mardi 29 avril 2014

Hareldes kakawis et Buses à queue rousse

J’ai l’impression que nous avons été chanceux! Après des jours de froid, de pluie et de neige, allions-nous avoir droit à un peu de beau temps pour la fin de semaine? Pas d’après les météorologues qui prévoyaient encore pour samedi et dimanche un mélange de précipitations et de vents froids du nord-est…
Auparavant, la journée de vendredi le 25 avril aura été particulièrement belle et, durant notre courte heure de dîner, nous avons eu le temps de noter quelques oiseaux de proie en migration et quelques passereaux nouvellement arrivés dans la région. Ce beau temps allait-il se prolonger pour nous permettre de profiter d’une belle matinée samedi??? Et bien, je crois que nous avons vraiment été chanceux puisque le mauvais côté de la température (la pluie qui nous empêche d’observer efficacement les oiseaux) n’aura été que partiel alors que son bon côté (le vent fort du nord-est qui pousse vers nous des oiseaux que nous aurions autrement ratés) s’est poursuivi sans relâche! La fin de semaine que nous pensions devoir oublier nous aura finalement laissé de bien beaux souvenirs! Mais commençons par le début…

La matinée à Rivière-Ouelle a débuté sous un ciel qui s’ennuageait rapidement et un vent modéré du nord-est. Nous avons réussi à tirer profit du vent, mais nous nous sommes retrouvés avec un temps qui est demeuré très sombre durant tout l’avant-midi. Malgré celà, la visibilité est demeurée excellente et nous avons pu profiter sans trop de problèmes des très nombreux oiseaux qui circulaient loin au large. Il n’y a jamais deux excursions semblables et nous avons été plutôt surpris de constater la rareté des Plongeons catmarins (tout étant relatif…) et l’absence totale de Petits Pingouins, deux espèces qui avaient pourtant largement dominé le décor la semaine dernière. Cette fin de semaine, elles semblaient avoir laissé leur place aux Fous de Bassan et surtout aux Hareldes kakawis.
Durant les 3 h 30 passées au quai, nous avons été témoins de l’arrivée de la neige qui cachait de plus en plus les montagnes de Charlevoix. La neige fondante qui tombait lorsque nous avons quitté le site nous a finalement accompagné pour le reste de l’excursion.

C’est tout de même 59 espèces que nous avons réussi à trouver à Rivière-Ouelle samedi le 26 avril entre 5 h 25 et 11 h 45. En voici un large aperçu :
  • 74 Bernaches cravants – Les quantités de cravants à Rivière-Ouelle sont vraiment encourageantes ce printemps! J’aimerais bien qu’elles visitent ensuite en bon nombre les battures de La Pocatière comme elles le faisaient durant les années 1980.
  • 325 Bernaches du Canada
  • 1 Canard branchu
  • 2 Canards d’Amérique
  • 225 Canards noirs
  • 27 Canards colverts
  • 81 Canards pilets
  • 67 Sarcelles d’hiver
  • 10 Fuligules à collier
  • 2 Fuligules milouinans
  • 1 Petit Fuligule
  • 115 Eiders à duvet
  • 24 Macreuses à front blanc
  • 11 Macreuses brunes
  • 700 Macreuses à bec jaune – Les vagues profondes produites par le vent ne nous ont pas permis d’évaluer de façon précise le nombre de macreuses présentes à leur site de rassemblement traditionnel.
  • 785 Hareldes kakawis – Des bandes de kakawis ont défilé de façon presque continue au large du quai durant la matinée. C’est la première fois que je suis témoin d’un tel déplacement dans la région au printemps (mais qui est plus normal en novembre, tout comme d’ailleurs la température rencontrée ce matin-là!). À mon avis, il est probable que ces oiseaux ont été déportés vers l’ouest par les vents alors qu’ils survolaient la terre ferme entre la côté atlantique et l’estuaire du Saint-Laurent. Nous serions sûrement surpris de savoir tout ce qui nous passe au-dessus de la tête…! 
  • 26 Garrots à œil d’or
  • 13 Grands Harles
  • 59 Harles huppés
  • 1 Gélinotte huppée
Gélinotte huppée – Rivière-Ouelle – 26 avril 2014 © Claude Auchu
  • 128 Plongeons catmarins – Une quantité relativement peu élevée localement, mais tout de même respectable à l’échelle provinciale.
  • 1 Plongeon huard
  • 28 Fous de Bassan – Les fous font toujours leur apparition aux mêmes dates, habituellement entre le 20 et le 30 avril, en suivant l’arrivée des éperlans dans nos eaux. Ma mention la plus hâtive dans la région est le 10 avril 1995.
  • 130 Cormorans à aigrettes
  • 10 Grands Hérons
  • 1 Busard Saint-Martin – Très tôt samedi matin, un oiseau est apparu au large du quai, semblant arriver de Charlevoix!
  • 2 Épervier brun
  • 3 Buses à queue rousse
  • 2 Buses pattues
  • 1 Grand Chevalier
  • 1 Bécassine de Wilson – Elle était dans une flaque d’eau devant une maison.
  • 1 Guillemot à miroir
  • 6 Mouettes tridactyles – Rarement nombreuses, elles sont malgré tout des habituées des vents du nord-est.
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 40 Goélands argentés
  • 70 Goélands marins
  • 2 Harfangs des neiges – Ces deux oiseaux étaient posés dans un champ labouré, tout près l’un de l’autre.
Harfang des neiges – Rivière-Ouelle – 26 avril 2014 © Claude Auchu
 
"Ne regarde pas derrière toi, je crois que tu es suivi!"
Harfangs des neiges – Rivière-Ouelle – 26 avril 2014 © Claude Auchu
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 1 Moucherolle phébi
  • 11 Plectrophanes des neiges
  • 170 Quiscales bronzés
Durant la deuxième partie de notre excursion, nous avons été surpris de voir quelques rapaces quitter les boisés de la limite ouest de Rivière-Ouelle et s’élancer vers La Pocatière au-dessus des champs, malgré la neige fondante qui tombait régulièrement. De retour à la maison pour dîner au chaud et au sec, Christiane n’a pas pu s’empêcher de jeter de fréquents coups d’œil à l’extérieur entre deux bouchées. Elle s’est rapidement rendue compte que des buses circulaient au nord de la ville, comme si elles arrivaient de Rivière-Ouelle!!! Le repas a été engouffré en vitesse et nous revoilà à l’extérieur à chercher un endroit offrant à la fois un abri contre le vent du nord-est et un bon champ de vision. L’emplacement fut rapidement trouvé (je le connaissais déjà!) et nous y avons passé près de deux heures à scruter le ciel.

