotopes stables de ces spécimens pourraient peut-être nous fournir une réponse!?!

À Rivière-Ouelle, vendredi le 12 mai, les passereaux ont perdu le titre de vedettes de ma sortie. J’ai tout de même vu :
  • 1 Canard chipeau
  • 7 Canards d’Amérique
  • 100 Canards noirs
  • 2 Canards colverts
  • 1 Canard souchet
  • 80 Sarcelles d’hiver
  • 8 Fuligules à collier
  • 20 Petits Fuligules
  • 1 Pluvier semipalmé
  • 1 Pluvier kildir
  • 1 Combattant varié – Un oiseau à Sept-Îles le 27 mai 1933 semble être la toute première présence de l’espèce au Québec. Pour les MRC de Kamouraska-L’Islet, il s’agit de la 8e mention connue, la première depuis 10 ans. Ma rencontre la plus particulière avec un Combattant varié implique une autre femelle que j’avais trouvée à La Pocatière le 25 mars 1996, une date extrêmement hâtive pour l’espèce. Plus surprenant encore, j’avais revu l’oiseau au même endroit les 8 et 13 avril; il avait alors survécu à un ‑12°C et à une chute de 10 centimètres de neige! Les oiseaux sont vraiment plein de ressources!

Il est toujours dommage de devoir photographier une telle rareté à contre-jour! 
Comparativement au Petit Chevalier qui l’accompagne, le combattant a une apparence plus costaude, 
le bec plus épais et très légèrement tombant, le dos écaillé et les flancs fortement marqués.
Petit Chevalier (Lesser Yellowlegs – Tringa flavipes) et Combattant varié (Reeve – Calidris pugnax)
Rivière-Ouelle – 12 mai © Claude Auchu
  • 1 Bécasseau minuscule
  • 3 Grands Chevaliers
  • 8 Petits Chevaliers
  • 4 Goélands arctiques
  • 1 Buse à queue rousse
  • 1 Bruant fauve

Samedi, il était certain que notre journée ornithologique allait se dérouler à Rivière-Ouelle, que le combattant y soit encore ou non. Les conditions d’observation étaient encore très belles, mais les presque cinq heures passées au quai jumelées au vent du nord-est ont réussi à nous geler jusqu’aux os! Une promenade dans un endroit ensoleillé et abrité des vents nous a par la suite permis de recharger nos batteries. En mai, le fleuve débordait souvent de poissons et, samedi, certains bondissaient même hors de l’eau, comme s’il n’y avait pas assez de place pour tout le monde sous la surface!

La presque totalité de l’excursion de samedi le 13 mai s’est faite en compagnie de Thomas Biteau et nos six yeux ont trouvé 81 espèces à Rivière-Ouelle entre 4 h 50 et 13 h 25. En voici une partie :
  • 12000 Oies des neiges
  • 27 Bernaches cravants
  • 880 Bernaches du Canada – Les bernaches quittent la région! Des centaines ont migré vers le nord-est très loin au large du quai durant toute la matinée.
  • 1 Canard branchu
  • 4 Canards d’Amérique
  • 67 Canards noirs
  • 18 Canards colverts
  • 2 Sarcelles à ailes bleues
  • 12 Sarcelles d’hiver
  • 47 Petits Fuligules – Il s’agit d’une belle quantité pour le quai de Rivière-Ouelle où les Fuligules milouinans sont habituellement plus nombreux. Sur les rares étangs d’eau douce des environs, ce sont cependant les Petits Fuligules qui dominent.
  • 90 Eiders à duvet
  • 60 Macreuses à front blanc
  • 12 Macreuses brunes
  • 3000 Macreuses à bec jaune
  • 12 Hareldes kakawis
  • 3 Garrots à œil d’or
  • 2 Harles couronnés
  • 51 Grands Harles
  • 141 Harles huppés
  • 2 Grèbes jougris
  • 1 Grue du Canada – Le nombre de grues observées dans notre secteur augmente très lentement à chaque année. L’espèce finira bien par découvrir des sites de nidification à son goût dans la région.
  • 1 Pluvier kildir
  • 1 Bécasseau minuscule
  • 3 Grands Chevaliers
  • 1 Petit Chevalier
  • 20 Labbes parasites – Les Labbes parasites sont de retour, les mouettes et goélands n’ont qu’à bien se tenir! Plusieurs de ces oiseaux à l’allure athlétique nous ont donné de beaux spectacles en poursuivant les laridés jusqu’à ce qu’ils régurgitent le contenu de leur estomac. Les labbes faisaient régulièrement des allers-retours devant le quai, le décompte final n’a pas été facile. Les 20 oiseaux inscrits sur notre liste constituent un minimum.

