mardi 26 avril 2016

Le printemps des roselins

Après avoir savouré la présence de nos oiseaux sous une température idéale il y a une semaine, ce fut cette fois le retour à des conditions légèrement plus difficiles pour nous (et probablement aussi pour les migrateurs nouvellement arrivés). Rien de dramatique, mais le vent du nord et le mercure sous le point de congélation dimanche matin nous ont brusquement ramené à la réalité!

Les oiseaux ont tout de même profité de belles conditions pour migrer depuis une semaine. Bien entendu, nous étions sur le terrain tôt samedi matin pour aller à leur rencontre. Cette fois, c’est par une excursion à La Pocatière que nous avons débuté notre fin de semaine. C’est avec grand plaisir que nous avons croisé trois des quatre espèces dont j’avais prévu l’arrivée dans la région la semaine dernière (le Roitelet à couronne rubis, le Troglodyte des forêts et la Grive solitaire); la quatrième, l’Hirondelle bicolore, avait été observée vendredi. Ouf! Mon honneur est sauf!

Samedi le 23 avril, nous avons parcouru La Pocatière de 6 h 40 à 13 h 00 pour y recueillir un total respectable de 59 espèces, dont :
  • 440 Oies des neiges
  • 40 Bernaches du Canada
  • 14 Canards chipeaux
  • 18 Fuligules à collier
  • 2 Gélinottes huppées
  • 16 Urubus à tête rouge
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de 2e année a survolé la ville en début d’après-midi.
  • 5 Busards Saint-Martin
  • 2 Éperviers bruns
  • 1 Buse à épaulettes – Nous n’avions pas vu de Buse à épaulettes à La Pocatière depuis déjà six longues années!!! Étant tout près de la limite nord-est de son aire de nidification, l’espèce a toujours été rare dans notre région. L’abbé René Tanguay semble d’ailleurs n’avoir capturé qu’un seul spécimen, à La Pocatière en juillet 1946. Durant les années 1980-90, cette buse a tout de même été régulière à un site en particulier où j’avais même réussi à trouver deux nids (en 1985 et 1992). Comme pas hasard, c’est exactement à ce site que nous avons réussi à retrouver l’espèce samedi!
  • 4 Buses à queue rousse
  • 1 Buse pattue
  • 8 Pics maculés
  • 10 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 3 Pics flamboyants
  • 2 Grands Pics
  • 6 Crécerelles d’Amérique
  • 1 Faucon pèlerin – Ce faucon a été repéré par un petit groupe de Roselins pourprés qui nous l’ont signalé en jetant de fréquents coups d’œil au-dessus de leur tête.
  • 5 Moucherolles phébis
  • 48 Corneilles d’Amérique
  • 6 Grands Corbeaux
  • 18 Mésanges à tête noire
  • 6 Sittelles à poitrine rousse
  • 5 Grimpereaux bruns
  • 3 Troglodytes des forêts
  • 4 Roitelets à couronne dorée
  • 2 Roitelets à couronne rubis
  • 4 Grives solitaires – Malgré le froid du petit matin, les grives nouvellement arrivées étaient bien en voix.
  • 36 Merles d’Amérique
  • 3 Jaseurs boréaux

Scène rarement photographiée : un Jaseur boréal perché dans un érable qui est presque en fleur! 
Nous sommes plus habitués de les voir dans un sorbier enneigé!
Jaseurs boréal (Bohemian Waxwing – Bombycilla garrulus)
La Pocatière – 23 avril 2016 © Claude Auchu
  • 3 Bruants hudsoniens

Bruant hudsonien (American Tree Sparrow – Spizelloides arborea)
La Pocatière – 23 avril 2016 © Claude Auchu
  • 28 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant des marais
  • 3 Bruants à gorge blanche
  • 20 Juncos ardoisés
  • 30 Carouges à épaulettes
  • 1 Quiscale rouilleux
  • 75 Quiscales bronzés
  • 2 Vachers à tête brune
  • 55 Roselins pourprés – Depuis un mois, dans notre secteur comme un peu partout dans le sud du Québec, les Roselins pourprés sont particulièrement abondants autour des habitations. L’espèce avait été absente de la région l’hiver dernier, mais il est maintenant pratiquement impossible de sortir de la maison sans entendre leur gazouillis caractéristique. Les mangeoires débordent maintenant de ces oiseaux couleur de jus de framboise!

Roselin pourpré (Purple Finch – Haemorphous purpureus)
La Pocatière – 23 avril 2016 © Claude Auchu
Roselin pourpré (Purple Finch – Haemorphous purpureus)
La Pocatière – 23 avril 2016 © Claude Auchu
  • 6 Sizerins flammés
  • 17 Tarins des pins
  • 7 Chardonnerets jaunes
  • 20 Gros-becs errants