Voici donc les principales espèces que nous avons vues à La Pocatière de 12 h 30 à 14 h 15 :
  • 4 Urubus à tête rouge
  • 4 Busards Saint-Martin
  • 3 Éperviers bruns
  • 33 Buses à queue rousse
  • 2 Buses pattues
Pour la journée de dimanche, les risques de précipitations étaient moins importants et les vents du nord-est devaient souffler avec encore plus de force. Avant que les vents ne se lèvent, nous avons débuté la journée par une petite visite sur les battures. Même à partir du fond de la baie de Saint-Anne, il était possible de voir qu’il y avait beaucoup de mouvements au large. Des Plongeons catmarins et même des Fous de Bassan étaient nettement visibles du rivage, phénomène plutôt rare à La Pocatière!
Au milieu de l’avant-midi, nous sommes retournés au site bien abrité visité la veille, avec bien des idées d’oiseaux de proie en tête! À notre grande surprise, les rapaces migraient en suivant encore la même route que samedi et arrivant directement de Rivière-Ouelle. Je suis la migration des oiseaux de proie dans la région depuis plus de 30 ans et il est plutôt rare que ces oiseaux suivent cette route particulière avec autant de fidélité. À l’est de La Pocatière, il faut parcourir 30 kilomètres et se rendre à Saint-Germain-de-Kamouraska avant de rencontrer des montagnes dignes de ce nom en bordure du fleuve. Puisque les oiseaux de proie préfèrent habituellement profiter des crêtes rocheuses afin de faciliter leurs déplacements, ils avaient sûrement une bonne raison de longer le fleuve d’aussi près. Ils avaient probablement l’intention de traverser le fleuve, peut-être à partir du quai de Rivière-Ouelle comme des observations récentes le démontre. Mais, ce qui m’a le plus surpris, c’est de voir que les rapaces n’avaient pas encore « corrigé » leur plan de vol et qu’ils continuaient à survoler les champs plutôt que de se déplacer du côté sud de la ville où se trouvent de beaux escarpements.
Dans la région, il est normal de voir des rapaces migrer vers le sud-ouest en bordure du fleuve le printemps, en particulier lors des journées de vents du nord-est. Ce sont même durant ces journées que les rapaces sont les plus en évidence, peut-être parce ce phénomène les concentre au-dessus des secteurs les plus habités. D’après mes observations, il s’agirait d’oiseaux qui étaient sur le point de traverser le fleuve Saint-Laurent en aval de La Pocatière et qui en ont été empêchés par les vents contraires.

À La Pocatière, dimanche le 27 avril, notre excursion s’est déroulée de 7 h 55 et 13 h 45, ce qui nous a permis d’observer 52 espèces, telles :
  • 3 Canards chipeaux
  • 100 Canards noirs
  • 9 Canards colverts
  • 2 Fuligules milouinans
  • 5 Eiders à duvet
  • 1 Harle couronné
  • 10 Plongeons catmarins
  • 15 Fous de Bassan – Très loin au large, mais facilement identifiables grâce à leur jizz bien particulier!
  • 40 Cormorans à aigrettes
  • 10 Grands Hérons
  • 17 Urubus à tête rouge – Contrairement aux oiseaux de proie en migration, plusieurs des urubus volaient face au vent. Il s’agissait probablement d’oiseaux locaux.
  • 5 Busards Saint-Martin
  • 6 Éperviers bruns
  • 1 Petite Buse
  • 137 Buses à queue rousse – Le printemps, c’est toujours l’oiseau de proie le plus abondant en migration dans la région.
  • 3 Buses pattues
  • 1 Aigle royal – Un bel adulte est passé en vitesse, volant trop bas et trop près de nous pour nous laisser le temps de l’admirer. À La Pocatière, le vent du nord-est est presque indispensable pour espérer trouver un Aigle royal.
  • 2 Goélands bruns – Un immature en plumage de premier été et un adulte étaient présents en même temps sur les battures, mais chacun de leur côté.
  • 2 Harfangs des neiges – Deux harfangs étirent encore leur séjour à La Pocatière.
  • 2 Crécerelles d’Amérique
  • 2 Faucons émerillons
  • 2 Moucherolles phébis
  • 30 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant familier
  • 16 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant des marais
  • 14 Roselins pourprés
  • 1 Tarins des pins
  • 2 Chardonnerets jaunes
Il est toujours intéressant de voir à quel point les oiseaux sont affectés par la météo. Nous en avons eu de beaux exemples durant cette fin de semaine, autant chez les oiseaux aquatiques que chez les rapaces qui ont été déportés hors de leur voie migratoire par les vents du nord-est. Maintenant, pour faire changement, il faudrait peut-être un peu (juste un peu!) de vent du sud-ouest et de chaleur, ne serait-ce que pour permettre aux passereaux insectivores de se rendre jusqu’à nous…

mardi 22 avril 2014

Les Plongeons catmarins reprennent la vedette!

