mardi 31 janvier 2017

Une Bernache du Canada en prime!

Durant cette autre petite fin de semaine hivernale, nous avons continué à explorer notre région à la recherche d’oiseaux. Depuis deux semaines, la température est demeurée relativement douce, ce qui nous a fourni des précipitations régulières, mais peu de soleil.

Samedi matin, nous avons parcouru plus de huit kilomètres dans la forêt où nous avions vu ou entendu une dizaine de pics il y a trois semaines. Cette fois, peut-être en partie à cause du vent, aucun ne s’est manifesté. Bien sûr, de nombreuses et fidèles mésanges ont croisé notre route dans ce boisé, certaines accompagnées de deux grimpereaux inespérés. Sur le chemin du retour, nous avons visité quelques mangeoires, ajoutant ainsi quelques espèces à notre maigre liste.

À La Pocatière, samedi le 28 janvier, les oiseaux suivants ont été vus entre 7 h 45 et 11 h 00 :
  • 13 Pigeons bisets
  • 2 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 2 Corneilles d’Amérique
  • 8 Grands Corbeaux
  • 15 Mésanges à tête noire
  • 2 Grimpereaux bruns
  • 9 Moineaux domestiques – Même les moineaux sont difficiles à trouver cet hiver! Les individus qui fréquentent habituellement un secteur de la ville semblent s’être dispersés. Ceux rencontrés samedi fréquentaient une ferme bovine où ils peuvent profiter d’un abri, de nourriture et de compagnie!
  • 25 Durbecs des sapins
  • 23 Gros-becs errants

Dimanche, c’est vers l’intérieur des terres que nous nous sommes dirigés, en visant tout particulièrement le secteur du lac de l’Est, situé à l’extrémité sud de la route 287. Malgré des efforts notables et l’absence totale de vent, nous n’avons pas réussi à voir ni entendre un seul fringillidé (durbecs, roselins, sizerins…). Nous nous y attendions un peu, mais nous étions tout de même curieux de vérifier si ces espèces étaient aussi rares profondément en forêt qu’ils le sont en bordure du fleuve.

Dimanche le 29 janvier, de 8 h 05 à 10 h 25, la route et le pourtour du lac de l’Est nous auront permis de voir les espèces suivantes :
  • 2 Gélinottes huppées
  • 2 Pics chevelus
  • 1 Grand Pic
  • 2 Mésangeais du Canada – Il n’y a peut-être pas de fringillidés, mais les forêts de conifères traversées par la route 287 accueillent tout de même des mésangeais! En plus d’être omnivores, ces oiseaux sont très débrouillards et cachent des provisions un peu partout sur leur territoire. Malgré cela, même les mésangeais doivent à l’occasion effectuer de petits déplacements lors des pénuries de nourriture.
  • 15 Geais bleus
  • 2 Grands Corbeaux
  • 28 Mésanges à tête noire
  • 1 Mésange à tête brune
  • 3 Roitelets à couronne dorée – Les minuscules roitelets semblent bien présents dans nos forêts conifériennes cet hiver.

Au retour de cette courte excursion, nous n’avons pu résister à la tentation d’essayer à notre tour de voir un Faucon gerfaut dans le secteur de Kamouraska. Je devrais peut-être plutôt dire « revoir » puisque nous avons eu la chance d’observer deux individus à Kamouraska il y a tout juste un mois!

Nous avons patrouillé Kamouraska de 11 h 05 à 13 h 00 sans réussir à voir le faucon. Les oiseaux suivants ont tout de même été notés sur place :
  • 1 Goéland marin
  • 95 Pigeons bisets
  • 3 Grands Corbeaux
  • 4 Alouettes hausse-col
  • 1000 Étourneaux sansonnets – Ces oiseaux étaient en fait à Saint-Denis, mais nous les avons repérés alors que nous étions nous-mêmes à Kamouraska. Les étourneaux pris de panique volaient haut dans le ciel en un long groupe compact, bien visible aux jumelles depuis notre position 2,2 kilomètres plus loin! Un sprint rapide de notre part ne nous aura pas permis de voir la cause de cette agitation. Une trentaine de minutes plus tard, une autre alerte au même endroit aurait été causée par un jeune Épervier de Cooper qui, à notre arrivée, avait suivi certains étourneaux jusqu’à l’intérieur d’un silo! Avec une telle abondance de nourriture, pas surprenant que les prédateurs soient bien présents!
  • 12 Plectrophanes lapons
  • 2 Plectrophanes des neiges

Au retour, à Rivière-Ouelle, un Harfang des neiges bien installé sur son perchoir habituel a accepté de poser pour moi.
Harfang des neiges (Snowy Owl – Bubo scandiacus)
Rivière-Ouelle – 29 janvier 2017 © Claude Auchu
Mais, finalement, la vedette de la journée n’aura pas été trouvée au lac de l’Est ou à Kamouraska. Avant même le lever du soleil, nous avons eu la surprise de voir une Bernache du Canada traverser la route devant nous et se poser dans un champ enneigé à La Pocatière! Puisqu’il n’y a pas vraiment d’eau libre à La Pocatière à la fin de janvier, on suppose que cette bernache grappille ce qu’elle peut trouver dans les champs. Elle semblait tout de même en bien meilleure forme que l’oiseau vu à Rivière-Ouelle le 2 janvier dernier. Un individu avait réussi à hiverner à La Pocatière en 2014-15. 

mardi 24 janvier 2017

À la rencontre des canards

Lorsque le mercure atteint le point de congélation en janvier, il y a bien des choses qui changent pour les oiseaux et ceux qui les observent. Les Étourneaux sansonnets se mettent à chanter, les corneilles commencent à inspecter la bordure des routes comme le feront les premières migratrices dans six semaines et les observateurs, eux, rêvent au mois de mars! C’est sans doute pourquoi nous avions les canards en tête durant cette dernière fin de semaine. Samedi matin, nous avons donc fait une visite au quai de Rivière-Ouelle et la journée de dimanche a été consacrée à notre pèlerinage annuel à Dégelis.