C’est dimanche matin qu’a eu lieu notre sortie hebdomadaire à Rivière-Ouelle. C’était froid, venteux et la visibilité au large était plutôt limitée… De plus, les déplacements des oiseaux aquatiques au large du fameux quai n’ont pas été à la hauteur de la réputation du site. Mais, habillés comme en hiver, nous sommes demeurés abrités du vent du nord (et aussi, malheureusement, des rayons du soleil) durant trois heures à surveiller le large. Nous sommes sortis de notre cachette complètement frigorifiés pour nous rendre compte que le vent était finalement tombé! Une fois au bout du quai, le soleil nous a réchauffé en seulement quelques minutes!
Puisque tout était relativement calme au large, nous nous sommes concentrés sur un autre spectacle tout aussi intéressant, celui des oiseaux de proie qui traversent le Saint-Laurent! J’en ai parlé la semaine dernière (et l’an dernier, et il y a trois ans…), mais le phénomène nous semble encore tellement étrange qu’il vaut la peine de s’y attarder. Il est bien connu que les oiseaux de proie utilisent les ascendances thermiques pour se déplacer en planant afin d’économiser leur énergie. Ces ascendances sont produites lorsque le soleil réchauffe tellement l’air au niveau du sol qu’il fini par s’élever comme un bulle invisible. Les oiseaux « pénètrent » ces bulles et en profitent pour prendre de l’altitude sans avoir à donner un seul battement d’ailes. Cependant, les ascendances thermiques se développent peu au-dessus de l’eau et les oiseaux de proie préfèrent donc contourner les larges cours d’eau plutôt que de les traverser en battant des ailes. Christiane et moi avons compté les rapaces en migration automnale à Tadoussac durant neuf automnes. Nous sommes donc habitués à voir ces oiseaux longer le fleuve! Ce fut donc pour nous une belle surprise de constater que des buses et des éperviers (et quoi d’autres!) s’élancent au-dessus des 14 kilomètres du fleuve Saint-Laurent à partir de Rivière-Ouelle, donc tout près de chez nous!!! Pour l’instant, il est difficile de dire combien d’oiseaux utilisent ce raccourci, mais il est facile de penser à plusieurs milliers à chaque printemps. Le principal problème pour l’instant est que les rapaces ne semblent être visibles que durant les deux ou trois heures suivant leur décollage, prenant ensuite rapidement de l’altitude au point de devenir invisibles. En attendant de trouver le chemin qu’utilisent ces oiseaux pour se rendre dans le secteur du quai et les conditions favorisant leur traversée, c’est tout de même un beau spectacle de voir les premiers oiseaux matinaux quitter la rive sud vers Charlevoix!

Entre canards et oiseaux de proie, Rivière-Ouelle avait 51 espèces à nous offrir dimanche le 24 avril entre 5 h 30 et 13 h 30, parmi lesquelles :
  • 2050 Oies des neiges – Encore beaucoup de mouvements chez les oies, mais les oiseaux n’ont pas encore commencé à se poser dans les champs.
  • 5 Bernaches cravants
  • 185 Bernaches du Canada
  • 98 Canards noirs
  • 19 Canards colverts
  • 44 Sarcelles d’hiver
  • 61 Eiders à duvet
  • 62 Macreuses à front blanc
  • 2 Macreuses brunes
  • 3200 Macreuses à bec jaune – Lorsque nous étions cachés du vent à regarder un fleuve rempli de vagues, le nombre de Macreuses à bec jaune visibles s’annonçait faible (« pas plus de 500 » disait alors Christiane). Installée sur le quai une fois le vent tombé, ma compagne a pu compter plus facilement les oiseaux qui dérivaient maintenant devant nous : un beau total de 3200 individus!

Macreuses à bec jaune (Black Scoters – Melanitta americana)
Rivière-Ouelle – 24 avril 2016 © Claude Auchu
  • 6 Hareldes kakawis
  • 38 Grands Harles
  • 51 Harles huppés
  • 39 Plongeons catmarins – Oui, ça arrive parfois que les catmarins soient rares à Rivière-Ouelle!
  • 1 Plongeon huard
  • 125 Cormorans à aigrettes
  • 10 Urubus à tête rouge
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 2 Éperviers bruns
  • 133 Buses à queue rousse – Toutes ces buses ont quitté la rive sud par petits groupes atteignant une douzaine d’individus pour une traversée d’au moins 14 kilomètres.
  • 1 Guillemot marmette – Ce n’est que la deuxième fois que nous observons cette espèce à Rivière-Ouelle au mois d’avril.
  • 6 Petits Pingouins
  • 400 Goélands à bec cerclé
  • 30 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 5 Goélands bruns – Un adulte et deux immatures en plumage de troisième année sont passés tour à tour devant le quai. Plus tard, deux adultes sont trouvés se reposant ensemble le long du rivage.
  • 12 Goélands marins
  • 1 Martin-pêcheur d’Amérique
  • 2 Crécerelles d’Amérique
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Moucherolle phébi
  • 45 Corneilles d’Amérique
  • 5 Grands Corbeaux
  • 19 Mésanges à tête noire – À Rivière-Ouelle, il arrive régulièrement que des groupes de Mésanges à tête noire se déplaçant vers le sud-ouest le long du fleuve se retrouvent coincés au bout des différentes pointes rocheuses. Dimanche matin, un groupe de 16 oiseaux a essayé à plusieurs reprises de s’envoler de la pointe aux Orignaux (où se trouve le quai) avant de se laisser retomber vers le sol comme des feuilles mortes.
  • 4 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 13 Merles d’Amérique
  • 9 Plectrophanes des neiges
  • 17 Bruants chanteurs
  • 70 Quiscales bronzés

Même si les derniers jours d’avril sont traditionnellement les plus productifs en canards dans la région au printemps, cette fin de semaine nous a encore prouvé que ce sont toujours les oiseaux qui ont le dernier mot. On peut s’amuser à essayer de prévoir quelles espèces seront présentes, à quel endroit et en quelle quantité (c’est une part importante du jeu!), mais nous adorons tout de même être déjoués!