La fin de semaine de Pâques, enfin! Trois jours de suite à ne rien faire… Ne rien faire??? Surtout pas pour des ornithologues comme nous et durant la deuxième moitié d’avril de surcroît!!! Comme je l’écrivais à la fin de mon message précédent, nous entrons présentement dans le pic d’abondance et de diversité des canards dans la région. Et c’est sans compter l’arrivée des oiseaux forestiers et le passage des rapaces en migration. Trois jours ne sera sûrement pas assez pour faire le tour de tout ça!
Mais pour avoir une idée la plus juste possible des oiseaux présents dans une région, il faut pouvoir négocier avec deux choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle. Tout d’abord, il y a la météo qui influence énormément les déplacements des oiseaux. Pour moi, essayer de prévoir quelles espèces d’oiseaux les conditions météorologiques nous apporteront fait depuis toujours partie intégrante du birding. D’autre part, les oiseaux eux-mêmes prennent parfois des « décisions » que nous ne parvenons toujours pas à comprendre. Ainsi, deux journées d’apparence similaires météorologiquement durant une même semaine peuvent pourtant fournir des mouvements d’oiseaux complètement différents. Je cherche encore à comprendre pourquoi…

C’est donc avec ces possibles contraintes en tête que nous avons abordé cette longue (mais pas assez longue) fin de semaine. Pour nous, le tout a débuté par une randonnée à vélo dans un boisé et à travers les routes de campagne de La Pocatière. Le boisé a été parcouru plutôt rapidement puisque les différents sentiers étaient encore recouverts de près d’un mètre de neige par endroit et, par le fait même, les oiseaux y étaient encore rares. La majorité des espèces forestières rencontrées étaient donc concentrées autour des habitations, en particulier sur les propriétés ayant des mangeoires.

Durant cette randonnée à travers La Pocatière entre 6 h 40 à 10 h 55 samedi le 19 avril, nous avons observé 41 espèces différentes, dont :
  • 210 Oies des neiges – Comme il arrive souvent, les premiers arrivants se contentent de survoler la région sans s’arrêter.
  • 8 Urubus à tête rouge
  • 4 Busards Saint-Martin
  • 1 Buse pattue
  • 4 Pluviers kildirs
  • 1 Harfang des neiges
  • 5 Pics maculés
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 5 Pics flamboyants
  • 4 Grands Pics – Il est surprenant de constater à quel point les Grands Pics sont devenus faciles à trouver à La Pocatière depuis quelques années! Durant les années 1980, il fallait souvent se déplacer loin dans les forêts de l’arrière-pays pour enfin mettre un œil sur ce pic pourtant bien remarquable. Maintenant, il me semble que toutes les forêts de la région sont parsemées d’arbres portant les cavités distinctives des Grands Pics! Une belle addition à notre liste des espèces communes!
  • 9 Crécerelles d’Amérique – Les crécerelles semblaient être partout samedi matin.
  • 5 Moucherolles phébis
  • 7 Geais bleus
  • 2 Troglodytes des forêts
  • 3 Roitelets à couronne dorée
  • 68 Merles d’Amérique
  • 1 Bruant hudsonien
  • 1 Bruant vespéral – Il est plutôt rare de rencontrer un Bruant vespéral en migration dans la région. Pour le voir, il faut habituellement faire un petit détour dans un des rares sites de nidification que cette espèce en diminution fréquente encore à La Pocatière.
  • 48 Bruants chanteurs
  • 2 Bruants à gorge blanche
  • 35 Juncos ardoisés
  • 26 Carouges à épaulettes
  • 20 Quiscales bronzés
  • 6 Vachers à tête brune
  • 3 Roselins pourprés
  • 1 Gros-bec errant
Dimanche matin, le temps clair et les vents faibles nous ont bien sûr poussé vers Rivière-Ouelle. Sur place, la visibilité au large était encore une fois excellente et il était relativement facile d’identifier même les oiseaux les plus distants. Heureusement, puisque très peu d’oiseaux se sont déplacés près du quai durant la matinée. Malgré cela, nous avons pu terminer notre excursion avec des quantités appréciables d’individus et les Plongeons catmarins ont déjà repris le titre de vedette du site!