En réalité, notre excursion à Rivière-Ouelle n’était pas vraiment destinée aux canards. Nous savons bien que, sauf pour de très rares exceptions, les canards sont absents de la région en janvier et en février. Le mois de janvier 2016 avait été tout à fait exceptionnel pour les canards, mais 2017 nous a brusquement ramenés à la réalité. Les longues minutes passées au bout du quai ont été tranquilles et le principal spectacle consistait regarder les glaces se briser bruyamment contre les parois du quai. Aucun oiseau aquatique n’a daigné se montrer, pas même un simple Goéland arctique. Le thermomètre peut bien indiquer 0°C, nous sommes tout de même en janvier!
Une courte tournée à La Pocatière nous a permis d’ajouter quelques espèces à cette petite journée hivernale.

Voici le total des oiseaux vus samedi le 21 janvier à Rivière-Ouelle et à La Pocatière :
  • 46 Pigeons bisets
  • 20 Tourterelles tristes
  • 1 Épervier de Cooper – Un adulte à La Pocatière vu uniquement par Christiane.
  • 1 Harfang des neiges – Comparativement aux deux derniers hivers, les harfangs sont plutôt rares dans la région cette saison. Un individu semble cependant faire la navette entre Rivière-Ouelle et La Pocatière. Nous le voyons irrégulièrement dans les deux municipalités, à des sites distants parfois de 3,5 kilomètres.
  • 1 Pic mineur
  • 2 Pies-grièches grises
  • 7 Geais bleus
  • 4 Corneilles d’Amérique
  • 10 Grands Corbeaux
  • 10 Alouettes hausse-col
  • 19 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 65 Étourneaux sansonnets
  • 10 Durbecs des sapins
  • 24 Chardonnerets jaunes – L’espèce est tellement rare dans la région cet hiver que nous avons été bien surpris de rencontrer un groupe de 24 oiseaux à une même mangeoire à La Pocatière!
  • 1 Plectrophane lapon – Encore une fois, un individu accompagnait les alouettes à Rivière-Ouelle.
  • 1 Plectrophane des neiges

La douceur de la journée de dimanche nous a encouragés à effectuer notre visite hivernale à Dégelis, la bien nommée. À chaque année, au milieu de l’hiver, nous parcourons avec plaisir les 150 kilomètres séparant La Pocatière de cette petite ville du Témiscouata afin d’observer les canards hivernant sur la rivière Madawaska. Je dois même avouer que ce petit détour est le seul que je fais hors de ma région sans me sentir coupable d’abandonner « mes » oiseaux! Mais, puisque j’ai visité Dégelis pratiquement à chaque hiver lorsque c'était possible depuis 1984‑85, cette sortie est devenue pour moi un incontournable.
À chaque visite, nous suivons approximativement le même trajet. Nous savons donc à l’avance ce que nous allons voir à tel endroit et à tel moment. Mais, bien sûr, il reste les surprises! Dimanche, un des premiers canards vus sur la rivière a été un Fuligule à collier, une espèce rare n’importe où au Québec en janvier! Ça commençait bien l’excursion!!! Mais, par la suite, nous avons été extrêmement surpris par la faible quantité de garrots. Les Garrots d’Islande, en particulier, ont été difficiles à trouver! Au retour de notre longue marche sur le rang Turcotte, un couple de Pygargues à tête blanche était perché dans les grands arbres surplombant l’endroit où les canards sont habituellement les plus concentrés. Ces redoutables voisins donnent sûrement aux canards une bonne raison de demeurer discrets! D’ailleurs, même si nous savions qu’il était dans le secteur, le Fuligule à collier n’a pas été revu du reste de l’excursion. Qu’avons-nous donc pu manquer d’autres???

Dimanche le 22 janvier, entre 8 h 00 et 12 h 00, notre passage à Dégelis nous aura permis de voir les espèces suivantes:
  • 26 Canards colverts
  • 1 Fuligule à collier – Il s’agit sans aucun doute du mâle observé sur le lac Témiscouata au début de janvier et qui a retraité vers la rivière Madawaska à la prise des glaces. Avez-vous déjà réussi à voir le collier marron qui a donné son nom à l’espèce? Il faut pratiquement avoir l’oiseau en main pour réussir à le voir, si bien que l’American Ornithological Society songe présentement à remplacer son nom anglais de « Ring-necked Duck » par « Ring-billed Duck ». Devrions-nous faire de même et changer son nom pour Fuligule à bec cerclé? Ce nom est déjà utilisé en Europe francophone depuis longtemps…

Fuligule à collier (Ring-necked Duck – Aythya collaris)
Dégelis – 22 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 1 Petit Garrot – Un mâle accompagnait les Garrots à œil d’or. Je n’avais vu un Petit Garrot à Dégelis en hiver qu’à une seule occasion auparavant, une femelle le 18 janvier 2014.

Petit Garrot (Bufflehead – Bucephala albeola)
Dégelis – 22 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 31 Garrots à œil d’or
  • 6 Garrots d’Islande – Seulement quatre mâles et deux femelles observés en un seul groupe.

Garrots d’Islande (Barrow’s Goldeneyes – Bucephala islandica)
Dégelis – 22 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 5 Harles couronnés – Trois mâles et deux femelles pour cette espèce de plus en plus évidente à ce site en hiver. Encore une fois, ils ont été vus à plusieurs reprises mangeant des écrevisses.