Labbe parasite (Parasitic Jaeger – Stercorarius parasiticus)
Rivière-Ouelle – 13 mai 2017 © Claude Auchu
  • 18 Guillemots marmettes
  • 30 Petits Pingouins
  • 2 Guillemots à miroir
  • 40 Mouettes tridactyles – Étrangement, une trentaine de mouettes suivaient de près un cargo qui voguait vers le nord-est au large du quai. Les hélices du navire faisaient-elles remonter les poissons à la surface, même en plein dans le chenal du Saint-Laurent?
  • 98 Mouettes de Bonaparte
  • 200 Goélands à bec cerclé
  • 200 Goélands argentés
  • 6 Goélands arctiques
  • 1 Goéland brun – Un immature en plumage de deuxième année.
  • 20 Goélands marins
  • 17 Sternes pierregarins
  • 504 Plongeons catmarins
  • 1 Plongeon huard
  • 58 Fous de Bassan
  • 160 Cormorans à aigrettes
  • 10 Urubus à tête rouge
  • 2 Pygargues à tête blanche – Un immature en plumage de troisième année et un adulte.
  • 3 Petites Buses
  • 1 Buse à queue rousse
  • 7 Pics flamboyants
  • 1 Moucherolle phébi
  • 1 Alouette hausse-col
  • 20 Hirondelles bicolores
  • 2 Hirondelles rustiques
  • 30 Mésanges à tête noire – Encore une fois, des mésanges se déplaçaient vers le sud-ouest en longeant le rivage du fleuve. Et, encore une fois, elles se retrouvaient coincées au bout de la pointe aux Orignaux, de la pointe aux Iroquois et de la pointe de la Rivière Ouelle. À partir de ces lieux, elles tentaient de s’envoler au-dessus du fleuve pour revenir encore et encore vers le rivage! Que d’énergie dépensée par ses petits oiseaux!
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 12 Roitelets à couronne rubis
  • 4 Pipits d’Amérique
  • 1 Paruline noir et blanc

Paruline noir et blanc (Black-and-white Warbler – Mniotilta varia)
Rivière-Ouelle – 13 mai 2017 © Claude Auchu
  • 1 Paruline masquée
  • 18 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à gorge noire
  • 9 Bruants des prés
  • 2 Bruants des marais
  • 11 Bruants à gorge blanche
  • 4 Bruants à couronne blanche

Avec aussi peu de limicoles, il n’est pas surprenant que le Combattant varié n’ait pas été retrouvé. Il faut dire que les belles conditions pour les observateurs sont aussi de belles conditions pour les migrateurs! Certains arrivent dans la région, mais d’autres la quittent!

Dimanche matin, la température nous a enfin permis de faire une excursion à vélo. Le boisé visité à La Pocatière contient une pinède mature où, l’été dernier, nous avions trouvé un mâle chanteur de Paruline des pins. Puisque l’absence de moustiques nous permet de nous attarder encore longuement dans les forêts, un détour par la pinède faisait bien sûr partie de notre trajet.
Ensuite, tout juste avant l’arrivée des premières averses, nous avons fait un rapide détour par les rives du Saint-Laurent. Les oiseaux aquatiques étaient peu nombreux, mais un coup d’œil loin au large nous a permis de voir au moins 2000 goélands volant en tout sens! 