Voici une partie des 56 espèces rencontrées à Rivière-Ouelle dimanche le 20 avril entre 5h25 et 12h50 :
  • 2000 Oies des neiges
  • 57 Bernaches cravants – Une très  bonne quantité pour cette petite bernache! La majorité de ces oiseaux se nourrissaient encore au large, dans les bandes de débris marins.
  • 330 Bernaches du Canada
  • 242 Canards noirs
  • 34 Canards colverts
  • 19 Canards pilets
  • 2 Sarcelles d’hiver
  • 2 Fuligules à tête rouge – Toujours rare et imprévisible, ce canard n’est jamais garanti dans la région.
  • 2 Fuligules à collier
  • 5 Fuligules milouinans
  • 5 Eiders à duvet – Les eiders sont particulièrement discrets ce printemps.
  • 22 Macreuses à front blanc
  • 2 Macreuses brunes – Elles sont toujours les dernières macreuses à revenir dans la région.
  • 300 Macreuses à bec jaune
  • 3 Hareldes kakawis
  • 25 Garrots à œil d’or
  • 26 Grands Harles
  • 63 Harles huppés
  • 857 Plongeons catmarins – Leurs effectifs sont déjà très élevés et nous sommes encore à 10 jours du mois de mai! Le meilleur reste à venir! Comme il se doit, tous ces oiseaux se dirigeaient vers l’ouest. Quelques individus étaient même déjà en plumage nuptial. Pour les intéressés, c’est durant les matinées sans vent et avec une marée montante qu’il est le plus facile d’observer le catmarin en grand nombre à Rivière-Ouelle. Si vous êtes sur place très tôt le matin, vous pourrez peut-être même les entendre crier!
  • 42 Cormorans à aigrettes
  • 2 Grands Hérons
  • 6 Urubus à tête rouge
  • 2 Busards Saint-Martin
  • 2 Éperviers bruns
  • 3 Buses à queue rousse
  • 2 Buses pattues
  • 2 Pluviers kildirs
  • 123 Petits Pingouins – Encore une belle quantité, mais ils étaient loin!
  • 1 Guillemot à miroir
  • 2 Mouettes tridactyles
  • 3 Harfangs des neiges – Un des harfangs était posé sur une glace sur les battures, prêt à quitter la rive sud du Saint-Laurent aussitôt que les conditions (et les corneilles) le lui permettront.
  • 2 Pics mineurs
  • 3 Pics flamboyants
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 6 Plectrophanes des neiges – C’est tout ce qu’il reste des 9000 individus présents il y a une semaine?!?
  • 1 Bruant hudsonien
  • 17 Bruants chanteurs
  • 1 Junco ardoisé
  • 25 Carouges à épaulettes
  • 1 Quiscale rouilleux
  • 110 Quiscales bronzés
  • 5 Vachers à tête brune
Après une matinée de « forestier » et une autre de « maritime », nous aurions bien aimé consacrer la troisième journée aux oiseaux de proie. Lundi matin, d’épais nuages recouvraient La Pocatière mais le ciel s’est finalement dégagé en milieu d’avant-midi. Les conditions auraient donc pu être idéales pour nous permettre de scruter le ciel à la recherche de rapaces. Malheureusement, un puissant vent du sud-ouest a rapidement suivi le dégagement, ce qui a rendu les conditions d’observation plutôt désagréables. Nous avons bien essayé mais après une petite heure et quelques buses, nous avons décidé de déclarer forfait.
Il faut tout de même préciser que nous avions débuté la matinée par une tournée des battures où nous avons rencontré une belle varitété de canards et nos premiers Bruants des prés et des marais. Par la suite, une courte promenade en forêt sous les premières bourrasques de vent nous a aussi fourni certaines espèces bienvenues sur notre liste. Finalement, comment pourrions-nous être déçus d’une telle journée?

Lundi le 21 avril, entre 5 h 55 et 11 h 45, nous avons réussi à trouver 57 espèces sur le territoire de La Pocatière, comme par exemple, :
  • 500 Oies des neiges
  • 290 Bernaches du Canada
  • 2 Canards chipeaux
  • 1 Canard d’Amérique
  • 535 Canards noirs
  • 60 Canards colverts
  • 19 Canards pilets
  • 40 Sarcelles d’hiver
  • 22 Fuligules à collier
  • 4 Fuligules milouinans
  • 1 Petit Fuligule
  • 2 Macreuses à front blanc
  • 15 Macreuses à bec jaune
  • 6 Hareldes kakawis – Les kakawis sont rarement observés à partir du rivage de La Pocatière.
  • 1 Petit Garrot
  • 34 Garrots à œil d’or
  • 22 Grands Harles
  • 7 Harles huppés
  • 1 Gélinotte huppée
  • 11 Grands Hérons
  • 6 Urubus à tête rouge
  • 4 Busards Saint-Martin
  • 3 Éperviers bruns
  • 6 Buses à queue rousse
  • 6 Buses pattues
  • 4 Harfangs des neiges – Il est bien possible que deux des trois harfangs observés à Rivière-Ouelle dimanche matin aient été observés à La Pocatière lundi matin. Les champs où se cachaient les oiseaux de lundi sont à la limite des deux municipalités. À noter qu’un des harfangs vus lundi était en vol au-dessus du fleuve; un autre qui était prêt à partir?
  • 3 Pics maculés
Pic  maculé – La Pocatière – 21 avril 2014 © Claude Auchu
  • 1 Pic chevelu
  • 2 Grands Pics
  • 3 Crécerelles d’Amérique
  • 1 Grimpereau brun
Grimpereau brun – La Pocatière – 21 avril 2014 © Claude Auchu
  • 1 Troglodyte des forêts
  • 3 Roitelets à couronne dorée
  • 6 Plectrophanes lapons
  • 1 Bruant hudsonien
  • 2 Bruants des prés – La date moyenne d’arrivée du Bruant des prés au cours des 11 derniers printemps (en fait, depuis mon retour à La Pocatière) est le 21 avril, les dates extrêmes étant le 15 et le 25 avril. À chaque année, certaines espèces varient leurs dates d’arrivée de plus ou moins deux semaines, mais pas le Bruant des prés. Lui, il arrive TOUJOURS vers le 20 avril.
  • 33 Bruants chanteurs
  • 3 Bruants des marais – Pour cet autre bruant commun sur les battures, il s’agit de ma date d’arrivée la plus hâtive dans la région. Avec trois mâles chanteurs présents à différents endroits, ces oiseaux étaient sûrement sur place depuis quelques jours.
Cette fin de semaine a été très statisfaisante pour nous. Aucune vraie surprise chez les oiseaux, mais les conditions d’observation ont été assez belles et constantes pour nous permettre de bien explorer la région. Le retard que connaissait les migrations est maintenant presque complètement effacé. Il ne nous reste plus qu’à attendre les insectivores.

mardi 15 avril 2014

L’embâcle est brisé et les oiseaux coulent maintenant à flots!

Oui, enfin! La barrière météorologique qui bloquait les oiseaux au sud de ma région a fini par céder et nous avons été littéralement envahis de nouveaux arrivants durant toute la semaine dernière! Bien sûr, il s’agit pour la plupart d’espèces qui auraient dû être sur place depuis quelques temps déjà, mais les voir arriver en si grand nombre était pour nous vraiment très agréable. En quelques jours (pour ne pas dire « en quelques heures »), des oiseaux comme le Merle d’Amérique et le Bruant chanteur sont passés de rares à communs, leurs statuts habituels à la mi-avril!