Harles couronnés (Hooded Mergansers – Lophodytes cucullatus)
Dégelis – 22 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 5 Grands Harles
  • 38 Pigeons bisets
  • 2 Pygargues à tête blanche – Un couple est venu se percher en criant en bordure de la rivière. Il est toujours agréable de voir de tels oiseaux, même si ça nous coûte quelques canards!

Pygargues à tête blanche (Bald Eagles – Haliaeetus leucocephalus)
Dégelis – 22 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 2 Pics mineurs
  • 2 Pics chevelus
  • 4 Geais bleus
  • 12 Corneilles d’Amérique
  • 13 Grands Corbeaux
  • 29 Mésanges à tête noire
  • 5 Durbecs des sapins

Nous avons observé sept espèces de canards à Dégelis, mais seulement cinq espèces de passereaux! De plus, aucun fringillidé n’a été aperçu durant le trajet pour nous rendre à destination et en revenir. Espérons que les souvenirs des canards de Dégelis seront suffisants pour nous permettre de survivre jusqu’à l’arrivée du printemps! 

mardi 17 janvier 2017

Il était une fois... une mangeoire à goélands!

Cet hiver, les oiseaux sont vraiment difficiles à trouver. La production de graines et de fruits sauvages a été presque nulle dans la région l’été dernier et les oiseaux, n’ayant rien à se mettre sous la dent (?), n’ont eu d’autres choix que de nous quitter. Pour les observateurs d’oiseaux, une des choses les plus simples à faire dans de telles circonstances est de trouver des mangeoires fiables en espérant que les oiseaux les aient trouvées eux aussi! Il y a quelques années, lorsque nous habitions aux Escoumins, nous avions mis en place une mangeoire bien particulière : une mangeoire destinée aux goélands!
Situé en Haute-Côte-Nord, le village des Escoumins est réputé auprès des ornithologues pour ses rassemblements de mouettes et de goélands et, peut-être plus encore, pour l’accessibilité des sites permettant de les observer de très près. La baie située devant le village offre aux oiseaux un endroit abrité où ils peuvent se nourrir et se reposer. Durant les six ans et demi passées aux Escoumins, nous avons réussi à voir 16 espèces de goélands et mouettes à l’intérieur de cette petite baie d’à peine 0,5 km²!
L’histoire a débuté le 15 décembre 1997 lorsque, en me rendant simplement au bureau de poste, j’avais trouvé deux Mouettes blanches en bordure de la route 138! Un des oiseaux était demeuré sur place jusqu’au 21 décembre, ce qui a permis à de nombreux observateurs de voir enfin cet oiseau de l’Arctique dont aucun représentant n’avait été « cochable » dans le sud du Québec depuis plus de 15 ans! Pour inciter cet oiseau déjà très peu farouche à s’approcher de nous, nous lui avions offert de petits morceaux de suif. Ces appâts avaient tôt fait d’attirer également plusieurs goélands, en particulier d’énormes Goélands bourgmestres. Après le départ de la mouette (et des observateurs…), nous avions continué à nourrir les goélands avec des morceaux de suif, mais en nous installant à la pointe de la croix, cette petite presqu’île qui nous offrait à la fois une bonne vue d’ensemble de la baie des Escoumins et du fleuve. Nous les avons nourris ainsi pratiquement à tous les jours durant le reste de l’hiver et les cinq hivers suivants!
Goéland bourgmestre, immature à son premier hiver (Glaucous Gull – Larus hyperboreus)
Les Escoumins – 5 février 2001 © Claude Auchu
Notre technique était bien simple. Dès notre arrivée aux Escoumins, nous nous étions liés d’amitié avec un boucher qui se faisait un plaisir de nous fournir du gras animal en grande quantité. Nous sortions donc régulièrement de l’épicerie avec un gros sac de suif que je taillais ensuite en petits cubes qui s’entassaient dans notre congélateur en portions quotidiennes. Nous conservions intacts les plus gros morceaux qui étaient destinés aux goélands les plus farouches.
La route conduisant à la pointe de la croix étant fermée aux automobiles durant l’hiver, nous étions donc bien tranquilles pour nourrir les goélands hivernants. Presque immobiles sur nos petits bancs, les oiseaux ont rapidement appris à lier notre présence à de la nourriture facile. Le bloc de suif était attaché à une grosse branche placée à une distance variant entre cinq et quinze mètres de nous, selon le taux de nervosité des goélands. Les petits cubes de suif étaient versés sur le sol près de moi et, à l’aide d’une vieille cuillère de bois, je lançais les morceaux aux goélands les plus audacieux. Certains oiseaux sont vite devenus très familiers et, à chaque hiver, un ou deux jeunes Goélands bourgmestres s’approchaient continuellement à moins d’un mètre de nous en marchant. Certains autres goélands venaient vers nous en espérant saisir au vol les morceaux de suif que je leurs lançais. Je me souviens en particulier d’un Goéland argenté adulte dont les larges rayures à la tête lui donnaient une allure particulièrement agressive. Il s’approchait de nous d’un vol direct en nous fixant avec son regard sévère et réussissait à tout coup à saisir à quelques mètres devant nous la nourriture que je lui lançais. C’était vraiment impressionnant!
Goéland argenté, adulte (Herring Gull – Larus argentatus)
Les Escoumins – 12 février 2003 © Claude Auchu
Nous avons vite constaté que chaque espèce avait son caractère distinctif qui se répétait à chaque hiver. Outre les jeunes Goélands bourgmestres qui se promenaient nonchalamment autour de nous, ce sont les Goélands arctiques qui étaient les plus audacieux. En les voyant de si près, nous avons eu l’occasion de constater toute l’étendue des variations du plumage de cette espèce. Autant chez les jeunes que chez les adultes, il n’y avait jamais deux individus semblables… De leur côté, les Goélands argentés étaient nettement plus prudents, préférant rester en périphérie de toute cette agitation. Une minorité osait tout de même s’approcher, mais toujours avec précaution. Les Goélands marins ont toujours été les plus farouches et ce sont eux qui s’accaparaient le gros bloc solidement attaché plus loin. Entre 30 et 50 goélands étaient nourris ainsi à tous les jours, sans compter plusieurs dizaines d’autres qui s’approchaient par curiosité. 
Goéland arctique, immature à son premier hiver (Iceland Gull – Larus glaucoides)
Les Escoumins - 23 janvier 2002 © Claude Auchu
Goéland arctique, un adulte au bout des ailes particulièrement pâle (Iceland Gull – Larus glaucoides)
Les Escoumins - 23 janvier 2002 © Claude Auchu