Dimanche le 14 mai, nous avons parcouru La Pocatière entre 5 h 30 et 10 h 20 où 71 espèces ont pu être trouvées, dont :
  • 20000 Oies des neiges
  • 4 Gélinottes huppées
  • 1 Chevalier solitaire
  • 3 Fous de Bassan – Il arrive occasionnellement que des fous puissent être repérés à partir de La Pocatière. Un bon télescope est bien entendu indispensable.
  • 2 Martins-pêcheurs d’Amérique
  • 4 Pics maculés
  • 5 Pics mineurs
  • 1 Grand Pic
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Moucherolle tchébec
  • 6 Moucherolles phébis
  • 5 Viréos à tête bleue
  • 54 Geais bleus – Des individus encore en migration volaient silencieusement vers le nord-est en petits groupes comptant jusqu’à 15 oiseaux. Comme les mésanges vues à Rivière-Ouelle la veille, ces oiseaux ne nicheront certainement pas cet été!
  • 7 Sittelles à poitrine rousse – Enfin, ces petites acrobates sont de retour dans nos forêts! C’est la première fois que j’ai à attendre jusqu’à la mi-mai pour que cette espèce devienne commune.
  • 1 Sittelle à poitrine blanche – Un oiseau était encore présent dans la ville. Contrairement à sa cousine à poitrine rousse, la poitrine blanche est une espèce des forêts de feuillus et son abondance n’est donc pas conditionnée par la production de graines de conifères.
  • 2 Grimpereaux bruns
  • 2 Troglodytes des forêts
  • 12 Roitelets à couronne rubis
  • 4 Roitelets à couronne dorée
  • 7 Grives solitaires
  • 32 Merles d’Amérique
  • 6 Jaseurs boréaux – Quelques Jaseurs boréaux se nourrissaient de vieilles pommes tombées au sol. Je n’avais jamais observé ce jaseur aussi tardivement dans la région au printemps; mon « record » précédent remontait au 13 mai 1981!!!
  • 15 Roselins pourprés
  • 2 Tarins des pins
  • 35 Chardonnerets jaunes
  • 14 Gros-becs errants – Depuis une dizaine de jours, des petits groupes de gros-becs se promènent bruyamment dans la ville et ses alentours.
  • 14 Parulines couronnées – Toujours aussi faciles à repérer grâce à leur chant surpuissant!
  • 1 Paruline noir et blanc
  • 2 Parulines masquées
  • 2 Parulines flamboyantes – Malgré le printemps particulièrement froid, je n’avais observé cette paruline aussi hâtivement qu’à une seule reprise, le 14 mai 1990!

Paruline flamboyante (American Redstart – Setophaga ruticilla)
Rivière-Ouelle – 13 mai 2017 © Claude Auchu
  • 2 Parulines tigrées
  • 2 Parulines à gorge orangée – Scène représentative du printemps 2017, une Paruline à gorge orangée chantait dans une épinette dont la base se trouvait encore en partie sous la neige…!
  • 5 Parulines bleues
  • 3 Parulines des pins – La surprise de la journée! Avant même d’atteindre la pinède, nous avons entendu un chant suspect provenant d’une section de forêt relativement ouverte où se trouvent plusieurs pins. C’est avec un enthousiasme non-retenu que nous avons finalement confirmé la présence d’un mâle de Paruline des pins! La surprise s’est rapidement transformée en stupeur lorsqu’une femelle est venue rejoindre le mâle dans le même pin!!! Les deux oiseaux se suivaient toujours de près, ce qui laisse croire que le couple est bel et bien formé! Nous avons poursuivi notre promenade jusqu’à la véritable pinède où un autre mâle chanteur a été trouvé! Il y a donc au moins trois Parulines des pins dans ce boisé que j’explore pourtant depuis plus de 30 ans en ayant toujours cette espèce en tête!!! Cette paruline est une nicheuse très rare dans Kamouraska-L’Islet, mais elle a peut-être déjà été plus commune. Ses populations avaient fort probablement souffert de la coupe massive des grandes pinèdes à la fin du XVIIIe siècle, mais elle semble maintenant devenir plus commune dans le Bas-Saint-Laurent.

Une femelle particulièrement terne...
Paruline des pins (Pine Warbler – Setophaga pinus)
La Pocatière – 14 mai 2017 © Claude Auchu
...et son mâle, plus brillant mais bien caché
Paruline des pins (Pine Warbler – Setophaga pinus)
La Pocatière – 14 mai 2017 © Claude Auchu
  • 25 Parulines à croupion jaune
  • 3 Parulines à gorge noire
  • 1 Bruant hudsonien
  • 17 Bruants familiers
  • 20 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant des marais
  • 25 Bruants à gorge blanche
  • 9 Bruants à couronne blanche
  • 10 Juncos ardoisés
  • 2 Vachers à tête brune

Ce fut toute une fin de semaine, exactement comme elles se doivent d’être durant le mois de mai!
Je terminerai en vous parlant du Troglodyte familier trouvé dans notre arrière-cour la semaine dernière. Ce courageux petit mâle est demeuré sur place jusqu’à vendredi le 12 mai, chantant à pleins poumons. Mercredi dernier, le petit 2°C, le vent fort du nord-est et la fine pluie n’ont pas été suffisants pour le faire taire. Finalement, ce n’est probablement pas le froid qui l’a fait quitter notre voisinage, c’est sans doute plutôt l’absence de femelle…!