Les planètes étaient donc alignées pour la fin de semaine et, malgré les prévisions de pluie ou de neige pour dimanche, nous étions déjà bien fébriles vendredi soir. La belle journée de samedi était déjà réservée pour notre traditionnelle promenade à Rivière-Ouelle. Une fois au quai, la première étape habituelle de chaque excursion, les conditions étaient excellentes, même si les grands nombres de canards que nous espérions voir circuler en sortant de la voiture n’étaient visiblement pas sur place. Un coup d’œil au large nous a rapidement rassuré, c’est donc loin devant le quai qu’il allait falloir porter notre attention. Il faut rappeler que les eaux du Saint-Laurent près du quai de Rivière-Ouelle semblent plutôt pauvres en nourriture. Une très forte proportion des oiseaux aquatiques qui y sont observés ne sont que de passage. C’est d’ailleurs une chose que je trouve très motivante puisque nous ne savons jamais de quoi la matinée sera faite! Certaines espèces semblent tout de même trouver leur compte et plusieurs milliers de Macreuses à bec jaune se rassemblent directement à l’ouest du quai durant les derniers jours d’avril. Aux oiseaux en transit notés au quai samedi matin, nous avons réussi à ajouter plusieurs autres espèces en sillonnant la municipalité en tous sens.

Voici une partie des 53 espèces que nous avons croisées à Rivière-Ouelle samedi le 12 avril entre 5 h 35 et 12 h 20, dont 3 h 15 confortablement installés au bout du quai :
  • 14 Bernaches cravants
  • 38 Bernaches du Canada
  • 130 Canards noirs
  • 50 Canards colverts
  • 2 Canards souchets
  • 43 Canards pilets
  • 31 Sarcelles d’hiver
  • 2 Fuligules à collier
  • 12 Fuligules milouinans
  • 5 Eiders à duvet
  • 6 Macreuses à front blanc
  • 340 Macreuses à bec jaune
  • 1 Harelde kakawi
  • 67 Garrots à œil d’or
Garrots à œil d’or – Rivière-Ouelle – 12 avril 2014 © Claude Auchu
 
Garrot à œil d’or – Rivière-Ouelle – 12 avril 2014 © Claude Auchu
  • 2 Garrots d’Islande
  • 5 Harles couronnés
  • 38 Grands Harles
  • 64 Harles huppés
  • 97 Plongeons catmarins – Les catmarins ont fait belle figure samedi matin avec de beaux déplacements vers l’ouest, dont celui d’un groupe comptant un trentaine d’individus. Et le printemps ne fait que commencer pour cette espèce qui est régulièrement observée en quantités phénoménales au large du quai!
  • 17 Cormorans à aigrettes
  • 16 Grands Hérons – Deux oiseaux posés sur des glaces se laissaient doucement dériver très loin au large du quai! Plutôt étrange comme observation!
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Buse pattue
  • 44 Petits Pingouins – Les pingouins ont fait leur apparition de façon marquée et tous ces oiseaux se déplaçaient rapidement vers le sud-ouest. Ces mouvements ont cependant cessé très tôt et, à peine une heure après notre arrivée, c’était déjà terminé!
  • 200 Goélands à bec cerclé
  • 30 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 1 Goéland brun – Un immature, probablement à sa troisième année, remontait le fleuve très loin au large. Les rencontres avec cette espèce européenne ne sont plus surprenantes!
  • 25 Goélands marins
  • 1 Harfang des neiges
  • 1 Grand Pic – Seulement notre deuxième observation à Rivière-Ouelle et la première à partir du quai. Les boisés situés en bordure du fleuve près du quai sont relativement isolés des « vraies » forêts de l’intérieur des terres. Pour se rendre au quai, le Grand Pic a dû survoler plus d’un kilomètre de milieux champêtres.
  • 1 Moucherolle phébi
  • 15 Merles d’Amérique
  • 1 Plectrophane lapon
  • 55 Plectrophanes des neiges
  • 30 Bruants chanteurs
  • 1 Junco ardoisé
  • 25 Carouges à épaulettes
  • 70 Quiscales bronzés
  • 2 Vachers à tête brune
  • 2 Roselins pourprés
Avec le cocktail de précipitations annoncées depuis quelques jours, nos attentes n’étaient pas très élevées pour dimanche. Mais, en entrouvrant les stores de la chambre tôt dimanche matin et en constatant que le ciel était entièrement dégagé, les choses se sont précipitées pour nous. La grasse matinée allait donc être encore remise à plus tard! À RDI, on indiquait que les nuages étaient rendus à Québec et les précipitations à peine plus loin à l’ouest. Nous avions donc quelques heures de répit devant nous!
L’avant-midi s’est déroulé à un rythme accéléré, interrompu à l’occasion par l’apparition de nombreux Plectrophanes des neiges, de canards barbotteurs et de plusieurs Harfangs des neiges! Le hasard nous a conduit à l’extrémité d’un petit chemin encore encombré par la neige. En grimpant sur un petit promontoire en bordure de la route, nous nous sommes littéralement retrouvés en plein cœur de l’action! Les milliers de plectrophanes allaient et venaient tout autour de nous, les centaines de canards fouillaient dans les champs et les harfangs essayaient tant bien que mal de passer inaperçus.