Goéland arctique, un adulte au bout des ailes particulièrement foncé (Iceland Gull – Larus glaucoides)
Les Escoumins – 9 mars 2001 © Claude Auchu
Ces rassemblements comprenaient aussi des goélands de passage. Ces visiteurs nous ont procuré de belles surprises dont plusieurs « Goélands de Nelson » (qui sont en fait des hybrides Goéland bourgmestre x Goéland argenté) et deux hybrides Goéland bourgmestre x Goéland marin. Un Goéland brun nous avait même visité à plusieurs reprises de décembre 2000 à mars 2001 établissant ainsi le deuxième hivernage complet de l’espèce au Québec! Nous nous étions même risqués à identifier quatre Goélands de Thayer près de notre mangeoire, en plus d’un autre oiseau dont je vous ai déjà parlé qui en était peut-être un…
Goéland… de Thayer? Noter le bout des ailes pratiquement noirs et les yeux sombres
Les Escoumins – 8 mars 2001 © Claude Auchu
Nous étions pratiquement les seuls à nous rendre jusqu’à la croix durant l’hiver. Les goélands apprenaient donc rapidement à nous reconnaître. Dès que nous apparaissions au loin, ils quittaient la baie et arrivaient au site de nourrissage bien avant nous. Parfois, lorsque nous étions sur place, les oiseaux prenaient peur et s’éloignaient. Par réflexe, nous levions les yeux au ciel en cherchant un éventuel pygargue mais, plus souvent qu’autrement, il s’agissait simplement d’un promeneur qui venait à peine de s’aventurer sur la route menant à la croix! Les goélands nous reconnaissaient, mais ils continuaient à craindre les autres humains!!! Par grands froids, lorsque le fleuve se remplissait de glaces pour quelques jours, seuls nos fidèles goélands demeuraient dans la baie. Certains individus devenaient alors très entreprenants. Avez-vous déjà fait manger des Goélands arctiques dans vos mains? Nous, oui! Lors d’une vague de froid, nous nous étions accroupis au sol avec de petits morceaux de suif dans nos mains. Après une brève hésitation, les Goélands arctiques étaient venus chercher leur pitance directement dans nos mains! Ce fut toute une sensation de les voir s’étirer le cou et saisir ces petites bouchées du bout du bec!
Goéland marin, immature à son premier hiver (Great Black-backed Gull – Larus marinus)
Les Escoumins – 9 mars 2001 © Claude Auchu
Il n’y avait pas que les goélands qui profitaient de ces banquets. Puisque nous avons toujours eu un faible pour les corneilles, nous leur réservions les meilleurs morceaux. Des retailles de belle viande rouge étaient souvent présentes sur les blocs de gras fournis par le boucher. Je prenais le temps de les couper en lanières que nous installions sur les branches au cœur des buissons. Les goélands n’y avaient pas accès, mais les corneilles venaient les chercher sans gêne à trois mètres de nous. Lorsqu’elles s’enfuyaient avec leur butin, elles avaient l’habitude de longer les fils électriques afin d’esquiver les poursuites des goélands. Il ne faut surtout pas oublier la visite de ce Pygargue à tête blanche adulte qui, après avoir goûté au bloc destiné aux gros goélands, avait essayé de s’envoler en tenant le morceau dans ses serres. Heureusement, il était bien attaché à une grosse branche!!!
Christiane servant la collation!
Les Escoumins – 15 février 2002 © Claude Auchu
C’est à la fin de mars que nous arrêtions de nourrir les goélands, tout juste au moment où la route d’accès était déneigée pour l’ouverture de la pêche aux crabes. Un grand festin avait alors lieu pour les goélands puisque tout le suif encore entreposé dans notre congélateur était offert d’un seul coup. Les Goélands à bec cerclé, fraîchement arrivés, se joignaient à la curée et ajoutaient leurs cris aigus aux notes plus rauques entendues depuis quatre mois. Lorsque nous recommencions à la fin de l’automne suivant, certains goélands de l’année précédente étaient de retour et le manège recommençait de plus belle!
Vous trouvez peut-être qu’il s’agit d’une bien étrange façon de s’assurer d’avoir des oiseaux à observer durant l’hiver. Mais si vous saviez tout le plaisir que nous avons eu…! 

mardi 10 janvier 2017

Quatre espèces de fringillidés, mais pas de Bruant des prés

Voilà une belle fin de semaine vraiment hivernale, avec une température froide, du temps sec et un vent presque nul. C’est en plein le genre de journée où l’on entend la neige craquer sous nos pas! Les oiseaux n’ont pas été plus communs pour autant, mais les conditions étaient parfaites pour prendre de bonnes marches de santé!

La matinée de samedi à Rivière-Ouelle a tout de même été légèrement gâchée par un petit brouillard de neige parfois dense arrivant du fleuve. Les 30 minutes passées au quai nous ont tout de même permis de confirmer qu’aucune des espèces aquatiques tant espérées ne bougeait au large!

Notre passage à Rivière-Ouelle de samedi le 7 janvier nous aura malgré tout offert les espèces suivantes, vues entre 7 h 30 et 10 h 10 :
  • 12 Perdrix grises – Encore une fois, deux groupes ont été aperçus au cours de la matinée. Comme la semaine dernière, le premier s’alimentait sous une mangeoire et le deuxième se trouvait en bordure d’une route. Si leur présence si près des habitations est certainement liée à l’accumulation importante de neige, il est également vrai qu’il est plus facile pour nous de repérer ces oiseaux que ceux bien cachés dans le fond d’un champ.
  • 10 Pigeons bisets
  • 13 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 2 Geais bleus
  • 1 Corneille d’Amérique
  • 23 Grands Corbeaux – Comme il arrive parfois, surtout en début d’hiver, plusieurs corbeaux volaient en direction de La Pocatière tôt le matin. Je serais curieux de savoir ce qu’ils espèrent trouver de plus à La Pocatière?!?

Grand Corbeau (Common Raven – Corvus corax)
Rivière-Ouelle – 7 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 25 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse – Une deuxième mention à l’intérieur d’une même semaine pour cette espèce introuvable cet hiver.
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 6 Étourneaux sansonnets
  • 80 Plectrophanes des neiges

Dimanche matin, une tournée à travers La Pocatière était au programme. Lors de notre longue marche à travers un boisé mixte, nous nous sommes rendus compte que les pics tambourinaient avec une vigueur inhabituelle, comme s’ils appréciaient la résonnance du tronc des arbres par cette matinée froide. La rencontre avec quatre espèces de fringillidés (Durbec des sapins, Sizerin flammé, Chardonneret jaune et Gros-bec errant) était presque inespérée en cet hiver si pauvre.

Dimanche le 8 janvier, entre 7 h 45 et 11 h 30, les espèces suivantes ont croisé notre chemin à La Pocatière :
  • 1 Canard colvert – Que faisait-il donc dans un fossé en ce début de janvier? Il y a un mois que l’espèce a quitté le fleuve!
  • 20 Pigeons bisets
  • 8 Tourterelles tristes
  • 2 Pics mineurs
  • 3 Pics chevelus
  • 1 Corneille d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 29 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 75 Étourneaux sansonnets
  • 4 Plectrophanes des neiges

Plectrophane des neiges (Snow Bunting – Plectrophenax nivalis)
La Pocatière – 8 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 1 Junco ardoisé – Contrairement aux autres bruants qui se risquent à hiverner dans la région, le junco semble presque insensible au froid. Il n’y a en fait que le Bruant hudsonien qui se tire aussi bien d’affaire que lui, bien qu’il soit plus rare que le junco en hiver. Celui vu dimanche était perché bien en évidence, sans être accroupi sur ces pattes comme le font certaines espèces par temps froid. Le junco hiverne maintenant dans la région beaucoup plus régulièrement que durant les années 1980. Est-ce dû au réchauffement climatique (qui n’est pas évident cet hiver) ou si l’espèce est plus résistante qu’auparavant?
  • 1 Quiscale bronzé
  • 11 Durbecs des sapins
  • 2 Sizerins flammés
  • 3 Chardonnerets jaunes
  • 12 Gros-becs errants
  • 7 Moineaux domestiques

Et le Bruant des prés? À ma connaissance, il n’a pas été vu depuis vendredi le 6 janvier. Est-il parti (pour un monde meilleur) ou a-t-il simplement trouvé un autre site d’alimentation? L’arrivée de quelques plectrophanes peut-être trop enjoués à la mangeoire qu’il avait adoptée peut avoir eu un impact sur sa disparition.

Ce fut une petite fin de semaine comme il s’en répétera sûrement au cours des deux prochains mois. Si vous aimez les oiseaux rares, c’est le temps de sortir à l’extérieur : tous les oiseaux sont rares cet hiver! 

jeudi 5 janvier 2017

Un Solitaire de Townsend à Kamouraska!

À chaque année, le 1er janvier, je me réveille le matin avec une liste annuelle d’oiseaux complètement vide! Tous les efforts faits durant les douze mois précédents pour avoir la liste la plus complète possible des oiseaux qui se sont approchés à moins d’un kilomètre de moi ne compte plus. Je dois tout recommencer à zéro! Et c’est tant mieux!!! Je compte bien terminer l’année 2017 avec une liste encore mieux garnie que celle de 2016!!!!!
Ma liste de 2017 sera cependant dans un ordre très différent de celle de 2016. La dernière mise à jour de la liste taxinomique de l’American Ornithologists’ Union, celle qui fait autorité en Amérique du Nord, a instauré d’énormes changements dans la séquence des espèces. Ainsi, l’ordre étrange que vous remarquerez maintenant dans ce blogue n’est pas une erreur de ma part…

Puisque le fleuve n’a plus grand-chose à offrir, l’arrivée du mois de janvier marque souvent pour nous le retour des promenades dans les forêts de l’arrière-pays. Nous avons marqué le coup en ce 1er janvier en visitant les forêts de conifères de Saint-Onésime. Sur place, comme à bien des endroits cet hiver, un épais silence flottait tout autour de nous. Christiane a tout de même réussi à attirer quelques mésangeais, une des espèces-cibles de cette excursion, en imitant simplement leurs cris.