À La Pocatière, dimanche le 13 avril, nous avons observé 39 espèces entre 6 h 30 et 10 h 45 dont :
  • 24 Oies des neiges
  • 140 Bernaches du Canada
  • 1000 Canards noirs – Les attaques répétées d’un Faucon émerillon sur les troupes de Plectrophanes des neiges ont fini par effrayer les canards. Une fois en vol, nous nous sommes rendus compte qu’ils étaient deux fois plus nombreux que nos premières estimations.
  • 500 Canards colverts
  • 128 Canards pilets
  • 2 Sarcelles d’hiver
  • 4 Fuligules milouinans
  • 7 Garrots à œil d’or
  • 17 Urubus à tête rouge – En ce matin frisquet, quinze de ces oiseaux étaient posés sur un tas de fumier, cherchant peut-être autant de chaleur pour leurs pattes que de nourriture pour leur estomac.
  • 1 Buse à queue rousse
  • 1 Buse pattue
  • 2 Pluviers kildirs
  • 8 Harfangs des neiges – Ces huit harfangs, posés au sol dans les champs, étaient tous visibles de notre position. Plutôt tardif pour un si grands nombres d’oiseaux mais, dans mes archives, j’ai retrouvé quelques mentions de 6 à 8 individus durant la première semaine d’avril (en 1992, ’93 et ‘94) et de 3 à 4 oiseaux durant la première semaine de mai en 1992.
  • 3 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Grand Pic
  • 2 Crécerelles d’Amérique
  • 2 Faucons émerillons
  • 11 Geais bleus
  • 240 Corneilles d’Amérique
  • 380 Merles d’Amérique – La presque totalité de ces merles se nourrissaient dans les champs agricoles situés à l’intérieur des terres. Christiane les a comptés et inspectés un à un, au cas où…
  • 9000 Plectrophanes des neiges – Ces oiseaux sont parfois incroyablement abondants!
Plectrophanes des neiges – La Pocatière – 13 avril 2014 © Claude Auchu
 
Plectrophanes des neiges – La Pocatière – 13 avril 2014 © Claude Auchu
 
Plectrophanes des neiges – La Pocatière – 13 avril 2014 © Claude Auchu
  • 49 Bruants chanteurs
  • 5 Juncos ardoisés
  • 6 Roselins pourprés – Est-ce que les fringillidés ont finalement décidé de revenir dans la région? Il serait bien temps!!!
  • 1 Tarin des pins
Il n’y a que les oiseaux, ces êtres si mobiles, pour apparaître (ou disparaître) d’une région en seulement quelques jours. Les deux prochaines fins de semaine seront celles du maximum d’abondance des canards dans la région. Il sera difficile de nous éloigner du fleuve. Pourtant, il faudra bien trouver du temps pour fouiller les forêts et scruter le ciel à la recherche de rapaces migrateurs… Les fins de semaine sont vraiment trop courtes!

mardi 8 avril 2014

Des records d'arrivée... tardive!

Le printemps a enfin fait une apparition timide dans la région durant la dernière semaine. J’aime croire qu’il a peut-être été poussé jusqu’ici par les oiseaux qui ont sûrement hâte de se retrouver sur leurs territoires de nidification! Les températures sont simplement de retour près des normales saisonnières mais, pour l’instant, ça suffit amplement à nous satisfaire!

Malgré la fine pluie qui a tombé durant une partie de la journée de samedi, nous n’avons pu résister à la tentation d’aller inspecter les battures du Saint-Laurent en matinée. Ce qui ne devait être qu’un simple petit coup d’œil rapide s’est tout de même étiré sur deux heures. Si nous n’avons pas été témoins de déplacements notables de canards ni vu de surprises majeures, le simple fait de retrouver certaines espèces après ce long hiver nous a fait le plus grand bien. Ce fut un peu comme si nous reprenions contact avec de vieux amis éloignés de nous depuis trop longtemps.

Voici ce que nous avons vu à La Pocatière samedi le 5 avril en scrutant particulièrement le fleuve et ses battures entre 8 h 00 et 10 h 00 :
  • 6 Bernaches cravants
  • 2 Bernaches du Canada
  • 1 Canard chipeau – Une mention relativement hâtive pour cette espèce dans la région, surtout par ce printemps timide. La date moyenne de notre première observation de l’espèce pour les dix dernières années est le 12 avril, en incluant une arrivée aussi hâtive que le 20 mars en 2010.
  • 16 Canards noirs
  • 1 Macreuse à bec jaune – À La Pocatière, il faut souvent chercher très loin au large pour réussir à voir des macreuses.
  • 3 Garrots à œil d’or
  • 6 Grands Harles
  • 12 Harles huppés
  • 2 Grands Hérons – Ces deux oiseaux étaient posés sur les glaces des battures, attendant patiemment que la marée baisse pour leur donner enfin accès aux poissons.
  • 60 Goélands à bec cerclé
  • 30 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 4 Goélands marins
  • 1 Tourterelle triste
  • 2 Faucons pèlerins – Deux adultes tournoyaient ensemble haut dans le ciel tout près de la ville. Je ne connais pas de site de nidification pour l’espèce autour de La Pocatière.
  • 1 Geai bleu
  • 120 Corneilles d’Amérique
  • 4 Grands Corbeaux
  • 5 Mésanges à tête noire
  • 2 Étourneaux sansonnets
  • 7 Jaseurs d’Amérique
  • 2 Carouges à épaulettes – Ce n’est que la veille, le 4 avril, que nous avions finalement trouvé notre premier carouge migrateur de l’année. La date moyenne d’arrivée pour les dix dernières années est le 17 mars! Je dois remonter à 1979 pour trouver une arrivée plus tardive dans la région à une époque où je n’étais pas aussi obsédé par la récolte de données que je le suis maintenant!!!
  • 1 Moineau domestique
Un dégagement était prévu pour la nuit suivante et c’est donc la journée de dimanche que nous avions réservée pour explorer Rivière-Ouelle. Le soleil se levant deux minutes plus tôt à chaque matin, nous avions prévu le coup en ajustant le réveil-matin très tôt surtout que, samedi, j’avais été réveillé à 5 h 22 précisément par une corneille insomniaque!
C’est donc pratiquement en pleine obscurité que nous sommes entrés sur le territoire de la municipalité de Rivière-Ouelle. Déjà, la teinte bleu très foncé des montagnes de Charlevoix sur la rive nord du fleuve indiquait que la visibilité au large allait être exceptionnelle! Effectivement, elle était d’une limpidité incroyable, comme nous n’en sommes témoins qu’une fois ou deux chaque année. Bien accroupis sur nos petits blancs, nous avons passé les environs du quai au peigne fin durant 2 h 30 avant de continuer l’excursion plus loin. Bien que présentes en petits nombres, les différentes espèces aquatiques ont fait belle figure durant la matinée. Il en va tout autrement pour les oiseaux forestiers ou champêtres qui ont encore à négocier avec le manque de nourriture et la surabondance de neige dans leur habitat respectif.