Dimanche le 1er janvier, voici les espèces que nous avons notées sur le territoire de Saint‑Onésime entre 8 h 00 et 10 h 20 :
  • 15 Pigeons bisets
  • 1 Pic mineur
  • 3 Pics chevelus
  • 1 Pie-grièche grise
  • 5 Mésangeais du Canada
  • 2 Geais bleus
  • 2 Corneilles d’Amérique
  • 4 Grands Corbeaux
  • 33 Mésanges à tête noire
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 3 Étourneaux sansonnets
  • 21 Durbecs des sapins – Tous ces durbecs se trouvaient à des mangeoires dans le village. Depuis la raréfaction du Gros-bec errant depuis 20 ans, le durbec est devenu l’espèce de fringillidé la plus fiable dans la région en hiver. Leur nombre varie grandement d’une année à l’autre mais, au moins, ils sont là!

En revenant à La Pocatière, nous avons bien sûr vérifié si le Bruant des prés avait survécu au passage du Nouvel An. Il l’a fait de belle façon et avait même très bonne mine au soleil.

À La Pocatière, de 10 h 20 à 11 h 45, les oiseaux suivants se sont ajoutés à ma liste pour 2017 :
  • 15 Pigeons bisets
  • 16 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 7 Geais bleus
  • 12 Mésanges à tête noire
  • 80 Étourneaux sansonnets
  • 65 Jaseurs boréaux
  • 3 Moineaux domestiques

Moineau domestique (House Sparrow – Passer domesticus)
La Pocatière – 1er janvier 2017 © Claude Auchu
  • 15 Durbecs des sapins
  • 25 Gros-becs errants
  • 17 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant des prés – Bonne année au Bruant des prés!

Bruant des prés (Savannah Sparrow – Passerculus sandwichensis)
La Pocatière – 1er janvier 2017 © Claude Auchu
  • 1 Quiscale bronzé

En soirée, en inscrivant ces espèces dans ma liste, je me suis souvenu que c’est le 1er janvier 1982 que j’ai commencé à noter tous mes oiseaux quotidiennement. Il y a donc de cela déjà 35 ans!!!

La journée de lundi s’annonçait ensoleillée, douce et sans vent. C’est donc sous des conditions parfois printanières que nous avons entrepris une tournée dans l’est de la région. Bien sûr, nous espérions un Faucon gerfaut (et pourquoi pas deux?), mais nous étions encore une fois ouverts aux surprises comme seuls les oiseaux semblent capables de nous en offrir.
Les conditions étaient tellement belles que nous avons débuté par un séjour prolongé à Rivière‑Ouelle. La marée qui commençait à peine à baisser et un petit vent du sud-ouest avaient déjà poussé beaucoup de glaces devant le quai. Au début de janvier et avec aussi peu d’eau libre, il est tout à fait normal que les canards aient été absents. Plusieurs goélands remontaient tout de même le fleuve très loin au large où un mince filet d’eau libre était à peine visible entre les glaces.

Voici les oiseaux que nous avons trouvés lundi le 2 janvier :

D’abord à Rivière-Ouelle de 7 h 30 à 10 h 30 :
  • 1 Bernache du Canada – Un individu qui semblait mal en point était couché dans un champ.
  • 14 Perdrix grises – Avec toute la neige reçue depuis le début de l’hiver, les Perdrix grises ont sûrement de la difficulté à trouver de la nourriture dans les champs. C’est sans doute pourquoi les compagnies de quatre et de dix oiseaux vues à Rivière-Ouelle s’alimentaient sous des mangeoires.

Perdrix grises (Gray Partridges – Perdix perdix)
Rivière-Ouelle – 2 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 29 Pigeons bisets
  • 10 Tourterelles tristes
  • 2 Guillemots à miroir – L’œil aiguisé de Christiane a réussi à trouver deux guillemots se déplaçant loin au large du quai. L’espèce est rarement détectée à Rivière-Ouelle après le mois de décembre.
  • 42 Goélands argentés
  • 24 Goélands arctiques
  • 2 Goélands bourgmestres
  • 12 Goélands marins
  • 3 Geais bleus
  • 3 Corneilles d’Amérique
  • 2 Grands Corbeaux
  • 22 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse – La Sittelle à poitrine rousse est une des espèces qui a déserté notre région cet hiver à cause de la faible production de graines sauvages. L’individu vu longuement à une mangeoire (sous laquelle se nourrissaient quatre Perdrix grises) est mon premier depuis le 10 octobre!!!
  • 155 Étourneaux sansonnets
  • 5 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant à gorge blanche
  • 1 Junco ardoisé

Les oiseaux ont bien des façons de nous étonner. Parfois, c’est la présence elle-même de l’espèce qui est surprenante mais, à d’autres occasions, c’est la façon de les trouver qui est singulière. Nous avons eu l’occasion d’expérimenter les deux à la fois lors de notre passage à Kamouraska. Nous circulions très lentement en voiture dans un secteur partiellement boisé lorsque j’ai vu du coin de l’œil un passereau gris avec une longue queue apparaître derrière moi, sur ma gauche. J’ai d’abord cru à une Pie-grièche grise, une espèce bien présente dans la région depuis une semaine. Mais lorsque l’oiseau nous a doublé en passant à moins de quatre mètres de l’auto, j’ai reconnu avec stupeur le patron chamois des ailes d’un Solitaire de Townsend!!! L’image de cette fraction de seconde est maintenant imprimée dans ma tête pour l’éternité! En bafouillant à Christiane le nom de l’oiseau qui s’éloignait devant nous, je me suis rangé près du bosquet de conifères derrière lequel le solitaire venait de disparaître. En approchant doucement, nous avons réussi à le voir perché dans un petit feuillu, tout juste assez longtemps pour prendre deux mauvaises photos à contre jour. Extrêmement farouche, il est ensuite disparu derrière les conifères où il n’a pu être retrouvé! Ce fut bref, mais très intense!!!

Entre 10 h 45 et 13 h 00, nous avons noté les espèces suivantes à Kamouraska :
  • 9 Perdrix grises
  • 80 Pigeons bisets
  • 7 Tourterelles tristes
  • 2 Goélands argentés
  • 2 Goélands marins
  • 2 Éperviers de Cooper – Il y a une semaine, nous avions été surpris de voir un immature posé au sommet d’un silo dans le village de Kamouraska. Lundi, ce sont deux immatures qui ont été observés à six kilomètres l’un de l’autre, tous les deux en milieu champêtre! Encore une fois, un des oiseaux était bien installé sur un silo, un étrange poste de guet pour cette espèce plutôt forestière. En plus des Faucons gerfauts, il y a donc au moins deux Éperviers de Cooper qui profitent des pigeons de Kamouraska!!!
  • 1 Geai bleu
  • 3 Grands Corbeaux
  • 1 Solitaire de Townsend – Il ne s’agit que de la quatrième mention connue dans la région de Kamouraska‑L’Islet pour cette espèce des Rocheuses. Les précédentes provenaient de La Pocatière (2 novembre 1991 et 25 janvier au 16 février 1996) et de Saint-Adalbert (11 novembre 2006). C’est la cinquième fois que je trouve un solitaire, mais je n’en ai encore jamais vu se nourrir dans un arbre fruitier! Les précédents avaient passé de longs moments perchés au sommet de conifères et il était donc impossible de les retrouver les jours suivants. J’avais réussi à revoir l’oiseau de 1996 (en supposant qu’il s’agissait du même individu) à deux kilomètres du lieu de sa découverte initiale… et il était encore perché à la cime d’un conifère. Autre fait intéressant à noter, mes quatre premiers solitaires avaient tous provoqué un état d’alerte parmi les passereaux (mésanges, gros‑becs, chardonnerets…) présents aux alentours. Nous ne sommes donc pas les seuls chez qui la présence de ce rare visiteur provoque de fortes réactions!

Solitaire de Townsend (Townsend’s Solitaire – Myadestes townsendi)
Kamouraska – 2 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 115 Étourneaux sansonnets

Nous n’avons finalement pas retrouvé de Faucon gerfaut, malgré des conditions d’observation parfaites. Mais un solitaire, ça vaut bien un gerfaut!

Mardi le 3 janvier, j’ai profité d’une journée supplémentaire de congé pour faire une courte visite à Rivière‑Ouelle. Puisque les canards ont quitté la région, j’étais prêt à me contenter des goélands qui avaient fait si belle figure la veille. Le fleuve était cette fois presque entièrement libre de glace, peut-être un effet de la marée encore haute et des vents faibles du nord-est. Ces belles conditions n’ont toutefois pas plus aux goélands qui sont demeurés invisibles. Alors que je repliais les pattes du trépied de mon télescope pour quitter les lieux, un groupe de plus de 150 Eiders à duvet est venu frôler le bout du quai! C’est la première fois que je note un groupe de cette taille en janvier dans la région. Avec les températures froides que nous avons connues en décembre et l’état des glaces des derniers jours, j’étais pourtant persuadé que même les canards de mer avaient vraiment quitté la région! Où ces eiders étaient-ils cachés depuis deux semaines? Il ne faut pas oublier non plus que ces eiders, qui remontaient le fleuve, auront ensuite à survoler les Appalaches pour atteindre la côte atlantique. Leur voyage est loin d’être terminé! 

dimanche 1 janvier 2017

Faucons gerfauts (au pluriel!)

Question de terminer l’année 2016 de la même manière qu’elle s’est déroulée, nous avons planifié quelques sorties ornithologiques en demeurant le plus près possible de La Pocatière. Le passage d’une belle tempête de neige nous a même laissé du temps pour faire un peu d’ornithologie théorique et de dépoussiérer certains de nos nombreux guides de terrain. L’observation des oiseaux pourrait facilement devenir une occupation à temps plein…!

Jeudi matin, nous avons débuté la journée par une courte visite au site où un Bruant des prés s’entête à affronter les conditions vraiment hivernales de cette fin d’année. Il faut dire que Bernard, le propriétaire des lieux, le traite avec grands soins. Notre promenade s’est ensuite poursuivie dans différents sites en bordure de la ville.

Jeudi le 29 décembre, notre excursion à La Pocatière nous aura fourni les espèces suivantes, trouvées entre 7 h 15 et 11 h 00 :
  • 35 Pigeons bisets
  • 32 Tourterelles tristes
  • 3 Pics chevelus
  • 1 Pie-grièche grise
  • 9 Geais bleus
  • 3 Corneilles d’Amérique
  • 4 Grands Corbeaux
  • 29 Mésanges à tête noire
  • 4 Sittelles à poitrine blanche – Trois de ces quatre sittelles se trouvaient en forêt, loin de toute mangeoire. Bien que de plus en plus commune dans la région, la Sittelle à poitrine blanche est encore observée presque uniquement en hiver et, bien sûr, près des mangeoires.
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 140 Étourneaux sansonnets
  • 1 Bruant des prés

Bruant des prés (Savannah Sparrow – Passerculus sandwichensis)
La Pocatière – 29 décembre 2016 © Claude Auchu
  • 1 Quiscale bronzé – Ce quiscale fréquente une mangeoire depuis la fin de novembre.
  • 11 Durbecs des sapins
  • 8 Gros-becs errants
  • 8 Moineaux domestiques