Voici ce que nous avons récolté à Rivière-Ouelle dimanche le 6 avril entre 5 h 50 et 11 h 15 :
  • 34 Bernaches cravants – Ces belles petites bernaches me semblent moins communes qu’elles ne l’étaient au début des années 1980. Il semble bien qu’elles étaient encore plus abondantes à la fin du XIXe siècle.  Il y a plus de 100 ans, en effet, Charles-Eusèbe Dionne en notait « …des milliers et des milliers qui se pressaient les unes contre les autres… » entre Saint-Denis et Kamouraska. Dimanche matin, comme il arrive souvent lorsque les battures sont encore recouvertes de glaces, les cravants se nourrissaient au large en picorant directement sur l’eau.
  • 2 Bernaches du Canada
  • 30 Canards noirs
  • 4 Canards colverts
  • 10 Canards pilets
  • 3 Fuligules milouinans
  • 13 Eiders à duvet
  • 30 Macreuses à bec jaune
  • 6 Garrots à œil d’or
  • 15 Grands Harles
  • 28 Harles huppés
  • 2 Plongeons catmarins
  • 6 Cormorans à aigrettes – Certaines espèces ont des comportements vraiment stéréotypés : les quatres premiers cormorans sont passés individuellement tout juste devant le quai, tous à la même hauteur et en suivant exactement la même route!
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de première année se déplaçait lentement le long de la côte.
  • 75 Goélands à bec cerclé
  • 25 Goélands argentés
Goéland argenté – Rivière-Ouelle – 6 avril 2014 © Claude Auchu
  • 10 Goélands marins
  • 5 Pigeons bisets
  • 2 Tourterelles tristes
  • 1 Harfang des neiges
Harfang des neiges – Rivière-Ouelle – 6 avril 2014 © Claude Auchu
  • 100 Corneilles d’Amérique
  • 5 Grands Corbeaux
  • 7 Mésanges à tête noire
  • 40 Étourneaux sansonnets
  • 5 Jaseurs boréaux – Ils semblaient se nourrir de perles qu’ils attrapaient en volant au-dessus de la rivière.
  • 50 Plectrophanes des neiges
  • 1 Carouge à épaulettes
  • 12 Quiscales bronzés – Une autre première très tardive, même pour cette espèce très facile à repérer dès leur arrivée dans la région! Il s’agit de ma deuxième date d’arrivée la plus tardive en 36 ans! La plus tardive remonte au 8 avril 1978, une date hautement historique pour moi puisque c’était la toute première fois que je notais un oiseau en précisant la date!!!
Les mentions parlent d’elles-mêmes et les 2 à 3 semaines de retard que nous remarquons depuis maintenant un mois n’a pas encore été rattrapé. C’est très étrange d’enregistrer régulièrement des dates d’arrivée qui sont tellement loin de ce que nous avons noté ces dernières années. En fait, j’inscris régulièrement de nouveaux records, mais des records d’arrivée tardive! C’est un drôle de printemps qui suit un drôle d’hiver!

mardi 1 avril 2014

Limicole non-identifié et arrivée massive de Jaseurs boréaux

Déjà la fin de mars? Étrange, je me croirais encore en février! Qu’importe le retard imposé aux oiseaux par la météo, nous comptions bien être à l’extérieur cette fin de semaine pour à tout le moins célébrer les espèces déjà présentes!