De retour à la maison et voyant que la neige prévue tardait à atteindre la région, nous avons décidé sur un coup de tête de faire une tournée rapide dans l’est de la région. Il faut dire qu’un superbe Faucon gerfaut de forme blanche avait été photographié à Kamouraska deux jours plus tôt! Les gerfauts étant beaucoup plus mobiles que les harfangs, nous savions au départ que nos chances de retrouver cet oiseau étaient plutôt minces. Mais, au lieu de demeurer à la maison à se questionner sur les probabilités, nous avons décidé d’aller voir…
La balade d’achevait et nous étions sur le point de quitter Kamouraska lorsque j’ai demandé à Christiane : « C’est bien un corbeau sur le silo là-bas? ». En l’entendant me répondre un non d’une voix chevrotante, j’ai compris que je devais ranger la voiture le plus rapidement possible! Aux jumelles, nous avons facilement reconnu un Faucon gerfaut, mais un oiseau de forme sombre! Ce n’était donc pas celui photographié deux jours plus tôt!!! Stationnés à l’abri du regard du faucon, nous sommes sortis précipitamment de l’auto avec l’appareil-photo en main. Mais le gerfaut a quitté son perchoir juste à ce moment pour disparaître vers l’ouest. Nous avons rapidement pris la première route nous offrant une vue panoramique en espérant retrouver le faucon. Une fois sur place, Christiane a immédiatement repéré un gros oiseau qui se perchait sur un piquet de clôture à 100 mètres de nous. Un harfang peut-être? Non, il s’agissait plutôt du Faucon gerfaut de forme blanche!!! Alors que je surmontais mon enthousiasme pour prendre quelques photos du gerfaut blanc, Christiane a retrouvé le gerfaut brun perché dans un arbuste un peu plus loin!!! Nous avions deux Faucons gerfauts tout près de nous!
Les oiseaux ne sont pas demeurés en place bien longtemps et nous avons ensuite dû ratisser minutieusement le secteur avant de les retrouver. L’individu de forme sombre a été revu brièvement trois kilomètres plus loin avant de disparaître pour de bon. L’oiseau de forme blanche a également été retrouvé, 30 minutes plus tard, à 1,4 kilomètre du lieu de sa première observation. Ces oiseaux sont vraiment très mobiles et, malgré leur taille, ils réussissent à passer facilement inaperçus!

Les espèces suivantes ont été vues à Kamouraska jeudi le 29 décembre entre 13 h 30 et 14 h 50 :
  • 3 Goélands marins
  • 40 Pigeons bisets – Avec deux gerfauts dans le secteur, les pigeons ont avantage à être sur leurs gardes!
  • 12 Tourterelles tristes
  • 2 Faucons gerfauts – Il s’agissait de ma première observation de deux gerfauts à l’intérieur d’une même journée! Après ma rencontre marquante avec un autre oiseau de forme blanche le 11 mars dernier, je n’en espérais pas tant!

Cet immature de forme sombre venait sûrement de terminer son repas à en juger par son jabot bien rempli!
Faucon gerfaut (Gyrfalcon – Falco rusticolus)
Kamouraska – 29 décembre 2016 © Claude Auchu
Le gerfaut blanc regardait souvent par-dessus son épaule droite, 
sans doute pour surveiller l’oiseau de forme sombre perché 400 mètres plus loin!
Faucon gerfaut (Gyrfalcon – Falco rusticolus)
Kamouraska – 29 décembre 2016 © Claude Auchu
La cire jaune et non gris-bleu, visible à la base du bec, indique qu’il s’agit d’un adulte.
Faucon gerfaut (Gyrfalcon – Falco rusticolus)
Kamouraska – 29 décembre 2016 © Claude Auchu
  • 2 Pies-grièches grises – Il semble y avoir eu un arrivage de pies-grièches dans la région durant les derniers jours de décembre.
  • 4 Geais bleus
  • 3 Grands Corbeaux
  • 2 Mésanges à tête noire
  • 200 Étourneaux sansonnets

Les premiers flocons de la tempête de neige de fin d’année qui commençaient à tomber ne m’ont pas permis de réaliser des photos à la hauteur des sujets. Mais je ne suis pas un vrai photographe et qu’une partie des conditions d’observation apparaisse sur mes photos ne me dérange pas tellement.

Samedi le 31 décembre, lendemain de tempête, c’est sur une épaisse couche de neige fraîche que nous avons fait une belle tournée à pied dans les rues de La Pocatière. Sauf pour une petite exception, nous n’avons donc pas visité les sites explorés jeudi. Les espèces suivantes ont été rencontrées entre 7 h 30 et 10 h 45 :
  • 11 Tourterelles tristes
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Geai bleu
  • 3 Corneilles d’Amérique – Il semble bien que ces trois oiseaux soient les seules corneilles présentes à l’intérieur des limites de la ville cet hiver!
  • 1 Grand Corbeau
  • 29 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 45 Étourneaux sansonnets
  • 1 Durbec des sapins
  • 19 Tarins des pins – Ces tarins présents à une mangeoire sont une rareté dans la région cet hiver.
  • 3 Chardonnerets jaunes

Lors de cette promenade, nous avons aussi suivi attentivement les pistes laissées par quatre Perdrix grises dans une rue en bordure de la ville! Ces belles petites poules n’hésitent pas non plus à pénétrer dans les boisés les plus denses durant l’hiver.

C’est ainsi que s’est terminée notre année ornithologique 2016. Comme c’est toujours le cas, nous avons raté durant l’année des espèces pourtant régulières dans la région (j’ai trop honte pour les mentionner…), mais d’autres vraiment inattendues ont été trouvées (celles-là j’ose les nommer : Puffin des Anglais, Guillemot de Brünnich, Carouge à tête jaune, etc!). Nous ne savons pas encore de quoi 2017 aura l’air, mais nous avons déjà commencé à chercher!