Nous voilà donc à déglacer la voiture très tôt samedi matin, au son des premières corneilles de la journée. La neige fondante tombée en abondance la veille ne semblait pas avoir refroidi leurs hormones et ces joyeux corvidés vocalisaient déjà en pleine obscurité. Le mercure était au point de congélation, le ciel semblait vouloir se dégager et les vents forts du nord-est prévus pour toute la fin de semaine n’étaient pas encore levés. Tout semblait donc s’aligner pour nous donner enfin une belle matinée à Rivière-Ouelle. Une fois rendus au quai, nous étions bien conscients que les grandes étendues de glaces encore présentes au large allaient grandement diminuer nos chances de voir les espèces plus marines comme les macreuses et les catmarins. Tant pis, nous étions prêts à nous contenter des goélands qui se déplaçaient enfin et des quelques canards plongeant le long du rivage. Le beau temps nous a aussi encouragé à pousser un peu plus loin nos recherches, ce qui nous a permis de trouver un oiseau que, malheureusement, nous avons dû laisser non-identifié…!
Quai de Rivière-Ouelle – 29 mars 2014 © Claude Auchu
Samedi le 29 mars, nous avons patrouillé Rivière-Ouelle de 6 h 10 à 11 h 40 pour y récolter les espèces suivantes :
  • 6 Garrots à œil d’or
  • 2 Garrots d’Islande – Deux mâles accompagnaient les Garrots à œil d’or. L’espèce est toujours d’une rareté incompréhensible à Rivière-Ouelle, surtout en sachant qu’elle est présente par dizaines juste de l’autre côté du fleuve, le long des côtes de Charlevoix.
  • 8 Grands Harles
  • 3 Goélands à bec cerclé
  • 30 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 9 Goélands marins
  • 5 Pigeons bisets
  • 1 Tourterelle triste
  • 1 Harfang des neiges
  • 1 Geai bleu
  • 50 Corneilles d’Amérique
  • 7 Grands Corbeaux
  • 3 Mésanges à tête noire
  • 17 Étourneaux sansonnets
  • 1 Jaseur boréal – Christiane a réussi à entendre le cri d’un individu alors que je scrutais les battures, un avant-goût de ce qui nous attendait dimanche.
  • 55 Plectrophanes des neiges
Après avoir quitté le quai, nous nous sommes arrêtés un peu plus loin afin d’inspecter le rivage à marée basse à la recherche de canards. Tout à coup, dans le champ de vision de mon télescope, j’ai eu la surprise de voir un limicole se poser sur les battures à environ 500 mètres de nous! L’oiseau se déplaçait rapidement sur un îlot de cailloux en disparaissant régulièrement derrière des rochers, ce qui ne facilitait pas l’observation des détails de son plumage. Nous l’avons suivi durant environ deux minutes, durant lesquelles il s’est envolé à deux reprises pour se poser un peu plus loin avant de la perdre finalement de vue.
Avec un télescope 20-60 x 82 et des jumelles 8 x 42, nous avons pu noter sa taille et ses proportions semblables à celles d’un Petit Chevalier, ses parties supérieures brun doré et ses dessous blancs avec des « enfumures » de chaque côté de la poitrine, son croupion sombre (bien vu en vol), son bec court entièrement sombre ressemblant à celui d’un Bécasseau à poitrine cendrée et ses pattes jaunâtres plutôt longues. Ces caractéristiques réduisent considérablement le nombre d’espèces possibles. En fait, elles pointent presque toutes vers le Combattant varié femelle, peut-être en mue entre le plumage juvénile et celui d’adulte. Les couvertures sous-caudales qui remontent de chaque côté du croupion ne m’ont pas semblé particulièrement longues comme il est typique chez le combattant, un critère qui aurait sûrement été visible même à cette grande distance. De même, je n’ai pas remarqué si les orteils dépassaient le bout de la queue en vol, mais il faut dire que je me concentrais sur la longueur du bec durant les courtes envolées de l’oiseau. D’ailleurs, avec des pattes aussi longues, les orteils dépassaient sûrement le bout de la queue!
Malheureusement pour nous, il aurait été difficile, voire dangereux, de nous risquer à descendre (et, plus tard, à remonter) les parois de glace de plus de deux mètres de hauteur pour s’approcher de l’oiseau. De toute façon, la marée très basse à la veille de la nouvelle lune lui offrait une étendue de battures extrêmement vaste où se dissimuler.
Étrangement, j’ai déjà observé un Combattant varié dans la région en mars! J’avais effectivement trouvé une femelle se nourrissant sur les battures à La Pocatière le 25 mars 1996 et que j’avais revue exactement au même endroit les 8 et 13 avril suivants! Elle se nourrissait sur la mince couche de boue qui recouvrait les glaces présentes sur les battures et, durant les trois semaines de son séjour, elle a réussit à survivre à des températures avoisinant les -10°C et à une chute de 10 centimètres de neige! Le Combattant varié est une espèce robuste pleine de ressources comme l’indique le mâle qui a hiverné avec succès à St. John’s (Terre-Neuve) en 1983-84 en tenant compagnie à des pigeons! Pour ma part, je suis certain à 95% que le limicole que nous avons vu à Rivière-Ouelle le 29 mars est bel et bien un Combattant varié… mais il reste tout de même un gros 5% d’incertitude!

Les chances d’avoir une journée bien remplie d’oiseaux semblaient bien faibles pour dimanche. Une autre alerte de tempête hivernale était en vigueur pour la région et ce n’est qu’au lever que nous avons décidé de faire une rapide tournée avant que la chute bi-hebdomadaire de 10-15 centimètres de neige ne débute. Nous n’avons pas eu à attendre longtemps puisqu’en ouvrant la porte, j’ai vu le premier flocon tomber! Notre rapide promenade s’est donc faite sous une neige devenant vite très dense, ce qui ne nous a pas empêcher de voir 1200 belles surprises!

Nous n’avons eu qu’un petit 75 minutes pour explorer La Pocatière dimanche le 30 mars, mais nous avons tout de même pu voir :
  • 7 Tourterelles tristes
  • 1 Pic chevelu
  • 40 Corneilles d’Amérique
  • 2 Grands Corbeaux
  • 15 Mésanges à tête noire
  • 1 Merle d’Amérique – Serait-ce un courageux migrateur venant du sud ou encore un oiseau arrivant du nord avec les jaseurs? La deuxième possibilité me semble la plus crédible.
  • 25 Étourneaux sansonnets
  • 1200 Jaseurs boréaux –Après avoir attendu leur venue durant tout l’hiver, voici enfin les Jaseurs boréaux! Et quelle arrivée massive!!! Alors que nous attendons impatiemment le retour des migrateurs, tous ces oiseaux arrivent de toute évidence du nord! En incluant l’oiseau entendu par Christiane à Rivière-Ouelle samedi, il ne s’agit que de notre troisième mention pour l’hiver 2013-14. Mes notes indiquent qu’il faut remonter à l’hiver 1994-95 pour trouver un hiver plus pauvre en Jaseurs boréaux. Dimanche matin, comme il arrive parfois, plusieurs oiseaux s’amusaient à attraper des flocons de neige en vol (et ils avaient le choix des flocons!). Avec toutes ces bouches à nourrir, gageons que d’ici quelques jours, il ne restera plus aucun fruit sauvage disponible à La Pocatière!
  • 24 Jaseurs d’Amérique – Quelques petits groupes de Jaseurs d’Amérique, souvent bien distincts de la masse des Jaseurs boréaux, ont aussi été observés.
  • 1 Chardonneret jaune
  • 2 Moineaux domestiques
Les faibles probabilités de tomber par hasard sur un limicole impossible à identifier au mois de mars et d’assister à l’arrivée tardive de 1200 oiseaux provenant du nord, ce sont de tels événements qui font du birding un loisir tellement excitant. Les poussées d’adrénaline que provoquent ces surprises réussissent même à nous faire oublier les conditions parfois difficiles durant lesquelles elles surviennent. Si jamais le printemps arrive, nous en connaîtrons sûrement d’autres…